La machine filait sur la petite route refaite récemment. Contrairement à ce qu'on pourrait croire en entendant le bruit qu'elle produisait, elle ne roulait pas si vite que ça, 110 sur la petite bande de macadam où les marquages n'avaient pas été encore fait. En réalité la jeune conductrice faisait juste preuve de prudence pour une fois. En effet, des gravillons venaient troubler la stabilité de la moto qui menacait ainsi de chasser si l'angle était trop aïgue. La conductrice, Aeliclya, ne pensait en fait à rien et allait au gré du chemin qui s'offrait à elle sous la lumière du seul phare allumé de la moto. Les secousses du moteur, l'inclinaison des roues pour tourner, le poignet qui se cassait pour augmenter la puissance, ses doigts qui saisissaient l'embrayage ou le frein, ou son pied droit qui passait les vitesses, tout cela la bercait, contribuait à cet état de transe où rien ne traversait son esprit.

La lune était lumineuse cette nuit là. Demain ses cours ne commenceraient qu'à 10h et elle s'était arrangée pour avoir fini toutes ses notes avant pour pouvoir profiter de cette soirée. Il s'agissait d'une nuit idéale pour tourner un film d'horreur, surtout dans les vallées. Le ciel était dégagé et la lune, au trois quart pleine, reflétait assez de lumière pour qu'on distingue le brouillard humide. Evidemment, en tant que vampire, la jeune femme n'avait pas vraiment besoin de tout cela mais voir simplement lui faisait plaisir. L'idée de cette sortie nocturne avait surgi tôt ce matin et l'avait repassé dans son esprit tout au long de la journée. Une fois tout son travail achevé, Aely avait abandonné sa robe pour des vêtements plus adaptés à la moto: pantalon en cuir noir renforcé au kevlar aux endroits d'impact, simple débardeur blanc avec veste en cuir blanche renforcée aux épaules et aux coudes, gants noirs, baskets noires et blanches renforcées de carbone aux chevilles. Elle s'était ensuite saisie de ses clefs et de son casque intégral noir avant de descendre voir la Ducati sportive qui l'attendait. La soirée avait commencé alors que le soleil finissait de se coucher. Prise d'une envie de liquide vitale depuis le matin, la vampire partit à la recherche d'une victime dans un restaurant tranquille où un homme vint l'aborder. Inutile de préciser que cet homme sera retrouvé sans vie le lendemain. Puis elle était passée le long de la plage, sur la route qui la bordait lentement avant de s'arrêter quelques instants, d'aller marcher sur le sable fin pour s'assoir près des vagues et écouter leur mélodie.
Seule, voilà comment elle voulait être en cet instant et elle le fut, du moins au début avant qu'un groupe de jeunes ne s'approchent de sa moto, tentant de la démarrer malgré l'absence de la clef aux sept codes tournant nécessaire pour la démarrer. La vampire demeura calme en les interpellant. Ils se figèrent, la menacèrent d'une lame, se demandèrent s'ils n'allaient pas en profiter en même temps que la moto. Elle resta impassible, pleine de sang froid. Elle avait deviné qu'ils n'étaient pas très malins étant donné qu'ils agissaient quasi à la vue de tout le monde, la moto ayant été garée près d'un réverbère. Aussi, à pas lents, elle s'approcha du groupe toujours soi disant "menacant" car il était évident qu'ils ne passeraient pas à l'acte quoique.. Soit à cause de l'influence lunaire ou à cause d'une terrible crise de manque d'une quelconque drogue, un des jeunes qui jusque là était assis sur la moto se leva, s'approcha de la professeure et tenta de la toucher. "Tenta" car on entendit un sinistre craquement venant de son poignet puis un cri tandis que l'homme se tenait le poignet brisé. Les autres furent parcourus d'un doute général puis tremblèrent comme si c'était leur propre poignet qui était brisé. D'une voix quasi monotone, la conductrice les pria poliment de se retirer et de retourner se coucher après lui avoir remis leur couteau. Ils acceptèrent.

