Académie Bathory
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Demeure des Bathory, devenue Académie, qui accueille tant les humains, que les vampires...
 
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 Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]

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¤ La folle à l'ombrelle ¤

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Nozomi Shimatani

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MessageSujet: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyDim 9 Mai - 20:08

    L’anatomie humaine était un sujet universellement passionnant… Un système organique et nerveux d’une telle complexité, un engrenage minutieux dans lequel un grain de sable camouflé pouvait en abattre l’immunité. Les scientifiques faisaient partis de cette catégorie de personnes pragmatiques qui fondaient leurs avis sur des notions pratiques, à travers de multiples expériences… Combien de fois Nozomi s’étaient sentie tel un cobaye sous les pulsions expérimentales de médecins et leurs collègues dont le dialecte thérapeutique était incompréhensible. Elle se souvenait d’une fois, lorsqu’un laborantin lui avait énuméré des os du corps humain en lui apprenant qu’ils se comptaient au nombre de deux cents six dans sa globalité, alors qu’on lui effectuait une ponction lombaire. Une façon de détourner son attention de la douleur plutôt atypique, mais qui l’avait pourtant marquée au point qu’elle aille par la suite vérifier l’authenticité de ses dires. La demoiselle ne pouvait s’empêcher l’envie de dénombrer les ossements de son meilleur ami dans cette salle de cours, une sépulcrale reconstitution squelettique installée non loin d’elle. Le regard fixe sur ce dernier, elle grignotait dans un réflexe notoire l’extrémité de son stylo entre ses incisives centrales dans une expression faciale proche de l’absence intellectuelle. Les élèves avaient parfois cette faculté d’être présent de corps et loin d’esprit, cela était valable même pour ceux pouvant se vanter de figurer parmi les premiers de la classe telle qu’elle. Installée dans les méandres de son âme, elle pensait encore au dernier roman qu’elle avait dévoré presque toute la nuit durant et qui lui avait laissé un arrière-goût morbide lorsqu’elle en avait lu l’ultime page. Un dénouement tragique qu’elle voyait avec fatalisme, exactement comme elle voyait sa propre existence et le sort qui lui était réservé.

    Un soupir las, et le baryton qui expliquait la leçon lui parvint aux tympans. Jugeant qu’il était temps de se reconcentrer au risque de passer à côté d’informations importantes, la nippone se replongea dans ses notes et croquis en triturant le ruban satiné céruléen qui orné son cou. Une journée de cours qui se terminerait bientôt pour son plus grand soulagement, elle avait jusque là réussi à lutter contre l’épuisement qui avait fait tripler le poids de sa tête, mais plus les heures avancées et plus l’épreuve devenait ardue. Avec un tel emploi du temps, elle n’avait pu flâner dans la bibliothèque et avoir sa controverse philosophique quotidienne avec Clarence, ce même être qui lui avait confié bien malgré lui un secret des plus hermétiques… Depuis cet invraisemblable épisode d’hydratation sanguine, c’était un regard curieux mais soupçonneux qu’elle portait sur les habitants de l’académie. Lesquels de ses camarades ne faisaient que revêtir un masque d’innocence ? Peut-être ce garçon sur le point de se déboîter les cervicales pour tenter de comprendre le sens du schéma au tableau, ou cette fille plus éprise du professeur que de ses dires… Le professeur, justement. Elle posa ses yeux bicolores sur lui et l’observa ainsi pendant un long moment, comme l’on observerait une mystérieuse créature. Killian Noctoban n’était pas seulement un sensei, il était à lui seul une énigme et un homme insondable. Non dénué d’un charme et d’un aplomb ankylosant, un tout qui avait le don d’effaroucher Nozomi qui faisait aussi bonne figure qu’elle le pouvait. Cette dernière se concentra sur les iris fauves de son enseignant en plein discours, elle contracta la commissure de ses lèvres en soutenant son menton de l’une de ses mains et tenta de les imaginer d’une teinte écarlate flamboyante. Elle secoua vivement la tête face à la bêtise de sa pensée, voilà qu’elle le suspectait d’être un vampire, qu’elle se sentait idiote…

    Sûrement pas plus idiote qu’à l’instant où elle croisa son regard et se fit surprendre en pleine rêvasserie sur sa personne. Elle baissa aussitôt la tête vers ses feuilles, une main en guise de visière, honteuse de s’être fait prendre aussi bêtement. Elle se jura alors de ne plus redresser le menton avant la sonnerie de fin et de sortir à toute allure pour rejoindre sa chambre. Soudain, alors qu’elle écrivait, son avant bras eut un spasme qui l’entraîna sur sa droite, laissant une grande rature bleue au passage. La demoiselle resta un moment désemparé avant de frapper doucement son front contre la table en se tenant les cheveux. Elle retint un grognement entre ses dents serrées et se mit à jurer contre son corps dans des sermons silencieux. Cherchant à retrouver son calme, elle demeura ainsi, joue logée contre ses écrits, jusqu'à s'assoupir. Retirée au coeur de ses chimères, plus aucune notion ne lui appartenait. Bientôt, la salle fut vide, le cours aboutit et une belle endormie abandonnée dans l'inertie.
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Killian Noctoban

Killian Noctoban

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MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyLun 10 Mai - 8:50

