Ebeline s’éclipsa de l’étage des Bathory. Il était très tôt et elle était persuadée de ne pas rencontrer grand monde dans les environs puisque cet étage était interdit aux autres vampires de lignée non pure. Ca l’arrangeait fort bien puisque personne ne la connaissait sous ce nom illustre excepté son cher cousin ainsi que la tante de celui-ci, la grande Elisabeth Bathory. De toute façon, c’était rare qu’entre Bathory on n’arrive pas à se reconnaitre. Il y avait souvent des traits de personnalité typique héréditaire dont on ne savait pas se défaire comme le fait d’être sûr de soi car même si elle était devenue bien plus faible au vu de son rythme nutritif et du sang pas vraiment humain mais animal qui coulait dans ses veines, elle n’était pas des plus fortes et n’arrivaient pas vraiment à manifester les forces qui faisaient d’elle une vampire de sang pur. Mais cela n’avait pas vraiment d’importance pour elle, cela faisait de très très nombreuses années qu’elle vivait comme ça et elle ne comptait nullement changer, elle en était concrètement incapable. Elle ne pensait pas que sa personnalité Bathorysienne pourrait un jour être altérer de la sorte par un événement plus que banal. Pourtant elle n’était pas quelqu’un forcément de sympathique. Elle pouvait sans aucune difficulté tuer ou encore se montrer cinglante verbalement, car même si elle savait tuer elle ne prônait pas tellement la violence au premier abord. Elle était certes pétillante, amicale et sociale aux premiers abords avec une grande spontanéité, c’était en réalité l’inverse quand elle était face à un Bathory. Avant elle pouvait également avoir ses qualificatifs avec sa famille mais cela avait bien changé depuis qu’elle s’était quelque peu replié dans la solitude et que sa famille ne comprenait pas sa façon de faire, elle qui buvait le sang humain avec aisance et sans aucune difficulté dans le passé. Mais quoi qu’on en dise, un sang pur a un cœur, qui tourne bien moins vite et qui est bien moins sensible que les autres races, mais être touché une fois sur 1024 ans c’est possible et elle en était la preuve. Elle ne le comprenait pas, mais elle savait que le fait d’avoir tué la seule personne humaine à qui elle portait un intérêt différent l’avait plongé dans un rejet complet de sang humain. C’était étrange car elle était encore capable d’y penser même après autant de siècles passés. Presque comme si tout ça avait eu lieu il y a peu. Et en même temps, tout ça lui apparaissait comme un rêve. L’ambivalence entre réalité et fiction se propageaient dans cet événement pourtant bien réel et qui l’avait fait descendre de son piédestal, excepté lorsqu’on la cherchait ou lorsqu’on la prenait de haut Elle restait une Bathory fière de son nom et de son rang, même si on pouvait croire le contraire face à son changement de nom. Or ce n’était nullement le cas. Mais c’était plus facile pour elle de porter un masque de bien être et de bonne humeur en étant fausse jusqu’au nom. Elle s’en sortait très bien jusqu’à maintenant même si c’était très dur d’être entourée de repas mouvant qui attisait plus fortement sa faim déjà présente. Il était très difficile de trouver des animaux dans la maison et sincèrement, les rats ce n’était pas son fort. Ce n’était pas parce qu’elle avait changé de comportement alimentaire qu’elle devait s’humilier pour la cause. Donc elle resterait avec sa faim si nécessaire, comme elle l’avait toujours fait. Après tout elle venait de passer une nuit dans les appartements des Bathory, enfermée dans sa chambre à essayer de se contenir pour ne pas tout démolir jusqu’à trouver un humain à dévorer. De toute façon elle avait déjà essayé. Il ne fallait pas croire. Elle était une Bathory, elle ne voulait pas rester ainsi restreinte et affaiblie à cause d’un humain. Mais elle n’avait jamais réussi à mordre l’humain concerné ou encore à boire le sang d’un humain mordu par un autre sang pur. Elle était maintenant condamnée et ça ne changerait sûrement jamais.
