Académie Bathory
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Demeure des Bathory, devenue Académie, qui accueille tant les humains, que les vampires...
 
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 Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ]

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Nozomi Shimatani

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MessageSujet: Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ]   Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] EmptySam 29 Mai - 2:45

    Nul autre concept que l’amour vrai n’est plus mirifique, fantasmagorique et ineffable aux yeux des hommes. Sous ses divers anthropomorphes, il prévalait en démiurge inconscient dans le cœur des condamnés. Aphrodite s’était emparée de sa lyre d’idylle pour clamer une ode à la passion, une prose à l’adoration, une patenôtre à la dévotion, simplement tenter de faire régner sur cette terre ce qui semblait se perdre dans les méandres de mœurs nouvelles et désenchantées. Quelles étaient ces souffrances qui mutilaient cet innocent myocarde ? Etait-ce une plaie causée par l’un des apôtres tranchants de l’archerie de Cupidon, ou la prise de conscience d’une circonspection irrémédiable contusionnée au fer rouge ? Le paroxysme d’affres chroniques et la véhémence d’un sentiment mutée en abnégation, un cabotage en pleines rives du Styx dont on ne tirait que naupathie. Peu importait la cause exacte de cette meurtrissure qui se suffisait à elle-même dans son impérieux désir de subsister, elle incarnait le fieffé parangon d’une utopie en apparences réalisable dans les songes les plus irrationnels. Pouvait-on se permettre telle illusion sans que l’âpreté de la réalité ne dilacère ce voile d’allégresse dans lequel l’on pelotonnait une nudité corporelle et sentimentale ? Sans entrevoir l’affliction de deux âmes concertées dans leur besoin de reconnaissance, l’illusion resterait à jamais chimérique. Si l’impétuosité de quelques valeureux enflammés par la puissance de cette concorde osmotique leur permettait de rendre l’impossible plausible, la crainte des couards laissait cette notion d’invraisemblance présider leur vie dans un désobligeant défaitisme. Tout n’était que relativité aux choix des concernés, dont ils se plaisaient à surnommer les conséquences de fatalité, pour déserter une responsabilité trop accablante pour être assumée. Cependant, un fait n’était plus à démontrer, celui que la ferveur est proportionnelle à la volonté, et que cette dernière n’est autre que la preuve de son existence.

    L’opiniâtreté était en indigence chez cette égérie de la désolation, émissaire de douceurs asiates, dont la complainte fut une nouvelle fois chambardée par une avide aubade. Si d’ordinaire son impassibilité falsifiée suffisait à faire abstraction des marivaudages, la seule élocution de son patronyme, celui de cet amant nocturne, pouvait la faire tressaillir comme la dernière des abêties. Cependant inapte à se satisfaire des réminiscences de ses cajoleries verbales et tactiles, elle traduisait son récent fétichisme par le biais d’une presque déification de cette étoffe ornementale qu’il lui avait léguée avant leur, regrettable, scission. Cette cravate noire de jais qui recelait en son tissu sa fragrance, la sienne, celle dont elle était capable de faire son oxygène et qui avait chatouillé les sens olfactifs de ses colocataires par son origine masculine. Avec ceci, la curiosité féminine et les innombrables questions qui s’y attachaient, indiscrétion que Nozomi dû rassasier en fabulant sur son beau-père, homme qu’elle tenait en grande estime, mais qui n’avait pas manqué de décevoir les investigatrices alors envieuses de romantisme. Une fois les fureteuses pacifiées, ou presque, elle avait bouleversé ses marottes littéraires de sorgue pour se consacrer à un recueillement essentiel après ses émois du soir. Nul besoin d’être visionnaire pour affirmer qu’il était le centre de ses spéculations, celui qui était parvenu, non sans mal, à semer une profonde dissension en l’être de la jeune femme. Sa résipiscence l’avait menée à un surprenant état d’âme, d’une rareté notoire lorsque l’on connaissait son amativité. Et pourtant comme elle l’avait redouté, l’opium qu’elle avait dégusté lui causerait l’addiction de son propriétaire. Ainsi, la nuit ne fut pas de tout repos, mais fut propice aux hypothèses et conclusions dont elle avait besoin une fois sa rude lucidité retrouvée. Malheureusement, sa neurasthénie fut prééminente sur son éréthisme, et son exaltation mua en inquiétude.

    Killian Noctoban était un éphèbe, l’adonis pour lequel n’importe quelle nymphe pouvait nourrir une admiration secrète, conviction qui lui avait été maintes fois démontrée lorsqu’elle entendait ses condisciples louanger sa plastique et fantasmer sur un probable intérêt de sa part. Entre charme et intelligence, la simple théorie qu’il puisse seulement se douter de son existence tenait du paradoxal, et nombreux se montreraient sardoniques sous cette présomption. Selon certains ouï-dires qui badaudaient au sein de l’académie, le scientifique serait le détenteur de prix Nobel, et serait bien plus considéré dans son domaine que son grade de pédagogue ne le laissait envisager. Qu’importe la véracité ou non de ces commérages, la réalité de Nozomi était tout autre : elle ne le méritait pas. Qu’avait-il à gagner avec elle ? Absolument rien si ce n’était les ennuis et la morosité, elle en était persuadée. Il avait été attiré par sa précarité et sa sensibilité, cependant, il ignorait à quelle pléthore il se frottait. Plus elle y songeait, moins elle y croyait… Nonobstant cette vision obscure, elle devait se rendre à l’évidence… Il l’obsédait. Partout, immuablement, son esprit convergeait vers l’incube duquel elle serait contrainte de se priver, non pas par envie, mais par nécessité, pour leur bien être mutuel. Fort heureusement, elle n’avait pas cours de sciences le lendemain de leur aparté, mais le risque d’une rencontre fortuite était élevée, et l’appréhension irrémédiablement présente. Une journée durant laquelle la nippone ne s’était jamais faite aussi éteinte, dissimulée dans l’amoncellement étudiant et calfeutrée dans sa chambre à chaque intermède. Plus que préoccupée, et angoissée, à l’idée de le coudoyer, elle en délaissait son besoin nutritif et surtout sa médication déjà usuellement négligée. La fatigue, l’éreintement, la faiblesse la rongeait lentement, mais en dépit de sa déficience, ce ne furent que de frêles heures de sommeil qu’elle s’octroya, encore bien trop lacunaires, mais toujours bercées par la présence implicite de son professeur, cette cravate contre laquelle sa joue s’était logée après ses premières 24h passées.

    Cette seconde aube s’annonçait plus ardue que la précédente, puisque cette laborieuse matinée augurait des retrouvailles forcées avec celui qui était à la fois un rêve et un cauchemar. Comment se passerait l’heure de cours ? Elle n’osait imaginer le revoir dans un cadre scolaire après leur outrageante contiguïté, qu’elle ne muse visuellement sur ses lippes avec l’unique pensée qu’elles ne la subjuguent, encore et toujours. La sylphide, en bonne élève, se résigna à suivre son emploi du temps, redoutant les dernières heures alors présidées par son amant d’une fois. Plus l’étau se resserrait, plus la rocade vers l’échafaud s’amenuisait. C’est alors que l’épilogue matinal connu une embardée. Un vertige, une absence, une perte de repères… Et sans la bienveillante réception de Calypso, le crâne de la demoiselle aurait été accoler le marbre froid. Son anémie la conduisit, non sans l’aide d’âmes charitables, à l’infirmerie, antre qu’elle pouvait considérer comme une seconde demeure. Habituée à ces visites improvisées, l’infirmière n’eut aucun mal à l’installer dans une des chambres, trop lactescentes au goût de la jeune femme, dont disposait l’aile à l’usage des malades éventuels. Après une furtive auscultation, elle fut contrainte d’avaler divers granules salutaires ainsi que ses contrepoisons quotidiens dont les nombreux récipients gisaient sur le semainier. Une fois ingurgités, elle fut invitée à rejoindre Morphée sans crainte de représailles pour son absence aux leçons du reste de la journée, ce qui fut pour la rassurer. Se faire porter pâle pour ainsi légitimement se dispenser de tribulations émotionnelles était un bon subterfuge, bien que réel dans le fond. Cependant à l’instar d’une rose en marcescence qui ne rêvait alors qu’au fluide cristallin qui épancherait sa soif et sa peine, elle s’endormit avec l’amère sapidité de culpabilité mais la persuasive étreinte d’un choix judicieux.

    Lorsque à nouveau ses iris polychromes vinrent à la rencontre du monde, l’astre diurne s’était dérobé pour laisser place à celui sélénien alors parfaitement orbiculaire. Nozomi se redressa et contempla, d’un air encore pataud, les nitescences lunaires éclairer la pièce. Retrouvant peu à peu sa lucidité, et quelques forces récupérées, elle parvint à se lever, sans se brusquer, pour authentifier sa solitude dans le lieu déserté de toute vie. Elle constata alors avec stupéfaction que sa narcose avait duré de longues heures, bien plus qu’elle n’avait envisagé puisque la soirée était déjà bien avancée. Retournant dans sa chambre, elle réajusta sa robe de teinte parme et cajola du bout des doigts le magnifique et élaboré ras de cou aux allures victoriennes qui ornementait sa gorge. Soudainement dépitée, elle allongea à nouveau sa frêle carrure sur l’alcôve, n’usant pas des couvertures, et clôt simplement ses mirettes, non pas pour dormir, mais s’adonner à une méditation nocturne.

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Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] 695661mo
Killian Noctoban

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MessageSujet: Re: Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ]   Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] EmptyMer 2 Juin - 19:02

    La monomanie, fatalité crispante, arapède, sangsue de son propriétaire…tique insondable dont l’arsenic ankylosant rend méconnaissable. Une fièvre interminable, le besoin constant de sentir au plus prés de soi l’objet d’obsession… Hantise insalubre qui possédant son ôte, se permet l’audacieux privilège, d’engourdir l’un après l’autre les vestiges, les décombres, de son entendement. Dés l’instant ou ses ergots épinglent la peau il n’y a plus d’espoir, vous voilà esclave de sa prépondérance. Inlassablement assujettit, le possédé n’est que plus dépendant de sa drogue, elle enivre, attire irrémédiablement, obnubile de tout son être. A peine quittée, son absence, tels des cris perçants, envahit chaque synapse et motorise à son rythme l’influx nerveux auparavant émancipé…à présent embastillé. Chacune attendant leur tour, ses pensées s’orientent vers elle, remémorant malicieusement les structures de la déesse, son phonème cristallin, l’éclisse de ses prunelles bicolores, ses mots employés, sa fragrance inaccoutumée…son être en tant qu’unité. Strychnine, calomnie, contre son propre esprit il dû guerroyé, afin de ne pas laisser son propre corps transcender sa volonté et le conduire à celle qu'il désirait. Et ce galon, ce petit tissu a priori innocent et rangé soigneusement dans son porte document, sa propriété, à elle, embaumant son parfum … combien de fois se plafonna t-il avant de succomber à cette suggestive effluve et s’empresser de l’humecter authentiquement ? Même celui qui partageait sa mansarde ne put déceler ce mal qui le rongeait, cette dépendance qui s’aggravait…incapable de se concentrer sur les cours qui ne la comptait pas dans son public, il attendait, malgré lui, avec tant d’impatience et d’avidité, l’heure où il pourrait à nouveau croiser ses deux pierres précieuses, troublées et pourtant si attrayantes. Nonobstant son impassibilité, à chacune de ses excursions il la cherchait dans cette masse de truisme inquiétant, telle un rayon de soleil dans un bain de médiocrité, et de platitude. Ca n’était plus que sa physionomie qui l’intéressait, chaque parcelle de son unicité était à présent une chose de plus à vénérer.


    Il se demandait si elle viendrait, ce jour là, après un long atermoiement. La fin de journée devait accueillir leurs retrouvailles, alors il la reverrait s’asseoir à sa place en évitant son regard comme à son habitude – car elle était la seule étudiante qui ne le fixait pas indéfiniment pendant ses conférences. Peut-être se laisserait-elle entrainer par la douce berceuse de Morphée et qu’il pourrait, similairement à leur précédents ébats, l’arracher à son sommeil pour profiter de son éveil ? Pour cela fallait-il déjà qu’elle prenne la peine de vaincre son appréhension et de venir à la rencontre de celui qu’elle semblait fuir. L’amphibologie de la situation le mettait hors de lui, bien qu’il chercha mainte fois à rendre risibles et insignifiants les effets qu’elle lui procurait, même lointaine, il ne put s’empêcher, du petit matin jusqu’à l’heure de cour véridique, de se torturer l’esprit. C’est en effet avec une presque hilarante attitude qu’il enseigna à l’autre classe ; sourcils froncés et déballant son savoir avec une promptitude alarmante qui laissa les spectateurs impuissants et incapables de laisser sur papier un fragment de sciences, iris perpétuellement marqués d’une lueur bestiale, cheveux ébouriffés car beaucoup trop remués et ballotés par cette main agacée… il détestait sa nouvelle aliénation, qu’elle parodie ! Un instant loufoque, un des spectateurs osa réclamer une explication plus prolixe – le pauvre n’obtint qu’en guise de réponse, le lancé parfait d’un manuel scolaire venant s’écraser précisément sur son écritoire, lui ôtant parole ou même réaction. La journée lui parut extrêmement longue, comme si les forces s’arrangeaient pour que les heures, les minutes, les secondes, se fassent plus fastidieuses et tardives possible. Jusqu’à ce que l’exhortation survienne. Libérant ses élèves plus qu’interloqués par leur professeur de science, et permettant à celui qui trépignait d’impatience d’aller quérir sa deuxième classe qui attendait devant le laboratoire afin d’entrer. Se raclant la gorge et rassemblant le peu de raison qu’il lui restait, il ouvrit la porte et fit signe aux élèves de s’installer. Le troupeau défila, d’abord les cancres, ce qui se précipitaient au fond de la salle croyant pouvoir échapper au regard inquisiteur de leur mentor ; puis les plus sages, et enfin… et enfin ?…rien ?


    Il examina d’une lueur investigatrice l’ensemble des étudiants, attendit quelques minutes au seuil de la porte, et, lorsqu’il en vint à l’irréfutable conclusion ; claqua la porte de rage et vint se poser à son bureau, oubliant ses autres disciples dans son acrimonie. Les yeux fixés sur l’écritoire vide, délaissé, abandonné, il resta immobile, sclérosé, le temps de réaliser à nouveau ce qu’il redoutait : Elle le détestait. Comment expliquer autrement son absence injustifiée ? Il entra dans un mutisme déconcertant, et se contenta dans son impéritie, de distribuer une feuille d’exercices à terminer avant la fin de l’heure. Où pouvait-elle bien s’être cachée ? De nouveau installé sur sa chaise, il prit sa tête dans sa main et tenta une bonne fois pour toutes d’extraire, de réduire à néant, de tuer cette affectivité qu’il avait pour elle. Elle n’avait pas à occuper si outrageusement ses pensées, alors, convaincu que sa contrariété n’était que passagère, il se leva et osa demander à celle qui habituellement était assise à côté de la disparue, pourquoi la demoiselle ne se présentait pas à son cour. L’interrogée fut incapable de répondre, ce fut un de ses camarades qui leva le bras et prit la parole, prétendant avoir croisé Nozomi et un cortège d’amis en direction de l’infirmerie. En premier lieu, il resta pantois devant la nouvelle plus que surprenante, puis, il fut particulièrement déconcerté mais n’osa pas demander plus de détails. L’infirmerie ? Mais pour quelles raisons ? Etait-elle malade ? L’avait-on agressée ? Etait-ce grave ? Il eut la trépidante envie d’aller voir, de s’assurer que son état était convenable, mais il ne pouvait pas, il avait cour encore longtemps, il se devait de finir son enseignement avant de quitter ses élèves…encore trois heures à attendre…à tergiverser intérieurement. Voilà pourquoi elle manquait son cour, mais il ne la savait pas aussi précaire, peut-être cachait-elle une faiblesse profonde ? Son interrogation lui rappela le ton meurtri, contusionné, qu’elle emprunta avant qu’ils ne se séparent…elle avait sous-entendu quelque chose, était-ce une éventuelle lésion, un traumatisme ? Non…il l’aurait sans doute sentit, à moins qu’elle n’ait ingénieusement dissimulé son algie. Peut-être même que ce qu’elle recelait dépassait ce qu’il pouvait imaginer ? Il préféra chasser cette idée macabre de son esprit et prôner la thèse d’une casuelle blessure, ce qui n’était déjà pas négligeable.


    Lorsqu’enfin la dernière heure s’acheva, il enfila son caban, attrapa son attaché-case et ordonna à ses élèves d’accélérer la cadence d’un ton qui frôlait l’épouvante. Une fois la porte close, il passa par sa chambre et y déposa ses affaires, ainsi que son manteau, puis fila en direction de l’infirmerie d’un pas plutôt pressé. En aucun cas il n’avait pensé qu’ils se reverraient dans ce genre de conditions. La nébulosité commençait à envahir l’établissement, cette déprécation laissa l’astre de la nuit remplacer celui du jour, guidant le vampire vers sa créature. La porte du dispensaire s’ouvrit lentement, il entra, et se dirigea vers les chambres. Il fallait bien se l’avouer, il était inquiet – mais peut-être qu’elle ne souhaitait pas le revoir ? Encore mieux, peut-être était-il justement l’unique être que ses prunelles ne voulaient pas rencontrer à nouveau ? En réalité, il n’en avait rien à faire, tant pis pour elle si son aspiration était celle de l’éviter, de son côté le désir dépassait le bornage, c’était bien plus que le vampire assoiffée conduit vers son festin le plus exquis, il s’agissait de l’amant se languissant de celle à qui sa possession échappait. Entrouvrant le rideau qui séparait chaque couchette, il avança silencieusement vers le lit occupé, devinant qu’il appartenait à Nozomi – son parfum ne permettait pas de méprise. Exposée au moindre délateur, la délicieuse demoiselle, allongée de cotés sur ses draps blancs, semblait s’adonner à un profond assoupissement. Vêtue d’une robe parme parfaitement ajustée à son ondulante anatomie, sa fine et douce chevelure opaline cascadait sur son dos achevant sa chute mirifique sur le tissu immaculé. Elle était si vulnérable ainsi, encore une fois il pouvait la contempler endormie. Il s’approcha d’elle, toujours aussi discrètement jusqu’à être assez prés pour mieux se délecter de cette vue paradisiaque, elle respirait lentement, ses hanches légèrement inclinées s’affaissaient à chaque expiration et rebondissaient aussitôt lorsqu’elle inspirait. Une sorte de danse envoutante, une chorégraphie hypnotisant les sens à l’affut de celui qui l’épiait. Dans cette farandole d’innocence et de tendreté, personne ne pouvait s’imaginer les causes qui l’avait acheminée jusqu’à cette alcôve destinée aux plus éreintés, même pas lui – qui pourtant ne laissait pas les événements lui échapper de la sorte – l’harassée feintait étonnement bien, mais il ne lui permettrait pas de garder cet arcane plus longtemps.


    Ne prêtant pas attention à son impécuniosité grandissante, il s’assit derrière elle et posa sa main sur la hanche qui se présentait à lui. Il sentit immédiatement tout son épiderme frémir – elle ne dormait pas – sa réaction l’amusa, l’avait-elle reconnu ? Il voulait s’en assurer. Se mouvant dans les nitescences lunaires qui balayaient la pièce, il posa sa main devant elle et se redressa jusqu’à l’encadrer parfaitement. Elle était éveillée mes ses yeux ne s’ouvrirent pas pour autant, s’il y avait tentative de supercherie alors elle perdait son temps – à présent au dessus d’elle et prêt à tout pour la contraindre à lui dévoiler ses mirettes bicolores qui adopteraient certainement la plus resplendissante flamboyance en absorbant les reflets sélénites, il plongea sa tête vers son visage trompeusement assoupi et déposa un céleste baiser sur sa joue droite – encore trop conjectural il n’osa pas viser ailleurs, craignant que la belle ne le repousse. Mais elle n’ouvrit toujours pas les yeux, sans doute pour le dissuader de rester. Il l’observa et se retira, toujours anxieux bien qu’il n’ait pu s’empêcher de croire qu’elle jouait la comédie…matoise, elle savait l’être, et elle l’avait déjà été, alors pourquoi ne pas songer à ce que le motif de son absence ne soit aussi peu fiable que ses deux yeux clos qui refusaient de s’ouvrir ? Leur corrélation resterait stagnante s’il n’empiétait pas encore un peu sur son territoire pour l’obliger à le considérer. Mais cette fois là il devrait rester prudent car s’étant présenté les mains vides, il ne pouvait pas en cas de soif inconsidérée, se rabattre sur une poche de sang. Rien qu’en reniflant son odeur et en écoutant son cœur il sentait son ancienneté le posséder…gérer à la fois concupiscence et dégénérescence n’était pas de tout repos lorsqu’en face l’adversaire n’était autre qu’une nymphe plus que divine. Subséquemment, Killian décida de changer brutalement d’attitude – ajustant sa chemise – il arbora un air narquois et contourna le lit pour venir se poser du coté de Nozomi. Forçant leur mitoyenneté, il attrapa les mains de Nozomi et les colla le long de sa fragile structure étendue, la jeune femme ouvrit soudainement les yeux et trouva devant elle cet incube aux prunelles rutilantes. Lâchant ses mains, il l’entoura de son imposante carrure et lui offrit un sourire peu amène. Puis ses lèvres remuèrent dans un rictus facétieux laissant une tonalité caverneuse retentir dans la pièce.



    « Bonsoir…Nozomi. » Chuchotant son prénom, il marqua un bref temps d’arrêt et reprit d’un air irrité. « Je me rappelle pourtant vous avoir demandé de ne pas sécher mes cours, Mlle Shimatani. » Il passa son doigt sur la lèvre inférieure de sa captive. « Chercheriez-vous à m’éviter ou bien êtes vous sérieusement atteinte d’un mal qui me serait inconnu ? » Son doigt obligea sa lèvre à s’ouvrir un peu plus, puis il déposa un nouveau baiser papillonneux sur sa joue gauche. « Qu’en est-il de votre enquête, délicieuse créature ? » L’interrogea t-il mielleusement.
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MessageSujet: Re: Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ]   Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] EmptyMer 9 Juin - 18:37

    Esseulée dans les fuligineux cumulus de son esprit, l’heure était à l’élucubration. Sa claustration dans ce dispensaire qui lui autorisait une brève sinécure lui permettait une parfaite solitude propice à une rare relaxation. En conciliabule avec son soi intérieur, là était le seul moment où la jeune femme pouvait se vanter délaisser sa nippe fallacieuse, pour revêtir sa tenue d’Eve spirituelle. Se mettre à nu même face à son propre ménechme était affaire ardue, et si Nozomi n’était pas de ceux qui se leurraient sur la réalité, trop pragmatique, il lui était particulièrement laborieux de faire preuve de probité sur sa récente conception d’affection impétueuse. Pouvait-elle se permettre telle incartade émotive lorsque sa dernière et unique embardée l’avait conduite à une avanie digne de la mener à sa sépulture ? Le bonheur, ou tout autre concept susceptible d’emplir son être d’un émoi attentatoire à son affliction, lui avait été refusé il y a longtemps de cela. Que l’on daigne relater son histoire à l’instar d’un conte fantaisiste, d’une formule notoire : il était une fois, une âme en exil condamnée par une vile armide, Dame Fatalité, à errer sur le vaste monde à la constatation du déclin des hommes. Fut une fois où cette innocence bafouée eut cueilli le baiser d’une lame froide sur la douceur senestre de son buste, en dépit d’estimer les lèvres d’un preux chevalier si ardemment escompté, ce fut une algidité qui se hâta à sa rencontre et la tira de sa narcose. Ainsi, jamais ils ne vivraient heureux pour toujours, et paralytique de cet amour fielleux, son cœur estropié n’aurait nulle autre moitié à laquelle se compléter. Sa déchéance fut telle à atteindre un seuil de haine envers ces adonis aptes à raviver cette sempiternelle et douloureuse meurtrissure, de là à proscrire tout côtoiement en rapport avec ces bipèdes enjôleurs. Il eut suffit d’un téméraire pour faire fi de sa chaste volonté et ainsi faire naître de son narcissisme, une trépidation cardiaque propre à lui ravager la poitrine. Sans explication ni même sens, le fait l’accablait pourtant, et chaque connotation qui venait commémorer même une infime réminiscence à sa personne faisait de cet homme l’idéogramme de son désir. Ces pensées attisaient en elle une controverse angoissante, car elle avait à la fois le souhait et la crainte qu’il ne l’exècre.

    Alitée sur sa nappe nivéenne, la souffreteuse fixa évasivement le plafond, cherchant à recréer sur cette surface de gypse blanc une scène qu’elle ne pouvait que conjecturer. Comment avait-il réagit en constatant l’échappée de son étudiante à son cours censé les réunir pour quelques heures officielles, devancières de celles officieuses ? Les dernières paroles qu’il lui avait adressées l’avaient conviée à une assiduité scolaire, mais outre ce statut conventionnel, il y avait le dessein de s’accorder une nouvelle entrevue avec celle qu’il avait prise en proie. Avait-il été désappointé, maussade voire furieux ? A moins qu’il n’ait abdiqué dans sa quête de possession ? Motivé ou résigné, elle serait un jour contrainte de lui faire face, et elle avait déjà eu l’occasion de tester sa ténacité pour savoir qu’aucun écueil n’était suffisamment robuste pour le stopper dans sa convoitise, si ce n’était une indifférence totale de l’objet de son désir. Dédain que la sylphide n’avait su lui démontrer puisque leurre, qui était cependant l’unique moyen de le faire renoncer. L’envie de lui appartenir empiétait sur l’ambition de le répudier, ses sentiments et sa raison se livraient une guerre sans merci créant une bourrasque d’incertitude. Serait-il apte à comprendre, et bien plus à accepter sa condition atypique, elle en doutait, et discerner ne serait-ce qu’une once de pitié dans ses topazes aguichantes serait un ébranlement insupportable. Dans un long soupir, son corps aussi bien redondant qu’altérable se mut sur sa droite pour s’affaisser sur ce même côté, la joue logée contre l’oreiller qui supportait le poids de son crâne et celui de ses préoccupations. Peut-être que l’apaisement de sorgue lui concéderait plus de perspicacité aux caresses de l’aurore, se morfondre dans ses idées noires ne ferait qu’accroître son pessimisme inné. Alors qu’elle désirait se laisser aller à la somnolence, les preuves acoustiques d’une nouvelle présence vinrent l’incommoder. Sa première hypothèse émit une ronde de l’infirmière, venue quérir de l’état de la seule patiente de la soirée. Cependant, cette aura oppressante qui vint éveiller son inquiétude, lui insuffla un mauvais pressentiment, autant que cette sensation d’être observée une fois qu’elle fut découverte. Alors, elle décida de feindre l’endormie, pour usurper l’identité de la belle au bois dormant.