*Ces humains en changeront jamais...Donnez leur quelque chose que l'autre n'a pas et ils se croient supérieurs à lui alors qu'ils ignorent même ce qu'est cette chose et sans avoir même les capacités pour la maitriser.*

C'est sur cette pensée que, couteau désormais coincé dans sa ceinture, elle repartit par la première route qu'elle vit alors que le brouillard descendait lentement.
Si elle avait été humaine, elle aurait trouvé que la nuit était fraîche, trop pour n'avoir qu'un débardeur en dessous d'une veste en cuir et même si la chaleur du moteur lui réchauffait les jambes. Ce soir...elle était empli d'une certaine lassitude, comme pouvait le montrer l'améthyste qu'elle portait autour du coup, cette pierre étant connue pour lutter contre la dépression. Non, Aeliclya n'était pas dépressive mais cette couleur qu'elle possédait également à l'oeil gauche avait le don de l'apaiser en lui rappelant la vie puisque des deux yeux, seul l'améthyste voyait encore. Mais fidèle à elle même elle ne pouvait s'empècher de se demander en continu "Pourquoi? Pourquoi avoir encore ce lien à la mort et aux frèles humains ancré dans ma chair?" et elle portait une main à son oeil mort dont elle fermait la paupière et elle souhaitait qu'en le rouvrant il retrouve sa couleur d'antan, celle qui avait attiré l'attention du Bathory qui l'avait mordu. Evidemment, dés qu'il se rouvrait, la même couleur brune était toujours là, imitant la vie en reflètant ce qu'il voyait sans rien y comprendre ni le montrer. Alors une haine incompréhensible envers elle même la saisissait et il lui fallait tout son sang froid pour ne pas briser le miroir en face d'elle. C'était cela, chez elle, faire face à son passé. Et quand il lui arrivait de parler de ce dernier, la vampire ne faisait que rarement allusion aux causes stupides de cette cécité partielle. Elle préférait largement parler de tout le luxe qu'elle avait connu, du changement qu'elle vécut grâce à ce sang pur, de l'assassinat de ses parents qui fut sa première libération, de tout en se détachant toujours de son humanité, en prenant attention à toujours marquer la différence entre la vampire et l'humaine... Seul cet oeil brun liait les deux femmes qu'elle a été et qu'elle était actuellement.

La moto chaude s'arrêta. Sans vraiment savoir pourquoi, Aely s'était arrêtée près du cimetière. Peut être ses pensées lugubres cherchaient elles un lieu pour s'y reflèter? Le moteur fut coupé et tout à coup règna un silence pesant autour d'elle. Le casque et les gants restèrent sur le siège de la machine et, ouvrant un peu sa veste, la non-morte entra dans la nécropole. Ses doigts fins et pâles éclairés par les rayons de la lune caressaient négligeamment les pierres tombales. Elle avancait, errant tel un spectre, ses cheveux noirs contrastant avec le blanc de sa peau et de sa veste, seule car qui irrait dans un cimetière à une heure pareille? Son regard se portait au loin, sa main gauche triturait son pendentif, l'améthyste et son esprit comme envouté se remémorrait les notes graves et mélodieuses d'un orgue les invitant à une danse majestueuse et lugubre à la fois.

[J'espère que ça te convient et que je ne suis pas trop partie à droite à gauche parce que vu l'heure ça m'étonnerait pas ^^" ][i]

[oui parfait t'en fais pas : ) ]