Pendant ses discours longs et certainement plus qu’ennuyeux pour les élèves obligés de l’écouter, il arrivait souvent que Killian, tout autant qu’eux, s’évade et pense à autre chose. A ce moment là, alors, il parlait de façon automatique ou plutôt machinale, paraissait enseigner comme d’habitude mais se baladait dans un autre univers, une autre dimension. Justement, cette dimension là, était plutôt particulière. Un détail avait attiré son attention. Et, alors qu’il montrait d’une baguette un ensemble d’osselets assez complexe, pour y expliquer son intérêt de sa voix grave et monotone, ses yeux dérivèrent vers l’enceinte de la cour. À travers la fenêtre il voyait non loin du préau trois formes régulières. Elles étaient trois. Trois sublimes fleurs écarlates baignant dans l’éclat doré de la Sérénissime, trois rubis dans un écrin de soie ambrée. Trois comme une Sainte Trinité, trois comme les Parques dans les temps anciens. Trois pour célébrer l’amour, les arts et l’esprit. Ensorcelantes et détaillées comme jamais par son œil de félin. Un spectacle éblouissant qu’offrait ce coucher de soleil en toile de fond nuançant ainsi les teintes de ces trois œuvres de la nature. S’extasier sur trois fleurs pouvait paraître stupide, dénué de sens, et vain pour un grand nombre d’individu -mais mieux que « s’extasier » il y avait « analyser »- et c’est ce que prenait plaisir à faire ce professeur de sciences aimant des chefs d’œuvres de la nature s’offrant au regard du premier venu mais n’étant jamais assez souvent pris en compte voire même ignorés pour cause d’habitude…de lassitude…ou bien même d’inattention volontaire. Il ne jugeait pas son soudain intérêt pour ces trois roses écarlates comme un moyen de compenser l’ignorance de chacun mais plutôt comme un devoir permettant à la nature d’évoluer et non de se laisser mourir, abandonnée, ignorée, oubliée voire même détruite par les habitants de cette planète certes étrange mais précieuse.

Pour lui conserver son environnement, d’un point de vue égocentrique, revenait déjà à se conserver soi-même. Se permettre de vivre dans un confort de beauté satisfaisante au lieu de rechercher à parfaire constamment son entourage à ses propres gouts. Il fallait apprécier les choses telles quelles sont, et même si cela semblait insignifiant, ces roses permettaient déjà à Killian de sortir de cette rengaine machinale, de cette récitation non poétique, qui détruisait jour après jour son amour pour les sciences. Non pas qu’il n’aimait pas enseigner les sciences, il s’agissait en fait de la manière de les enseigner qui pouvait agir sur l’intérêt qu’il en résulte. Et, malgré lui, enseigner s’ajouterait bientôt aux nombreuses choses laissées de côté durant sa longue existence. Absent, il ne le fut pas longtemps. Son esprit à moitié connecté avec la réalité, rejoignant peut-être ceux de ses élèves par intermèdes, vint se braquer sur une table précise à un instant, environ cinq minutes avant que le gong ne libère ces malheureux innocents de leur attente interminable.

Elle faisait partie de la tête de classe. Il l’avait en premier lieu remarquée pour sa particularité - deux yeux verrons rarissimes -. Puis, pour sa beauté, raffinée et étrange à la fois. Enfin, il s’était laissé guider par ses instincts et l’avait approchée pour découvrir plus, comme un caractère surprenant, et une intelligence vive et satisfaisante. Une qualité de rédaction rare dans ses copies qui laissait le lecteur dans un état transitoire joignant le plaisir et l’abandon. Même pour un vampire aussi expérimenté, cette jeune fille restait un mystère à élucider telle une fleur enfermée qu’il voulait tant et si bien délivrer et en voir les plus beaux supplices. Comparables à ses trois roses écarlates l’ayant distrait? Oui, sans la moindre hésitation.

Mais voilà que cette fleur humaine parut déboussolée – comment cela se pouvait-il – son cours était-il aussi ennuyant qu’il le croyait ? Ou bien avait-il, dans ses songes et analyses environnementaux, laissé échapper de ses lèvres une imbécilité ou une fausseté que personne n’avait remarquée sauf elle ? La réponse n’était pas évidente, mais le résultat, si. Nozomi Shimatani sombrait peu à peu dans les bras de Morphée après avoir tant bien que mal lutter contre cette lourde vague de fatigue..Elle s’en était allée, loin, peut-être rêvait-elle déjà ? Il voudrait alors savoir ce qu’il en est. Et, lorsque le troupeau d’élèves avide de respirer et de passer à autre chose, se précipita vers la sortie avec hâte, seule, elle, cette adorable créature, persistait.

Sur cette table faite de bois noyer gravé - riche dans ses motifs et d’une exécution élaborée ; une de ces œuvres qui doivent leur existence à l’ère élisabéthaine - cette créature façonnée selon toutes les formes les plus adorables reposait dans un demi-sommeil. Une fille jeune et belle comme un matin de printemps. Sa longue chevelure s’était échappée de ses liens et cascadait sur les ornements noircis qui couvraient le cadre de la table. Elle avait un bras en dessous de la tête, l’autre pendait presque dans le vide. Un cou et un sein qui aurait formé un sujet d’étude pour le plus rare sculpteur auquel la Providence ait jamais donné du génie, étaient à demi découverts… Elle geignit légèrement dans son sommeil et une ou deux fois les lèvres d’éclat vermeil tel les yeux d’un renard bougèrent comme une prière, témoins d’un assoupissement profond.
Alors ce rythme apaisant, ce va et vient régulier l’attira à elle. Il s’avança lentement et discrètement. Un parfum étrange, délicat mais qu’il connaissait émanait d’elle, l’incitant à avancer plus.


« Inconsciente … »songea t-il alors.

Puis brutalement, et un instant, il chuta. Une soif terrible. Un poids intolérable s’écrasant sur lui. Une prison – prison de chair…Une souffrance plus atroce encore qu’une agonie. La faim. Ses yeux plissés s’ouvrirent, elle se tenait si prés….si atteignable, si fragile…si…délicieuse. Il pouvait déjà sentir son nectar couler en lui, lui procurer une puissance inégalable.

Mais il y avait la vie, l’émotion, la restriction. Et pour s’apaiser il engloutit une de ses poches de sang qu’il dissimulait secrètement dans la poche intérieure de sa veste. Il ne fallait pas. Et puis, quel intérêt ? Si après cela, il ne pourrait plus contempler la finesse de ces traits fragiles et envoutants. Rassasié, même trop peu, il se calma, il fit un effort pour se donner une contenance….et s’approcha d’elle jusqu’à arriver à la table où il posa sa main délicatement. Puis il approcha ses lèvres entrouvertes de l’oreille de la jeune femme assoupie. Chercherait-il encore une fois à la taquiner prétextant exercer son métier ?