    L’individu s’était approché, l’abaissement de sa couche médicale témoignait de son appui sur celui-ci, puis soudain, une main vint accoler sa hanche. Plongée dans l’obscurité de ses paupières, Nozomi ne pouvait distinguer la physionomie du quidam responsable de leur contact, et pourtant, elle était certaine que c’était lui… Killian. Il était inconcevable que sa fragrance ne l’induise en erreur, elle ne la connaissait que trop bien pour l’identifier parmi un millier. En dépit de ses efforts, son corps ne put que réagir en de brusques frémissements dermiques, mais elle demeura immobile. Déjà acoquinée à Morphée, peut-être renoncerait-il à la tirer de cet insidieux sommeil et partirait comme il était arrivé. Obligée de se fier aux oscillations du lit pour entrevoir ses mouvements, l’équilibre qui s’établit de part et d’autre de ses épaules lui indiqua qu’il était certainement penché sur elle, théorie corroborée à l’escale de ses lippes sur sa joue. Cette douce jonction ne fut pas sans l’assoiffer des délicieux baisers qu’ils avaient échangés dans le laboratoire, nonobstant cette inextinguible soif de tendresse, elle se força à l’inertie, et crut un instant qu’il capitulerait son départ. Comment, mais surtout pourquoi diable était-il venu jusqu’ici, la talonner dans l’unique endroit encore capable de la réconforter un tant soit peu… L’incube sembla faire le tour de l’alcôve pour s’installer du côté où il pourrait la voir, elle espérait qu’il ne décide pas de veiller sur son repos jusqu’à ce qu’elle ne s’éveille, cependant, il vint promptement réfuter cette thèse. Il harponna ses mains et en révisa leur position, surprenant la jeune femme qui ouvrit subitement les yeux pour constater la véracité de son identité. Il était là, elle ne rêvait pas, incliné vers elle comme le plus séduisant des tortionnaires, il avait à nouveau exercé sa domination pour l’enfermer contre lui, satisfait d’avoir déjoué l’imposture. Ses iris bicolores intensément dirigés vers cet être, fantasme de ses nuits et forban de ses jours, le scrutaient avec appréhension de connaître la raison de sa venue, pourtant éloquente. Alors que son phonème la mettait face à ses responsabilités, il s’autorisa de timides approches physiques, préludes et réclames de la récolte qu’il avait entamée lors de leur dernier entretien, de quelques aspirations qu’il n’eut possibilité d’assouvir. Sans doute était-il venu lui demander des comptes, ou bien parachever ce qu’il avait ébauché. Dans tous les cas, ce n’était qu’une question de temps avant que la martyr ne soit conduite à saturation, et ne défaillisse.

    Retrouver ainsi les traits de son professeur qu’elle ne se souvenait pas aussi divins, se trouvait être bien plus ankylosant qu’elle ne l’aurait imaginé. Sa seule lubie était de l’étreindre à la mort et de lui hurler son déboire, ce qu’elle ne pouvait se permettre, trop prude pour s’octroyer le droit de s’oublier à lui comme la plus ardente des amantes. La nymphe se crut maudite, de subir les caprices du destin de cette façon si éreintante, son chemin au sépulcre serait donc semé d’embûches en son long ? Il lui fallait réagir avant qu’il ne prenne le monopole de la situation, maîtrise qu’il supervisait aisément bien et dont il profitait avec habileté. Les mains de l’asiate se plaquèrent sur les pectoraux de celui qu’elle suspectait être un fils de la nuit, et tentèrent avec peu de vigueur de l’éloigner, mais constatant ses actions infructueuses, elle opta pour un changement de tactique. D’une mimique renfrognée, elle prit un bref élan en se secondant du rebond du matelas et se redressa pour adopter une position assise, conglomérant par la même occasion sa carrure à celle de son pédagogue pour l’obliger à suivre son relèvement. A présent installée sur son séant, sa sagesse l’aurait extirpée de lui pour établir ce qu’elle aimait qualifier de distance de sécurité minimale, cependant elle eut une nouvelle fois l’occasion d’authentifier sa précarité d’esprit. Agglutinée à cette masse musculeuse qu’elle s’évertuait encore à fuir, elle fut incapable de se dérober, retenue comme la blonde avette à la quintessence de son nectar sirupeux. Dissimulée au revers de sa frange, elle laissa son front reposer contre lui, puis ses doigts sur le fin tissu qui l’habillait pour palper ce qu’ils étaient en mesure de percevoir en guise de tangibilité. Cette sérénité inusuelle, rareté aux éruptions presque centenaires, qu’elle décelait à la cavité de ses bras, à la froideur de sa peau. Comme pour atteindre un peu plus cet enivrement et se conforter dans cette quiétude en dénuement, elle rechercha son contact en se blottissant tendrement contre lui, puis ses mains remontèrent jusqu’à ses épaules pour les saisir délicatement, et simplement s’expatrier du monde.

    Les yeux clos, la nippone sembla s’arroger le rôle de l’incube en glissant son visage dans son cou pour s’étourdir de son arôme, puis sans raison apparente, son eurythmie se précipita, son cœur se mit à marteler à sa paroi charnelle avec l’irascible ambition de s’en extraire. Une vague de chaleur inexpliquée fit rosir ses pommettes et investit en elle un sentiment de turpitude mêlé à celui d’exaspération. Cette fois le responsable de sa versatilité n’était pas Killian, mais Nozomi elle-même qui abhorrait ce qu’elle était, ce qui restait réellement d’elle. Sa figure se baissa pour rester cacher dans sa longue crinière opaline, les sourcils froncés, ses doigts se crispèrent pour agripper férocement l’innocente chemise qu’ils tenaient, puis vint un faible ricanement de nervosité, sans joie aucune.


    Vous… Toujours vous… Sa poigne se desserra graduellement. Vous ne devriez pas être ici, sensei, un enseignant et une étudiante avec une telle contiguïté n’est pas raisonnable, vous avez mieux à faire. La demoiselle se redressa et plongea ses prunelles polychromes dans ceux de son interlocuteur, puis emprunta un timbre plus formel. Si vous voulez un justificatif concernant mon absence, l’infirmière devrait se charger de cela dès demain pour m’excuser auprès des professeurs dont j’ai raté les cours aujourd’hui. Excusez-moi… Elle pivota sur le côté pour prendre appui sur ses jambes et se lever, à présent séparée de Killian par le lit. Mais si vous voulez la raison exacte, et bien, mes carences alimentaires ont eu raison de moi, voilà tout. Ne vous en faites pas pour les cours, je les rattraperai…

    La jouvencelle lorgna le vampire tout en réajustant son vêtement dont l’étoffe asymétrique dansa parmi les nitescences lunaires. Elle balaya la dentelle noire qui ornementait son abdomen puis chassa une mèche encombrante tout en zieutant le projecteur sélénien qui l’éclairait à travers l’immense fenêtre. Tous ceux susceptibles d’en connaître un minimum sur la nippone la savaient d’une constitution extrêmement malingre, et pour justifier ses fréquents malaises, elle prétextait des insuffisances nutritives qui dissuadaient les plus curieux de poursuivre leur enquête. Lui qui était un homme de science, serait-il assez crédule pour ne pas s’aventurer d’avantage sur ce terrain sensible et prohibé ? Il ne fallait prendre aucun risque, et pour cela, l’amener sur un autre sujet qui terrasserait son prédécesseur, tout en veillant à leur promiscuité outrageante à laquelle la résistance était abrupte. Sans doute devait-il être le seul capable de la mettre dans tous ses états, et ses tremblements musculaires la prévenaient d’une indispensable précaution à prendre quant à l’intensité de ses émotions. Tout en se frictionnant les épaules, elle se dirigea vers le semainier sur lequel étaient disposés ses innombrables panacées aux substantifs tous plus biscornus les uns que les autres. Elle attrapa l’une des boites sans en vérifier les indications, trop habituée, saisit deux gélules bariolées qu’elle abandonna prés de l’évier pour quérir d’un verre et le remplir du liquide cristallin. Une fois plein, elle avala les granules suivit d’une gorgée d’eau, intérieurement rassurée du contrôle que lui apporterait sa médication qu’elle espérait suffisante pour l’occasion. Elle se mit soudain à réfléchir sur la dernière question qui lui avait été énoncée, celle concernant son investigation malsaine sur la nature de son pédagogue. Jusqu’alors, aucun d’eux n’avait été explicite sur le dessein exact de cette dite enquête, bien que l’évidence était présente, que se passerait-il si Nozomi voyait ses suppositions être fausses ? A vrai dire, ce cas de figure ne lui avait pas traversé l’esprit, car elle était intimement persuadée de l’avoir percé à jour, il ne pouvait en être autrement. Nonobstant cette certitude qui s’aiguisait, elle ne pouvait se jeter dans la gueule du loup, et ne viendrait à prononcer l’intitulé correct que lorsqu’elle en aurait la preuve irréfutable. Son rachis s’appuya contre le meuble maintenant derrière elle, un bras entourant sa taille et tenant le verre de son autre main, elle l’observa avec suspicion, cherchant à rassembler les fragments du puzzle dans son esprit pour mieux les distinguer. Elle se souvint du premier vampire qu’elle avait connu et qui avait lâchement déserté, l’abandonnant aux crocs d’une succube qui n’était autre que l’un de ses professeurs. Le récipient diaphane se logea contre sa mâchoire, puis elle fixa le vague, en pleine réflexion.

    Mmmh… Ponctua t-elle en faisant une moue. Elle avance, plus vite que je ne le pensais, mais spéculer ne servirait à rien si ce n’est vous amuser, et un bon enquêteur ne ploie pas ses indices au camp adverse. La jeune femme prit un air présomptueux. Mon pragmatisme a été suffisamment ébranlé ces derniers temps, de ce fait, je me contenterais de mes déductions pour me faire une opinion… Déjà faite d’ailleurs. J’ignore si cette situation de mauvaise curiosité vous plait, mais plus vous passez de temps avec moi et plus l’étau se resserre… Elle le regarda quelques secondes. ... Nous avons tous des secrets que nous n’aimerions pas savoir découverts, voilà pourquoi je n’irais jamais vous quémander du concret simplement pour assouvir ma bêtise… De toute façon, quelle importance pourriez-vous porter à ce que je pense de vous…

    Voilà qu’elle devenait loquace, décidément, il avait le don de faire surgir des traits de caractère qu’elle ne se connaissait pas. Nozomi se mit alors à comparer Killian à Sybiline, ils avaient cette même sensualité emphatique qui, elle l’avait remarqué, caractérisait beaucoup ces enfants de sorgue. Certes, elle n’était comparable qu’en apparence, après tout, elle doutait bien malgré elle qu’ils aient les mêmes intentions à son égard. Ils avaient cette même façon de s’intéresser à sa nuque, de l’observer comme une friandise vivante, une température épidermique très basse… Maintenant qu’elle y réfléchissait, cela faisait déjà deux jours qu’elle n’avait pas vu son enseignante de théâtre, 48h de ce fait qu’elle ne lui avait pas dérobé son précieux sang. Et si… Et si la faim la menait jusqu’ici pour réclamer satiété sur ce qu’elle proclamait être sa source personnelle ? Cette conception tira un frisson de dégoût à la demoiselle qui se mit à lorgner craintivement la pièce, se remémorant avec horreur les prises de repas quotidiennes de cette harpie qu’elle haïssait. L’impression de sentir ses crocs transpercer sa carotide lui fit grand mal, et sans comprendre, un spasme inopiné traversa son bras qui échappa à son obéissance. Ses doigts s’ouvrirent sans qu’elle ne puisse y remédier, et le verre explosa par terre accompagné d’une inspiration apeurée. La jeune femme saisit cette main indisciplinée pour la ranger contre elle, patientant quelques instants pour en retrouver la mobilité, les yeux rivés sur le sol inondé, ne sachant plus où se mettre.
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Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] 695661mo
Killian Noctoban

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Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] Vide
MessageSujet: Re: Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ]   Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] EmptyMar 15 Juin - 22:14

    Il se trouvait dans une telle amphibologie depuis que cette naïade était devenue l’unique sollicitude des méandres de son âme. La chrysalide avait réussi à captiver toute son attention, sans doute n’en était-elle qu’à peine consciente, peut-être même qu’elle s’était persuadée du contraire ? Lorsqu’il s’était dirigé vers elle son dessein demeurait encore vaporeux, trop brumeux pour qu’il puisse comprendre lui-même les chapelles si ensorcelantes qui avaient pris pour esclaves les plus déférentes et dociles, ses propres jambes, et l’avait irrémédiablement mené jusqu’à la source de magnificence dont-il était à présent enivré. Serf de sa démence naissante, il avait obtempéré naïvement à cette pulsion d’ébriété et s’était engouffré à nouveau dans l’éthylisme prédicat de leurs échanges. Cette dipsomanie, bien loin de lui déplaire, s’était concédé le rôle et l’imputation de son altération. Comme un troc adventice qui permettait à chacun de ses états de se suppléer. L’idée que ce deuil de son habituelle maintenance et que la perte de son atonie vis-à-vis des sensibleries de l’existence, lui soient uniquement réservées, n’ajoutait qu’à sa contrariété. Naturel, puisque sa partenaire – ou bien devrait-on dire, adversaire ? – n’était pas née nigaude et passait subséquemment la majeure partie de son temps à restaurer l’écart de leur concupiscence. A quoi bon se borner à révulser cette grandiloquence sachant que son antagoniste ne se laisserait pas faire ? Il devait y avoir derrière cette itérative mortification le trapu désir d’escamoter un secret bien gardé. Seulement qu’elle était cet arcane qu’elle recelait avec tant d’ardeur au point même de restreindre continuellement ses propres appétences ? Il se demandait si un jour, il le découvrirait – ou bien mieux encore ; elle le lui dévoilerait. Mais pour cela faudrait-il que le crédit qu’elle lui accorde soit déjà plus tangible que son soi-disant désintérêt à son égard. Cela le hantait, pourquoi était-elle revenue lors de leur précédente entrevue ? Quelque soient les allégations de son changement de décision, cela ne pouvait qu’inévitablement traduire d’une – même très minime – bienveillance. Voilà ce qui lui assurait - autre que son statut pédagogique – la certitude que la néréide ferait de son discours et de son acharnement, quelque chose de plus crédible qu’une aspiration vouée à l’exhortation.

    En empoignant ainsi les mains de celle qui usurpa avec talent l’identité de la belle au bois dormant, il l’avait contrainte à admettre qu’elle feintait .Non, elle n’était pas restée de marbre face à sa visite – peut-être attendue. Ses deux yeux s’étaient ouverts, certes surpris, mais curieux d’entrevoir une nouvelle fois les contours de celui qui une fois auparavant fut l’envahisseur de son essence. Il discerna sans mal, ce petit temps de latence qui s’installa, durant lequel les deux iris bicolores de la dryade vinrent rencontrer la rutilance de leurs complices. Son visage ne laissa transparaître aucun contentement face à la présence de son amant, seules ses pommettes s’empourprèrent, maraudes de leur propriétaire, ce qui ne fut pas pour offusquer le vampire en quête de promiscuité. Enfin lorsqu’elle osa établir un contact opiniâtre avec lui, ce fut pour mieux capituler, au grand étonnement du démon qui n’osa pas répondre à cette étreinte – la jaugeant plus suspicieusement, croyant qu’il y avait derrière cette cession, les prémices d’une nouvelle fourberie à venir. Mais cette tendresse inhabituelle, et surtout bien loin d’être forcée par son tortionnaire, le déconcerta, il lui semblait qu’elle cherchait à arpenter minutieusement sa carrure, passant ses doigts sur sa chemise comme il l’aurait fait avec sa robe ou peut-être directement, son épiderme. Il aurait pu utiliser sa légation pour assouvir son appétence, mais curieusement, aucun de ses membres ne tenta quoique ce soit, peut-être par déférence – non surtout par effarement. Effectivement, il était en réalité, plus que consterné face à se témoignage inopiné de réciprocité. Puis, son ahurissement – qui finalement ressemblait plutôt à de l’éblouissement, ne tarda pas à reprendre de plus belle lorsqu’elle s’octroya la sinécure de l’incube et plongea son adorable minois au creux de sa nuque embaumée par le parfum natif de sa psychose. Elle humecta l’épiderme transie de son partenaire et resta ainsi blottie assez de temps pour que la surprise du vampire ne laisse place à une fomentation épicurienne, délivrant l’être sanguinaire à un hédonisme inéluctable. Il se laissa croire l’espace d’un fugace instant qu’elle demeurerait ainsi, mieux encore, qu’elle lui offrait sa reddition avec un consentement plus que suggestif et plaisant. Sa main chercha à braver son appréhension et voulut avec vigueur venir fourrager la chevelure opaline de la nymphe pendant que son visage viendrait joindre leurs bouches dans une embrassade sybarite. Malheureusement, la délicieuse créature conglomérée à sa structure par l’étreinte de sa largeur, devança les luxurieuses préméditations de l’incube – et tandis que les deux prunelles de la jeune femme se dévoilaient après tant d’égarement romanesque, le tortionnaire rétracta cette main audacieuse pour la ranger dans sa poche gauche, et ainsi se disculper de tout acte irréfléchi – pourtant terriblement prescrit.

    Elle brisa ce lien, qu’il crut de toutes pièces imaginé par son esprit malicieux, et lui répondit d’un phonème qu’il ne lui connaissait pas. Mêlant la nervosité et la formalité, elle rappela pour une millième fois que leur corrélation n’était pas raisonnable et tenta de réduire à néant toutes traces de ses agissements par le simple fait de remettre à leurs places, chaque protagoniste présent dans le dispensaire ; c’est-à-dire lui à sa pédagogie, et elle à son apprentissage. N’avait-elle décidément rien apprit de leur entrevue passée ? Pensait-elle réellement que la visite du vampire n’était que due à un hilarant souci administratif concernant son absentéisme récent ? Ridicule… Quand bien même se serait-il déplacé pour de telles bagatelles, son dessein n’aurait été autre que celui de retrouver la belle disparue. Il ne voulut pas croire que ces dires reflétaient ces véraces pensées, sinon, c’est que la vivacité qu’il lui avait accordé n’était en fait qu’une surface bien trop agencée. Quel auxiliaire et cadet déboire qu’était celui de savoir si elle rattraperait les cours du jour, sachant qu’en plus son enseignement n’avait que trop été bouleversé par son absence… Voilà un astucieux discours pour réinstaurer à nouveau cet éloignement qu’elle paraissait apprécier plus que tout au monde. Bien trop exaspéré par son élocution pragmatique et récurrente, il se contenta de la laisser se lever et de la suivre des yeux dans ses moindres faits et gestes. La seule chose qu’il avait retenue de sa diction était celle qui concernait sa santé – des carences alimentaires avait-elle prétendu ? Il se demanda si elle ne cherchait pas à dissimuler une véritable lésion en prétendant un mal secondaire, car, il avait beau chercher, mais il ne voyait pas pourquoi la demoiselle se serait volontairement privée de toute nourriture. A moins d’avoir récemment subis la perte d’un être cher, à moins qu’un évènement n’ait bouleversé complètement son équilibre nutritionnel …après tout il ne savait pas tant de choses sur son intimité pour pouvoir juger de la présomption des disettes qu’elle briguait. Il l’observa avec attention lorsqu’elle se saisit de son semainier, duquel elle sortit deux gélules dans un geste mécanique, presque comme s’il s’agissait là d’un rituel, d’un réflexe, d’une régularité…Les deux comprimés intriguèrent fortement Killian qui eu l’irrépressible envie de s’en saisir – sa diligence le lui aurait permis, mais pas sa circonspection. Il se suffit donc à la regarder les absorber, convaincu qu’il ne s’agissait pas là de simples vitamines servant à combler une avitaminose… Les gélules ingérées de façon régulières sont plus couramment destinées à la guérison de maladies bien plus affligeantes. Après tout si elle souffrait de carences alimentaires, le meilleur des remèdes, restait la nourriture… torve qu’était son attitude…

    Mais elle enchaîna sans lui laisser le temps de s’intéresser plus en détail à ces médicaments, et empiéta sur le sujet qu’il avait lancé par sa sournoise interrogation…le sujet concernant sa méphistophélique nature. Tout en laissant ses mirettes voguer à tout hasard, elle lui assura que son investigation avançait promptement et qu’elle ne lui en toucherait aucun mot sous prétexte que cela pourrait trahir l’éthique – l’investigateur ne tient jamais le suspect au courant des indices découverts quand bien même il le supplierait. Sauf que malheureusement pour elle, son suspect n’était que trop conscient des preuves trouvées car c’est lui qui les lui offrait volontairement sur un plateau d’argent. Au fond de lui, il ne souhaitait pas qu’elle découvre son infernale unicité de façon authentique, comme elle venait de le dire, il y a des secrets que l’on n’aimerait pas savoir découverts…mais depuis qu’il avait édifié leur contigüité, il n’avait plus le choix, et tôt au tard elle le verrait sous sa véritable apparence de meurtrier, de satanique. En revanche, qu’elle doute de l’importance qu’il puisse accorder à ses propos prouvait une fois de plus qu’elle manquait soit de perspicacité soit d’honnêteté, il était flagrant que ce qu’elle disait ou faisait ne le laissait pas indifférent, elle avait pu en cuber à de nombreuses reprises. Alors qu’il la toisait de façon agacée, car une fois de plus elle s’évertuait à le fuir, la main de la jeune femme eu un instant de digression et lâcha soudainement le verre qui contenait l’eau ayant servie à ingurgiter les deux médicaments, le récipient s’écrasa au sol dans une détonation qui aurait pu alerter les infirmières, mais qui finalement se contenta d’effrayer Nozomi, et de surprendre Killian. Ce trouble soudain la rendit légèrement gênée et il pu sentir son malaise aussitôt après avoir constaté que des éclats de verre venaient jusqu’à lui, et qu’il était possible que l’un deux ait blessé la jeune femme. Bien sûr, de remarquer les tremblements de la demoiselle était fort intriguant, plus inquiétant, mais, immédiatement après l’événement plus que surprenant qui venait de se produire, il fonça d’une diligence effarante jusqu’à l’océanide et s’accroupit jusqu’au lieu du désastre pour inspecter les jambes découvertes de l’inconsciente. Sa main passa délicatement sur l’épiderme frémissante, cherchant une éventuelle faille, une fissure dans ce complexe de vénusté, une goutte de sang traitresse et susceptible de l’enivrer… rien, elle était intacte, alors légèrement honteux par sa réaction qu’il jugea démesurée – même s’il n’avait que caressé une jambe d’un air curieux – il se redressa, une main ébouriffant sa crinière blafarde d’une allure frénétique et laissa son autre main libre malaxer le haut de son nez, et la naissance de son front, pour se calmer. Il ne se reconnaissait plus, depuis quand réagissait-il au quart de tour lorsqu’une innocente humaine se retrouvait face au danger ? Quelle ironie… Elle l’avait complètement métamorphosé, il était à la merci de ses moindres agissements, et cela commençait sérieusement à le crisper. Telle une revanche incongrue pour la demoiselle qui s’en doute était loin de se douter des cheminements spiritueux de l’incube, il se retourna vers elle, les prunelles enflammées par sa démesure, son emphase. Ses mains vinrent harponner les frêles épaules de sa partenaire, et il l’attira à lui, la soulevant pour la faire passer au dessus des éclats acérés du verre éparpillé. La conglomérant à son torse de force, il la porta ainsi jusqu’au reposoir, et l’allongea, la ramenant à sa position délaissée. La fixant avec insistance, il entreprit de répondre à sa longue élocution, sa voix se fit sèche et claire.