Le cimetière. Elle aimait cet endroit quand le contact des humains se faisaient trop difficile pour elle qui ne pouvait pas toujours faire face à sa faim et lorsque l’étage des Bathory lui était insupportable simplement parce qu’elle sentait la présence de son cher cousin en cet endroit et qu’elle pouvait deviner son dédain et son mépris pour elle alors qu’elle était une Sang Pur qu’il aurait du respecter ! Elle savait très que sa condition faisait d’elle une vampire, surtout de son rang, méprisable et honteuse. Mais elle ne voulait pas abandonner car elle avait été frappée d’un grand mal mais ça ne l’empêchait pas de penser de la même manière que les Bathory et que les autres vampires assoiffés de sang et bestiaux. Elle voulait revendiquer son rang et elle le méritait malgré tout. Mais en attendant, lorsque la paix n’était pas trouvable parmi les vivants, elle se rendait parmi les morts, dans ce cimetière où le silence était le maître mot et où elle pouvait trouver des animaux pour calmer la faim qui la tiraillait. Ce soir elle s’était nourrie de deux chiens. Leur sang n’avait rien de comparable à celui des humains. Il était même dégueulasse. C’est pour ça qu’elle ne se nourrissait qu’en cas de faim intense. Les poches de sang elle ne pouvait pas boire ça, ça ne faisait qu’attiser sa faim au point de la rendre presque bestiale. Plus particulièrement parce qu’elle était une Sang Pur et qu’elle avait bu du sang humain pendant des siècles. Elle s’était maudit et encore maudit d’avoir subi ce changement radical qu’elle n’avait jamais compris. Encore maintenant elle ne comprenait pas pourquoi la vision de cet humain la poursuivait encore alors qu’elle en avait tué des milliers. C’était insupportable de se savoir anéantie par quelque chose qu’on ne comprenait pas. Elle avait bien évidemment essayé d’aller contre. Enragée face à cette faiblesse qui l’anéantissait, elle s’était ruée sur un humain et lui avait presque dévoré son cou, affamée. La suite n’avait été que souffrance… La vision de l’humain mort l’avait rendue folle. Un cri inhumain avait traversé ses lèvres avant qu’elle se mette à se mordre pour évacuer le sang humain qui était en elle. Comme s’il était en train de la brûler littéralement, de la ravager de l’intérieure la rendant complètement folle et autodestructrice. Elle n’avait jamais connu ça et elle ne voulait plus jamais le connaitre. Ca avait été le déclic pour fonctionner autrement. Elle n’avait plus le choix. Surtout qu’elle avait décidé de voir les humains autrement tout comme les autres races également. C’était pour ça qu’elle se mêlait à tout le monde et qu’elle avait changé sa personnalité pour pouvoir s’adapter. Et le pire dans tout ça, c’est qu’elle avait l’impression qu’elle devait se punir et devoir souffrir parmi les personnes qui pouvaient servir potentiellement de repas. C’était horrible comme punition, particulièrement parce qu’elle était constamment affamée et qu’elle s’affaiblissait de siècle en siècle. Elle était une honte pour la famille et elle en était clairement consciente. Mais elle voulait vivre et continuer à perpétuer les pensées de sa famille. Tout en y étant clairement éloignée sans le vouloir.

Elle fut prise d’un léger malaise du à toutes ses pensées et elle s’appuya contre un arbre, plongé dans la pénombre de cet endroit lugubre. Les humains étaient naïfs, elle pouvait leur faire croire ce qu’elle voulait. Pour les sangs mêlés et les mordus, elle avait plus de difficultés à cacher sa vraie nature. Mais sa personnalité prenait le pas pour cacher tout ça. Elle faisait beaucoup trop humaine pour paraitre sang pur. A force de les observer et de vivre parmi eux, elle avait réussi à s’approprier leur caractère et leur façon de penser, ce n’était qu’un masque mais il se mêlait à elle avec brio. Ainsi quand la faim la tiraillait tellement au point de l’affaiblir et de rendre sa vision floue et son corps lâche, elle faisait passer tout ceci pour un malaise que tout humain pouvait avoir. Elle s’était fait connaitre comme « fragile » pour pouvoir se rendre à l’infirmerie comme elle le souhaitait durant ces moments de faiblesse. Ce qu’elle faisait sauf quand il y avait des humains présent, elle se rendait alors dans les appartements des Bathory. Elle y était bien plus tranquille lorsque personne d’autres de sa famille n’y était également. Mais tout ça était devenu rituel, constant, monotone et habituel. Elle fonctionnait ainsi depuis plusieurs siècles, elle avait eu le temps de s’habituer.