Alors d’une voix douce et grave, il murmura :


« Debout, belle endormie… »
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Nozomi Shimatani

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MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyLun 10 Mai - 17:10

    Parfois il était apaisant de s’expatrier loin des rebondissements factuels, dans cet endroit où tout nous appartient, et tout nous échappe à la fois, dans notre propre pays des merveilles. Le psychisme était une fois de plus une notion bien fascinante de l’être humain ou toute autre créature dotée d’un tant soit peu d’intelligence. Comment défaire cette complexité filandreuse établie sous forme d’un réseau à la minutie perfectionniste ? Le système nerveux pouvait être considéré comme le point de contrôle informatique du corps, et il arrivait que leur coordination soit altérée. Nozomi s’était dilacérée la chair sur les mucrons de la rose paternelle et n’eut senti que trop tard le venin fluer dans ses vaisseaux nervurés pour muter jusqu’à son âme. Une toxine viscérale qui avait fait son nid et partait à la conquête de la demoiselle dans une soif de triomphe et une cruauté qui n’avait nul égal. Pour elle, si la vie quotidienne n’était pas doucereuse blandice, le sommeil pouvait être synonyme de prostration inconsciente. Ainsi, le repos n’en apportait justement pas toujours, et l’on se réveillait avec autant de fatigue qu’au moment de l’étreinte de Morphée. Les mauvais rêves se remettaient à la pourchasser, sans frôler une réelle peur, ils n’en demeuraient pas moins angoissants et surtout énigmatiques. La logique était un concept parfois bafoué dans les songes, elle avait depuis longtemps cessé de le chercher dans les siens et refusait de se livrer à une introspection dans le but de les déchiffrer. Martyr de son destin, elle avait compris qu’il y avait certaines choses qu’il ne valait mieux pas savoir, elle laisserait ses angoisses périr dans la mutité au plus profond de son esprit et ce même si celles-ci continuaient de se manifester sous forme d’images illusoires. Ce qui la faisait ainsi geindre et gesticuler sur sa couche improvisée n’était qu’un spectre revenu la hanter d’une aménité amère, une chimère dont elle aurait oublié l’existence une fois soulagée de son influence, ce qui ne saurait tarder.

    Dépossédée de sa bienséance naturelle, l’étudiante était loin de se douter du nouveau canular dont elle était victime et encore moins de l’auguste incube aux pulsions déshydratées qui se plaisait à l’observer. Dans toute sa candeur séraphique, la belle au bois dormant aurait été incapable de se réveiller seule avant de longues heures, mais ce n’était pas le baiser de son prince qu’elle attendait. Elle ne le sentit pas approcher, ne sursauta même pas à son élocution qu’elle avait pourtant entendue. Encore trop éloignée de la réalité pour poser la bonne identité sur cette voix, elle pensa spontanément qu’il s’agissait de son beau-père l’ayant comme toujours retrouvée assoupie sur son bureau. Elle prit une lente et profonde inspiration qu’elle bloqua en contractant les muscles de ses épaules, logeant son front contre la table, un bras tendu le long de la table. Ses doigts se heurtèrent à la main de Killian, qu’elle finit par poser dessus en une caresse affective destinée à un homme autre que son professeur de sciences. Ses lèvres charnues s’entrouvrirent pour glisser quelques murmures dans sa langue maternelle, incompréhensibles pour quelqu’un n’ayant jamais pratiqué le japonais. La nippone s’immobilisa avec la volonté de replonger dans son sommeil avant de plier son bras tendu pour suivre l’angle de la table. Sa main balaya sa trousse qui se retrouva au sol, vidée de son contenu dan de multiples bruits de choc. Surprise, elle redressa la tête en une mimique indécise, les yeux à peine ouverts et se pencha sur le côté pour constater les stylos éparpillés. Recouvrant progressivement sa vu et sa clarté d’esprit, elle identifia deux pieds qui continuaient en une paire de jambes qu’elle eut du mal à analyser. Au bout d’un instant, son visage retrouva une expression normale, teintée d’une pointe d’appréhension tout de même en imaginant la situation dans laquelle elle s’était encore mise.

    Seuls ses calots grimpèrent le long du corps masculin, ensuite suivis d’un lent redressement de tête pour finalement confirmer ses doutes et se retrouver nez à nez avec son enseignant. Ses iris plantés dans les siens, elle ne fit que cligner des yeux et demeurer ainsi à le regarder sans savoir pourquoi, simplement pour constater sa présence et surtout reprendre pleinement conscience. Son cœur se serra brutalement en comprenant qu’elle s’était endormie, et pire encore, que ce n’était pas la main de son beau-père qu’elle cajolait. Une claire bouffée de chaleur l’envahit, poussée par un embarras inqualifiable. Nozomi se jeta genoux à terre en balbutiant des excuses confuses, se hâtant de rassembler son matériel, elle manqua d’ailleurs de passer entre les jambes de Killian dans la précipitation en voulant attraper un crayon. D’ordinaire si flegmatique, elle avait bien du mal à garder cet état d’esprit lorsqu’il était proche d’elle, elle en devenait nerveuse au point de parfois manifester une maladresse qu’elle n’avait habituellement pas. Bien entendu, les convenances l'obligeaient à garder un semblant de dignité que son affectueux bourreau aimer à abattre, et si elle pouvait elle aussi faire preuve de caractère sous ses attentions sensorielles, son cruel manque de confiance en elle en faisait la plus précaire des deux. La demoiselle se redressa, jugeant qu’il n’y avait plus âme qui vive dans la salle, elle se tourna vers l’horloge murale pour constater que l’heure avait soudainement fait un bond depuis la dernière fois qu’elle l’avait regardée. Sans attendre, elle remballa ses affaires et posa son sac fermé sur la table. Cependant, elle ne pouvait décemment par se sauver sans présenter d’excuses correctes, elle fit donc un pas en arrière, réajusta rapidement sa robe opaline et s’inclina respectueusement.


    Gomenasai sensei…

    Dans l’élan de sa recherche de pardon, elle s’était exprimée et avait agi dans les commodités de sa mère patrie. Il n’était pas rare que ses racines la rattrapent dans des réflexes qui lui échappaient, et même si elle était certaine qu’il comprendrait, elle se devait de parler dans la langue de la nation qui l’accueillait. Dans certaines circonstances, il n’y avait pas de barrière de langage, en l’occurrence il n’était pas dur de deviner les intentions de la jeune fille, mais par simple principe et après avoir retrouvé un semblant de calme, elle articula en un parfait français.