    « Quelle importance j’accorde à ce que vous pensez de moi ? Peut-être autant que vous pour ce que je pense de vous...si ce n’est plus ? » Il attrapa le menton de sa proie et reprit, le son se fit plus sévère, plus inquiétant encore. « J’en ai assez de votre pragmatisme, laissez le donc à vos copies. » Ses lèvres se rapprochèrent, tiraillées par l’envie irrésistible de retrouver leurs consœurs. « Je me fiche de votre justificatif, je me fiche de savoir si vos rattraperez mes cours, et je me fiche pardessus tout de la bienséance et des normes pédagogiques…par contre votre absence ne sera pas si facilement oubliée, je peux vous l’assurer. »

    Sa langue en aurait bien dit plus s’il ne s’était pas retenu au dernier instant, avant de faire de son indolence l’exemple même d’une hyperesthésie burlesque. Elle n’en saurait pas plus – mais qu’y avait-il à savoir de plus d’abord ? Rien… ? Lui-même était malhabile à y répondre sans aide, sans une périlleuse introspection, sans un effort d’exemption délibérée. Chassant cette émotion vaseuse, il rapprocha son visage de sa captive et en profita pour y déposer un baiser sur ce menton qu’il tenait encore fermement. Son étreinte se fit plus étriquée et profonde, il la souleva vers lui et laissa sa tête sans appui pour mieux entrevoir son cou et cette clavicule qui l’obsédait sans cesse. Sa bouche descendit petit à petit, déposant par intermède ses lippes sur la peau lactescente de Nozomi… Ce parfum si entêtant, était-il naturel ? Car si cette fragrance lui était propre quelle serait sa géhenne si un jour il pouvait faire de l’entièreté de cette structure d’albâtre, sa possession ? Voulant affronter son regard utilitariste – aimé et déprécié à la fois – il releva son crâne vers lui et la regarda intensément…et s’il faisait avancer son enquête ? Sans quitter ses indomptables mirettes bicolores, le vampire utilisa une nouvelle fois ses dons télépathiques pour régenter aux volets de la fenêtre du dispensaire, de se fermer. Les jalousies se clôturèrent d’elles-mêmes devant les yeux ébahis de la jeune femme, peu à peu les deux protagonistes furent plongés dans une obscurité angoissante, de faibles rayons lunaires se glissèrent à travers les raies des contrevents, l’un venant éclairer le sourire esquissé du joueur enjôlé. Un rire sombre s’échappa de sa gorge, peu rassurant, et il plaqua Nozomi contre le lit, la recouvrant de sa carrure tout en la dévisageant lascivement, il scella ses lèvres à celles de la demoiselle, l’obligeant à participer à son embrassade empressée, excitée, inattendue. Ses mains murées aux joues de la nymphe pour mieux maitriser son enlacement, il se demanda s’il tiendrait indéfiniment...que faisait-il ? Cherchait-il à l’effrayer ? Jamais, mais c’est malheureusement ce que montraient les apparences. Cherchait-il à la conquérir de force ? Le mot conquérir en lui-même était pittoresque… Non, ce qu’il cherchait, c’était à la punir de l’emprise qu’elle avait sur lui en lui infligeant ce même empire de façon plus explicite, il voulait aussi la châtier pour avoir manqué son cours après sa requête passée, il voulait encore la morigéner pour ses ridicules carences et sa menterie plus qu’évidente concernant son état de santé…alors il y repensa… le semainier… Ses mains lâchèrent soudainement le visage ensorcelé de sa partenaire et il utilisa sa vitesse démoniaque pour attraper l’hebdomadier, seule façon de vérifier si ses doutes étaient fondés. La boîte en main, il en sortit l’étrange médication et l’observa attentivement, pendant que la jeune femme se redressait et réalisait qu’il était entrain de fouiller en plein dans son secret. Comment faire pour connaître les effets de ces gélules si ce n’était en les essayant ? Cela ne le tuerait pas de toute façon, aucun poison ne pouvait mettre un terme à son exécrable existence. Ses yeux se fixèrent sur la magnifique jeune femme peut-être emprise d’une panique intérieure. Et il prononça ces quelques mots avant d’ingérer, sans eau, les deux médicaments du jour suivant.

    « Je mène aussi mon enquête, Nozomi. »

    Les deux granulés se frayèrent un chemin dans son gosier et laissèrent l’actif appareil digestif du vampire analyser leurs fonctions médicinales, il attendit quelques instants et ressentit une sensation étrange, un peu comme un curieux maintient psychologique, une assurance, une énergie se renouvelant…ces fonctions cérébrales s’éclaircirent plus encore…étrange. Etait-ce une drogue, une dope ? Pourquoi prenait-elle ce genre de choses ? Ca n’était pas de simples vitamines, loin de là, pour que leurs effets soient ressentis jusque dans son cortex cérébral alors que les médicaments n’avaient fréquemment aucune action sur lui, c’est que ces vitamines là cachaient de biens plus sérieux et graves desseins. Se sentait-elle, elle aussi, soudainement envahie d’un contrôle plus tangible ? Il n’en avait pas besoin de cette sensation de sureté corporelle, même s’il était resté humain, alors pourquoi elle ? Engrenant sa réflexion il repassa en revue toutes ses connaissances scientifiques et chercha une explication à une telle médecine…un trouble du comportement ?? Une atrophié cérébelleuse ? Un genre de Parkinson…cela justifierait le tremblement vulnérable de cette main ayant lâché le verre d’eau…Il ne connaissait peut-être pas cette maladie mais elle n’était pas précaire s’il fallait pour la combattre respecter des doses journalières…Se remettant de sa petite découverte, il reposa le semainier où il était et marcha vers son élève, la main agglutinée à son menton, plongé dans une réflexion scientifique, et le visage crispé par la colère, il finit par laissé son irritation l’emporter et attrapa les poignets de son amante pour la plaquer à nouveau au lit et se retrouver au dessus d’elle. Les yeux sauvagement plantés dans les iris effrayés de Nozomi, il serra plus fort les poignets…cherchant pourtant à contenir son émotion…un mélange de colère et d’incompréhension …d’impéritie… mais bon dieu que cachait-elle à la fin ? Elle ne pouvait plus lui mentir à présent, pas après que ses papilles n’aient gardé si distinctement le goût des gélules et que son autonomie ne se soit sentie plus sure encore qu’auparavant. Sévèrement, sa tête força la promiscuité, et il se décida enfin à lui parler…son phonème rauque et draconien mêlé à la férocité de son regard, accompagnèrent ses paroles qui se firent tranchantes.

    « Une carence alimentaire ? … Vraiment ? » Une main desserra son accolade. « Ce n’est pas ce que révèlent vos médicaments très chère. Je ne quémanderai aucun concret pour assouvir ma bêtise voyez-vous…car ma bêtise serait de vous laisser croire que je passerai sous silence ce que je viens de comprendre. » Il lâcha ses poignets et l’embrassa brièvement tout en tenant son visage fermement. « Vous allez dire la vérité, la stricte vérité, et peut-être qu’après…je donnerai une explication plausible à de fantomatiques volets. »
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Nozomi Shimatani

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Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] Vide
MessageSujet: Re: Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ]   Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] EmptySam 19 Juin - 13:20

    Une plume inapte à s'exprimer dans ses confessions, infirme dans sa locution car estropiée par la disgrâce et à l'agonie dans son idiotisme. Qu'était ce que l'impuissance ? Devenir l'automate de son inconscient et le martyr de ses toquades corporelles. Subir ces lubies itératives qui ne cessaient de s'exacerber et dont le paroxysme l'amènerait à l'exhalaison de son âme. Se soustraire au monde, dans la pénombre de toute chose, comme si son existence n'était et n'avait toujours été qu'un insignifiant soupir dans l'emphase d'une mélopée. L'impuissance qui entrainait à sa suite une atterrante attente et l'essor d'une vie surannée. Ses épithèmes n'étaient que de faibles allusions au parasite chronique qui l'érodait, en revanche, ses spasmes indomptables qui narguaient son contrôle psychique et physique, étaient les plus âpres chatoiements de sa condition égrotante. Les crispations musculaires de ce bras factieux sonnaient comme une prémonition à une déchéance croissante. Successivement, un engourdissement qui lénifia sa douloureuse contraction jusqu'à s'estomper progressivement à son tour et lui permettre de retrouver son autorité. Après une brève vérification gymnique de ses doigts endoloris, elle constata la grande éphémérité mais fortuité de ses incartades qu'elle jugeait, proportionnellement aux circonstances, vénielles. Que se serait-il passé si par malheur, c'eut été ses jambes qui avaient cédé sous la pression pathologique ? Ses membres inférieurs étaient les victimes les plus usuelles, et le manque de stabilité dont ils témoignaient était cause de ses culbutes, que la jeune femme justifiait par la maladresse et l'inattention. Pire encore, si c'eut été sa diligence cérébrale qui lui avait fait faux bond ? Elle n'osait imaginer de telles situations, celle actuelle était suffisamment embarrassante, d'autant plus qu'elle avait eu un spectateur à la vision affûtée. L'effluence âcre du mensonge attiserait-elle la perspicacité notoire du scientifique, qui maculerait le roman inachevé de son étudiante d'un nouveau rebondissement encré ? Depuis qu'elle avait fait sa connaissance, il raturait l'insipidité de la trame de son récit qui n'était jusqu'alors destiné qu'à une monotonie létale, pire encore, il allait parfois jusqu'à en prendre les rênes. S'il semblait être l'archange qui manquait à son coeur, il était aussi le diable qui houspillait son esprit. Il n'était plus seulement la tentation incarnée d'un stupre inhibé... Mais devenait son péché, son vice, son offense divine, son empiété... Peu importe les dénominations qu'elle pouvait lui attribuer, tant qu'elles étaient annexées à sa possessivité inavouée.

    Alors que Nozomi constatait fébrilement l'humidité de ses chevilles, aspergées par le liquide cristallin qui avait échappé à sa poigne, elle eut peu de temps pour remarquer le prompt déplacement de l'incube que celui-ci avait déjà harponné l'une de ses gambettes. Surprise, ses mains agrippèrent le meuble qui soutenait son échine, et elle l'observa avec curiosité dans son exploration épidermique. L'inquiétude se reflétait dans ses iris, ceux-ci scrutaient avec attention la peau de la demoiselle, sans doute à la recherche d'une probable écorchure causée par un débris de verre. Par chance, elle fut heureuse de voir, simultanément à lui, qu'elle était intacte. Il se redressa et sembla désarmé, quelle étrange réaction avait-il eu, elle ignorait qu'il pouvait ainsi s'émotionner pour sa santé. Maintenant qu'elle y pensait, une perle de cinabre égarée aurait peut-être suffit à lui faire perdre la raison et à réveiller en lui les élans méphistophéliques qu'elle lui soupçonnait. Une rosée sanguine aurait-elle été l'appât de trop apte à briser son égide ? Elle connaissait le pouvoir de ce nectar, quand bien même une seule goutte serait esseulée, elle était une condamnation à la plénitude démoniaque. Jusqu'alors, si Killian était indéniablement enjôlé par cette ambroisie qui le narguait un peu plus à chacun de leur conciliabule, il ne s'était autorisé à le déguster nonobstant les épreuves olfactives et sensorielles engendrées par sa captive. Un fait intriguant mais établi, il était le seul à ne pas s'être servi d'elle tel un repas contingent et pourtant, les occasions n'étaient plus à dénombrer. Pourquoi une telle restriction, alors qu'il ne cessait de forcer leur mitoyenneté et s'assoiffait donc... Cet homme était un mystère qu'elle aimait à tenter l'élucidation, mais y parviendrait-elle un jour, avant d'être elle même démasquée, elle se le demandait. Soudain, il lui saisit les épaules et l'extirpa de tout risque de blessure, pour la reposer sur l'alcôve dans sa position initiale. L'asiate se laissa volontiers faire, même peu persuadée de l'innocence de cet acte duquel découlerait sûrement une somme d'intérêts moins débonnaires. Une fois alitée, la rudesse du timbre qui l'interpella lui donna quelques friselis d'appréhension, elle savait que lorsqu'il prenait cette voix, cela ne présageait rien de bon. Ou du moins, rien de bon dont elle serait capable d'admettre l'appréciation. Quelle frustrante sensation d'ainsi le désirer mais s'en préserver, agacée, elle l'était tout autant que lui si ce n'était plus dû à cet ascétisme qui érigeait sa vie. Rigorisme qu'il savait contourner avec aisance et dont chaque blandice heurtait l'enceinte de sa continence. Elle se laissa manipuler à son bon vouloir, à quoi bon résister à sa délicieuse étreinte ? Chaque baiser déposa une braise ardente sur la surface de sa peau martelée par ses lippes tant de fois rêvées, et qui venaient à nouveau dévorer sa volonté à chaque escale. Les épaules crispées, elle retenait comme elle le pouvait les frémissements trompeurs qui entamaient leur danse, comme à chaque fois qu'il l'effleurait. Il l'a contraint à affronter son binôme de topazes rutilantes, ce qu'elle fit non sans pusillanimité, mais à quoi songeait-il ?...

    La jeune femme s'attendait à une nouvelle roublardise de sa part, mais alors qu'il ne la quitta pas du regard, un phénomène étrange se produisit. Les persiennes, jusqu'ici docilement ouvertes sur l'extérieur et en particulier l'astre de sorgue, se barricadèrent d'elles-même au plus grand étonnement de la nippone qui suivit les clôtures invraisemblables des contrevents. La thèse de l'accident matériel était ici impossible, tous n'auraient pu dysfonctionner au même instant, en revanche, cet épisode lui rappela celui de la porte du laboratoire qui se verrouillait et s'ouvrait à sa guise. Seules les stries de nitescences lunaires apportaient un semblant de luminosité dans le dispensaire presque entièrement englouti par les ténèbres de la nuit. Perturbée par ce changement, elle fut tétanisée par son oeillade et le ricanement patibulaire de son gosier, elle connaissait ce sentiment d'asphyxie pour l'avoir déjà ressenti dans la salle de cours, lorsque la pénombre s'était là aussi invitée à leur entrevue. Le vampire la conglutina à sa couche et s'emboita à son anatomie comme le plus hardi et avide des amants. Incapable de réagir, elle fut déconcertée par tant d'impudence mais également incommodée des positions de leurs deux corps juxtaposés. Comme si la torture du sybaritisme n'était pas suffisant, naquit de son embrassade forcée l'opium à la fois tant redouté et escompté qui pénétra son âme d'une chaleur d'estimation indicible. Elle sentit en cette accolade labiale toute la ferveur de celui qu'elle désirait qualifier de plus que simple amant, et qui la bousculait un peu plus vers l'abîme de la vésanie à chaque échange, à chaque même minime attention. Il finirait par avoir raison de son être et le mot résistance serait inconnu à son glossaire. Elle flanchait, et émit l'idée incongrue de s'offrir à ses mains expertes dans l'immédiat, comme possédée par l'irrémédiable envie d'être sienne, quitte à ce que sa sincérité ne soit qu'un leurre donjuaniste. Sans qu'elle ne s'y attende, il se retira avec une prestesse inconcevable, et après l'avoir cherché du regard d'un air égaré, elle l'aperçu au plus prés de son ésotérisme, deux preuves de sa culpabilité dans le creux de la main. Les mirettes grandes ouvertes, son coeur eut un soubresaut inadéquate lorsqu'elle le vit en possession de ses panacées biotiques, abhorrée mais précieuse médication. A la plus grande stupéfaction de Nozomi, son pédagogue ingurgita les granulés. Au même instant, son bras se tendit en sa direction et une négation spontanée voulu l'en dissuader, mais il était déjà trop tard. Une enquête avait-il dit ? Savoir son intimité traquée était insupportable, l'observer tirer ses conclusions gustatives plongeait la demoiselle dans un désarroi sans précédent. Le visage enfoui dans ses mains, la terreur de voir sa chrysalide se démanteler appelait en elle le germe pernicieux à prendre entière possession de son hôte sous l'anxiété grandissante. Y céder était inenvisageable, à moins d'admirer une supercherie sénile de plus de trois années perdre toute sa vraisemblance. Pourquoi ne pas laisser ses justifications simplement absconses, et s'en contenter ? La curiosité était le divertissement des uns, et le déboire des autres, et encore une fois, ce n'était qu'un jeu dont les règles étaient oubliées.

    La sylphide osa une lorgnade en direction de Killian qui, dans son discernement, se rapprochait distraitement. Il semblait irrité, mais des deux, était-ce l'oppresseur ou l'oppressée qui devait se permettre frustration ? Qu'importe, s'ils se rejoignaient dans leur ressentit, ce fut l'adonis qui extériorisa sa colère le premier en se réajustant sur son élève et en exerçant une constriction autour des frêles poignets de la jeune femme qui retint un râle. Les sourcils froncés et un minois ulcéré, elle l'écouta, et fut outragée du ton péremptoire qu'il avait utilisé pour lui soustraire une véracité exigée. Pour la première fois depuis qu'elle avait authentifié ses sentiments pour lui, elle fut réfractaire à son baiser une nouvelle fois contraint. Elle se fichait à dire vrai du motif de ces jalousies dites spectrales, il blâmait son pragmatisme ? C'était pourtant la seule chose à garantir encore son apparence humaine en dépit de celle satanique. Elle savait qu'il était le responsable, et s'il se mettait à fureter sans remords dans son secret, elle se ferait un plaisir de l'imiter et d'oublier quelques traces de bienséance pour se protéger. Si Nozomi se montrait intérieurement si offensée, la cause était simple, c'était la première fois que l'on osait enfreindre ses lisières privées pour forcer l'esprit sybillin. Peut-être éprouvait-il de l'amusement à être le protagoniste de l'enquête malsaine d'une nymphe, outre le fait qu'il en devenait un fantasme, il était un sujet d'étude intéressant et consentant dans l'ébaudissement. En contrepartie, l'asiate ne trouvait en cette embuscade aucun agrément, que se passerait-il s'il découvrait sa périssabilité ? Peut-être ne serait-elle plus intéressante à ses yeux ? Qui serait donc assez fou pour s'enticher d'une créature vouée à disparaître prématurément et dans l'ombre de l'humanité ? Killian Noctoban était un homme qui valait beaucoup plus que cela, beaucoup plus qu'elle, malgré tous ses efforts déployés pour la convaincre du contraire, cette thèse était récurrente. Sa peur engendra une colère noire, et comme lui précédemment, elle saisit ses poignets avec la ferme intention de dégager son faciès emprisonné et qui subissait les lubies de son tortionnaire. A l'aide de mouvements latéraux de la tête, elle tenta l'insurrection, et s'évertua même à serpenter sur le drap pour se dérober de son poids. Elle prit appui sur l'un de ses coudes, pendant que son deuxième avant bras chassait l'incube en poussant sur son buste. Ses iris bicolores le dévisagèrent, deux joyaux qui transcendèrent son apparence pour atteindre les tréfonds de son âme et s'y attaquer, bientôt rejoins par un diapason acrimonieux qui n'était pas sans s'être déjà fait entendre par le passé, lorsque l'acerbité était son unique moyen de riposte.

    Qui êtes-vous pour une telle revendication ?! De toute façon, vous ne feriez rien d'une telle information, et qu'est ce qui vous permet de croire que je mens ?! Non, je m'en fiche, vous... Nnh... La jeune femme sembla victime d'une vague d'exaspération, bien plus, ses yeux devinrent aqueux mais aucune larme ne coula. Yamete !! Watashi wo sotto shite oite ! Deteike ! ( Arrêtez ! Laissez-moi tranquille ! Allez-vous-en ! )

    Un contre-coup instinctif de la langue maternel qui surgissait lorsqu'il n'était plus possible d'exprimer ses émotions dans l'idiome de Molière, qu'elle maitrisait pourtant parfaitement. Le pléthore atteint, la spontanéité dialectique avait pris le dessus sur la volonté de se faire comprendre, avait-il pu faire une quelconque traduction ? Elle ignorait sa connaissance sur le japonais, mais l'intonation qu'elle avait employé et son désir de l'écarter d'elle suffirait à lui donner une idée du sens de ses locutions. A force de le repousser et de fuir sa présence, il finirait par abdiquer et elle le perdrait, Nozomi le savait. Mais quelle qu'était la conjoncture, la sève la conduisait toujours au même fruit à déguster, celui aigre de la solitude. La sylphide, dont l'aspiration était d'instaurer le plus de distance possible et imaginable avec son bourreau, brava l'équilibre de son professeur en plagiant une scène qui avait eu lieu dans le laboratoire de sciences. Comme lorsqu'il l'avait immobilisée sur l'écritoire de la salle, elle le culbuta sur le côté pour inverser la tendance... Cependant, le lit, destiné à une unique anatomie, manquait de surface pour supporter les caprices acrobatiques du couple en discorde qui finiraient en dégringolade. Sans comprendre, le duo glissa des soieries nivéenes et acheva sa course sur le marbre froid de l'ancienne demeure. Le heurt terrifia la demoiselle qui s'agricha de plus belle à la carrure musculeuse du scientifique sur lequel elle se trouvait. Bien que sa transaction initiale avait réussi, l'un d'eux aurait pu se blesser dans la chute durant laquelle, dans un réflexe bienveillant, sa main avait saisi l'arrière du crâne de Killian pour lui éviter une collision qui aurait pu lui être fatale. Une vigilance qui venait controverser avec ses récentes répliques acariâtres et qui ne se stoppait pas là, puisqu'une fois ses esprits retrouvés, elle se redressa suffisamment pour examiner sa monture et vérifier, comme il l'avait fait pour elle, s'il n'avait rien. Elle l'inspecta visuellement, scruta le sol pour dénicher une quelconque goutte écarlate qui témoignerait d'une plaie qu'elle n'aurait pas remarqué, heureuse de ne pas l'avoir bousculé sur le côté où jonchaient les éclats de verre. S'il avait eu une meurtrissure par sa faute, elle ne se serait jamais pardonné, et se fustigeait déjà de lui avoir même hypothétiquement causé un mal. Il semblait ne rien avoir, à son plus grand soulagement, et elle non plus par la même occasion. Cette frayeur, certes momentanée, avait annihilé sa fureur souvent inconstante. Lentement, elle retira sa main de sa nuque, penchée sur lui, et plongea ses yeux dans les siens avec plus de douceur mais une éloquente émotivité. Sensible comme la blanche plume à la caresse du zéphyr, elle savait cette part d'elle incommensurable, ce qui faisait d'elle une palette d'affectivités qu'elle avait grand mal à contrôler. Il en était d'autant plus vrai lorsqu'il était celui qui les générait, lorsque c'était lui, le monde lui échappait, et ce soir, il lui échapperait plus que jamais.

    Pacifiée, la nymphe guigna les traits physionomiques de ce quidam chimérique. Comment faisait-il pour la supporter elle et ses envolées caractérielles ? Avait-il conscience des états dans lesquels une seule de ses paroles pouvait la mettre ? Tant d'interrogations, qui n'avait plus d'importance maintenant qu'un dessein distinct venait de naitre dans son esprit. Elle se laissa enivrer, cette fois, entièrement, et envoya sa décence au diable. Elle saisit délicatement les joues du démon et humidifia légèrement ses lèvres d'un mouvement lingual, ce qui laissait présager son envie, avant d'approcher son visage du sien. Ce désir ardent qui la consumait, il lui fallait lui faire partager, et lui ployer ce qu'il n'avait pas encore eu d'une initiative féminine. Ses lippes entrouvertes vinrent frôler leurs consoeurs en une mignotise timorée mais intensément suave. Peut-être pensait-il à une nouvelle fourberie de sa part, une parodie, comme autrefois ? Seulement, après de longues secondes de simple caresse, elle le coudoya dans un tendre papillonnage buccal, dans toute l'effusion de l'émoi sentimental qu'elle lui manifestait. Un échange ludique et affriolant, qui était le premier baiser offert de l'amante à son partenaire et qui concluait sa réciprocité camouflée. A la suite d'un temps déployé dans la longévité, la jeune femme quitta ces lèvres blasphématoires à sa chasteté, et effleura l'épiderme froid de sa figure, puis de son cou... Le cou, carotide ou jugulaire, source de vie pour la progéniture du pandémonium. Son sang, avait-il de la valeur pour lui ? Il n'en avait aucune la concernant, il n'était que sérum empoisonné, porteur distinctif de sa maladie. S'il venait à s'en désaltérer, il découvrirait inévitablement l'évidence... Et elle aussi, le percerait à jour... Des révélations simultanées ? Un compromis qui satisferait tout le monde, pour un temps seulement. Inexplicable, mais la nippone songeait à lui divulguer son mystère... Pour quelle raison ? Lui être totalement sincère, ou tenter de l'effrayer et ainsi de lui permettre de fuir ? Elle-même n'était pas certaine, comme toujours écartelée entre son coeur et sa raison. Redressée à califourchon, l'étudiante était désemparée, dubitative et par-dessus tout, angoissée. Peu importe sa réaction, elle ne pouvait le laisser dans l'ignorance au vu de la tournure des évènements, quitte à devoir se déshydrater de ses larmoiements une fois qu'il aurait décidé de la délaisser. Sa voix placide mais inflexible s'adressa à son pédagogue.

    Vous désirez vraiment savoir ? Très bien... Nozomi détacha son ras-de-cou et le retira. Rien ne vous sera plus explicite que la source du problème elle-même. M. Noctoban... Je souhaite vous offrir quelque chose... Elle attrapa Killian par les épaules et l'amena à elle en position assise, le regard dans le sien. La vérité pas plus que le mensonge ne pleure comme pleure le sang dans son torrent d'animosité... Elle plaça sa longue chevelure sur l'une de ses épaules, saisit le visage de l'incube et alla plaquer les lippes altérées sur l'étanchéité charnelle de son cou, puis lui susurra au creux de l'oreille. … Je saurais faire preuve de persuasion si l'indécision vous prenait... Quitte à vous apporter le nectar aux lèvres moi-même...