Un bruit de moteur au loin la sortit complètement de ses multiples pensées. Elle fut surprise de se rendre compte que le Cimetière avait d’autres adeptes. Elle ferma les yeux et se concentra sur la présence une fois le moteur coupé. Il n’y avait aucune odeur d’humain dans l’air. Ainsi ce n’était pas un humain qui se rendait dans ce lieu. Quoi qu’il ne valait mieux pas que ce soit le cas d’ailleurs. Pas pour elle, mais pour les vampires aimaient encore bien chasser en ce lieu. C’était marrant de traquer ses proies qui tremblaient de peur, dans un lieu qui les effrayait tout autant. Pourquoi se priver ? La peur faisait s’accroitre les battements de cœur et ainsi le flux sanguin dans la carotide. L’abondance de sang était donc très jouissive et plaisante. Elle le savait. Elle avait fonctionné ainsi de nombreuses fois et elle était une très bonne traqueuse en son temps. Cela lui manquait. Réellement. Mais traquer sans tuer n’avait aucun intérêt. Soit on jouait soit on ne jouait pas, mais on ne jouait jamais à moitié. Elle se décolla lentement de l’arbre et se dirigea vers le bruit mettant stoppé du moteur mais qui avait laissé place à des bruits faibles de pas qu’elle pouvait entendre uniquement parce qu’elle était une Sang Pure et non un simple vampire. Elle se demandait qui pouvait bien se rendre ici. Peut-être était ce quelqu’un qu’elle connaissait. Ou alors peut-être que c’était une personnellement totalement inconnue. Personnellement elle n’avait pas forcément envie de passer du temps avec quelqu’un mais elle n’avait pas non plus envie de rester dans un endroit en solitaire en sachant que quelqu’un traînait pas loin. Elle avait envie de s’approcher assez pour voir la personne. Ce qu’elle fit et ce qui lui permit de découvrir que la personne qui s’était rendue dans ce lieu n’était autre que cette chère demoiselle Isys, son professeur de littérature, et aussi connaissance maintenant avec qui elle avait déjà partagée nombreuses conversations et qui connaissait également son petit secret : c’est-à-dire le fait qu’elle n’était une Bathory. Par contre elle ne savait pas qu’elle ne se nourrissait plus d’humain. Cela personne ne le savait à part la famille même et elle comptait bien ne jamais le révéler.
Elle se rendit en une fraction de seconde auprès de la jeune mordue et lentement elle laissa sa voix s’élever pour entrer en contact avec les sens auditifs de la demoiselle.

“Bonsoir Mademoiselle Isys. Je ne pensais pas du tout vous rencontrer en ce lieu. ”

Elle sourit alors doucement quittant son masque de Bathory, solitaire et en souffrance. Elle ne montrait jamais ce visage en public. Seul son cousin connaissant cette absence d’expression qu’elle laissait aller lorsqu’elle était dans les appartements des Bathory.

“Ainsi vous aimez les balades nocturnes ? Ainsi que les motos apparemment…”