Elle s’avança dans les couloirs. Les humains n’étaient pas encore réveillés et il n’y avait personne dans sa chambre. Ainsi, elle n’était nullement obligée de retourner dans sa chambre pour faire semblant qu’elle avait dormi dans son lit. Peut-être aurait-elle des vampires dans sa chambre comme ça elle n’aurait jamais aucune justification à donner à ses départs ou ses besoin d’évasion. De toute façon ce n’était pas difficile de mentir. C’était tellement facile. Mais elle savait que d’ici un moment, des humains émergeraient de partout pour aller prendre leur petit déjeuner et ça faisait bientôt trois jours qu’elle n’avait plus touché une goutte de sang. Certes elle n’était pas dans un état des plus appropriés pour faire face à des jugulaires pulsant de sang. Mais elle avait l’habitude et elle savait cacher son trouble en présence des autres. Et si c’était trop fort, elle prétextait une santé fragile et le besoin d’aller se reposer un peu ou de s’écarter des autres. C’était une tactique qui n’était pas entièrement fausse au vu des malaises qu’elle pouvait parfois faire face à une faim des plus imposantes et autoritaires. Mais au moins, elle pouvait ainsi s’éclipser comme elle le voulait. C’était un avantage non négligeable qu’elle utilisait encore avec une grande facilité et indifférence.
Elle se dirigea vers la Charmille pour prendre l’air et se laisser bercer par le vent frais matinal qui avait tendance à faire partir toute odeur humaine. C’était un vent qui respirait les feuilles, les plantes, les arbres et toutes ces petites choses que l’on pouvait toujours à l’extérieur au vu de l’entretien de celui-ci. L’académie avait les moyens d’entretenir cette demeure et d’en faire quelque chose de somptueux que l’on pouvait conserver tout en gardant la vieillesse charmeuse qui lui était propre. Peu d’endroit était si âgé et en même temps capable de tenir encore si bien debout et d’être ainsi aussi bien conservé. Elle arriva dehors et elle regarda la nuit qui n’était plus d’un noir de jais mais plutôt d’un bleu s’éclaircissant, les étoiles ayant disparues et la lune étant encore fort présente alors que le soleil ne laissait paraitre que quelques rayons sans être vraiment présent. Elle aimait ce moment entre nuit et jour. C’était une ambiance apaisante, surtout qu’il n’y avait personne et elle pouvait être elle sans retenue. Sans obligation de paraitre de bonne humeur, de sourire ou encore de devoir parler. CE n’était pas forcément un poids pour elle de devoir le faire mais elle aimait aussi ses moments de solitude et d’égarement dans son esprit aux méandres quelque peu étranges au vu de son rang. Elle marchait tranquillement et elle comptait rester là jusqu’à ce que les cours commencent. Elle n’avait pas trop envie de se mêler à tout ce monde pour le moment et plus elle avançait moins elle se rapprocherait des autres. C’était agréable de passer sous ses différentes arcades naturelles. Sa robe légère et plus élargie au niveau des jambes, qui s’arrêtait au dessus des genoux, volait doucement au gré du vent, tout comme quelques mèches de ses magnifiques cheveux roux qui lui arrivaient à ses rondeurs et qui étaient retenus par quelques barrettes sur le côté. Elle ferma les yeux et continua d’avancer, les mains dans son dos, les doigts entrecroisés. En ce instant, elle ne pensait à rien et se laisser aller à ces différents sens étaient fortement plaisant. Plus rien n’avait vraiment d’importance en ce moment. Cela ne durerait pas mais elle avait l’intention d’en profiter en ce moment. Seuls les bruits de la nature se faisaient entendre. Elle se focalisa sur ça et se laissa aller marchant au gré du vent et à un rythme très lent pour en profiter un maximum.
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