    Pouvait-il sentir cette ambroisie qui s'embrasait en ses veinures, les battements de son organe cardiaque réguler la danse de ce fluide substantiel qui déployait toute l'intensité de ses effluves pour envoûter les sens du vampire ? La chaleur de cette peau humaine contre la sienne dans leur antinomie thermique. Mais surtout, l'offrande inopinée d'un mets tant convoité, l'abdication de la proie qui se vouait au félin chasseur. Cette fois, elle ne le laisserait pas se dérober à sa tentation, l'explicitation de ses paroles ne laissait aucun doute quant à la déduction de la demoiselle sur sa nature. L'instant de vérité de deux vies entremêlées, le commencement de quelque chose ? L'avenir était incertain... Pour une fois, il serait forcé par l'innocente même qui, plus résolue que jamais, enserra Killian d'une force suffisante à prouver son opiniâtreté. Si pour une quelconque allégation il était amené à refuser, se jasper le poignet d'une chamarrure vermeille en guise de délice estimé n'était pour Nozomi, qu'un détail.
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Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] 695661mo
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Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] Vide
MessageSujet: Re: Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ]   Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] EmptySam 3 Juil - 20:00

    Harassement ou asthénie ? Entre ces deux mots, lequel choisir pour qualifier formellement, la sensation emplissant le corps d’un quidam lorsqu’enfin, et après tant d’impétuosité, il obtient ce qu’il convoitait ? Lorsque lui fait insolemment face ce qui le fuyait, lui échappait avec matoiserie ou aubaine. Il y a tant de délectation lors de la traque, si ridicule après, face à l’obtention de la proie. Pourrait-on se demander alors ; est-ce l’objet de la chasse ou la chasse elle-même qui motive le braconnier? Rien de tel en effet qu’on bon gibier comblant l’appétence après une multitude d’efforts, mais une fois la venaison consommée, qu’en est-il de cette avidité ? Elle s’éteint aussitôt, éphémère et kyrielle d’un appétit démesuré. Ca n’est en fait que lorsqu’entre en jeu le sentimentalisme que la terminaison de la filature se voit estropiée. Engourdissant, ankylosant, curarisant les sens et le bon sens du traqueur qui se voit, malgré lui et son hilarante vigilance, tombé dans les filets poisseux de l’avilissante sensiblerie. S’éprendre du butin, si attrayant soit-il, n’est que pure raillerie, si forte pourtant et persuasive car de sa ridicule présence, elle empêche le chasseur de porter le coup de grâce, de faire de la proie le gain, et de s’en délecter sans même s’apitoyer sur le sort du trophée remporté. Car si ce n’est qu’allégresse laconique et momentanée, qu’emporte avec lui le rabatteur, qu’elle est donc finalement, le véritable intérêt de cet opiniâtre rabattage ? Sans la moindre hésitation, lorsqu’il s’agit d’une déité en tant que gibier, l’intérêt n’est autre l’acquisition d’une telle rareté. Comment rester flegmatique ou impavide lorsque l’objet de la traque n’est autre qu’une si mirifique humaine apeurée ? Même le parfum cuivré, légèrement oxydé et corrodé de l’hémoglobine se déversant de façon pulsatile dans son organisme, ce nectar inaccoutumé et réclamé par son ancienneté, pourtant si cher à sa survie, devenait parcimonieux et piètre face à tant d’éclat. Réellement, l’idée de lui planter ses canines acérées de terrifiant noctambule dans la nuque commençait de plus en plus à l’effrayer et à déclencher en lui, une quiétude maladive et constante. D’autant plus que sa récente petite découverte avait ajouté à sa restriction une limite à ne surtout pas ébranler, celle de ne jamais – et en aucun cas – provoquer un stimulus pouvant mettre en péril son si chétif organisme. Mais entre se révolter contre l’essence même qui nous caractérise et se laisser peu à peu plonger dans un gouffre d’altération insondable, le juste milieu restait peu discernable – d’autant plus qu’à chaque seconde passée en sa présence il devenait, telle l’arapède à son rocher, plus dépendant encore de sa fragrance consubstantielle.


    Quelque soient ces intentions - continuer à dissimuler ou non son désarrois - ce ne fut pas sa réaction qui lui concéda un minimum de répit, car s’il fallait à présent douter de son asthénie ou de son adynamie, ce ne serait qu’en tant qu’insensé garni d’ébriété. Il savait pertinemment que son insolente exigence et son espièglerie avait exaspéré la demoiselle, toujours soucieuse de conserver son arcane et ce fut pour cette même raison qu’il avait insisté. Mais il ne s’était pas préparé à de telles revendications, car quelque part son allégation n’avait d’autre but que celui de la protéger. Pourtant, la chrysalide lui fit ben comprendre son désaccord lorsqu’elle tenta d’une moue exacerbée de lui échapper tant bien que mal – se contorsionnant à nouveau autant que cela lui était permis. Quelle perte de temps…ce qu’elle finit bien par saisir, dans un soupir de mécontentement, et d’une fougue impétueuse, elle lâcha son irritation verbalement, allant dans son courroux, jusqu’à user de sa langue maternelle…celle qui ne pouvait qu’inéluctablement traduire ses plus véridiques pensées. Accompagnant son élocution d’une expression analogue à celle qu’elle avait empruntée lors de leur précédente confrontation, elle le somma d’arrêter et de la laisser en paix…encore une fois et toujours le même discours…ils tournaient en rond… L’histoire était-elle entrain de se répéter ? Allait-elle ensuite abuser de son penchant épicurien pour déguerpir malicieusement ? Mais peut-être qu’après, elle ne reviendrait pas. Décidément, les aléas et imprévus de son idiosyncrasie le laissait souvent pantois – surtout si l’on prenait en compte la suite des réjouissances à venir. Passant d’un extrême à l’autre, elle parvint subitement à intervertir leurs structures respectives et à permuter leur places…enfin…pas vraiment. Ce qui aurait du se transformer en un simple échange égalitaire de supériorité géographique prit soudain un aspect plus inénarrable, la couche du dispensaire déjà bien occupée par leur précédente position ne put que céder face à l’intrusion bien pernicieuse de l’ajout de leurs masses conglomérées. Les deux protagonistes chutèrent à terre et au bout du lit, lui en dessous, elle au dessus, ce qui suffit simplement à le rassurer lorsqu’il réalisa qu’elle aurait pu malencontreusement se retrouver littéralement écrasée par son poids incontestablement loin d’être négligeable par rapport au sien. Un réflexe habile certainement permit à la délicieuse créature le chevauchant de lui assurer une certaine sureté ; sa main vint se loger dans sa nuque prestement, lui évitant une éventuelle et funeste vicissitude. Le vampire plus qu’interloqué durant un fugace instant fut privé de sa clairvoyance. Ca n’est que lorsque les deux pierres précieuses de la nymphe – reflétant magnifiquement la rutilance lunaire – se retrouvèrent face aux siennes, que sa lucidité revint diligemment. La créature autrefois effarouchée ondula au dessus de lui jusqu’à placer son adorable visage face au sien – il s’écoula assez de temps pour que Killian puisse s’imaginer diverses terminaisons, la première bien évidemment fut la supercherie, la deuxième…une tendresse inespérée ? Impossible…elle se jouait de lui…il devait se méfier, et préféra garder ses distances. Cependant, la jeune femme se hissa assez et vint taquiner ses lippes par d’irrépressibles et tentatrices caresses, l’empêchant subséquemment de raisonner normalement il s’abandonna à la prédilection féminine qu’elle lui apportait, tandis qu’elle humectait ses lèvres – déposant impérieusement son gout tout prés de ses papilles gustatives, accentuant insolemment l’altération qui le consumait...comme l’on ferait outrageusement renifler l’odeur d’un délice transissant sans jamais s’en délecter vraiment – frôlant l’ataraxie sans pouvoir la saisir.


    Sauf qu’avec une femme, et en particulier avec Mlle Nozomi Shimatani, s’abandonner et se rendre trop crédule ne serait-ce que quelques secondes, est une chose plutôt risquée. Présumer ses pensées restait laborieux – car, en aucun cas, il n’eut la présomption que la proie puisse se livrer d’elle-même au prédateur affamé. Omettant son poste de prosélyte luxurieuse, elle se rehaussa et l’invita à la suivre. Une fois sa lasciveté disparue, elle arbora une mine plus impavide, il n’était plus question de tendresse mais de formalité. A nouveau, Killian dû s’accommoder à ses mutations caractérielles ce qui n’était pas pour le déplaire - l’observant silencieusement, il la laissa s’approcher…son petit manège lui échappait totalement…qu’avait-elle en tête à la fin ? La réponse s’imposa radicalement ; une main sur sa nuque elle l’attira à elle, plongea son visage au creux de sa clavicule et accompagna son geste par un discours justificatif et particulièrement insolite. Puis pour lui prouver sa détermination, elle le harponna fermement et laissa le sang mander le vampire. L’opportunité devait être saisie, pour la première fois depuis qu’il avait rejoint le cercle infernal de ces êtres sanguins, une aussi délicieuse et appétissante femme se livrait à lui – mieux encore : l’obligeait à gouter à son flux vital – quelle contingente aubaine ! Ignorer cette offre serait insensé, surtout pour lui qui trépignait d’envie de sentir enfin son délicieux ichor couler dans sa gorge et abreuver le belliqueux altéré. Mais, bizarrement, lorsqu’il se retrouva face à ce qu’il convoitait depuis leur première entrevue, lorsqu’il sentit les martèlements de son cœur donner vie à son organisme et l’attirer irrémédiablement dans sa danse sanguine…il fut incapable de saisir sa chance .Pourtant tout son corps lui réclamait haut et fort d’accepter l’offrande, ses iris fauve fixèrent implacablement la cynique veine à quelques centimètres de sa bouche, ses mains accrochèrent la soierie recouvrant le mirifique corps de l’inconsciente et la plaquèrent contre son torse dans un étau virulent, sa langue humecta la zone exposée dans une étreinte démesurée. A moitié emporté par sa frénésie il faillit déchiqueter son vêtement pour profiter plus amplement de cette inattendue résignation…se régaler de la femme et du nectar qui l’animait, quoi de plus plaisant ? Rien sans doute… Seulement l’objet de la chasse était depuis bien longtemps, devenu tellement insignifiant face à la chasse et à l’intérêt porté à la proie, que le chasseur resta impuissant devant sa victoire. Il se rendit compte de sa risibilité, mais surtout de son animosité. Comment après avoir appris que cette si fragile humaine était atteinte d’un mal certain, pouvait-il se permettre d’écourter plus encore le temps qu’il lui restait ? Même pour connaître la véritable nature de sa lésion il n’avait pas à la priver de son sang…Puis un sentiment désagréable le traversa ; qu’il soit un vampire, cela il était à présent inéluctable qu’elle l’ait compris, mais pensait-elle secrètement qu’il ne la désirait que pour cela ? Être uniquement assimilé à sa bestialité lui parut soudainement écœurant, lui qui se permettait de juger les humains de créatures insignifiantes, il se prenait à espérer de leur ressembler assez pour que cette insolente puisse le considérer autrement qu’un monstre…ce qu’il était depuis deux siècles passés. Quelle ironie…


    Prenant conscience de l’accolade disproportionnée qu’il menait, il la relâcha et l’écarta brutalement de lui en la poussant en arrière et en se projetant contre le mur le plus éloigné. Sa main se plaqua contre sa bouche cherchant à dissimuler sa monstruosité – deux canines acérées venaient de se révéler et ses yeux adoptèrent la couleur pourpre et l’allure de la rage qu’il contenait. Il la toisa avec exacerbation, fourrageant ses cheveux nerveusement, se sentant aussi pitoyable qu’un fauve en cage en pleine révolte rudimentaire contre sa faim ; laissant échapper un feulement rauque, seul témoignage de sa surabondance restrictive...la seule chose qu’il lui fallait, c’était une poche de sang…mais il avait volontairement laissé son caban dans sa chambre et l’idée de fuir pour aller le chercher lui était impossible lorsqu’il croisait les deux iris bicolores de Nozomi. Que pouvait-elle bien penser de cette aliénation qui l’emparait ? Avait-elle peur ? Le haïssait-elle, lui qui venait d’empiéter dans son intimité sans son approbation et avec si peu de mansuétude ? Certainement, et peut-être qu’en lui offrant son sang, elle espérait se débarrasser définitivement de cet investigateur perturbateur et discourtois par-dessus le marché. D’autant plus qu’elle ne lui laissait pas le choix, le menaçant de s’entailler la peau pour lui apporter d’elle-même la substance enivrante jusqu’aux lèvres, il se retrouvait voué par tous les chemins à lui prendre ce liquide dont elle ne semblait pas mesurer la nécessité. Alors fallait-il accepter l’échange : vérité contre abreuvement, ou le refuser et s’enfuir pour ne plus jamais la revoir ? Ce genre d’ultimatum ne lui était encore jamais arrivé, mais ce qu’il savait c’est que la dernière femme lui ayant causé autant de trouble, avait signé son arrêt de mort en l’épousant, il l’avait entraînée dans son monde obscur et l’avait privée du soleil et de sa liberté…recommencer avec Nozomi serait une erreur impardonnable, de surcroît, il ne voulait pas voir cette lumière vivace et apaisante s’éteindre et laisser les deux yeux bichromatiques de la jeune femme, dans un état nébuleux, abandonnés de toute vie et brumeux de désespoir. S’il devait la mordre ca ne serait pas dans ce genre d’accord égalitaire ou d’échanges de mauvais procédés. Que croyait-elle ? Qu’il pouvait la transpercer sans réfléchir, prélever quelques gouttes de son sang pour découvrir la nature de sa maladie, se retirer et reprendre comme avant en la séduisant par de simples baisers ? Doux rêves… en la mordant il n’était même pas sur de pouvoir s’arrêter avant de la tuer, il serait incapable de résister à l’appel de la chair s’alliant si bien avec celui du sang, il pourrait se laisser emporter par sa fougue et ne plus mesurer ses mouvements…il y avait tellement de risques, tellement de choses qui laissaient croire qu’après, il ne pourrait plus jamais voir son visage s’empourprer sous ses caresses ou se tourmenter par des soucis de bienséance. Et tout ca pour connaître son traumatisme plus spécifiquement ? Rien que pour cela ? Se rendre compte de cela lui permit d’attiser le feu de sa moitié luciférienne, sa main agglutinée à sa bouche se décolla enfin pendant que ses canines se rétractaient, son souffle décéléra et devint plus commode. Il était à présent prêt à lui répondre. Retrouvant son impavidité et sa mesure, il s’approcha d’elle, furieux, et la releva en lui prenant la main, sans lâcher celle-ci qu’il serra légèrement, il planta ses prunelles dans les siennes et commença à lui répondre tout en avançant vers elle, la faisant reculer à chaque pas et à chaque mot.



    « Impudente, idiote, inconsciente, et pour finir ; irresponsable. » Il attrapa son menton et la fusilla du regard. « Que cherchez vous donc ? Une bonne dose d’adrénaline ? Une petite expérience traumatisante pour vous confortez dans votre stupidité ? » Sans lâcher son menton et en l’obligeant à reculer, il la fit buter contre le mur assez violemment. «Il y a tant d’autres façons de ressentir un peu d’excitation Nozomi… » Sa main glissa sur sa poitrine outrageusement et enserra sa taille « Vous ne préféreriez pas cela… ? » L’interrogea t-il, toujours aussi furibond. Sa bouche vint susurrer la suite à son oreille. « Et si je me montrais un peu égoïste en vous menaçant de viol aussi bien que vous m’obligez à vous montrez ce que je hais le plus en moi ? »

    Voulant lui montrer la prépondérance de ses paroles, il se mit à l’embrasser profondément puis à triturer la fermeture de sa robe parme en la compressant contre le mur pour l’emprisonner et l’empêcher de se débattre ou de riposter. Il n’avait bien évidemment pas l’intention de la violer – bien que l’idée lui parut plus accessible que la morsure – mais il voulait lui montrer que cette histoire de morsure n’était pas à prendre à la légère. Continuant tout de même dans sa lancée, il attrapa ses hanches et la souleva sans peine, la conglomérant à lui jusqu’au lit pour la lâcher et l’assaillir à nouveau de caresses plus osées qu’auparavant. Si elle ne le voyait que comme un monstre assoiffé de sang, alors autant lui prouver qu’il pouvait aussi être assoiffé d’autre chose…comme d’une certaine sensualité. Le trajet de sa bouche suivit la courbure de son menton puis descendit jusqu’à la clavicule, le tissu le gênant, il l’écarta assez pour pouvoir continuer dans son exploration aphrodisiaque. Peut-être que ses paroles l’avait effrayée, car il sentit la jeune femme se tortiller comme si elle tentait de résister. C’est pourquoi il se montra plus corrompu et souleva la bas de sa robe pour caresser sa cuisse impudiquement, la fixant narquoisement, il retira sa main et la desserra pour qu’elle puisse respirer. Apercevant le rythme de sa respiration et les battements déchaînés de son cœur, il se rappela qu’il ne connaissait pas sa maladie et qu’elle pouvait donc être cardiaque, cette possibilité l’inquiéta assez pour l’endiguer dans ses invasions lascives. Plaçant ses mains de chaque côté de la tête de la demoiselle et agrippant le drap pour se calmer, il la regarda un long moment sans rien dire et finit par soupirer. Il n’arrivait même pas à retrouver cette notoriété et cette insensibilité qui dans le passé le laissait abuser des femmes quand il le souhaitait. Décidément, quelque soit la nature de l’intérêt qu’il avait pour elle, cela le rendait inapte à agir comme avant ; il ne pouvait pas la violenter ni la forcer à quoique ce soit, il n’arrivait pas à la mordre alors qu’elle le lui demandait et qu’il en rêvait, il passait son temps à penser à elle et à la chercher, il était venu jusqu’au dispensaire pour la voir et s’assurer de son état de santé…il parlait d’elle presqu’avec toutes les personnes qu’il connaissait dans l’établissement... qu’était-ce que cette dépendance hilarante d’un vampire à une humaine ? Qu’espérait-il finalement ? Tout simplement qu’elle lui appartienne corps et âme et qu’elle puisse lui parler de son secret sans avoir peur de sa réaction. Malade ou pas, cela n’avait aucune incidence sur ses sentiments, à part bien sûr lui donner envie de prendre soin d’elle, rien d’autre ne lui avait traversé l’esprit. Il permuta donc sur le côté et arrangea sa chemise, s’étant quelque peu déboutonnée lors de son embrassade, puis il parla à nouveau sans la regarder et d’un phonème neutre.


    « Ce que je suis et ce que vous êtes, outre nos statuts scolaires, n’ont rien en commun. » Il s’arrêta un long moment, laissant planer le silence dans la pièce. « La vérité, c’est que je me fiche totalement du nom de cette lésion que vous cachez, et je ne vous mordrai pas pour le connaître. » Il se tourna et la regarda d’un air désespéré. « Vous prenez des comprimés chaque jour pour vous soigner, une maladie secondaire n’a pas besoin d’un tel traitement, alors je sais déjà que celle qui vous ronge est loin d’être négligeable…mais… » Il l’attrapa par l’arrière du crâne et la releva pour la mettre à son niveau. « …ça n’est pas cela qui m’empêchera de continuer à vous martyriser, navré. »

    Par « martyriser » l’idée principale n’était pas une image de tortionnaire prêt à tout pour supplicier sa victime sans aucun répit. Simplement, n’ayant jamais réussi à exprimer ses véritables pensées, il se contentait de les évoquer par des allusions souvent lointaines – car ce qu’il fallait qu’elle comprenne, c’était l’attention qu’il avait pour elle et l’importance qu’il accordait à une éventuelle morsure. Si Nozomi voulait sincèrement qu’il la morde, alors ce serait pour d’autres raisons que cet accord ci ; et avant tout, elle devait en avoir envie et être consciente des conséquences que cela allait engendrer sur leur relation. Elle qui passait son temps à fuir la corrélation, une fois mordue, il lui sera impossible de le stopper, comment pourrait-elle alors gérer son souci de bienséance et de chasteté constant tout en répondant aux ardeurs du vampire ayant gouté à sa drogue favorite ? Prendre à la légère ce genre de chose était plutôt risqué. Killian savait pertinemment qu’une fois la saveur du flux vital de la jeune humaine connue, il en redemanderait encore, il deviendrait dépendant et chercherait à prélever chaque fois plus malgré lui – le sang est une drogue toxique plus forte que le tabac pour les humains, il induit une sensation d’appartenance persévérante et détruit peu à peu la raison, l’entendement, et la sagesse. Ils ne deviendraient que les esclaves d’un rituel bestial, n’auraient plus aucune sensation « humaine » et finiraient par se haïr plus que tout au monde. Non… cela ne devait pas se finir ainsi. Même s’il devait se priver et se restreindre continuellement, il ne toucherait pas à son sang, elle pourrait bien lui apporter le nectar aux lèvres et l’y obliger, si derrière cela il n’y avait rien d’autre qu’un échange, alors sa peine était perdue. Il était en réalité convaincu que la jeune femme se forçait à lui offrir son sang pour qu’il la laisse en paix…or pour cela, il disposait déjà de poches de sang, donc il pouvait lui résister. Sa réflexion l’avait laissé silencieux pendant quelques minutes, son interlocutrice n’ayant rien dit aussi, il voulut apaiser l’atmosphère et tenta une approche plus harmonieuse en lui prenant la main et en passant son doigt dans sa paume doucement. Puis il monta sa main vers sa bouche et y déposa un baiser, puis un autre en allant vers le poignet frémissant de sa partenaire. Là, il aperçut la coloration bleutée de ses veines et se sentit défaillir, sa main resserra le poignet et sa bouche s’approcha dangereusement du sang palpitant…il en mourrait d’envie incontestablement, mais il ne ferait rien si elle ne le voulait pas vraiment non plus. Alors il reposa son bras pour éloigner la tentation et empoigna ses épaules pour l’amener à lui et l’étreindre affectueusement. Sa main droite glissait le long de sa chevelure opaline et soyeuse, tandis que sa main gauche caressait le haut de son dos à travers le tissu l’entourant. La tête enfouie dans ses bras, la jeune femme restait silencieuse…peut-être avait-elle encore en tête cette idée de se fissurer la peau pour lui apporter le sang directement ? Il espérait se tromper car elle commettrait une grave erreur et serait susceptible de le mettre hors de lui plus qu’il ne l’était quelques temps avant, et subséquemment le pousser à commettre l’irréparable. C’est pourquoi, sans cesser de la cajoler tendrement, il reprit la parole de sa voix grave, mais resta neutre et légèrement platonique.

    « Hum…je sais que vous avez déjà été mordue par un vampire. Et je pense que cette expérience n’a pas due être une partie de plaisir pour vous. » Il releva sa tête pour voir ses yeux et lui parler face à face. « Si je vous mords, c’est parce que vous le voulez et parce que vous êtes consciente de ce que ça implique. » Il s’arrêta et l’embrassa brièvement puis lui avoua pour conclure. « Même si la fragrance que vous dégagez est la plus appétissante que je connaisse, je ne vous considère pas comme un garde-manger Nozomi. Il y a tellement plus… »
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Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] Vide
MessageSujet: Re: Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ]   Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] EmptyJeu 8 Juil - 12:32

    Le silence est d’or, la parole est d’argent… Tel était l’éternel adage qui tentait de dissuader les loquaces de leur logorrhée. La circonspection devait-elle être de bronze ou de diamant ? Les chartreux seraient donc hommes d’aurifère pour l’ascétisme de leur vœu de silence ? La faculté d’élocution n’était donc châtiée que de l’éventualité de fausseté ou avait-on peur de la plus spontanée retranscription des pensées de chacun… Au fond, n’était-ce pas la crainte de l’accueil d’une vérité dérangeante qui forçait les mœurs à l’abstention d’expression, la facilité de l’ignorance à l’âpreté de la véracité. L’avancée du monde se faisait aujourd’hui dans le cagotisme le plus accablant qui puisse être, toute trace de simplicité de vivre semblait avoir été consumée par ce conformisme éreintant, qui lynchait le naturel de son simulacre sociétaire. Automates aux mains des plus hauts autocrates, la flamme de l’âme humaine agonisait, et c’est dans le progrès qu’elle trouvait sa décadence. Alors, devait-on oser la vérité au péril d’une réprobation, au risque d’un abandon ?… La sémiotique du corps pouvait être le héraut même de nos escapades psychiques… Qu’étaient les mots face à la coruscation de deux prunelles dans tout leur apparat, face à l’agrément d’une caresse, à la beauté d’un sourire ou à la souillure d’une larme. Ces mots, auraient-ils suffit à l’élaboration de la cantilène qui résumait sa misérable condition, sa vérité, la sienne, celle qui l’emportait vers le naufrage chaque jour s’enfuyant. Y avait-il un quelconque idiome apte à réverbérer ses tribulations telles qu’elle les ressentait à chaque instant, même son désespoir lacrymal n’était suffisant à expier son péché d’exister, simplement celui de respirer. Si elle-même ne pouvait baptiser ses affres dans la cavité de son abysse conceptuel, il n’y avait nul espoir qu’elle puisse les confesser au quidam qui lui dérobait l’essence de sa conscience. La parole proscrite, la dissidence de son anatomie auraient pu être d’éloquents synopsis à son insurrection interne, mais seulement ébauches. Que lui restait-il en guise d’exutoire pour vociférer ce qui la détruisait, si ce n’était par le jugement de l’élixir sépulcral à l’instar d’une friandise maculée par son asthénie. L’offrande parfaite, et la volonté qu’il ne prenne un peu plus possession de son être comme il savait si bien le faire. L’alliage de l’opiniâtreté et de la peur, vaillamment réparties dans l’étreinte d’une sylphide à sa moitié.