    Veuillez m’excuser…
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Killian Noctoban

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MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyLun 10 Mai - 18:04

Après avoir chuchoté au creux de son oreille, la jeune fille ne s’était pas immédiatement réveillée. Un assez long et étrange instant dura, instant durant lequel la jeune femme, inconsciemment, mais surement, posa sa frêle main sur celle de Killian pour l’étreindre doucement et affectueusement…comme si elle le prenait pour quelqu’un d’autre. Ce geste fut aussitôt accompagné d’un murmure presque incompréhensible s’échappant de cette attrayante bouche qu’il dévorait en songe. Puis, venant interrompre toute ataraxie, ou silence, la chute de cet objet que possédait chaque étudiant dans son arsenal, une trousse, servant à stocker des stylos et autres fournitures scolaires, acheva l’œuvre en cours, et fit bientôt émerger la jeune femme, qui maintenant s’offrait à tout regard avisé, en s’étirant et en ouvrant peu à peu ses yeux si particuliers.

Cet enchaînement ne manqua pas de raviver en Killian cette souffrance aigue que lui procurait la privation. Seule la volonté de ce vampire l’empêchait de répondre à cet irrésistible appel. Une volonté qui dépassait tout ce qui était possible à un homme d’endurer. A une femme également. Mais Killian était bien plus qu’un simple humain. Et bien moins, également. Il était autre. Un autre qui se délitait sous les coups de boutoir de la faim et du froid, et de souvenirs ardents qui le dévoraient chair et âme. Repoussant son désir de se jeter sur cette adorable créature qui s’offrait dans toute sa splendeur - et sa répugnance assimilable à sa nature fragile et appétissante – il se força à tourner le regard, cherchant avidement un autre point d’attention lui permettant d’oublier la sensation – exquise – de cette peau de couleur rosée venant se joindre à la sienne, et de cette beauté révoltante et pourtant méconnue de sa propre créatrice.

Mais lorsqu’elle s’éveilla, surprise, légèrement déboussolée et tentant de comprendre sa situation ; tentant de réfléchir au pourquoi du comment cette insolente trousse avait osé s’étaler ainsi sur le sol et faire rebondir chaque stylo dans un bruit de tapotements insupportables ressemblant comme deux gouttes d’eau au fracas produit par de la grêle se jetant contre une baie vitrée, ou bien à la décharge intermittente d’un tir de mousquet, lorsqu’elle compris enfin que cette main qu’elle caressait n’était autre que celle de son professeur, enfin de cet homme qui prenait un malin plaisir à la taquiner ; à cet instant, elle émergea totalement – presque paniquée – se rendant compte de l’audace inconditionnelle de son acte inconscient et des conséquences qu’il pourrait engendrer. Se jetant sur le sol, confuse, pour ramasser ses stylos à vitesse grand V, elle rougit de plus belle laissant la maladresse s’emparer d’elle, et, une fois les crayons rangés, elle se releva pour exprimer son désarroi en excuses qui témoignèrent - par leur double interprétation - une nouvelle fois de l’état de panique dans lequel se trouvait cette pauvre humaine.

Deux réactions pouvaient être envisagées. Soit, ce vampire mystérieux et corrompus utilisait cet acte, faisant mine de ne pas comprendre l’objet d’une éventuelle méprise, pour martyriser encore et de plus belle la jeune femme. Soit, il acquiesçait, la rassurait, et acceptait ses excuses sans broncher et sourciller. De plus, sa voix, malgré son affolement et sa gêne, possédait une douceur sincère qui pourrait influencer l’action et conduire les deux individus à une série de convenances s’achevant à une séparation dans les normes. « Convenances » ? « Normes » ? … Connaissait-il seulement cela ? Oui, bien entendu, depuis des lustres. Mais, tout comme l’enseignement bientôt, il s’en était lassé. Il était joueur, et quand il s’agissait de cette charmant humaine, Nozomi Shimatani, les politesses se limitaient à la bienséance…mais non à la restriction.

Alors d’une moue narquoise, retirant son long manteau noir qu’il jugea soudainement futile, il laissa échapper un léger rire - - presque inquiétant – de sa bouche encore entrouvertes. Les événements produits, certes désirables en détail, restaient en apparence assez comiques. Il était à présent en chemise, blanche, déboutonnée à partir de son plexus et ornée d’une cravate mal mise, preuve d’une négligence matinale. Il s’appuya alors sur la table, et croisa les bras. Puis, en parfait comédien, pris un air sévère ; fronça les sourcils et fixa intensément ses prunelles dans celles de son élève -il savait cela très perturbant – tout en répondant d’un ton sec et en énumérant sur ses doigts :


-« S’endort en cour, tente de séduire son professeur de science par des caresses hasardeuses, s’excuse en japonais et se sent obliger de traduire prenant par conséquent l’individu devant elle pour un parfait inculte…et j’en passe… Vous me semblez bien insolente, Mlle Shimatani. »

Se délectant intérieurement de ce rôle de professeur incendiaire qu’il adoptait, après avoir fini de parler, il passa une main dans ses cheveux d’un air contrarié, quittant un instant les yeux de la jeune fille. Il se dirigea ensuite vers Nozomi, arrivé devant elle, il se pencha pour mettre leurs visages au même niveau et tout en arborant un malicieux sourire en coin et en jouant avec une des longues mèches des cheveux de la jeune femme, il reprit :

_ « Vous ne pensez tout de même pas vous échapper si vite sans subir le moindre châtiment ? » Ses yeux orangés se posèrent indécemment sur les lèvres frémissantes de Nozomi avant de descendre un peu plus bas. Puis d’un air provocateur, il ajouta : « Etant donné que vous n’avez pas réellement suivi mon cour, je me vois dans l’obligation de vous faire un petit cours de rattrapage… »
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Nozomi Shimatani

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MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyLun 10 Mai - 18:28