Aeliclya ne répondit pas à la réponse de la sang-pur. Penser tout ce qu'elle voulait? Bien sur qu'elle le pouvait, c'était un des droits fondamental à tout ce qui pouvait penser mais le dire... Rares étaient ceux qui se le permettait, surtout envers n'importe qui dans n'importe quel contexte pour la simple et bonne raison que les conséquences pouvaient être très regrettables. Dans un régime politique "libre", cela ne posait pas trop de problèmes à condition de ne pas aborder des sujets sensibles, surtout sans arguments pour appuyer ce que l'on avance. En revanche, sous un régime totalitaire, dire ce que l'on pense si cela va à l'encontre du pouvoir en place, peut être très dangereux, à moins d'être suicidaire. Evidemment ici rien n'allait aussi loin. Mais les règles qui s'appliquaient à ces échelles, s'appliquent aussi tout simplement envers autrui car il pourra toujours retourner les paroles dites contre vous. Mais là, il s'agissait juste d'une réflexion passagère.
Et dire que le soleil était vital aux humains... Un allié qui pouvait vite se transformer en ennemi. Beaucoup de manies humaines faisaient rire la mordue, chercher à obtenir une peau bronzée en était une. Cela faisait si vulgaire et une peau blanche était si élégante alors pourquoi vouloir la modifier? Quoiqu'il en soit, les gouts et les couleurs ne se discutent pas, encore moins la mode pour certains. Tout cela pour dire que race humanoïde avait son élément propre mais que basculer de l'un à l'autre n'était pas impossible, juste qu'un sens était plus facile que l'autre. Aussi, si cela se pouvait sur le plan physique pourquoi pas sur le plan spirituel? Mais inutile de repartir sur ce sujet.

La Bathory repondit ensuite à tout ce qu'avait dit la mordue. Cette dernière ne manqua pas d'ailleurs d'approfondir ses pensées une fois de plus et de percer un peu plus celles de la jeune fille à côté d'elle comme elle aimait le faire. Car confronter ses opinions était toujours enrichissant.

Avant de répondre à vos questions mademoiselle, j'aimerais dire que vos dires par rapport à ma moto m'étonnent de la part d'une sang pur qui se fond parmi les humains depuis je ne sais quand. Bien sur vous avez le droit de ne pas aimer et je ne doute pas que vous avez déjà du essayer ces engins ce qui vous permet de juger. Mais les humains ne sont pas toujours dupes et il y en aura bien un que vous ne remarquerez pas qui vous remarquera, enfin...Ce n'est qu'un conseil, mais vous n'êtes qu'une élève.

Conseil quelque peu inutile elle le reconnaissait mais ce n'était que le début et non son propre point de vue qui faisait qu'elle avait quand même choisi de posséder une telle machine. Et puis, Ebeline n'était "qu'une élève" donc une adolescente pour les autres qui la voyaient. Aussi avoir une attitude bizarre n'était pas si surprenant tout comme le fait de ne pas avoir de véhicule. Néanmoins se déplacer aussi vite qu'une voiture paraitrait bizarre à n'importe quel humain, même ado. Et en fait être professeur revenait à prendre les mêmes précautions pour ne pas attirer l'attention sauf qu'ils n'avaient pas l'excuse de la "crise d'adolescence" comme disaient certains pour cacher le mauvais caractère de leurs enfants. Bref, encore des réflexions sans intérêt...

Mais ne vous inquiètez pas. Même si vous m'en aviez donné l'ordre pour ne plus prendre ma Ducati, je n'aurai pas obéi. De plus cela aurait été basé sur votre seule opinion donc sans argumentation valable pour me voir m'y plier. Les gouts ne peuvent d'ailleurs s'expliquer néanmoins avoir une telle machine nous interdit le droit à l'erreur. Si elle chasse et que la tête heurte un arbre, ou un poteau, c'est le coup du lapin assuré même pour un vampire, même avec un casque. Et si ce n'est pas aussi...radical, il reste la peau brûlée et arrachée, ce qui, même pour un vampire ne doit pas être agréable. Et puis, bien que sur roues, on reste exposé à l'extérieur et c'est un bon outil de chasse.