    Malgré sa frêle estime pour ce fluide fondamental qui l’animait, elle connaissait son importance nutritive et symbolique pour ceux qu’elle aimait qualifier de chimères, il s’agissait là de leur fantasme éternel, de l’usufruit de leur noirceur mais également celui de leur survie. Elle avait pu le constater à travers les différents démons qu’elle avait côtoyés, ce qu’ils étaient capables d’engendrer pour quelques gouttes, et subséquemment, ce que quelques gouttes étaient capables d’engendrer chez eux. Une étroite relation de cause à effet qui se liait en un cercle vicieux et qui pouvait se conclure par un baiser mortifère, l’ultime pour le mortel puits de l’ambroisie. La pénitence d’une relation sentimentale vouée à l’impossible, celle d’un éternel et d’une éphémère, celle d’un vampire et d’une humaine. Nonobstant les multiples ponctions sanguines dont Nozomi avait déjà été victime par ces êtres lucifériens, les crocs dont elle tenait à extorquer ce soir l’embrassade ne légueraient pas seulement deux embrasures corporelles à leur passage, mais les empreintes invisibles d’une aliénation. D’ordinaire captation, la donation était ici volontaire, et tous deux presque à nu de leurs natures, l’issue semblait aux yeux de la demoiselle inéluctable. Elle patientait, dans la frénésie palpitante de son organe cardiaque qui déployait alors toutes ses vertus pour attirer le traqueur devenu proie pour un temps. La surprise mêlée au désir aussi bien charnel que gustatif décupla les ardeurs de l’incube qui l’emprisonna dans une étreinte effrénée qui, elle l’eut cru, aurait raison de son vêtement. Pour autant, elle ne perdit pas de vue son dessein et ne fit qu’accentuer l’austérité de sa propre accolade comme pour le conforter dans son élan. Lorsqu’elle sentit sa langue madéfier l’épiderme, dernier écueil à la dégustation, de son cou, elle imagina que ses canines affûtées prendraient la succession des évènements et qu’il céderait sans remords au liquide qui frétillait comme le plus savoureux des poisons en ses marbrures grandiloquentes. Cependant, la kyrielle serait tout autre…

    Ce ne fut pas la douleur de deux dents saillantes la transperçant qui surpris l’asiate, mais une impulsion qui la projeta en arrière et qui causa, heureusement, plus de peur que de mal. Stupéfaite par cette réaction, elle se redressa furtivement, le cœur battant cette fois de frayeur, les yeux rivés sur son pédagogue transformé et en pleine lutte contre cette entité diabolique qu’elle lui avait longtemps associée. Un instinct bestial à travers sa pétulance, pour la première fois elle authentifiait cette part d’ombre qu’il occultait depuis peut-être des siècles, qu’il lui avait dissimulée envers et contre toutes les tentations. La bouche voilée par une main cabrée, elle ne put capter les sabres emblématiques à sa condition fantasmagorique, en revanche, ses iris étaient telles deux braises flamboyantes, à l’instar de l’œillade du damné rattrapé par les géhennes. Ces topazes mutées en rubis contempteurs lui rappelèrent cruellement le premier vampire qu’elle avait connu, et les circonstances dans lesquelles elle l’avait démasqué. Jusqu’alors, il n’y avait que Sybiline qui semblait porter fierté à sa monstruosité et profitait pleinement de ses atouts pour mener sa dictature, qu’en était-il de Killian ? Elle doutait à dire vrai qu’il puisse ressentir pareille vanité, bien au contraire, tout comme elle il était emporté dans une algarade interne, au fond ils n’étaient pas si différents que les apparences le démontraient. Après un instant, sa contenance revint, et il put provisoirement s’extirper de sa dépendance satanique. Il approcha, avec une irascibilité palpable, et releva la nippone avant d’entamer une série de qualificatifs moins affectueux que d’habitude, et un effrayant sermon qui laissa l’étudiante sans voix ni réplique. Apeurée par la rutilance patibulaire de ses iris et l’indignation de son phonème, la jeune femme se contenta de reculer et ne put que glapir faiblement lorsque son échine heurta le mur. L’avait-elle involontairement blessé pour qu’il ne fasse preuve d’une telle acrimonie ? Elle l’ignorait, mais même en cette douloureuse occasion, elle se sentait incapable de le haïr. Même simultanément à cette outrageuse main qui avait osé, dans son fulgurant hédonisme, badiner au-delà des lisières du vice, cette même main diffamatoire à sa pureté qu’elle avait beau juger d’indécente mais qui ne suffirait pas à le disculper de sa passion. Partagée entre appréhension et agacement, elle n’eut le temps de digérer ses invectives qu’il voulut lui prouver la tangibilité de son hypothèse concernant une profanation anatomique, et celle d’une impuissance féminine.

    Ainsi emportée par ses fourberies lascives, contrainte de subir avec plus de hardiesse encore la concrétude du désir de son amant ou sa détermination à lui faire payer son récent affront, Nozomi se retrouva à nouveau au point de départ : alitée sur son alcôve. Molestée par ses incursions buccales qui lui annihilaient toutes réflexions, elle était prise dans la tourmente de l’action. Mais que faisait-il ?… Tenait-il à réduire à néant toute l’estime, tous les sentiments qu’elle avait pour lui ? Le plaisir provoqué par ses blandices, bien que présent, était masqué par l’angoisse de le voir sauter ainsi les étapes, et lui ôter ce qu’elle avait réservé à celui qui serait la perle de sa vie, qu’elle avait pensé ne jamais rencontrer avant son dernier soupir… Qu’elle pensait avoir trouvé aujourd’hui en cet homme mais néanmoins agresseur ?… Inconcevable de n’être que la spectatrice de sa tragédie, c’est ainsi que la sylphide tenta encore et toujours de s’extirper de sa prépondérance, en vain. Pire encore, il fit croître la provocation en s’aventurant sur sa cuisse et s’amusa à épier sa réaction. Deux magnifiques érubescences prirent l’assaut de ses pommettes et le cruel manque d’oxygène la fit haleter, le faciès incliné sur le côté, les yeux clos comme pour attendre un coup de grâce qui ne vint jamais. Après que le poids qui oppressait sa poitrine se soit allégé, et que le chasseur sembla offrir un instant de répit au gibier, la douce nymphe se risqua à ouvrir un œil, dévoilant sa prunelle azure pour constater le désarroi de son professeur. Le regardant à nouveau de ses mirettes chatoyantes, elle fut étonnée de ce revirement de situation… Ou seulement de moitié. En effet, il lui avait déjà démontré et ce à plusieurs reprises qu’il était incapable de lui faire le moindre mal et d’agir ainsi par pur égoïsme dans le dessein d’une satisfaction personnelle. Elle put à son tour soupirer de réconfort lorsqu’il se retira, et tenter de reprendre le contrôle de son eurythmie. Il pensait savoir, pour son mal, il le croyait, mais sa présomption n’entachait pas sa supputation : celle de ne cesser de la pourchasser. Alors était-ce la fin de la fuite, leurs mascarades s’étaient écroulées ? Alors qu’elle méditait sur le meilleur comportement à adopter, la persécution vint corseter le vampire piégé par sa tendresse, à laquelle il échappa une fois de plus. Puis, ce fut dans une douce étreinte qu’il finalisa l’arrêt cardiaque de la jouvencelle par le biais de son discours tacite.

    « Tellement plus » ? Il venait de lui crever le cœur, idylle pour cette ascète de l’amour qui se calfeutra dans un mutisme préoccupant. Il ne voulait donc pas la mordre par peur que cet acte ne soit minoré et que son consentement n’occulte une coercition, lui aussi craignait qu’elle ne le délaisse ? Et ses lèvres, ses lippes qui violaient sans cesse les siennes, ses délices enflammés auxquels l’addiction s’était ajoutée. Il finirait par la rendre folle, son esprit en perdition ne convergeait plus que vers lui, et s’il devait être la cause et la conséquence de sa vésanie alors…


    Qu’il en soit ainsi.

    Les yeux grands ouverts, elle fixait le vague, puis comme complètement absente de la réalité, elle baissa lentement la tête pour observer le sol souillé des brisures de cristal. Ses mains agrippèrent les trapèzes de Killian et séparèrent leurs corps entrelacés, la distance maintenue par ses bras tendus. Cachée au revers de sa crinière lactescente, l’amalgame de ses émotions gagnait progressivement du terrain, la fusion de la frustration, de la colère, celle de la surprise et de la peine, celle d’un pléthore en éruption. La demoiselle quitta le lit, et donc le contact de l’incube, pour traverser la pièce jusqu’au meuble sur lequel étaient exposés ses cautères. Elle ne prit même pas la peine de contourner les débris de verre et les piétina, les éparpillant un peu plus. Elle acheva sa marche une fois devant le semainier, et se mit à le scruter silencieusement durant d’interminables secondes… Son poing se contracta lentement, soudain, il s’écrasa violemment sur le mobilier en un heurt que l’on pouvait estimer douloureux rien qu’à son fracas. S’était-elle fait mal ? Oui, mais la douleur était encore son unique moyen de se sentir en vie, et actuellement l’unique pour extérioriser sa rage.

    … Ce legs qui me ronge… Siffla t-elle entre ses dents. … Pourquoi moi… Ce n’est pas juste !!

    Aussitôt après avoir grogné ses dernières paroles, son bras balaya avec une grande brutalité l’étalage hétéroclite présent sur le meuble, emportant des flacons dont certains éclatèrent contre le mur non loin, divers objets métalliques dont l’atterrissage fut auditivement désagréable et enfin, sa médication dont plusieurs granules roulèrent sur le sol pour se joindre au chaos. Son poing engourdit ne la préoccupa pas, et d’une vive rotation elle se tourna en direction du vampire pour lui adresser une œillade assassine, sans doute la première réellement enfantée par la colère. Il était sur la route de la vérité concernant son secret, mais il ignorait encore à quel degré s’élevait sa gravité. Qu’elle maudissait son géniteur pour l’unique présent qu’il lui avait laissé, une hérédité fielleuse. Il voulait savoir ? Elle ne manquerait pas de lui faire clairement comprendre le sérieux de la situation, et de le punir à son tour de la sanction injustifiée à laquelle il avait tout à l’heure eue recourt. Elle imagina les conséquences de ses actes à venir, mais n’en eut cure. Il n’avait encore rien vu de sa matoiserie et de sa provocation et serait ébaubi à s’en décrocher la mâchoire. Lentement, Nozomi pivota entièrement en sa direction, et le regard soutenant le sien, ses doigts cherchèrent avec habileté la fermeture de son vêtement. Avec assurance, la glissière se transcenda en deux moitiés pour libérer son corps d’albâtre de son maintien, et après un mouvement d’épaules, la robe glissa d’elle-même jusqu’aux chevilles de la Vénus dévoilée. Les courbures redondantes tant convoitées s’exhibèrent sous le nez du quidam installé à quelques pas. Celles de deux convexités sensuelles et généreuses qui dominaient une taille ensorcelante, qui à son tour rebondissait sur des hanches rondes et marquées se joignant à un affriolant bassin, une anatomie ornementée d’une fine dentelle de jais en guise de dernière digue. L’harmonie et la beauté d’une tenue d’Eve, de l’une de ces créatures muses de l’exaltation artistique et un temple qui était pour les hommes, le plus beau trésor à conquérir. Ces cambrures érotiques, la fascination des esthètes et une réussite divine de l’incarnation de la beauté, celle de toutes les femmes. La bienséance naturelle de la japonaise en fut tellement interloquée qu’elle ne chercha pas à solliciter sa pudeur et laissa l’humaine donner kyrielle à son envoûtement. Sur ce presque habit originel, dansaient les stries de lumière sélénite à travers les jalousies qui ne portèrent jamais aussi bien leur dénominatif. A pas feutrés, elle approcha son exquise structure de son amant, jusqu’à ne plus se tenir qu’à d’infimes centimètres de sa portée, sans l’avoir quitté du regard. Après un court laps de temps, ses paumes se posèrent sur les genoux de Killian dont elle se servit pour prendre appuie, et se pencha vers lui au point de l’obliger à légèrement reculer. Puis, la déflagration de ses prunelles bicolores s’ajouta à la fulgurance de son intonation.

    Et bien ?! Allez-y, je suis toute à vous, qu’attendez-vous pour en profiter ?! Où est passée votre impudence, votre menace ? Ses sourcils se froncèrent d’avantage. Je vous oblige à révéler le côté que vous haïssez le plus ?! C’est une sensation que j’ai constamment, vous n’avez pas besoin de parler d’un quelconque abus pour m’y obliger, votre présence et celle du monde suffit à me rappeler à quel point je suis insignifiante dans ma faiblesse ! Rien en commun ? Il est vrai, mais ne pensez pas que vous êtes le plus à plaindre dans votre malédiction… Elle se pencha d’avantage pour affronter de plus prés son regard. Vous pensez me faire peur ? Vous pensez-vous apte à me faire plus peur que mon quotidien et le destin qui m’ait été réservé bien avant que je ne vous connaisse ? Vous êtes ridicule à côté de mon supplice, mais grâce à lui je n’ai rien à perdre, alors martyrisez-moi donc jusqu’au bout, amusez-vous si vous en êtes capable, Killian !

    L’utilisation de son prénom qu’elle prononçait pour la première fois était destinée à accentuer sa provocation, sans doute aurait-il fallu qu’elle se montre plus familière encore pour atteindre le point de non-retour dans la turpitude. La nymphe se redressa et attendit un instant sans bouger, qu’il ne se décide à profaner son corps dans le plus indigne blasphème. Cette attitude dévergondée et totalement arbitraire empêcha sans doute le quidam de réaliser ses fantasmes les plus proscrits, mais celle-ci n’avait pour autre but de conforter Nozomi dans son idée : celle qu’il ne lui ferait jamais rien en dépit des menaces. Peut-être qu’une fois abreuvé, ne serait-il plus en mesure de faire preuve d’autant de respect, elle l’ignorait en réalité, le seul homme qui l’eut régulièrement mordue ne s’était jamais autorisé plus de fantaisies malgré l’ivresse apportée, si ce n’était quelques blandices mesurées. Cependant le contexte était ici bien différent, ce n’était pas seulement une question de nourriture, il y avait au revers de la mascarade « tellement plus »… Leurs sentiments influenceraient-ils sur le processus, pourrait-il ressentir les siens à la saveur de son philtre ? Elle savait que ce n’était pas seulement le goût métamorphosé du sang qu’ils recueillaient, mais des émotions, l’essence même de la personne bue, souvent ineffable. Elle comprenait que dans leur cas, il y accordait une grande importance. Les vampires étaient fascinants… Si elle n’en avait pas une petite expérience, peut-être n’aurait-elle pas pu le comprendre. La jeune femme le lorgna encore un bref moment, avant de se détourner et de faire quelques pas dans la pièce, un peu désarçonnée. Elle n’avait pas la force de mettre des mots sur sa maladie, de lui avouer que son temps était compté et que son état ne ferait qu’empirer. Si beaucoup pensaient pouvoir la plaindre, elle s’estimait heureuse d’être encore capable de marcher ou de parler… Comment pourrait-elle lui dire qu’un jour, elle ne serait même plus capable de le reconnaître, de se souvenir de leur histoire et qu’il ne serait plus qu’une galbe indécise et anonyme. Elle soupira longuement, puis s’accroupit pour ramasser les gélules et mettre un peu d’ordre sur le champs de bataille. Son attention s’arrêta sur un important éclat de verre, qu’elle saisit d’une main prudente tout en se redressant, dos à son pédagogue et donc non prise sur le fait. Là, elle mesura le poids des arguments, dans une paume gisaient ses panacées qui l’aideraient à la pacifier si elle s’autorisait une nouvelle dose, dans l’autre la démence tranchante d’une arme qui ferait ruisseler des larmes vermeilles. Elle se mit à fixer les décorations azurées de son poignet… Se bigarrer le bras dans des flots pourpres était une solution ?…

    Vous avez raison… Je suis idiote… Dit-elle d’une voix adoucie telle une concession. Le premier vampire que j’ai connu me le répétait souvent aussi… Mais il y a beaucoup de choses que vous ignorez à propos de cette rencontre du troisième type. Elle opina négativement du chef. Peu importe… Vous n’êtes pas comme cet homme. Je n’ai jamais été plus consciente des conséquences d’une morsure, vous comprendriez ce que je ne peux exprimer, je veux seulement que vous, vous soyez conscient de la situation dans laquelle vous vous entraînez. J’en ai assez de fuir… Je suis désolée, mais je ne vous laisserai pas fuir non plus.

    Nozomi pencha sa main gauche, celle qui contenait les pilules bariolées pour que celles-ci meurent à ses pieds. Ses doigts accrochèrent avec plus d’aplomb le fragment… Allait-elle commettre l’inéluctable ? Elle refusait de faire couler un torrent de fluide pour l’appâter tel un animal, et préférait la subtilité à l’irrespect. C’est alors qu’elle fit verticalement glisser la macle sur sa lèvre inférieure pour s’écorcher la chair, suffisamment pour qu’une petite macule de sang ne s’y installe. Les effluves du nectar décelé enveloppèrent aussitôt le dispensaire, la jeune femme laissa l’éclat retomber au sol et tâta du bout des doigts sa blessure pour constater la présence du liquide chaud et recherché. Elle se dirigea vers Killian et lui saisit les joues… Cependant, elle le guigna quelques secondes et agit avec lenteur, comme pour preuve de son opiniâtreté. Puis, elle l’embrassa, lui faisant goûter à l’interdit dans la suavité de son badinage, le cœur palpitant dans son trouble sentimental.
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Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] 695661mo
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Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] Vide
MessageSujet: Re: Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ]   Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] EmptyVen 9 Juil - 11:59

    La fierté, pourtant serviable dans certaines situations voire même plus que plaisante face à un succès mérité, lorsqu’elle celle-ci se voit pencher du mauvais côté, il ne reste qu’en fait qu’un pâle intérêt orgueilleux et égocentrique. Certes, aucune âme ne peut se jouer de cette chose étrange qu’est l’irrévérence, car c’est aussi ainsi qu’on l’appelle, et c’est certainement cette appellation là qui montre le plus la véritable origine de ce feu qui nous anime tous…Même la pratique a priori la plus naturelle subit les incidences dédaigneuses de l’orgueil de chacun, celle de la parole et de la sincérité…combien de fois mentons-nous par peur d’être mal jugé ou par peur de recevoir une pénitence plus sévère que notre propre imagination ? Si souvent que cela est devenu une habitude et un fait normal dans la société…or, mener cet usage jusqu’au fondement même des relations humaines est une véritable erreur car elle n’aboutit qu’à la perte progressive de ce qu’on appelle avec beaucoup trop d’escobarderie – le bonheur. Tout cela simplement causé par un souci perpétuel de fierté conservée…on en vient à se trouver des excuses lorsque l’on se montre quelque fois trop sensible ou à se justifier lorsque les nerfs lâchent enfin…Ou vont donc la spontanéité et l’authenticité si ce n’est enfermées à double tour dans chaque esprit, attendant « le bon moment ou le bon endroit » constamment et donc vouées à ne jamais se dévoiler véritablement ? Sans doute était-ce pour ses même raisons – entraîné par le conformisme alarmant – qu’il n’avait pas osé se rendre compte de la vraie nature des sentiments qu’il possédait pour cette jeune humaine. Cherchant des excuses lui aussi : trop jeune, immature, vulnérable, inconsciente, puis d’autres : trop appétissante, délectable ou encore désirable…une liste d’évidences et dogmes la concernant bien trop arbitraire…et alors quoi, sous prétexte qu’ils étaient différents, il fallait absolument qu’ils s’évitent ou se restreignent ? Mais qui donc avait instauré de telles règles…indubitablement un illuminé se moquant des émotions vraies et sincères. Sauf que, se montrer trop sensible ou ouvert peut conduire à certains revers plus que blessants…la fierté n’est qu’un moyen comme un autre de se protéger de toute contrariété ou blessure marquante, et de s’assurer un minimum de répit pour ressortir indemne d’une indifférence…ou de paroles désobligeantes. Alors en mettant de côté un peu d’orgueil, peut-être aurait-il fait de son « Tellement plus », l’esquisse d’une déclaration peut-être plus accueillante ?

    Toutefois, il s’était contenté de sous-entendus, sachant son discours amplement intégré par sa partenaire…allait-elle lui rire au nez et lui clouer le bec à jamais ? En tout cas, l’amorce de sa réaction le laissa penser que son élocution n’était autre qu’une grave méprise. La sylphide instaura à nouveau une distance entre eux et se leva subitement, se dirigeant vers le meuble sur lequel se trouvait encore la plaquette de comprimés. Piétinant les morceaux de verres sans la moindre gène, elle déclencha à chacun de ses pas des bruits de fêlures venant briser l’aphasie des deux protagonistes. Ses iris suivirent la jeune femme d’un air interrogatif…dos à lui, les yeux rivés sur son semainier elle resta plantée ainsi pendant un long moment…le silence pesant commença à l’inquiéter et il eut envie de se lever pour la rejoindre et la forcer à se confesser – mais il n’eut pas le temps ; le poing de la jeune femme s’écrasa violemment sur la surface du meuble, créant une vibration démontrant le degré d’irritation qu’elle contenait…il crut bêtement que cette emportée était due à la déception engendrée par le refus de la morsure, ou bien par ses paroles probablement trop émotives…mais la déclamation qui suivit et sa nouvelle véhémence envers les objets disposés sur le meuble lui enlevèrent cette idée de la tête. Non…cela se comprenait, elle était véritablement tourmentée par les évènements et en perdait toute raison.


    Tourmentée ? C’était peu dire.


    Sa mortification fut soudainement jetée aux orties, effectuant un demi tour, elle planta ses yeux assurés dans ceux du vampire alors encore étonné par tant de profusion de la part de ce modèle de bienséance…une main habile se glissa dans un endroit stratégique qu’il n’avait pas négligé et avait au contraire remarqué malgré lui dés son arrivé ; la fermeture de son vêtement. Le toisant, elle mit un terme à sa pudicité, ouvrit la glissière d’un geste aisé, et laissa la robe parme dévaler sur ses formes voluptueuses, exhibant le corps de la déité peu à peu…le laissant à la complaisance de Killian. L’ivresse immédiate le traversa, à la fois abasourdit par l’impudeur nouvelle de Nozomi, mais aussi incapable de détourner ses iris de ce captivant tableau tant rêvé. Ce corps qu’il avait taquiné à plusieurs reprises s’arrêtant pourtant assez tôt pour ne pas brusquer sa partenaire, il ne s’était contenté jusqu’à présent que d’en deviner les véritables cambrures, à travers les multiples assortiments exotiques qu’elle enfilait…et voilà que la rose retirait de sa propre volonté les pétales qui la recouvraient pour laisser le cueilleur admirer sans cesse ses charpentes... étrange initiative et pourtant plus que plaisante. Mais il doutait que cette matoiserie ne soit que vouée à l’offrande qu’il souhaitait, elle avait quelque chose derrière là tête, et il en fut encore plus convaincu lorsqu’elle revint vers lui à pas feutrés, jouant de ses mouvements pour mettre en valeur ses hanches parfaitement proportionnées, mouvant son corps comme un félin le ferait pour appâter sa conquête. Elle acheva sa délicieuse marche en posant ses mains sur ses genoux, beaucoup trop prés de lui et de ses yeux affamés, car malgré la sévérité que ses iris empruntèrent pour lui parler, il ne put s’empêcher de se régaler à la vue de ce décolleté offert avec provocation. Qu’il soit « capable de s’amuser » alors ca il ne fallait pas en douter une seule seconde, s’il ne bougea pas ce fut simplement pour lui prouver à elle et à lui-même qu’il n’était pas qu’un être guidé par des pulsions instinctives et qu’il pouvait lui aussi, faire preuve de respect et de sentimentalisme. Il savait pertinemment que malgré son air assuré elle devait espérer intérieurement qu’il ne cède pas à sa tentation en faisant à ce corps paradisiaque les pires obscénités existantes, et même s’il dû à plusieurs reprise exercer un contrôle important sur son propre corps, il ne toucha ni n’effleura la demoiselle, qui se releva et soupira longuement, indubitablement plus rassurée qu’autre chose…mais masquant à nouveau les prémices d’une nouvelle initiative cette fois plus déraisonnable et irrémédiable.


    Revenant sur ses pas, elle s’accroupit au milieu des débris de verres, ses mains ramassèrent quelque chose au sol, mais il ne put voir de quoi il s’agissait…elle resta un moment immobile, un trop long moment, et durant lequel il aurait du intervenir….peut-être aurait-il pu lui ôter l’envie de se mortifier pour l’abreuver. Mais il ne fit rien, et la regarda amasser l’objet concepteur de fourberie. Elle lui adressa la parole et lui annonça son dessein de façon tacite, désireuse une nouvelle fois de lui faire comprendre ce qu’elle ne pouvait exprimer par les mots. Sa main monta jusqu’à son visage et d’un geste rapide elle entailla sa lèvre inférieure pour y créer une faille à peine ruisselante d’un liquide pourpre à l’odeur incomparable. Profitant de l’ébahissement de son pédagogue, elle revint vers lui, attrapa ses joues et placarda définitivement ses lèvres pécheresses contre celles, affamées de Killian. Impuissant face à la résolution et forcé de sentir le nectar s’infiltrer malicieusement dans sa bouche, il ferma les yeux, trop conscient des conséquences qu’elle venait d’engendrer et de la folie grandissante qui ne souhaitait qu’émerger en lui. Puis, attrapant à son tour le visage de la créature ensorcelante, il ouvrit la bouche pour l’embrasser.



    « Inconsciente… » Murmura t-il avant de sombrer.


    Pure synthèse synergique d’éléments et quintessences biochimiques ; ségrégation aléatoire mais aussi primordiale ; déterminant vital et fatal ; unicité mais cause de variété ou diversification génétique … Entre oxymores et métaphores, s’en sont donnés à cœur joie les plus sagaces savants de chaque millésime afin de définir ce qui indéniablement maintient la vie si pharamineuse sur cette Terre à petit feu démantelée, terrassée, abolie. Etait-ce la coalition chromosomique, la teneur en telle substance chimique, ou encore l’agencement défini de structures ataviques, qui sans la moindre inconstance, astreignit le luciférien si farouchement, jusqu’au point même de lui ôter impitoyablement les ruines de son abnégation originelle ? Qu’importe la véracité scientifique d’une justification bénigne, chercher une apologie à cette vésanie n’était que pure dérision…si attirance il devait y avoir alors attirance il y aurait. Et attirance il y eut. Continuer à restreindre une fougue si fiévreuse devenait maladif, insupportable, invivable – alors agglutiné au liquide concepteur de troubles, le monstre délaissa volontiers sa désolante carapace d’incube restreint pour permettre à son jaillissement infernal de s’occuper courtoisement de celle qui osa bafouer l’interdit. Une lèvre inférieure entaillée consciencieusement subtilement déposée sur le récepteur satanique de son amant, négligeant les recommandations et avertissements, elle serait bien vite ravie de son châtiment. L’expiation motrice et fantastique ne prit aucun détour ; se saisissant de ses deux épaules lui faisant impertinemment face, le possédé souleva celle que son aliénation jugea de dévergondée pour la conglomérer promptement dos à terre, captive de sa démence. Telles deux sangsues épinglées à leur nutrition, ses lèvres jointes pourléchèrent la fissure ou source ridicule de délectation et laissèrent l’ichor pénétrer suavement l’organisme de ce désaxé sanguinaire, envahissant chaque parcelle ébranlée par tant de bornages successifs pour mieux les engourdir de toxine et plonger le damné plus encore dans son gouffre éternel. S’engloutissant matoisement l’arôme prohibé fut le levier déclencheur de son délire – les deux canines ayant désisté à leurs postes retrouvèrent tout leur fief avec empressement, entrainées par la hâte de se retrouver engouffrées dans ce cou provoquant pour y créer deux anfractuosités gisantes de drogue. Loufoque suiveur de la stratégie féminine, le démon se contenta d’obéir à la demande devenue obligation, attrapant la cataracte opaline de Nozomi pour infléchir son buste et dévoiler son cou encore intact, Killian laissa la fragrance subtilement goutée et gravée le mener jusqu’à une culture plus abondante. Trop vite trouvée, elle serait bientôt équarrie, et ce sans ménagement. Y aura-t-il seulement quelque chose d’assez invincible pour stopper tant de fureur fulminée ?