    Il était amusant de constater à quel point le destin pouvait se jouer de vous… Nozomi n’en était pas à son premier cours de la journée, elle en avait eu plusieurs dont un avec son cher complice culinaire, son professeur de langues vivantes, avec lequel elle avait entre autre pris le temps de bavarder, à nouveau emportée par son chauvinisme. D’ailleurs, quelques secondes de plus et elle serait arrivée en retard à son heure de sciences, un argument nocif qui aurait pu se rajouter à sa longue liste de bévues. Si elle n’avait été victime que de quelques étourdissements, elle restait déconcertée face au coup du sort qui l’avait assommée durant l’unique scène journalière dans laquelle elle ne pouvait se permettre un baiser soporeux de Morphée. Les grands débats professoraux étaient des divertissements auxquels la demoiselle aimait s’adonner pour apprécier la culture et la maturité des « adultes », cependant, les ambiguïtés sensorielles et orales de Killian l’avaient rapidement dissuadée de partager plus que les heures obligatoires en sa compagnie. Loin du fait qu’elle ne trouve pas le quidam en question intéressant, sous l’aspect le plus décent du terme, mais elle restait ombrageuse sur quelques envies dissolues de sa part qu’elle tentait de justifier comme fruits de sa propre imagination. L’idée d’être seule avec lui provoquait déjà des frémissements d’appréhension en son échine, il ne portait pas l’ombre d’une hésitation lors de ses taquineries publiques, la tentation de la pousser aux lisières de la convenance ne pouvait ici qu’être accrue, logique qui n’était pas pour la rassurer. Il aurait été vain de stimuler sa rémission à grandes élocutions de pardon plus qu’elle ne l’avait déjà fait, elle ne pouvait à présent plus que patienter dans une anxiété certaine sur l’annonce de son jugement. Ses iris bicolores venaient de se prendre de passion pour le sol de la salle qu’elle scrutait tel un chérubin en faute, triturant ses doigts en se demandant quelle fabulation il allait trouver en guise d’expiation.

    Ce ne fut que lorsqu’elle entendit les frictions de sa veste d’ébène et qu’elle l’aperçut vaguement s’agiter qu’elle daigna redresser un tant soit peu le visage, qu’elle détourna tout aussi furtivement à la vu de ses courbures thoraciques. Dans un réflexe, elle réajusta le tissu de sa robe au même niveau que venait de dévoiler son professeur tout en glissant l’ongle de son majeur au-dessus de son oreille pour y rabattre une mèche rebelle. Son rire grave ne fut pas pour tempérer sa pointe d’inquiétude, elle demeura cependant telle une œuvre sculptée, immobile. Le ton péremptoire qu’il emprunta surpris la nippone qui, au fil de ses mots, releva la tête en un presque bond, la bouche et les yeux grands ouverts dans une mimique désemparée. Elle s’était préparée à un sermon, mais pas à une accusation de tentative de charme qui lui offrit une palpitation prête à la faire réagir. Elle croisa cependant le regard fauve de son pédagogue qui suffit à la dissuader de lui faire affront, autant par son intensité que par le fait avéré qu’il avait le droit et les raisons de réprimander son élève. Fixant à nouveau ses pieds, ses lèvres se contractèrent en une moue crispée qui retint une amère envie de répartie, préférant opter pour un mutisme respectueux au risque d’aggraver la situation. Mais bien entendu, cela ne suffit pas à un homme tel que Killian, visiblement décidé à s’amuser. Celui-ci se rapprocha, jusqu’à se pencher pour que leurs visages soient face à face, obligeant la demoiselle à exécuter une légère inclinaison vers l’arrière en l’observant. L’attitude qu’il prit contribua à une gêne notoire bien qu’elle ne fut qu’à moitié étonnée de son naturel provoquant ainsi que de sa fâcheuse tendance à la dévorer des yeux de la sorte. Dans une discrète déglutition, elle chercha rapidement quoi faire avant que le scientifique ne se jette sur son sujet anatomique pour en explorer les recoins.

    D’un mouvement dextre, Nozomi attrapa son ombrelle déposée sur la table par sa toile azure repliée, un objet dont elle ne se séparait jamais, par tout temps, et qu’elle possédait sous diverses matières et couleurs. Elle tendit le bras et parvint à saisir le squelette d’exposition monté sur roulettes et soutenu par un dispositif de tiges métalliques à l'aide du manche courbé de l'ombrelle, qu’elle tira vers elle. Faisant un pas en arrière, elle le plaça entre eux telle une barrière osseuse et en saisit les côtes en arborant un sourire nerveux, une fois l’ombrelle reposée. Son improvisation laissait à désirer, mais il lui fallait se sortir des mailles du filet de son professeur et ce n’était pas la première fois que son comparse squelettique lui sauvait la mise, sans doute l’une des raisons qui faisait qu’il avait toute son amitié. D’ordinaire, les cours de rattrapage étaient de bonnes occasions pour permettre un échange plus élaboré dans le but de parfaire ses connaissances ou combler ses lacunes. Elle doutait cependant des méthodes de Killian bien qu’à l’aboutissement, ses leçons restaient passionnantes à écouter. A moitié camouflée derrière son garde du corps quelque peu décharné, elle se pencha sur le côté, épaules relevées et répondit sur un enthousiasme tout aussi nerveux.


    Si je puis me permettre, votre cours d’aujourd’hui portait sur les différents os du corps humain, vous avez d’ailleurs précisé que le squelette faisait parti du système locomoteur. Elle pointa un os du doigt. L’os le plus long est le fémur. Elle se redressa et tapota le crâne de ses ongles. Le plus petit est l’étrier situé quelque part dans l’oreille. Vous avez par ailleurs insisté sur l’importance de ce maintien osseux que vous avez qualifié de « charpente », puis avez démontré à travers vos divers croquis l’importance des différentes compositions musculaires, et avez enchaîné sur l’os occipital, les temporaux, les pariétaux, l’… Le… Euh…