Un sourire s'étira sur ses lèvres fines et sanguines aux souvenirs de toutes ces personnes tombées sous ses crocs, attirés par cette machine. Les nuits les plus propices et formidables étaient les sorties de soirées à thème les vendredis et samedis soirs de boites branchées surtout visitées par les jeunes. La vampire se trouvait une victime et, accompagnée de cette proie, elle s'arrangeait pour se faire prendre au radar pour excès de vitesse quand les policiers étaient de sortie. Mais comment résister à l'envie de faire des excès lorsque sous soi on possède une machine aussi puissante? Evidemment, ses papiers étaient faux, au moins pour la date de naissance et s'en procurer d'excellente qualité n'était pas tâce aisée mais pour elle, ça en valait le coup. Ou alors, suivant l'époque, ils étaient vrais mais c'était l'acte de naissance qui avait été falsifié pour faire correspondre son âge et son apparance.
Dans ces cas là donc, ils devaient se mettre sur le bas côté et subir un contrôle où ils étaient régulièrement positifs bien que la mordue montrait une exceptionnelle lucidité malgré son taux d'alcoolémie. Le retrait du véhicule s'imposait donc mais les représentants de l'ordre avaient rarement le temps à cause de la mordue affamée qui s'abbattait sans retenue sur toutes ses gorges à portée quand la route était déserte. Ensuite il ne manquait plus qu'à camoufler le massacre. Changer d'engin était donc parfois nécessaire car il restait quelque fois des traces sur la nature du véhicule mis en cause. Néanmoins les fonds pour le faire ne lui manquaient pas et tenter différents modèles proféraient de nouvelles appréhensions et sensations qu'elle jugeait tout à fait formidables et ne frénaient donc en rien l'envie de changer. En effet, tel modèle répond rapidement aux commandes alors qu'un autre a besoin de plus d'élan et met plus de temps pour gravir une pente. C'est ce qui faisait le charme de ces machines alors que courir ou marcher... Tout cela était banal qu'importe la vitesse et ce même si par malchance une pierre se trouvait sur notre chemin et nous faisait tomber, encore fallait-il ne pas voir cette pierre...
Néanmoins la vampire sang-pur n'avait pas posé de questions à ce sujet aussi Aely se reporta à celui qui l'interessait vraiment. La jeune fille allait surement dire que la professeure aimait parler pour rien mais elle était comme ça ce soir et un simple "oui" ou "non" ou "c'est déjà fait" aurait coupé trop court à la conversation.

Avez vous déjà vu quelconque nourriture satisfaire un drogué dans son manque de drogue? Et inversement? Non, les deux sont vitaux au drogué. Mais oui, j'avais faim et je me suis permise d'aller chasser avant de venir ici. Mais cela ne satisfait en rien mon envie de drogue... Je serai même venue plus tôt si je n'avais pas été gènée...

Ensuite elle sortit le couteau de sa ceinture. Celui qu'elle avait pris aux jeunes qui avaient tenté de voler sa machine bien aimée. Les rayons de la lune se reflétaient sur la lame tranchante, nette et propre et surement neuve. Tandis qu'elle faisait tourner l'arme blanche sur sa pointe sur le bout de son index, des rais de lumière éclairaient son visage par intermittances et passait devant ses yeux.

Un drogué serait prèt à n'importe quoi pour obtenir ce qu'il veut...Voler, tuer,... et bien d'autre. Les vampire sont des drogués à part entière car ils ne peuvent se passer de leur seule vraie nourriture, tout le reste étant superflu ou une seconde drogue inutile.

La mordue lancait désormais la lame puis la rattrapait en évitant de se couper. Jusqu'à la ficher dans le sol à ses pieds d'un lancer sec, direct. Ses drogues à elle, l'opium, son dérivé l'absinthe et le laudanum, étaient inutiles car non nécessaire à la vie et pourtant, impossible pour elle de s'en passer. Il lui arrivait même de s'en servir pour l'empècher de penser à sa faim à l'académie quand les poches de sang lui étaient insoutenables au point qu'elle préfèrait se laisser ronger par sa faim plutôt que d'ouvrir une de ses choses.
Elle se tourna vers la Bathory et demanda simplement:

Et vous? Quelles sont vos drogues? Depuis le temps que vous vivez vous avez du essayé bon nombres de choses plus ou moins autorisées.