    L’inlassable chimère d’allégresse devint alors certitude. Tenant fermement la sylphide jusqu’au point même de la briser par une burlesque emportée virulente, le démon établit le lien fatidique –insérant habilement les deux poignards principaux de son cortège dentaire profondément dans l’exquise chair offerte après avoir anesthésié l’endroit abimé par la froidure de sa langue, il entama la cavalcade mystique et incessante si redoutée. Dérobant à chaque absorption l’équivalent d’une lampée saturée, il sentit l’amollissement et la félicité l’envahir et le rendre dépendant de la liqueur ingérée. Serrant plus encore contre sa structure la frêle anatomie à chaque gorgeon, il se laissa emporter par la concupiscence liée à la morsure et le goût consubstantiel de ce sang céleste. Esclave de son ancienneté mais à la fois envahit par une avalanche interminable de pulsions purement humaines, il souleva le corps d’albâtre sans briser le carcan les unissant et plaqua la belle une nouvelle fois contre le lit dans un grondement bestial presque effrayant. La nudité de la nymphe, objet de désir certain et qu’il s’était évertué à ignorer auparavant, lui laissa encore moins de répit – et soustrait à sa démence il ôta la chemise blanche qui le recouvrait d’un geste rapide, sans pour autant retirer ses crocs, pour venir agréger sa musculature aux convexités alléchantes de la tentatrice. Comment supporterait-elle un tel panthéisme si de vulgaires provocations charnelles l’outraient déjà ? Cela n’était plus son problème, si avec un minimum d’entendement il lui résistait difficilement, alors ayant perdu toute raison, le respect d’une virginité ou d’une chasteté pourtant connue…le laissait totalement indifférent. De quelle façon pouvait-on après tout se freiner face à une femme aussi délicieuse intérieurement qu’extérieurement ?

    S’il y en avait une, alors il ne s’en souvenait plus. Il lui semblait que la mesure n’existait plus et que seule sa bouche et ses dents parfaitement coalisées dans leur action avaient pris les commandes de la situation. Puis…un instant de reddition, sa main gauche – soustraite à l’épicurisme de la morsure - attrapa subitement la cuisse de la jeune femme pour la soulever et permettre au corps masculin d’épouser plus encore les formes envahissantes de Nozomi. Caressant cette jambe dénudée de haut en bas de façon frénétique, le vampire consumé par sa propre appétence enserra la belle et effleura ses hanches en remontant pour venir poser sa main baladeuse sur une des deux convexités. L’indécence même de l’acte ne l’empêcha pas de continuer à s’approprier peu à peu, le corps et le sang de la jeune femme tremblotante, puisqu’une fois la main posée sur la structure bombée, celle-ci ne tarda pas à se frayer un chemin sous la fine soierie recouvrant l’intimité bafouée avec tant d’empressement, omettant radicalement la bienséance valétudinaire de la demoiselle. S’amusant à caresser et compresser les contours parfaits du sein pris en otage, le fin tissu protecteur se retrouva peu à peu relevé de ses fonctions dissimulatrices, à présent disposé à la naissance du plexus et donc au dessus de ce buste dont la vénusté dépassait largement celle d’Aphrodite. L’armature totalement dénudée offrit plus encore de champs à cette main requérante et avide de ses alliages féminins, et à chaque ingestion la belle fut dépossédée à la fois de son sang mais aussi de son ascétisme – victime de l’exaltation vampirique. Si il y avait ordinairement une hiérarchie sentimentale et même si celle-ci agençait continuellement l’évolution des rapports humains, il était flagrant que le professeur venait de bruler la majeure partie des étapes peut-être considérées comme primordiales pour son élève, et qu’en usurpant peu à peu la pureté de celle-ci, il risquait plus qu’une envolée caractérielle conduisant à l’étalage d’une main sur sa joue. Cependant, il ne fallait pas qu’elle s’attende à de la contenance après avoir dévoilé à un homme ses attributs tant convoités et après avoir offert au vampire ce qu’il désirait. C’est pourquoi, s’il parvenait à se stopper dans son abreuvement incessant, il ne chercherait pas à se justifier. Car si l’on devait suivre la « hiérarchie vampirique » autant que celle des humains, cela ferait bien longtemps que la jeune et chaste Nozomi, serait devenue plus qu’une conquête effleurée à chaque entrevue. Bien parti pour faire de ce corps délectable l’objet de son assouvissement, il en oublia la quantité de sang absorbé, sans doute devenait-elle importante, car cela faisait quelques secondes que la défense adversaire était absente. Ses contorsions et ses réactions liées à la lasciveté de ses évasion érotiques, diminuaient de plus en plus…il y eu d’abord une main, qui tomba pour se poser sur le drap, puis un autre la rejoignant, et enfin un buste délaissé de sa vigueur habituelle. Mais ce n’était pas tout, pourtant entièrement possédé par l’action quelques secondes avant la mollesse de Nozomi une chose étrange se produisit ; lorsque sa main se mit à jouer lubriquement avec les formes voluptueuses de Nozomi un transfert émotionnel eut lieu ; curieusement envahit pas une vague d’émotions étrangères, Killian ressentit intensément les sentiments de sa captive. Un mélange d’émotions déconcertant, toutes les unes aussi fortes que les autres et toutes reçues simultanément – il y avait de la douleur, mais aussi de la peur et de l’égarement…du plaisir et de l’incertitude…de la colère ajoutée à d’indomptables réminiscences, de l’inquiétude…une maladie, surtout, une maladie incurable. Le flot d’informations assaillit le vampire si brutalement que le rythme des imbibitions qu’il menait fut immédiatement ralentit, diminué…


    Puis stoppé. Aucune émotion, et aucune réaction. Une âme absente et un corps abandonné, laissant le meurtrier face à au trépas de celle qu’il aimait.


    Les deux poignards se retirèrent avec empressement et la main indécente cessa ses éruptions libertines. Sa bouche maculée du sang trop abondamment volé s’entrouvrit de stupeur lorsque les deux adorables et scintillants yeux de Nozomi se fermèrent devant lui, dans un souffle long et oppressant. Recouvrant sa conscience humaine, il réalisa l’étendue de son aliénation ; le buste parfait de la jeune femme était entièrement dénudé et il subsistait à la naissance de son sein gauche une fine entaille pareille à une griffure féline, peu profonde mais suffisamment pour y laisser une marque…il était étonnant d’y voir encore couler du sang lorsque l’on savait quelle quantité il venait de lui voler sans la moindre pitié. D’ailleurs, dans la contemplation de son meurtre, les deux iris fauves du vampire purent apercevoir deux excavations juste au dessus de sa clavicule gauche, gisants encore et dégoulinant d’hémoglobine dans un gâchis inlassable. Un…gâchis ? Et il trouvait encore le temps d’estimer un éventuel gaspillage après avoir ôté la vie à une pauvre innocente, et qui plus est, aimée ? De l’amour… ? Sans doute pas, qui pourrait décemment tuer une femme aimée sans s’en rendre compte et en osant s’expier de toute faute une fois l’acte réalisé ? Mais pour qui se prenait-il à la fin, et pourquoi restait-il ainsi, impuissant, immobile, laissant la belle s’évaporer définitivement sans tenter quoique ce soit pour la ramener à la vie…sans panser les plaies causées par sa folie, sans même s’assurer des battements de son cœur , son ouïe fine rien qu’une plaisanterie ? Un homme de science, tu parles, un bon à rien juste capable de forcer une pauvre jeune fille condamnée à s’entailler la chair et lui offrir le peu de vie lui étant attribué…un égoïste prêt à détruire le quotidien ordinaire et agréable d’une humaine innocente en lui infligeant de pitoyables effusions affectives ne réussissant à terme qu’à la rendre malheureuse et fiévreuse de son attirance méprisée. L’imbécile, et il osait lui remettre la faute dessus…vieux fou immortel, allait-il fuir comme à chaque fois pour jouer les meurtris de son siècle jusqu’à trouver dans quelques millénaires une femme comparable à Nozomi et la conduire à la mort elle aussi ? Pourquoi fallait-il qu’à chaque fois, elles disparaissent aussitôt après qu’il soit entré dans leurs vies ? C’en était trop…

    Paniqué, il attrapa sa chemise retirée au sol et essuya le sang si délicieux mais précieux. Rehaussant le haut de son corps délogé, il essuya les deux anfractuosités et y passa sa langue pour y déposer le liquide cicatrisant. Toujours aucune réaction…eh non ca n’était pas en essuyant les traces du crime que l’on ranimait la victime ! Etait-elle morte seulement ? Dans un élan d’espoir, il colla sa poitrine contre son oreille et y chercha un battement régulier…peut-être que les forces du paradis n’avait pas encore capturé Nozomi, car en plaquant son oreille il pu y percevoir une faible réponse cardiaque, lente, trop lente… Mais présente. Misérable infernal il osa remercier le ciel… elle avait sans doute perdue connaissance à cause de l’anémie qu’il avait déclenchée, elle avait besoin de repos…Les yeux toujours emplis de panique, il plaça une couverture sur Nozomi et lui déposa un gant froid sur le front pour réajuster sa température corporelle. Une fois installée, il devait attendre, ce qu’il fit...en s’éloignant tout de même d’elle pour s’éviter de replonger dans sa vésanie passée mais pourtant récente. La tête enfouie dans ses mains et agenouillé au bout du lit sur le sol, il se repassa la scène inlassablement…il vit le monstre corrompu qu’il pouvait être, assez possédé pour abuser de l’impuissance de la jeune femme tout en la privant de son flux vital…ah ça, il s’était régalé, jamais encore il n’avait gouté de sang plus succulent – un arôme unique dû sans l’ombre d’un doute à sa lésion…un sang à la fois appétissant mais néfaste pour sa propriétaire…Sa maladie ? Il la connaissait à présent - celle d'Huntington - elle était bien plus conséquente que ses hypothèses et conduirait certainement son ôte jusqu’à la mort trop prématurément… quelle injustice, dire que lui se plaignait de la lassitude engendrée par son immortalité, si seulement il pouvait la lui donner et l’empêcher de subir le sort qui lui était réservé, la rendre invulnérable et capable de se projeter dans l’avenir sans avoir peur de souffrir…c’était sans doute pour cela qu’elle ne voulait pas de leur corrélation. De son coté, quelle soit malade ou non, elle restait la même, et si elle le lui autorisait, il resterait volontiers avec elle jusqu’à la fin…mais il s’était montré trop déraisonnable et était persuadé que sa présence ne pouvait que nuire à Nozomi…Par sa faute, elle aurait pu mourir, et il l’avait déjà bien amochée… Sa tête se libéra de ses mains et il la redressa pour voir la jeune femme allongée, elle respirait lentement et venait de bouger la main droite…Elle était probablement réveillée, il se précipita vers elle…emplit de culpabilité, et attendit que les iris bicolores de Nozomi rencontrent les siennes, elle se tourna mollement vers lui sans savoir qu’il s’y trouvait et il vit ses deux pierres précieuses le fixer impassiblement…c’était sur à présent, elle le détestait.

    La seule chose qu’il pu articuler fut pourtant la plus normale après ce qu’il venait de lui faire, mais sans doute trouverait-elle ses paroles dénuées de toute sincérité.



    « Je suis désolé. » Prononça t-il d’une voix grave reflétant l’inquiétude et la culpabilité dans lesquelles il se trouvait, se passant de longs discours ou autres futilités.
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Nozomi Shimatani

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Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] Vide
MessageSujet: Re: Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ]   Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] EmptyDim 18 Juil - 16:41

    Le mort n'a pas d'amis, le malade n'en a qu'à demi, le mourant est seule étoile dans la nuit. Cela faisait bien des lunaisons que la jeune femme se sentait constellation esseulée du peuple scintillant de sorgue dans lequel elle ne trouvait plus aucun réconfort. L'essaim de nébuleuses célestes n'était plus que la preuve concrète de l'infériorité des hommes, mais particulière de la caducité de son âme en perdition. Etaient-elles présentes, ces lucioles astrales, en ce règne sélénite ? Jalousaient-elles le divin conciliabule de deux êtres en maladresse à travers les persiennes ? Car Nozomi leur avait tourné l'échine pour s'intéresser à une toute autre lumière, à une coruscation satanique qui épousait l'antinomie de ses dogmes et était d'une nocivité éloquente pour son puritanisme. Hostile antipode qui sans s'en rendre compte l'avait rendue plus cacochyme encore en venant additionner un nouveau syndrome à la souffreteuse... Celui de Stockholm. Ravisseur qu'il était, il lui avait tout dérobé, du coeur à l'esprit, tout ne portait plus que son sceau comme bientôt sa gorge porterait l'estampille de sa psychose. Il était impressionnant de constater l’influence d’une âme sur une autre jusqu’à en atteindre l’ascendance et n’en faire plus qu’un unique ménechme de latrie. Quelle étrange monomanie de l’homme que celle de désirer trouver des descriptions pour toutes situations, une façon de ne pas laisser ces dernières s’échapper de notre contrôle que celle d’en établir un rapport cartésien. La nature ineffable des sentiments était la preuve que de leur avoir attribué un qualificatif ou une absurde description dialectique n’était de loin pas suffisant à exprimer la profondeur de leur sens. A travers leurs ères, les hommes voulaient se faire démiurge, ils ne parvenaient qu’à s’enliser un peu plus dans leur ilotisme. Sempiternel sujet de discorde entre les songe-creux et les pragmatistes, la déraison contre la rationalité, où était la lisière de l’un et de l’autre ? Y avait-il une quelconque logique à l’effervescence d’une personne à une autre, une même infime cohérence à la puissance d’un amour ou d’une amitié, d’une estime portée à autrui ? Tout ceci appartenait à notre essence, mystère au fond dont nous ne saurons toujours que peu, jamais plus qu’une somme de théories psychiques, une analyse humainement superficielle. Mais ici, l’altruisme scientifique n’avait plus lieu d’exister, car la nature humaine avait été bafouée du côté adverse… Ou allié ?

    Etait-ce ces filiations mystiques qui avaient souillé l’ingénue créature d’un vice incommensurable, l’arôme accru du stupre et la tentation d’un fruit défendu. Tentation ou lubie de braver l’interdit… Une justification ? Il n’y en avait pas. Et si simplement l’envie de s’offrir à lui suffisait à répondre de ses actes, à justifier de sa délicieuse mais folle impudence. Résister à ces emprises extatiques, elle n’en avait à présent plus ni la possibilité ni la volonté. Sa conscience ? Bien présente, opiniâtre dans ses actions, quant à son bon sens, éradiqué par sa pléthore émotionnelle. Bourrasque d’indécence, s’en mordrait-elle les doigts alors que lui croquerait tous crocs sortis dans son ambroisie ? Sans doute la haïssait-il pour ces tribulations gustatives auxquelles elle l’obligeait à faire face, peut-être même la pensait-il trop dévergondée et donc trop accessible maintenant la bienséance écartée ? A l’instant même où son scalpel de cristal avait excorié la pulpe de ses lèvres, elle s’était condamnée, et l’avait condamné. Une perle de substrat purpurine embrasée dans un baiser telle la friandise prodromique à la plus divine des agapes. Sa véhémence suffirait-elle cette fois à respecter le jeûne qu’il s’était imposé envers ce séraphin féminin… Invraisemblable serait le mot s’il parvenait à s’extirper des diableries de son élève, la fuite serait alors son seul recourt. Mais ce fut l’affrontement que la noirceur de Killian choisit comme kyrielle, et tout en imitant son pantomime il ne manqua pas de lui rappeler sa vésanie dans un susurre avant de laisser sa lucidité trépasser. Le ruisseau de saveur prohibée qui subsistait dans leur étreinte labiale prit possession du démon en quête de son opium et Nozomi s’abandonna à ses seules envies. Furtivement plaquée à terre, la tournure de l’échange prit rapidement la trame escomptée, car après avoir minutieusement ausculté la plaie fautive de sa frénésie, son instinct le guida à l’amont de l’ichor. En prosélyte dévouée, la jeune femme ne répliqua qu’un frêle tressaillement à la badauderie mutine de cette langue froide pour convier son épiderme à plus rude labeur. Nonobstant le vécu de cet acte animal à plusieurs reprises, voire presque l’habitude, l’appréhension titillait son eurythmie. Entre violence et douceur acerbe, elle avait connu la déplaisance de diverses morsures, qu’en adviendrait-il avec lui… Elle n’eut pas à se poser la question bien longtemps.

    Sa chair profanée, deux dagues acérées venaient de se frayer un chemin avec dextérité jusqu’à une maille stratégique d’où découleraient les flots de leur animosité. La douleur bien que naturellement présente fut infime en rapport à celle imaginée, elle se contraint à ne pas crisper ses muscles et seule sa poigne fut témoin de son mal. Ses doigts agrichèrent la chemise provisoirement immaculée, une inspiration plus profonde et tremblotante accompagna la première traction d’ivresse, puis ses yeux jusqu’alors à demi ouverts embrassèrent la pénombre de ses paupières quand l’hébétude de la jonction lui embruma l’esprit. Ce que la volupté créait dans un sens, elle pouvait l’établir dans l’autre, et la vague de concupiscence n’épargna pas la chaste damoiselle qui retrouva cet étrange effet de griserie propre au vampirisme. Une sensualité décuplée par le procédé machiavélique, chaque gorgée était un nouvel assaut mené contre la retenue qui lui restait et qui l’empêchait encore de lui ployer sa virginité dans l’immédiat. Sentir ainsi tout son sang fluer au point de succion et s’échapper de son organisme, sa vie sirotée dont il la privait à grande intempérance… Suaves blandices létales que lui transmettait chaque goulée. Docile poupée aux mains de son dépositaire, celle-ci retrouva une fois de plus sa couche, accompagnée d’un amant plus ardent que jamais. Sans même quitter son poste, il ôta habilement sa chemise pour juxtaposer son corps à celui de l’asiate qui fut traversée d’un frémissement sans précédent dû à leur grande différence thermique, cette imposante masse musculeuse et glacée conglomérée à sa frêle anatomie redondante et brûlante. Cet impact de froideur et de volupté lui soutira un soupir franc, et si elle était gênée de la spontanéité de sa réaction la belle n’était pas au bout de ses peines. Une main accrochée à la nuque de l’incube et l’autre à son échine, elle crut que son emportée charnelle les mènerait à des ébats indubitablement vénériens. Cela allait-il se passer ici, maintenant ? Dans ces conditions sanglantes qui étaient à l’antipode de ses conceptions candides pour lesquelles elle s’était si longuement préservée…Parfois trop fleur bleue, le monde n’était pas comme elle s’évertuait parfois à l’imaginer. Une fois de plus, une preuve de ce que les gens accordaient comme importance à la blancheur du corps, le respect virginal qu’elle avait pour elle-même était peut-être hyperbolique… Un simple leurre… La dernière marque de pureté qu’elle avait su débusquer en elle après que cette maladie lui ait volé son existence. Lui en vouloir ? Jamais. Elle l’avait provoqué, l’avait tenté, et récoltait la tempête méritée. Elle aussi le désirait ardemment, et peut-être fusse pour cette vérité qu’elle n’osa pas répliquer à ses initiatives.

    De toute façon trop engouffrée dans la quintessence de la morsure, cette main qui la dénudait presque intégralement et qui s’avisait à abattre sa velléité, l’attrition de leurs corps, ne faisait que la rendre plus apte à faire de lui le premier homme à la posséder entièrement. Ainsi taquinée à même son intimité thoracique, la jeune femme aurait pu s’empourprer d’embarras si son fluide vital n’était pas si avidement exploité, mais son teint garda cet aspect blême amplifié par l’anémie croissante. Sa respiration s’intensifia, haletante, chaque expiration se faisant plus intense… Jusqu’à ce qu’une fulgurante faiblesse ne lui comprime les poumons. Ses muscles s’ankylosaient lentement et sa perception s’amusa à lui faire faux bond. Un succinct vertige, elle comprit que la quantité ingurgitée commençait à être trop importante pour que son organisme ne supporte la donation. Plus les secondes s’écoulaient, plus l’oppression grandissait et Killian ne s’arrêtait pas. La nippone, incapable d’articuler, tenta de bouger pour l’écarter et lui faire comprendre de stopper sa prise de nourriture. Mais déjà trop de forces occultées, et celles du vampire quadruplées, il lui fut impossible de s’extirper de sa prépondérance. Bien vite, trop vite, le contrôle de son corps lui échappa, mais cette fois son germe pernicieux n’était pas en cause… Le baiser mortifère à sa nuque n’était plus seulement source de plaisir probant, mais celle d’une inquiétante narcose pouvant être sempiternelle. Quelques secondes avant de céder à la soudaine lourdeur de ses paupières, un heurt galvanique la traversa de part et d’autre et s’intronisa entre le bourreau et sa victime. Puis… La pression gourmande cessa… Ses prunelles tentèrent de capter une peut-être dernière fois le visage de l’homme qu’elle aimait pour graver son adonis dans sa mémoire et dont la pérennité ne serait pas durée suffisante à nuire à son portrait. Même jaspé de son sang et meurtrier de son âme, son cœur dans sa faiblesse trouvait encore quelques battements à lui vouer et ne se soustrairait pas de sa passion. En revanche, ses yeux se fermèrent, comme la lueur d’espoir d’un phare s’éteindrait sur l’immensité sombre de la mer, condamnant les nautoniers au naufrage.

    Etait-ce l’épilogue de son roman, au point final, qu’avait-elle conclu de son existence ? Beaucoup trop de chapitres négatifs, où l’hostilité du monde apparaissait comme les us et coutumes d’une humanité désaxée. Qu’y avait-il à regretter… Peut-être trouverait-elle une meilleure providence dans son malheur, une vie déchue, une mort prospère. Jamais encore en dépit de ses conditions, elle n’avait frôlé la fin de si prés. Paralysée par la déficience sanguine, toutes ses cellules et organes luttaient pour leur survie avec le peu de ressource que le vampire avait daigné laisser. Rêvait-elle ? Son songe était équivoque. Une simple sensation de légèreté, une sinécure dans les bras de son archange et cette indicible perception de salubrité, celle même qu’elle ressentait quelques temps avant que des thèses médicales ne la tuent déjà partiellement…

    Alors que la belle se pensait dans son sépulcre de cristal, dernière demeure dans laquelle reposerait cette enveloppe charnelle qu’elle haïssait tant, une pulsion psychique la ramena à la réalité. Lentement, elle vérifia la mobilité de ses articulations et la reviviscence de ses sens en se mouvant sur le lit. Une présence se précipita à ses côtés à l’instant où ses joyaux polychromes s’ouvrirent à nouveau, laissant à la jeune femme une vision nébuleuse, encore évaltonnée par sa récente expérience. Malgré son manque d’acuité visuelle, elle aurait pu discerner ces deux gemmes flavescentes parmi mille étincelles similaires et les reconnaître comme l’évidence même. Graduellement, Nozomi recouvrit ses esprits, alors que le timbre caverneux du coupable vint témoigner de ses remords avec une sincérité déconcertante. La nymphe l’observa silencieusement, sans aucune réaction, jusqu’à clore ses mirettes et les rouvrir pour fixer le gypse opalin du plafond non sans une certaine confusion. Ses réminiscences la ramenèrent au moment du presque crime, se remémorant chaque instant, chaque ressentit et pensée qu’il avait pu lui inspirer en ce moment de dangereuse osmose. C’était la première fois qu’elle se sentait capable de se souvenir d’une scène en détails, comme si elle était apte à la revivre indéfiniment. Ses poumons se gonflèrent puis se vidèrent dans un long soupir avant qu’elle ne tente de se redresser, cependant vite dissuadée par son adynamie, elle retomba dans sa position initiale en grimaçant de contrariété. Un nouveau mutisme régna dans le dispensaire devenu lugubre par la pénombre, jusqu’à ce que l’asiate ne saisisse la main de l’incube pour ensuite se tourner vers lui et déposer sa joue dans le creux de cette paume à l’instar d’un chérubin dans la nécessité de son doudou. Elle demeura ainsi un moment, son index s’amusant à dessiner des idéogrammes japonais à l’encre invisible, celle de ses sentiments, sur l’avant-bras de son amant. Somnolant légèrement, ses calots se posèrent avec agrément à l’intérieur des topazes de ce dernier, simplement pour le contempler. Combien de temps avait-elle perdu connaissance ? Qu’avait-il perçu dans son sang ? Savait-il ? Etait-ce pour cela qu’il s’excusait ? Tant de questions, et si peu de souffle pour les lui poser. Sa voix presque susurrante s’adressa alors à lui, sans que son doigt ne cesse son opuscule.