    Nozomi se crispa face à son oubli… Elle ignorait combien de temps elle s’était assoupie et de ce fait quelle quantité du cours elle avait pu manquer. Malgré son appétence pour les connaissances que l'on pouvait lui transmettre, il y avait un fait non négligeable qui lui avait déjà joué des tours lors des interrogations. La destruction des cellules de son système nerveux lui causait par moment des pertes de mémoire, et il semblait qu'elle soit victime de l'un d'entre eux sur la leçon qu'elle avait pourtant écouté, et dont elle connaissait déjà certaines informations pour ses nombreuses visites médicales. Elle fit glisser sa main le long de son visage, forçant sa réflexion pour ne pas perdre la face, chose qui lui arrivait trop souvent face à son enseignant lors de ses assauts taquins. La jeune femme avait pleinement conscience du jeu dont il s'offrait les rênes, ce qui lui échappait était la source de cet amusement. Loin d'être quelconque, Killian souffrait assez de sa notoriété chez les étudiantes pour s'adonner à la séduction avec l'une d'entre elle qui serait authentiquement comblée de cette attention particulière. Pourquoi s'intéressait-il à une jeune fille effacée, aussi fragile qu'une poupée de porcelaine aux moeurs mélancoliques. Elle se mit doucement sur la pointe des pieds pour passer son visage au-dessus de l'épaule de la construction osseuse et lancer un regard navré à son interlocuteur.

    ... Je suis désolée, je n'ai pas senti le sommeil m'emporter mais soyez sûr que cela ne concerne nullement votre matière ou vous-même... Cela ne se reproduira plus...
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Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] 695661mo
Killian Noctoban

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MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyLun 10 Mai - 18:37

D’un ton hésitant mais se voulant persuasif, Nozomi tenta de prouver sa crédibilité aux yeux de ce professeur amusé. Dans une restitution au commencement irréprochable, elle répéta mot pour mot ce qu’il s’était évertué à expliquer une demie heure auparavant. Puis elle s’arrêta, butant contre un de ces noms fantaisistes que les hommes donnèrent aux parties du corps il y a des siècles de cela… noms qui, Killian devait bien l’avouer, ressemblaient plus à une tentative de reconnaissance intellectuelle par la recherche et la complexité qu’à un besoin de ranger dans une catégorie précise un élément particulier pour le définir et lui attribuer une fonction, un sens. N’importe quel autre élève à la place de cette jeune humaine, ne pouvant restituer parfaitement les innombrables informations - exposées pendant l’heure de cour - dans un résumé organisé, aurait bénéficié de la complicité de ce professeur, qui certainement plus agacé qu’autre chose, aurait laissé l’inculte fuir sans expiation. Mais, cette élève là, qui utilisait ridiculement un squelette désarmé et trop surmontable en guise de protection, cette élève qui pressentait l’intention joueuse de son professeur, ne pouvait, par principes, bénéficier d’une quelconque compréhension et s’enfuir à grandes enjambées.
Alors que bientôt la sueur perlerait sur son front, fruit d’une agitation cérébrale intense, ou panique. La jeune femme victime de ce fossé neuronal, origine de cet oubli soudain, réalisa sa position.
Autour d’elle le monde poursuivait sa course immuable.

En dépit de l’heure tardive, une réelle agitation régnait à l’intérieur des remparts. Les cours qui touchaient à leurs fins, répandaient dans les couloirs ses flots bruyants de badauds et d’élèves désireux de fuir la bise acérée. On les voyait se hâter, par groupes de deux ou trois, vers des lieux plus hospitaliers que ces venelles venteuses, emmitouflés dans leurs lourds manteaux gansés de fourrure, de lourds bonnets de velours sombre enfoncés jusqu’au yeux. L’heure était aux réjouissances, pour eux, comme en attestaient les rires et les chants qui s’échappaient déjà des différentes salles ou chambres de l’université. A l’extérieur des remparts, dans la ville voisine, les tavernes se remplissaient de voyageurs désireux de s’aviner, de bourgeois en mal de sensations fortes et de soldats débauchés. A grandes lampées dorées, ils épongeaient les menaces d’invasion, tandis que d’autres pleuraient sur leurs bénéfices en baisse, appelant les cieux de leurs prières afin que les troubles cessent et que les affaires reprennent. Ce monde en pleine déliquescence, si l’on en croyait les dernières nouvelles, ne convenait pas à ces marchands, qui préféraient un pays stable et des clients en confiance. Même dans ce coin adossé à la mer et à ses promesses lointaines, l’inquiétude maintenait au chaud, âmes et devises. L’incertitude du lendemain, inhérente à la condition humaine, ne fait pas bon ménage avec les envies de réussite et de richesse.

Il semblait que sa personne s’était échappée de cette spirale infernale, il l’avait obligée à rester avec lui. Utilisant à nouveau son statut pour prétexte. Ainsi, elle n’irait pas rire avec ses amis ce soir là. Du moins elle ne les rejoindrait pas tant que Killian ne se serait pas assez divertit. Elle serait son jouet, ou plutôt son pêcher. Cette cruelle tentation qui déclenchait en lui une soif bien plus impérieuse que la vie elle-même. Une soif à laquelle il résistait depuis de lustres, une douleur devenue si intense que chaque seconde lui paraissait une éternité. Toutes les cellules de son corps hurlaient leur faim à se déchirer, bouches avides prêtes à se jeter sur la moindre parcelle de nourriture. Prête à s’ouvrir à la moindre offrande.
Sachant sa présence et son attitude troublantes pour Nozomi, il se rehaussa, et pris le squelette délicatement, même si ses pulsions l’auraient plutôt poussé à l’envoyer valser contre le mur pour se jeter sur cette humaine et assouvir ses moindres désirs. Lentement, certainement pour ne pas choquer ou perturber la jeune femme, il le mit de côté, brisant ainsi cette insignifiante barrière qu’elle avait installée entre eux. S’approcha, une nouvelle fois, avança jusqu’à elle l’obligeant à reculer en même temps, et la fit buter contre une autre table, table sur laquelle il posa ses mains, encadrant la jeune femme par la taille et l’encerclant de sa carrure démesurée. Elle pouvait s’échapper, évidemment, mais il faudrait pour cela qu’elle ose toucher son professeur pour le bousculer. Alors, en dominant, il l’emprisonna du regard et répondit d’un ton mélodieux mais soutenu d’une voix grave et sévère :


« Cela n’aurait pas du se produire… « Il s’arrêta un instant le temps de balader ses yeux volontairement sur son corps tremblant pour déstabiliser son élève, et reprit. «Il me paraît surprenant que vous n’ayez pas cherché à contrecarrer mes propos….auriez vous donc réellement eu l’intention de me charmer ? La raison vous aurez t-elle abandonnée ? »

Il se plaisait à épier ses réactions qu’il qualifiait de purement humaines mais irrésistibles. Pourquoi s’intéressait-il à une fille qui lui résistait ? Il ne s’était pas posé la question. Non la véritable question était pourquoi ne pas se contenter d’une fille facilement envoutée ? Tout simplement parce qu’il y en avait trop, de ces filles dévergondées – ou déraisonnables – qui étaient prêtes à se lancer dans une idylle au moindre sourire ou regard furtif. Il aimait qu’on lui résiste, et cette façon si exquise qu’elle avait de se faire désirer l’incitait plus encore à la côtoyer. Il appréciait l’unicité et la différence, nées de la diversité, ces caractères primaires que l’humain s’évertuait à transcender par un effort constant de conformisme ou de phénomènes de modes incessants. Il la savait perturbée par son passée et sa santé tangible, et son caractère aurait pu agacer un homme impatient. Mais lui, il avait tout son temps, et le peu d’humanité qui persistait en lui, lui permettait de se contrôler et de pouvoir s’amuser de cette attente presque plaisante.
Mais cette fois là, il voulu se tester, et la tester elle aussi. Voir jusqu’où il pouvait aller. Dans une subtile hésitation, il inclina sa tête de coté, et renifla son odeur appétissante jusqu’à se trouver au dessus de l’aorte de la jeune femme, voie principalement empreintée par le sang. Son nez fin, vint se poser su cette peau immaculée et frémissante. Il respira à grands coups, s’embaumant de ce parfum tentant. Il sentit alors son ancienneté se raviver, crispa ses doigts sur la table, au point presque de la brisée sous la pression gigantesque qu’ils produisaient. Puis il releva les yeux vers le visage de son élève, son regard enflammé plongea dans le sien, lui inoffensif. Ses yeux sauvages cherchaient à retrouver la raison avant que la soif n’éclate au grand jour. Lorsqu’il vit les rougeurs de la jeune femme, il se calma un instant, le temps de prononcer quelques mots :


« Il faut cesser… » Son instinct de félin assoiffé, tenant sa proie fermement refusait de se laisser dominer par la restriction une nouvelle fois. Il regrettait bientôt de s’être testé…car il ne voulait pas la tuer, ni même lui faire de mal. Il ne dévoilerait pas non plus sa nature monstrueuse à cette âme innocente, alors il reprit, difficilement, ses esprits, et peu à peu, l’éclat incendiaire qui s’était allumé dans ses yeux s’attisa. Son visage reprit une contenance d’adulte responsable, et comme pour achever son numéro, il rétorqua : « Je vous infligerais volontiers, deux ou trois heures de retenue en ma compagnie. »
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MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyLun 10 Mai - 18:53

    Qu’elle aurait aimé être capable de se confondre avec son cerbère osseux qui était, malheureusement pour elle, loin de pouvoir résister à l’agresseur devant lequel il faisait barrage. Précaire, ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne l’expulse de son passage avec une simplicité qui devait le faire intérieurement jubiler. Ce fut d’ailleurs un élan de désespoir qui avait obligé la nippone à impliquer son comparse squelettique dans le duel clairement dominé par le camp adverse. Voilà que les glapissements et autres manifestations de déplacements bruyantes envahirent le couloir, témoignages d’une fin de journée attendue et d’une volonté pressante de laisser les contrariétés derrière soi. D’un regard en coin dirigé vers la porte, elle sembla envier ses camarades défaits de leurs obligations scolaires et même les supplier, et ce même si eux ne la voyaient pas, de l’emmener avec eux. A dire vrai, elle était la première cible de ses propres jurons, se maudissant intérieurement pour s’être mise d’elle-même, même inconsciemment, dans cette situation qui n’était du qu’à sa négligence. Peut-être que si elle n’avait pas cédé à la fatigue, il l’aurait laissée s’en aller sans plus d’histoires et elle serait actuellement dans sa chambre, crucifiée à son lit pour le reste de la soirée. Avec des si, l’on était capable de se faire créateur du monde, il n’y avait pas de place pour les remords bien que le ressentit se fasse fort lorsqu’elle aperçut les élèves arriver jusqu’au préau et le traverser. Si elle avait eu une balise de détresse, elle l’aurait lancée pour que l’on vienne la tirer de ce mauvais pas et l’extirper de ce vil jeu qui ne faisait que commencer. Elle aurait aimé qu’un autre élève ait oublié quelque chose, ou qu’un collègue du personnel d’éducation n’arrive avec une quelconque excuse, et par la même occasion son ticket de sortie. Bien sûr, que l’on pouvait rêver de preux chevaliers à la recherche d’une jouvencelle en détresse lorsque tout échappait à notre contrôle…

    L’esprit éloigné de la salle close, elle sentit son appui dévier sur le côté et échapper à son contact sans qu’elle ne réagisse. Un peu hébétée par ses tentatives de télépathie vouées à l’échec, elle mit un instant avant de constater qu’il venait de briser ses remparts avec une délicatesse exacerbée, et que le jeu du chasseur à la traque de sa proie reprenait. D’une lente foulée, il s’approcha à nouveau, en quête de promiscuité, visiblement peu satisfait de la distance qu’elle avait instaurée. Instinctivement, Nozomi se mit à suivre ses pas dans le sens contraire, allant à reculons sans le quitter du regard, tâtant les alentours d’une poigne discrète pour ne pas se heurter à un obstacle venu s’inviter sur son chemin. Obstacle qu’elle ne put éviter, puisque sa croupe entra en une douce mais surprenante collision avec l’une des tables, qui la condamnait à voir l’avide félin arriver sans opportunité de réaction. Telle une prison de muscles, elle fut prise en otage entre son corps et la surface de bois, les bras de son professeur la privant des passages latéraux comme issue de secours. Penchée en arrière, les mains agrippées au bord de la table qui lui barrait la route, contrainte de redresser la tête pour pouvoir le voir du à leur différence de taille, elle arborait une expression très peu confiante. Un éloquent rapport de domination s’était établi, aussi naturellement que Killian s’infiltrait dans la peau de son personnage d’enseignant, mais une probable révolution du sujet soumis restait plausible… En attendant, elle restait paralysée par l’audace déplacée de son pédagogue, peut-être pas autant que lorsqu’il fit rouler ses calots sur son anatomie élégamment vêtue et aux cambrures certes désirables. Même outrée par cet intérêt marqué pour ce qui la constituait physiquement en tant que femme, elle se crispa entièrement, mais n’était pas au bout de ses surprises…