    Pour quoi ?…Pour avoir intenté à ma vie ou pour ce que cette dernière a fait de moi… Elle laissa un silence pesant s’instaurer, puis détourna la tête. … Je me demande si je n’aurais pas préféré ne pas être sauvée et périr ainsi…

    Nozomi avait conscience de la force de ses dires, sur cette volonté tacite d’en finir dès à présent. Bien que son désir était de demeurer à ses côtés, elle jugeait cela impossible à moins qu’elle ne se considère comme une tare qu’elle lui obligeait à supporter jusqu’à la fin. Prête à assumer ses sentiments, cela n’était pas suffisant et surtout n’était pas à prendre comme prétexte pour lui faire partager son fardeau. Pourrait-elle survivre avec un tel poids sur le cœur… Elle l’ignorait, et à dire vrai la survie n’était plus qu’une alternative si la conception d’un futur se faisait sans lui. Tant de réflexions contradictoires, de conclusions qui lui prouvaient qu’il était entré dans sa vie et qu’il ne pourrait plus jamais en ressortir, quoi qu’il soit amené à faire. Si son fluide avait parlé et que Killian n’était plus ignorant de la vérité, peut-être était-ce à lui de prendre la décision, celle de l’accompagner ou de l’abandonner. Il était un enfant de la nuit, combien de femmes avait-il côtoyé durant ses siècles d’errance et délaissé sitôt les premiers rayons diurne ? Et s’il restait, ne serait-ce pas par pure miséricorde pour la misérable qu’elle était… Toute cette conjecture donna suffisamment de forces à la demoiselle pour se redresser, à présent assise, l’une de ses mains maintenait la fine draperie pour camoufler sa quasi nudité tandis que l’autre resta agglutinée à celle de son pédagogue dans un lien physique qu’elle se refusait à rompre, comme pour s’assurer de sa présence de manière concrète. Grâce à lui, elle venait de comprendre un point primordial : la mort ne l’effrayait pas, la seule chose dont elle avait peur été l’évolution de sa maladie et l’état dans lequel elle la conduirait une fois son paroxysme atteint. Elle ne serait plus que l’un de ces patients que l’on maintenait en vie par simple obligation morale et juridique, mais sur lequel il serait impossible de poser un regard autre que répugné. Conserver le peu de fierté qui lui restait était sa seule supplication, et bien qu’elle sache que la normalité n’était qu’une doctrine inventée par le conformisme, il lui arrivait de vouloir n’être qu’un mouton parmi d’autres pour ne pas se sentir dissemblable à l’extrême. Ses doigts glissèrent le long de sa carotide comme s’ils voulaient détecter d’éventuelles excavations, comme pour certifier que tout ceci n’était pas un rêve, mais l’oreiller ensanglanté lui confirma la véracité d’un folklore vampirique. Elle se tourna à nouveau vers lui jusqu’à remarquer un détail : Son joli minois se pencha un peu plus vers lui et son majeur essuya l’une des commissures des lèvres du démon sur laquelle s’était installée une discrète macule de sang. Elle en était plus consciente que jamais… Il n’avait que l’apparence d’un humain mais était un buveur d’âme. Ils n’avaient rien en commun, pourtant, elle était prête à croire tout aphorisme prônant l’attraction des contraires. Soudain, la jeune femme posa sa main sur l’une des oreilles de son professeur et alla murmurer à l’autre.

    Kikazaru… Elle se recula et lui banda les yeux. Mizaru… Son index se posa sur les lippes du quidam. Iwazaru… Elle marqua une pause et lui caressa la joue. “N’entends pas, ne vois pas, ne parle pas.” C’est ainsi que se fait la route vers la sagesse comme le prouvent les trois singes du Taoisme. Cette maxime est un idéal, mais est relative aux personnes car elle peut être interprétée de multiples façons. Certains ne veulent pas voir pour occulter leurs problèmes, d’autres parlent de ce qu’ils ont entendu mais non vu… Si vous parvenez à vous retrouver dans cet axiome, alors vous trouverez votre “Eichi“… Votre sagesse. Nozomi détourna le visage sur le côté. … Maintenant vous savez, je ne sais pas si vous comprenez… De toute façon il n’y a rien à comprendre. La chorée d’Huntington est une maladie héréditaire et incurable, elle me condamne à ne vivre que dans le présent. Je n’ai pas de futur… Sa gorge se serra et son expression physionomique muta en une grande émotivité. Mon système nerveux se désintègre, ce qui explique pourquoi je perds parfois le contrôle de mon corps et celui de mes émotions, et cela ne fera qu’empirer avec le temps. Ses yeux devinrent aqueux et ses sourcils se froncèrent, sa voix s’embruma. Un jour je ne pourrais plus marcher, puis je finirais amnésique et incapable de me prendre en charge, au fond d’un lit d’hôpital pour le temps qu’il me restera sans même me souvenir du visage des gens que j’aime, sans même être capable de culpabiliser pour la peine que je leur impose… Les larmes coulèrent à flots sur ses joues. Je n’ai que 18 ans, je passe mon temps à avaler des pilules, à passer des batteries d’examens médicaux. Je ne pourrais jamais travailler, fonder une famille… Je vais mourir sans rien connaître, et de ce que j’ai connu je ne me souviendrais de rien… De rien… Pourquoi me l’a t-il donné avant de nous abandonner, comment est ce qu’un père peut faire ça…J’en ai assez de souffrir… Et je ne me pardonnerais jamais de faire souffrir mon entourage…

    La tête basse, tremblotante, la sylphide éclata en un sanglot incontrôlé, se demandant où avait-elle pu puiser la force de pleurer en dépit de son éreintement. C’était la première fois depuis trois longues années de tribulations qu’elle contait son malheur à autrui et elle culpabilisait déjà de lui confesser ses affres. Elle se sentait insignifiante, ridicule et se maudissait continuellement. Pourquoi son existence devait-elle être à son crépuscule alors que l’aube pointait encore, pourquoi avoir pris la peine de lui insuffler la vie pour la lui reprendre si promptement, qui se souviendrait d’elle lorsqu’elle ne serait plus que poussière. Souffrir pour survivre, une survie qui ne rimait à rien, tout n’était plus que batailles, guerre qu’elle ne gagnerait jamais. L’espoir s’était éteint depuis longtemps, sa souffrance se déversait dans chaque perle lacrymale qui ne pouvait être qu’un euphémisme à la situation. L’on se rend compte de la valeur des choses seulement lorsque l’on en est dépossédé, toujours trop tard, rien ne nous est acquis, rien ne nous est dû, il nous faut endurer les caprices de la fatalité. Ce qui ne tue pas rend plus fort… Qu’en est-il de ceux qui se meurent lentement, vivent-ils mieux ou moins bien. Au fond… A daté de notre genèse, nous ne vivons pas, mais nous mourrons au fil des jours. Le temps est l’assassin des hommes. Des hommes incultes et tous aussi éphémères les uns que les autres. Même l’éternité ne peut rien car il y a toujours en nous, quelque chose qui meurt. Abstraite ou concrète, physique ou mentale, l’opposition de tout, la vie pour la mort, la mort pour la vie, tout n’est que question de conception pour les curieux de l’insaisissable. Nozomi était déjà morte, décédée il y a trois ans dans un dispensaire similaire à celui-ci, lorsqu’on lui ôta son innocence et son avenir. Sans que Killian n’ait pu le prédire, l’étudiante en agonie trouva la volonté de se lever du lit et de se jeter dans ses bras comme si ce fut la dernière fois. Son phonème brisé par ses pleurs tenta de s’exprimer.

    J’… J’ai peur de… Ce qu’il va m’arriver… Je… Je suis désolée d’être ainsi… Trop faible et secouée, elle se laissa glisser à genoux sur le sol puis, dans son élan d’émoi, saisit la jambe de son professeur. … Ne me laisse pas…
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Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] 695661mo
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MessageSujet: Re: Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ]   Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] EmptyJeu 29 Juil - 11:27

    L’être humain est une sorte de carapace activée par des émotions donnant naissance à des sentiments, eux-mêmes moteurs d’émotions. Une coquille au sens large qui comme toute chose au monde suit un cycle perpétuel. Appelons le alors ; le cycle émotionnel, souvent interprété par les scientifiques comme la conséquence d’une production occasionnelle d’hormones particulières. Si on suit se raisonnement alors il n’y a plus qu’une coquille, il y a aussi des fils dirigés par quelques substances chimiques spécifiques et permettant à la coquille de se mouvoir en fonction de ses émotions. Est-il possible de réduire la vie à de telles conceptions, ne pouvons nous pas accorder un minimum de crédit à ceux qui affirment que l’âme existe et anime son propriétaire en le rendant unique ? A ce moment là, il semble que nous soyons les seuls à organiser notre existence, et alors rien d’autre que la volonté ne pourrait justifier ce désir inassouvissable de plénitude. Le bonheur est une chose que nous recherchons tous, quoique nous fassions nos actes sont guidés par l’envie irrépressible d’assurer notre ataraxie, si bien que lorsque nous touchons enfin à l’extase et à l’euphorie de la vie, nous sommes incapables de nous en apercevoir. Chercher nous occulte la vision critique, et lorsque nous obtenons la source de satisfaction, nous ne nous rendons compte de sa présence qu’une fois celle-ci perdue ou détruite – ressentir la tristesse et le manque, la nostalgie et le désespoir d’un bonheur trouvé mais trop ignoré, la sont les seuls sentiments dont nous sommes conscients – il n’y a que les pulsions négatives qui nous poussent à agir. En ces termes, il semble que l’humain ne soit qu’un être en mesure de se nourrir d’accablement pour se sentir vivant…quel paradoxe : pourchasser la satisfaction n’achemine qu’à l’obtention de déboires et déveines affligeantes. Dans son monde d’assombrissement et d’obsécration, le vampire avait poussé ce paradoxe à son propre comble – faisant de l’assouvissement plus qu’une nécessité mais une subsistance – réduisant le sang et la perte des autres à de simples pitances augmentant sa puissance et sa dépendance. Il était en réalité l’humain accomplit dans sa vésanie, celui qui avait fait de la nostalgie et du manque les processions de sa survire. Pouvait-il encore espérer atteindre le bonheur et en profiter avant qu’il ne soit trop tard ? Laisserait-il la chance qui se présentait à lui, lui glisser entre les doigts telle l’écume des vagues insaisissable ? Il n’était plus seul à présent, ils étaient deux, son choix les rapprocheraient ou les sépareraient, alors fallait-il se laisser tenter par le bonheur ou le fuir pour ne pas se bruler les ailes plantureusement ?


    Les yeux rivés sur sa le corps allongé de la jeune femme, il attendait que la vie lui revienne. Les deux mirettes entrouvertes semblaient encore vaporeuses, sans doute retrouvait-elle peu à peu la mémoire, se remémorant chaque seconde et certainement la douleur qu’elle avait ressentit et la peur de ne savoir si oui ou non il s’arrêterait à temps, avant de la vider entièrement. Son exagération ne se mesurait plus, il avait abusé de sa puissance et lui avait dévoilé sa véritable nature, sa monstruosité et le danger qu’il représentait. C’était sur, et il en était convaincu, elle ne le pardonnerait pas, il s’attendait même à ce que l’envie de lui témoigner sa haine ne s’expulse autrement que par de vaines paroles…en fait il souhaitait presque qu’elle le haïsse et qu’elle ne veuille plus le voir, comme ça, il ne pourrait plus jamais lui faire de mal et leur sort serait réglé. Alors lorsqu’il vit la demoiselle tenter de se redresse puis retomber brutalement sur sa couche, il réalisa à nouveau l’ampleur des dégâts qu’il avait engendré – elle n’avait même plus assez de force pour se redresser légèrement…il crut que cela alimenterait encore plus le legs de son élève, mais elle se contenta de grimacer et à la grande surprise du professeur, se retourna vers lui pour attraper la main qu’il avait posé sur le drap lorsqu’il veillait la belle. Quelle douceur…songea t-il, ou bien quelle faiblesse…pourquoi ne cherchait-elle pas à se venger ? A lui infliger autant de mal que lui, à le faire saigner, à le griffer ? Stupéfait, il observa sa précieuse élève conglomérer sa joue contre sa paume tendrement…un doigt glissa le long de son avant bras tout en y griffonnant de mystérieux idéogrammes qu’il ne put déchiffrer. Elle resta silencieuse tout en cajolant sa main et en observant son agresseur, puis elle prit enfin la parole d’une vois si faible qu’elle ressemblait à un susurrement secret. Pourquoi s’excusait-il ? Pour ce qu’il venait de lui faire, pour l’avoir mise en danger volontairement sans se soucier des conséquences, pour ne pas avoir résisté à la tentation car la meilleure solution aurait été d’ignorer les lèvres maculées d’ichor qu’elle lui offrait, en la poussant peut-être rageusement certes, puis fuir aussi vite que possible pour se jurer de ne plus céder à ses pulsions démoniaques. Or, il avait capitulé, obéit à ce monstre qui sommeillait en lui et il l’avait saignée avec disproportion et indécence qui plus est. Voilà pourquoi il s’excusé, il voulait qu’elle lui pardonne mais il savait que de toute façon, le pardon ne changerait rien, c’était fait et il n’y avait plus rien à dire, et sur ses mots la jeune femme quitta le regard de Killian pour achever sa phrase. « Ne pas êtres sauvée et périr ainsi » avait-elle dit ? Mais quelle folie s’emparait d’elle pour qu’elle ose préférer une mort si atroce à une autre ? Il resta consterner face aux paroles de la jeune femme, cela montrer soit qu’elle perdait la tête, soit qu’elle redoutait plus que tout au monde les circonstances dans lesquelles sa lésion la conduirait à la fin de sa vie.

    Evidemment, en absorbant son sang en si grande quantité il avait deviné la nature de cette maladie, il savait ce que c’était, durant sa longue existence de scientifique il avait passé en revue à peu prés toutes ces atrocités et Huntington était de celle que l’on redoute le plus. Il savait donc pertinemment à quel point Nozomi devait se sentir mal et angoissée. Cependant, malgré le mutisme et l’état inquiétant dans lequel elle se trouvait, la sylphide parvint à se redresser, sans lâcher la main qui avait servit à l’emprisonner plus encore durant la morsure. Dissimulant le corps qu’il avait dénudé avec tant d’impudence grâce au drap du lit, elle se pencha lentement tout en fixant ses prunelles en direction des lèvres assassines. Il y trônait encore une trace de la boucherie qu’il avait mené…il n’y avait même pas pensé…l’imbécile…peut-être que la vison de son propre sang sur la bouche de son professeur ferait réaliser à la jeune femme qu’elle se tenait en face d’un être véritablement dangereux ? Il eut un frisson d’appréhension lorsqu’il remarqua qu’elle approchait son index de l’endroit maculé de sang. Mais elle se cantonna à essuyer la trace, sans afficher une quelconque gêne, comme si tout cela semblait normal ou qu’elle y était habituée…ce manque de jugement le désarçonna, il se demanda si elle possédait tous ses esprits mais n’eut pas le temps de le lui demander car elle approcha plus encore, la main à présent posée sur une oreille et la bouche juste à côté de l’autre. Elle se lança alors dans une série de révélations et de confessions particulièrement prenantes. Il n’en avait pas conscience….il ne savait pas que cette si jeune femme, cette élève dynamique et intelligente, souriante et ne se plaignant jamais, était en fait une personne détruite intérieurement, et aussi affligée…elle cachait bien son jeu. Au fur et à mesure qu’elle débitait ses angoisses, les émotions la submergèrent, il vit ses yeux briller de plus en plus et laisser quelques gouttes s’en échapper…et elle se laissa complètement aller dans un sanglot de mots plus affreux les uns que les autres. Tiraillée par l’injustice de sa constitution et cet héritage lâche d’un père disparu et n’ayant laissé que pour souvenir…un mal incurable. Impuissant face à cette averse de pénitences, il la regarda sombrer à voix haute dans ce qu’elle devait répéter sans cesse lorsque la solitude l’emparait. Bizarrement, il ressentit en lui comme un puissant désir de la contredire, mais elle avait raison…personne d’autre qu’elle n’était plus consciente de ce qui l’attendait. Les épaules de Nozomi tremblaient sous les sanglots compulsés qu’elle lâchait, une façon de pleurer si significative et pourtant, il avait l’impression qu’elle se retenait encore, que si elle le pouvait elle crierait volontiers, elle s’égosillerait pour évacuer sa rage. Finalement l’aboutissement de sa peine ne fut pas une éruption verbale – sans qu’il n’ait pu prévoir ses mouvements, elle se jeta dans ses bras et atterrit contre son torse, il la réceptionna avec hâte pour qu’elle ne retombe pas mais il fut tellement saisit par ses dernières paroles que sa propre force l’abandonna, laissant Nozomi glisser jusqu’au sol, exténuée par ce qu’elle venait de subir et ce qu’elle s’infligeait à nouveau. Elle agrippa une de ses jambes, bouleversée et laissa un phonème faible lui murmurer :

    «Ne me laisse pas… »

    Agglutinée ainsi elle semblait plus vulnérable que jamais. Il était le seul à pouvoir agir, il avait « le choix ». S’adressait-elle vraiment à lui ou est-ce que ses mots étaient dédiés à ce père dont-elle avait parlé ? Est-ce que dans son excès d’apitoiement elle n’avait pas fais de son professeur une sorte de réceptacle indirect à l’esprit d’un père inconnu ? L’incertitude dans laquelle il se trouvait le dérangeait, alors il voulut y croire, et se dit que ces derniers mots lui étaient adressés. A lui de choisir. La laisser ainsi, larmoyante et dévoilée, afin de lui épargner son amour sanguinaire à prévoir, ou bien, l’enlacer assez fort pour lui susurrer des mots réconfortants lui prouvant qu’il la soutiendrait coute que coute et jusqu’à la fin ? Entre les deux la question ne se pose pas, car l’issue la plus probable, était une mort imminente et désespérée si après l’avoir obligée à lui ouvrir son cœur de la sorte, il l’abandonnait à son triste sort. De plus, comment pouvait-il rester de marbre après que celle qu’il avait décidé de chérir ne l’implore presque de ne pas la délaisser ? Pourrait-il seulement supporter le fait de ne plus la voir, de se restreindre encore et toujours, de se contenter de l’observer de loin sans jamais plus la toucher ni même l’effleurer ? Sans doute pas. La tournure quasi empathique des évènements l’avait sans conteste plus que liée à lui et elle était à présent plus prisonnière qu’elle ne le croyait – vouée à rester avec lui, car il avait fait d’elle son rayon de soleil, et il n’était plus question de laisser l’astre lui glisser une nouvelle fois entre les doigts pour le plonger dans d’obscures ténèbres. Voir cet exemple de sagacité et de retenue ainsi agenouillée et désenchantée le désarçonna, il ne s’était attendu à de tels sanglots et avait à présent l’impression d’avoir détruit le peu d’espoir qu’elle possédait avec ses questions et insinuations. Car c’était lui qui l’avait poussé à lui révéler son mal, au final, il avait déclenché la morsure et le désespoir de la belle mâchonnée. Lui qui s’imaginait qu’elle se mettrait à le haïr après ca gourmandise trop risquée, voilà que sa victime l’implorait de ne pas l’abandonner…Comment réagir ?

    Son « Eichi »,la voix qu’il voulait emprunté dans l’axiome qu’elle venait de lui citer, il l’avait trouvé depuis qu’il l’avait rencontré, car malgré toutes les pensées qui l’accablaient, une chose était sure ; il voudrait rester avec elle. Mais était-ce possible ?


    « Non… » Murmura t-il malgré lui.

    Il resta immobile un long moment, les iris rivés sur Nozomi - -épaules tremblotantes, suffoquant dans son chagrin, sans doute en proie à une avalanche de vérités accablantes sur son devenir – puis sans savoir pourquoi il ressentit une vague de colère envers elle, ses sourcils se froncèrent sévèrement et il ne pu plus supporter le contact de ses mains agglutinées à sa jambe. Il attrapa prestement – mais malgré lui, délicatement – les épaules de son élève, et lui fit lâcher prise en lui lançant un regard agacé voire même menaçant. Sans doute par frayeur ou surprise, elle le lâcha sans mots dire. Se relevant aussitôt, il se déplaça de façon indécise dans la pièce, deux doigts soutenant l’excavation de son front afin de se calmer. Un spectateur plus que précautionneux n’aurait sans l’ombre d’un doute pas compris son attitude, non mais que faisait-il au juste ? Comment se permettait-il d’être en colère et de la rejeter ainsi après tout ce qu’il venait de se passer ? En vérité, il lui en voulait, il lui en voulait à elle…et pourquoi ? Parce qu’elle venait par son long discours de lui rappeler ce qu’il s’évertuait à oublier, ce qu’il ne voulait pas admettre et qui le harcelait : il était seul dans son éternité et le serait à jamais…Il devrait la regarder disparaître au fur et à mesure…bien pire qu’une mort inattendue comme autrefois, là, ce serait une torture lente et écrasante…une disparition à petit feu. Il ne voulait pas de cela…qui en voudrait d’ailleurs ? Qui, malgré une extrême bonne volonté, se porterait volontaire pour voir s’effacer et mourir la personne choisie sans pouvoir agir ? Elle deviendrait une géhenne à son âme et il finirait par la détester…misérable qu’il était…peut-être même arriverait-il à lui en vouloir de n’avoir plus assez de sang à offrir … ?

    Misérable…

    Réaliser la noirceur et l’égocentrisme de ses propres pensées le dégouta. Il se faisait penser à tous ces pauvres lâches incapables d’affronter les vraies réalités et qui fuient aussitôt sans se préoccuper du sort de leurs proches…un solitaire… une sorte de vagabond juste bon à se divertir un instant, juste bon à se convaincre de sa loyauté, mais fuyant à la première occasion. Seul différence. Si jamais son corps lui criait de fuir, son esprit l’empêchait de bouger, trop impuissant face à son indécision…Quand soudainement…il eut …une idée noire. Alors il se retourna vers elle, elle était encore au sol et elle le regardait de ses yeux si uniques et remplis de larmes, mais malgré son état il débuta son œuvre macabre. Il tenta de ternir le teint rosé de sa peau et d’en faire une blancheur cadavérique ; il arracha son bleu océan à son œil et lui imposa le rouge pour mieux s’accorder avec le deuxième ; il fit de sa bonté et de sa vivacité un souvenir ; puis il lui colla derrière ces deux belles lèvres sanglantes l’effigie de son indigente espèce – deux crocs assoiffés de chair et de liqueur humaine. Et pour couronner le tout, une coulée d’ichor à la commissure de ses lèvres afin de bien annoncer la couleur. Si l’on devait faire honneur à la race, la beauté qu’il venait de créer en songe, vénusté blafarde, aurait de loin suffit à y remédier…mais le plus important, c’est qu’elle serait sauvée. Recouvrant ses esprits, il regarda Nozomi sans retenue…c’était possible, cela pouvait se faire, pas lui, un autre, un sang pur, un Bathory…il se le répétait sans cesse. Seulement, les deux mirettes de la jeune femme l’empêchèrent de projeter son dessein plus loin. Faire de cette adorable créature, une future sangsue était un crime, même pour lui épargner les souffrances qui lui étaient promises. Il ne devait pas lui en parler, car si jamais l’idée l’intéressait, il la condamnerait à bien pire que sa propre destinée. Alors il se tut, et revint vers elle, plus calme. Une fois devant elle, il l’attrapa par les hanches et la releva pour la porter sans la poser. La tenant fermement contre lui, il se mit à la dévisager sans retenue – il essaya d’imaginer ce visage affecté par la condamnation et la désolation, puis il tenta de la représenter dans un lit d’hôpital…ces pensées le dérangèrent et lui arrachèrent une grimace contrariée. Afin de parer ces inondations de conceptions obscures, il approcha ses lèvres de la joue humide de Nozomi et commença par sécher les larmes qui y coulaient en déposant sur chaque gouttelette un léger baiser, petit à petit, il rapprocha sa bouche de celle de la jeune femme et embrassa sa lèvre supérieure puis la plus basse, lentement, savourant la succulence qui lui était offerte et laissant les émotions l’emparer assez pour qu’il puisse oublier son pessimisme et la rassurer, comme n’importe quel amant le ferait. Sans la lâcher, il s’assit sur le bord du lit en la posant sur ses genoux, ses yeux surlignés par ses sourcils encore froncés par les pensées déplaisantes qui l’avaient envahit, il fixa les deux cicatrices laissées par ses crocs puis la griffure à la naissance de sa poitrine – descendant sa main depuis la première blessure jusqu’à la deuxième il laissa courir ses doigts indécemment sur les formes généreuses, simplement dissimulées par le drap du lit qui laissait ressortir chaque courbe avec magnificence. Puis ses yeux vinrent rejoindre ceux de son élève avant qu’il ne lui réponde, n’arrêtant pas pour autant son exploration tactile.



    « Seriez vous prête à vous privez des plaisirs que je me plairais à vous offrir sous prétexte que vous n’envisagez pas votre avenir ? » L’interrogea t-il avec un soupçon d’humour dans la voix, histoire de détendre l’atmosphère. Il approcha ses lèvres de son cou et y déposa plusieurs baisers entre ses mots. « Cela ne serre à rien de vous mortifier, si seulement ca n’était que par chasteté et non par peur de vous engager dans quelque chose de trop sérieux, je comprendrais. Mais là, c’est vous et seulement vous qui avez pris la décision de vous cantonner au présent… » Il la regarda puis la bascula en arrière pour l’allonger et se retrouver au dessus d’elle. Caressant son visage, il reprit. « Où est le mal à se projeter dans le futur ? Vous avez largement assez de temps devant vous pour accomplir ce dont vous rêver depuis longtemps…Personne ne vous en voudra de vouloir vivre comme tout le monde... » Il marqua une pause et hésita avant de continuer, mais il attrapa ses joues et planta ses prunelles dans les siennes, le regard sévère et le ton plus que sérieux. « Et si vous n’êtes pas d’accord je m’en fiche, vous allez cesser de pleurer ainsi et rester l’indomptable élève que je connais...Personne ne va vous abandonner. » Puis il adoucit son ton et répéta en se corrigeant. « Personne ne peut vous abandonner. »

    L’abandonner ? Comment était-ce possible ? Elle lui était si précieuse à présent. La morsure avait scellé à jamais son attachement envers elle, il était lié à elle quoiqu’il puisse faire. Quand bien même cette maladie incurable la conduirait trop tôt à la mort, il voudrait partager avec elle les jours à venir…combler l’angoisse et l’incertitude par l’assouvissement des désirs refoulés, l’obliger à vivre pour vivre et non pour survivre. Il connaissait bien cette peur perpétuelle de faire souffrir l’entourage – avant même de comprendre ce qu’il était il avait assassiné de pauvres innocents et avait mis en danger celle qui lui était chère en la convaincant de l’épouser, c’était lui qui l’avait poussée à sortir cette fois là, s’il l’avait laissé sortir plus souvent elle aurait pu connaître mieux les rues de la ville et ne serait jamais aller dans cette ruelle pour finir poignardée…il avait engendré une série d’évènements horribles à chaque fois que sa route avait croisé celle d’un autre. Si ca se trouve, cette malédiction le suivait encore et mènerait sa nouvelle et si inestimable protégée à la mort… Incontestablement, il n’arriverait jamais a trouvé une solution à son calvaire – quelle ironie du sort, il avait gagné l’éternité une nuit mais avait perdu l’essence même de la vie, la seule chose encore capable de donner un sens à une existence, il subissait une nouvelle fois les conséquences de sa deuxième naissance. Le concept était absurde tout de même ; quelques minutes auparavant, il privait cette adorable jeune femme de son flux vital avec une vigueur insatiable et maintenant il se demandait s’il avait le droit de rester aux côtés de cette même femme alors qu’il était capable de commettre les pires choses existantes …peut-être nourrissait-elle une fascination pour les monstres assoiffés de sang ou avait des tendances suicidaires sinon comment expliquer qu’elle ne le déteste pas après qu’il ait osé la conduire aux frontières de la mort ? Il n’en savait trop rien. Sa tête se posa sur l’oreiller juste à coté de celle de Nozomi alors qu’il était toujours au dessus d’elle, sa bouche tout prés de son oreille, il respira lentement. Il se demandait à quoi elle pouvait bien penser - s’il y a quelque chose qu’il aurait bien aimer obtenir en se transformant en incube c’aurait été la faculté de lire les pensées – si elle continuait à se retourner le même refrain sans cesse : « Je n’ai pas de futur ». Quelle phrase horrible à prononcer pour une si jeune personne, et quelle phrase fausse surtout. Un futur, elle avait un, il fallait qui lui sorte cette idée de la tête et qu’il lui la rassure autrement que par de belles paroles capables d’être prononcées par n’importe qui. Peut-être qu’elle avait besoin de plus de sa part pour ne plus douter d’elle-même ? De la sincérité, voilà ce qui lui manquait. Ne sachant plus sur quel pied danser il opta pou la solution la plus risquée, la tête toujours appuyée contre l’édredon, il se décida à lui parler honnêtement, s’il ne le faisait pas maintenant, alors il ne le ferait jamais…autant se jeter à l’eau.


    Sans oser la regarder en face, car bien trop embarrassé, il commença par lui murmurer tout prés de l’oreille.
    « Vous n’êtes pas un fardeau, Nozomi. Pour moi, vous êtes… » Il s’arrêta soudainement, se rendant compte de ce qu’il allait dire avec peut-être un peu trop d’empressement et de franchise. Il se surprit lui-même par son manque de contenance, et cette soudaine envie de lui avouer ses sentiments …peut-être n’en voudrait-elle pas ? Il ne pourrait rien y faire dans ce cas, alors autant le lui dire, il n’y avait rien à perdre. Prenant son courage à deux mains, il releva sa tête et plongeant son regard de celui de la jeune femme. « Vous êtes…celle qui occupe mon esprit nuit et jour, la seule que je désire au point d’en oublier tout le reste…donnez un nom à cette maladie obsessionnelle si cela vous amuse…Mais il me semble que nommer l’évidence est chose futile. » Sur ces mots il s’empressa de lier ces lippes à celles de Nozomi, plus par peur de connaître sa réponse qu’autre chose…au moins si elle était négative, il ne l’entendrait pas immédiatement. L’embrassant sans ménagement, ne lui laissant sans doute pas le temps ni la force de répondre à ses baisers, il passa une main sous le tissu qui la recouvrait et caressa la peau nue de son dos. Sa bouche se colla à nouveau à l’oreille de sa captive et il reprit en murmurant. « Je ne vais pas te laisser Nozomi, jamais, à tel point que tu ne pourras plus me supporter. »











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Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] Vide
MessageSujet: Re: Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ]   Du désir des beaux corps à l'amour des belles âmes [ Killian Noctoban ] EmptyMar 10 Aoû - 23:32

    Les voix du cœur et celles de l’esprit s’enchevêtraient parfois pour ne plus semer que discorde dans toute bonne dialectique. La ferveur des sentiments contre la sagesse de la raison, un binôme qui conduisait souvent l’être humain à une conflagration interne et personnelle, comme le fourvoyé devant l’incertitude de deux sentiers, l’un pouvant le conduire à la liberté, l’autre l’enfoncer un peu plus dans son errance nébuleuse. Devait-on feindre la cécité pour mieux voir, comme l’aveugle maître du discernement, pour permettre à notre essence de s’orienter de sa propre volonté. Faudrait-il ensuite trouver le fautif d’une quelconque conséquence… Hasard… Fatalité… Providence… Ou le fruit de notre seule vésanie. La vie n’était qu’un axe incommensurable dans lequel nous revenons sans cesse, parsemé de sinuosités fluctuantes qui conjuguent notre existence en tant qu’unité, pour créer dans l’humanité un essaim disparate d’épigones. Toute l’absurdité de cette formule, se ressembler et se dissembler à la fois, par une perspective officielle et l’autre officieuse. Qui donc est ce qu’il prétend être, et dans cette démesure identitaire, ne finissons-nous pas par nous perdre nous-même ? Nous ne sommes que les résultats de nos décisions passées, de nos bonnes et mauvaises expériences, de nos réussites et nos échecs, des chutes desquelles nous nous sommes relevées et des mains débonnaires qui nous y ont aidé tout comme de celles qui nous y ont délaissé. Perpétuelle cause à effet influente sur notre existence est celle des autres, ainsi aucun de nos actes n’est anodin. Spontanéité ou prudence, nous tentons parfois de nous faire oracles du destin, mais que serait la vie sans ses aléas ? Alors, de la véhémence à la circonspection, quel quidam serait assez sage pour guider notre opiniâtreté vers la lueur la plus inaltérée ? La folie des hommes n’est-elle donc pas le moteur de leur déchéance tout comme celle de leur éminence ? Devenons des aliénés dans le plus inepte des mondes qui ne tourne plus rond mais nous engrène pourtant dans son cercle vicieux, dans sa danse macabre et infernale. Au fond, les hommes ne sont que des ignorants qui s’ignorent.

    Il y avait des êtres en émoi dans l’impossibilité de s’ignorer, alors ils niaient le reste de l’univers pour abstraire leur agonie. Un soubassement de misanthropie en substitut d’égide, pour soi-même et pour les autres. Voilà que l’impact était devenu fissure sur ce bouclier, avant de le briser en mille éclats de culpabilité qui avait mutilé la sylphide au plus profond de son hyperesthésie. Entièrement mise à nu, la chimère noire de son pire cauchemar avait pris vie en cette sorgue propice au maléfice d’une auguste race cabalistique. Pouvait-on être plus misérable que le vil mendiant aux pieds du tout puissant, quémandant la miséricorde que l’on ne lui octroierait que par pitié. Agrichée à cette jambe comme si cette parcelle d’adonis était sa seule opportunité de survie, ses dernières forces s’évaporaient dans les spasmes de sa résipiscence, les yeux à peine ouverts et rivés sur le sol jaspé du dispensaire. Elle n’osait croiser la sentence de son regard, de ses deux topazes perçantes et irrésistibles qui avaient le don de la transpercer de parts et d’autre. L’infernal alliage de peur et d’opprobre empêchait Nozomi d’obtenir une quelconque perspective de réaction, les secondes s’étaient métamorphosées en heures et le temps s’écoulait avec une lenteur pernicieuse. A quoi pouvait-il songer ? Admirait-il le résultat de ses invasions vampiriques et lubriques sur la créature à présent esclave de ses désirs, se nourrir une dernière fois de cette image comme vile victoire avant de laisser la belle périr dans son tourment ? Son susurre fut la lame venue pourfendre la nuque de la jeune femme, son visage s’affaissa d’avantage mais sa poigne ne desserra pas comme la preuve d’un ultime espoir, d’une probable méprise. Puis, elle fut contrainte de lâcher prise, réexpédiée à son statut d’infortunée avec autorité, l’observant dans sa badauderie indécise. Une fois de plus, sa maladie aurait raison de son bonheur, comme la ligature à une douloureuse mais néanmoins réalité qui demeurerait le despote de son existence. Mais qu’avait-elle donc escompté… L’allégresse lui était prohibée, ce n’était pas le hiératisme d’un incube qui démantèlerait sa malédiction. Pauvre idiote.

    Les deux joyaux polychromes emplis de larmes scrutèrent à nouveau le sol, exténués, morts de leur ingénuité infuse. L’une de ses mains enserra le drap nivéen qu’elle avait emporté dans la précipitation à hauteur de son buste pour le réajuster telle une robe impromptue, grimaçant légèrement à chaque affligeante contracture de son diaphragme sous les sanglots devenus presque silencieux. Ses doigts parcoururent à nouveau l’épiderme meurtris de son cou, où bientôt ne demeureraient plus aucune traces de leur coalition mystique, où leur osmose ne serait plus qu’une réminiscence. Pusillanime demoiselle de cristal, les perles lacrymales fluaient de leur propre volonté sur ses blêmes pommettes, elle mordilla nerveusement sa lippe inférieure presque au point de la déchiqueter à nouveau… Qu’attendait-il pour s’en aller ? Désorientée, la nymphe lorgna craintivement Killian, ce dernier la scrutait avec insistance, perdu quelque part dans son esprit. Ainsi observée de cette hauteur, elle se sentait plus insignifiante qu’à l’accoutumée, cependant l’égarement du quidam ne dura pas. Ce dernier revint auprès de son martyr et la tira du marbre froid comme la plus délicate des plumes pour l’agréger à son imposante structure, et la dévisager sans retenue. Lorsqu’il s’agissait de son pédagogue, il était improbable de se conférer à ses simulacres, Nozomi se retenait de lui extorquer ses pensées pour ne plus avoir à subir le poids écrasant de ses magnifiques gemmes. Tous les scénarios semblaient plausibles, son inspiration de dramaturge n’avait plus de lisières après tant de tribulations traversées. Pourtant, ce ne fut pas une gifle en guise de riposte, mais de suaves baisers allant à l’encontre de ses flots d’amertume, tel l’opium de tous ses maux, qui badinèrent sur ses joues. Ses lèvres furent ensuite victimes de leurs délicieuses jumelles avec la délicatesse d’un papillon folâtrant sur les pétales d’une rosacée, batifolant avec lenteur sur la quintessence de leurs sentiments. Il observa ensuite l’étendue de son aliénation, non sans arrimer cette marotte tactile par une exploration manuelle et cette même ambition corporelle qui ne parvenait à s’atténuer. Pouvait-elle encore parler de chasteté lorsque son corps avait été partiellement mais volontairement profané, avec le réel fantasme qu’il ne lui ôte son ascétisme à jamais… Qu’importe, il y avait à l’instant bien plus important qu’une convoitise charnelle.

    Le trait d’esprit souligné dans la première tirade du démon ne fut malheureusement pas pour pacifier l’étudiante, embarrassée par un fait souligné d’humour mais vrai. Vivre vierge d’une souillure licencieuse pour le chemin qu’il lui restait à parcourir, telle avait été sa décision pour panser les blessures de son cœur lorsqu’il explosa en un million d’éclats. A présent, elle n’était plus certaine de rien, et en venait à remettre toutes ses résolutions en doute. Comment un seul homme avait été capable de créer l’apocalypse dans une détermination jusqu’alors inébranlable ? Ce n’était cependant pas n’importe quel homme et toute tentative de qualification était vaine, il était… Bien plus. Ses baisers déposés par intermède à même son cou la firent frémir, mieux encore, ils lui procurèrent un soupçon de réconfort dans un océan de tendresse. Voilà qu’il contredisait la philosophie adoptée et crée de toutes pièces par la frêle asiate, mais pouvait-il seulement imaginer la situation dans laquelle ce germe infernal l’avait plongée ? Elle en doutait, et bien malgré la bienveillance de ses répliques, elle ne les avait que trop entendues de son entourage, des médecins ou de la part d’autres souffrants. Ces discours qu’elle jugeait triviaux, rebattus plus par habitude et naïve gentillesse que par une espérance tangible… Cela en devenait presque prosaïque… Blessant. L’entendre de la bouche de celui qu’elle aimait lui offrait une saveur certes moins âcre qu’à l’ordinaire mais elle savait que jamais elle ne pourrait adhérer à ses dires. Bien trop encrée dans une affligeante réalité, il lui était impossible d’espérer exister sans être rattrapée par sa condition. Killian aurait-il suffisamment de détermination pour lui imposer sa vision des choses et être ainsi le premier à la soulager de sa condamnation ? La diligence dont il fit preuve au fil de ses élocutions, jusqu’à affronter les prunelles de la demoiselle, lui ploya bien plus de crédibilité que ses prédécesseurs. Réceptive et touchée par tant de compréhension, ou du moins essai, elle voulut lui prouver sa bonne volonté en dépit de l’approuver, et parvint à calmer son éplorement.

    Pour la première fois depuis longtemps, la providence fit risette à Nozomi pour lui promettre une alanguissante blandice, inespérée. Cette abnégation, elle l’avait déjà entendue il y a fort longtemps, mais cette fois elle désirait y croire, se dire que demain cet amant ne serait pas l’utopie de sa démence mais qu’elle pourrait s’enivrer de sa fragrance comme en cet instant. Lâche sur le traversin diapré de son nectar, elle oyait les oscillations respiratoires de son professeur comme une douce berceuse, la rassurant de sa présence auprès d’elle. C’était la première fois qu’elle confessait son mal, une épreuve qui l’avait partiellement apaisée mais qu’elle n’aimerait revivre pour rien au monde. Quelle ironie, leurs vies se liaient mais tout les opposait. Il vivrait son éternité pour elle, le savoir sempiternel suffisait à la soulager, comme si son immortalité pouvait influencer sur létalité. Soudain, alors que le silence avait reprit ses droits, un souffle s’écrasa non loin de son tympan pour lui confier la plus précieuse des confidences. Si vite stoppée, il y eut un entracte d’incertitude, avant qu’il ne reprenne sa révélation. Sans lui laisser le temps de réagir, il l’embrassa vigoureusement puis conclut par une formule qui transporta la nippone à la félicité. Percluse par cette déclaration qui outrepassait l’entendement, elle ne put retenir le nouveau larmoiement qui submergea son visage d’une liesse infinie. Logeant sa figure contre lui, elle déversa son hypercrinie silencieusement, se vidant de ce qu’il pouvait lui rester en terme d’aquosité lacrymale. Après ces vagues de pleurs, elle serait incapable d’en déverser une de plus avant une longue période. Une main caressant la nuque du vampire et l’autre l’enserrant un peu plus contre elle, elle patienta le temps de recouvrir ses esprits, de lutter contre l’éreintement qui tentait de la faire sombrer dans les bras d’un autre homme, Morphée. Nul ne pourrait l’arracher à celui qu’elle adulait, pas même ce directeur dont elle avait si souvent entendu parler et qu’elle savait tout aussi démon que son professeur de sciences, s’il venait à apprendre, serait impuissant face à l’effusion de son amour.

    Sans doute ce mutisme était-il pesant pour l’incube en proie à une terrible conjecture. Les circonstances lui avaient permis de confesser une attirance bien plus que charnelle, ignorant si réciprocité il y avait. Mais comment lui dire, lui faire comprendre que ce qu’elle ressentait ne pouvait pas même se traduire dans un susurre, dans un frêle effleurement ou dans une œillade. Jamais encore elle n’avait été consumée par un tel incendie, et s’il ne voulait pas qu’elle pose une quelconque appellation sur cette étrange transe, elle n’en ferait rien, inapte à le faire quand bien même elle le voudrait. Lentement, elle tenta de se mouvoir sur son côté senestre, basculant de sa force précaire l’anatomie masculine conglomérée au-dessus de la sienne. De cette manière, ils étaient tous deux installés sur l’un de leurs flancs, face à face. Les iris versicolores de la jeune femme méditèrent dans l’immensité fauviste de son compagnon, les yeux dans les siens, avant qu’elle ne le plagie en se concédant à son tour une exploration tactile. Son index débuta son excursion à la naissance de son front pour ensuite descendre le long de son nez, et tout droit plonger sur ses lèvres pécheresses, s’y attardant plus longuement, imprimant chacune de ses courbures pour dessiner son portrait. Ses doigts glissèrent alors jusqu’à sa trachée, puis peignirent les cambrures musculaires de son torse avant d’ébaucher sa ceinture abdominale. Sa main s’immobilisa sur sa hanche, puis elle l’enserra pour se plaquer totalement contre lui et quémander son accolade. Les mirettes closes, elle lui répondit enfin d’un timbre à peine audible.

    Je ne pourrais me priver de toi… Elle marqua une courte pause et poussa un discret soupir. Mais tu ne peux pas comprendre, cela fait combien de temps que tu ne te préoccupes plus de ton âge ? Je compte chaque seconde qui trépasse au même rythme que moi, tu ignores ce que c’est de voir ton entourage se mortifier par ta faute, sans que tu n’y puisses rien. La demoiselle lorgna brièvement le dispensaire. Je ne devrais même pas être dans cette école, les médecins me l’ont déconseillé mais je suis tout de même venue en internat contre le gré de ma mère. Je pensais que cela m’aiderait… Ses sourcils se froncèrent tristement. … Mais je me rends compte que je me fais plus de mal qu’autre chose… J’ai tellement peur de devoir m’éteindre dans un hôpital que je cherche à fuir tout ce qui y touche, cependant… Elle émit un rire nerveux. … Peu importe… En parler ne changera rien, il faut faire avec, c’est ainsi, je m’y suis faite…

    S’habituer à l’idée de mourir ? Un mensonge en soi, l’on ne se fait jamais à notre fin. Ce n’était pas une discussion propice à entamer ce qu’elle pensait pouvoir construire avec lui, espérant secrètement qu’il n’ait pas choisi de demeurer à ses côtés sous la pression de sa supplication. Seul le temps saurait apaiser cette angoisse de l’abandon, bâtir une confiance qu’elle était terrorisée à offrir pour le moment. Il ne pourrait de toute façon rien changer à sa modalité à moins de lui transmettre son vénéfice méphistophélique et d’en faire une fiancée du pandémonium. Mais était-il capable d’une telle chose ? Elle l’ignorait, elle ne connaissait que trop peu les différentes hiérarchies de sa race en dépit d’en fréquenter des affiliés, et le précédent vampire qu’elle avait côtoyé n’avait voulu lui fournir plus d’informations. De plus, ce n’était pas une décision à prendre à la légère, celle de troquer son humanité contre la pérennité et basculer dans la pénombre du monde. A y songer, cela semblait pourtant être l’unique soluté de sa lèpre, celle qui lui permettrait de prendre sa revanche sur sa destiné. Boire du sang ? Quelle conception saugrenue… Pas plus que celle de dépendre de médications pour ne pas dépérir. Imaginer un probable avenir avec lui, sans se soucier des quintaux des millénaires était une élucubration idyllique, qu’elle n’aurait peut-être jamais dû considérer au risque de s’y intéresser sérieusement. Il était plus sage de ne pas lui faire partager cette idée dans l’immédiat, elle ne voulait en aucune manière l’insulter en faisant preuve de frivolité sur sa « malédiction », ni même briser cet instant d’intimité et d’absolution. Il était à présent l’un des seuls êtres à lui confirmer qu’elle ne s’était pas battue pour entrer dans cette école en vain, avec quelques rares individus qui avaient su séduire son estime, et sa pensée flua principalement vers sa colocataire et amie, Calypso. Il était parfois nécessaire de se faire violence pour apprécier la douceur d’une accalmie même éphémère, le temps des regrets n’était plus…

    Et puisqu’il n’y avait plus rien à perdre, Nozomi prouverait qu’elle aussi pouvait prendre son courage et abattre les remparts qu’elle avait construits pour se préserver. Doucement, elle s’écarta et défia une fois de plus la faiblesse de son corps en se redressant sur leur alcôve, les dents serrés face à cet effort qui pouvait sembler insignifiant mais qui lui causait de la difficulté. Combien de temps allait-elle encore tenir dans cet état physique ? Certainement pas autant qu’elle le désirerait, et sans qu’ils n’aient pu en profiter les premières lueurs de l’aube s’éveilleraient. La jeune femme scruta les alentours du lit à la recherche de quelque chose, jusqu’à ce qu’elle ne retrouve sa besace qu’elle avait abandonnée non loin de là en arrivant. Celle-ci contenait ses affaires scolaires, une étole diaprée et bien sûr une boite de panacées pour les cas d’urgence… Mais pas seulement. Il lui était impossible d’atteindre son sac en tendant le bras à moins de culbuter sur le sol encore jonché de débris de verre, heureusement que son plus fidèle acolyte se tenait près d’elle : son ombrelle. Accessoire esthétique auquel elle vouait une passion et qui conjuguait sa singularité, beaucoup avaient appris à associer cette extravagance à l’asiate. Elle saisit la dentelle et se servit du manche courbé comme d’une perche pour attraper la lanière de son bissac et ainsi l’amener à elle. Une fois en mains, elle se mit à fouiller son contenu hétéroclite puis en extrait une nouvelle étoffe qui ne serait pas inconnue à Killian. Une cravate d’ébène qui ne quittait plus sa dépositaire depuis qu’elle en avait la charge, un moyen de toujours avoir son professeur auprès d’elle. Ses calots roulèrent sur le tissu qu’elle enroula autour de sa paume avec un frêle sourire attendri, se remémorant leur aparté dans le laboratoire il y a quelques jours encore, où tout ne semblait n’être qu’un jeu. Elle la détailla longuement, comme si elle la redécouvrait à chaque fois, comme une source d’oxygène et de vitalité.


    Elle rit dans un presque soupir. Nommer l’évidence… C’est futile c’est vrai… Mais c’est parfois rassurant de mettre des mots sur ce qui nous échappe, quand cela est possible… La nippone essuya ses joues humides puis noua l’ornement autour de son cou, l’ajustant comme il se doit avant de se tourner vers son amant, un sourire fluet mais sincère aux lèvres. Passons les futilités dans ce cas…

    Se disant, elle allongea à nouveau sa frêle carrure à ses côtés, retrouvant la sécurité de ses bras avec hâte. Une fois conglomérée à sa musculature, elle lui caressa longuement la joue sans le quitter du regard, admirant les stries des faisceaux sélénites jouer de leurs nitescences sur leurs anatomies, ces soit-disant persiennes qu’il s’était amusé à qualifier de fantomatiques. Consciencieusement, ses lippes se joignirent aux siennes en une longue embrassade, omettant radicalement leur continence passée pour s’adonner à l’art d’aimer, de l’aimer. L’envie de se laisser aller à l’indécence avec lui, d’apprendre, de découvrir ce dont elle s’était toujours soustraite et lui accorder ce qui faisait légitimement parti d’une relation comme la leur. Nonobstant cette ardente foucade, il y avait un univers entre l’aspiration à ce partage charnel et y être préparé. Encore psychologiquement fragile, Nozomi ne se sentait pas prête à lui concéder sa pureté comme s’il ne s’agissait que d’une inanité. Peut-être que ses idéaux de jouvencelle candide rendraient plus d’un quidam sardonique, le respect de soi-même s’était dévoyé dans le dévergondage de notre époque, l’ère du libertinage pour une humanité dans le péché de la chair. Elle était pourtant persuadée, et ce en dépit de ses nombreuses incursions sensuelles, qu’il accepterait ce choix et se munirait de patience. Malgré cela, elle ne put s’empêcher de glisser sa main jusqu’à la cavité de son échine pour y faire sinuer ses ongles d’une manière propre à lui arracher quelques frémissements. Puis lorsque leur baiser fut rompu, la jeune femme se recroquevilla contre lui, fermant délicatement les yeux en se laissant bercer par l’aura du vampire. Si elle ne désirait pas profiter de chaque instant avec lui comme s’il s’agissait du dernier, la fatigue l’aurait emportée jusqu’au lendemain, la nymphe luttait contre ce poids encombrant ses paupières. Ce fut lorsque ses muscles se décrispèrent spontanément et qu’elle sombrait dans sa narcose qu’un heurt extérieur la fit sursauter. Qu’était-ce ? Une sentinelle ? Un professeur ? Un élève ? Un intrus ? Un chat dans la nuit ?… Bien que cela ne semblait être qu’une alerte d’envergure dérisoire, elle avait rappelé une chose à la sylphide : Ils n’étaient pas en sécurité. Que se passerait-il si l’infirmière visitait sa patiente et qu’elle trouvait là, accolés, un professeur et une élève ? Pire encore si elle était apte à discerner la relation d’un vampire et d’une humaine, un ensemble d’éléments qui ne jouaient pas en leur faveur. Soudainement anxieuse pour la sûreté de Killian, elle murmura au plus bas.

    Tu ne penses pas que c’est… Elle hésita, puis fini par continuer, à contre cœur. Que c’est risqué que tu sois ici… ?
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