    Ses paroles créèrent une contraction pharyngale à la limite du douloureux, à tel point qu’elle ne put articuler aucun mot, et n’effectuer que de vives mouvements négatifs de la tête en guise de réponse. Elle n’était que peu convaincue qu’il croit à la force de cette hypothèse de charme, elle le soupçonnait, comme toujours, de ne chercher qu’à l’enfoncer plus dans l’embarras, ce qu’il fit avec une main de maître… Se laissant pleinement prendre par ses sens olfactifs, il huma sa fragrance, allant presque jusqu’à coller son nez dans sa poitrine pour viser l’une des artères les plus importantes située juste derrière l’organe cardiaque. Ce contact fit instantanément prendre une teinte vermeille aux pommettes de la demoiselle qui s’en retrouva fort mal à l’aise, malgré cela, elle n’osa bouger, ne prenant qu’une discrète et tremblante inspiration. Il se redressa, une étrange lueur dans les iris, un éclat qui n’était pas inconnu à la jeune femme et qui la glaça d’effroi. Il l’ignorait… Il ignorait qu’elle savait tout du lourd secret de cette académie… Elle y pensait… Mais cette aura, cette sensualité, cette impression de n’être qu’une gourmandise et la température dermique glacée de Killian… En certains points, il lui rappelait ce vampire, lorsqu’elle l’avait rencontré la première fois, ou même Sybiline. Etait-il possible que le scientifique ne se révèle être qu’une galbe occulte de plus… Elle l’avait imaginé tel quel, et la fiction semblait dépasser une nouvelle fois la réalité. A la fois effrayée et curieuse, elle prit un moment de réflexion intense. Elle était une personne qui, du fait de son état de santé, n’avait rien à perdre en ce monde. Depuis qu’elle connaissait l’existence vraie des suceurs de sang, elle ne voyait plus que par leur auguste personnalité. S’il en était vraiment un… Elle voulait le savoir. Ainsi, il voulait jouer, ils seraient deux à présent. Loin de se soucier des conséquences que pourraient avoir ses actes futurs, elle en endosserait pleinement la responsabilité si malheur devait lui arriver, mais était résolue à l’amener à ses lisières comme lui se plaisait à le faire. Tout ne serait que subtilité, à présent, la guerre était déclarée…

    Reprenant soudainement vie, Nozomi fronça les sourcils. Bien entendu, son nouveau dessein ne changeait rien à la réalité des choses, il restait un homme terriblement intimidant. Cependant, son amusement n’aurait plus d’intérêt si elle ne faisait pas preuve de répartie, et malgré quelques inspirations inavouables, résistance et provocation seraient ses mots d’ordre. Quitte à devoir se faire plus insolente qu’elle ne l’était habituellement, elle le surprendrait, et lui rendrait la tâche ardue. Il lui fallait trouver un stratagème adéquat, discret, qui n’éveillerait pas ses soupçons sur ses intentions, et qui lui éviterait de se trancher la peau elle-même au risque de stimuler trop fortement une soif incontrôlable qui lui serait fatale. Elle l’avait vu, une seule goutte égarée de son fluide vital avait suffit à rendre fou un vampire de huit siècles, et si tout était relatif, mieux valait garder un minimum de prudence. De toute façon, ce n’était pas comme dans l’optique où elle tenait à sa vie… Sa main vint se plaquer sur la bouche de son enseignant en guise de bâillon charnel et elle tenta, en plantant ses iris bicolores dans les siens, de ne pas fléchir.


    Deux ou trois heures… Ce ne serait pas le temps suffisant pour vous réapprendre quelques manières de vivre correctes. Vous pouvez dire que j’ai besoin de sanctions disciplinaires, vous en revanche, vous avez cruellement besoin que l’on vous enseigne, ou ré-enseigne, la bienséance, sensei.

    Insistant sur le dernier mot de son discours, elle le fit reculer tant bien que mal, assez pour se creuser une issue par laquelle s’enfuir, se courbant pour passer sous l’un de ses bras, mais ne se contenta pas de cela. Ses doigts glissèrent sur la bouche de Killian avec délicatesse, le bout de son majeur râpa le long de sa lèvre inférieure, l’emportant un instant avec elle avant qu’elle n’effleure sa joue. Son but ? Stimuler son sens gustatif en y déposant sa saveur, et ainsi entamer le combat pour le pousser à se dévoiler. Si ses tentatives fonctionnaient, soit elle confirmait ses doutes, soit elle se trompait lourdement sur lui. Enfin libérée de son étreinte, la nippone prit une discrète bouffée d’oxygène pour se redonner du courage, elle savait pertinemment qu’elle s’aventurait sur un terrain très dangereux. Ses pas l’éloignèrent de lui, se retrouvant presque à l’autre bout de la salle, non loin de son bureau. Lui tournant le dos, elle eut un pincement de lèvres, et se mit de profil. D’un mouvement dextre, elle attrapa sa longue chevelure qu’elle fit rabattre sur l’une de ses épaules et ainsi permettre une vu dégagée sur son cou et sa nuque, ornée d’un ruban azur. Tout en le triturant, elle l’observa du coin de son œil couleur saphir, cherchant à recouvrir une certaine dignité.

    Si je n’ai pas répondu à votre accusation sur cette « séduction », c’était par pure politesse, mais puisque vous semblez enclin à outrepasser la convenance, alors, laissez moi vous dire de ne pas prendre vos désirs pour plus réels qu’ils ne le sont. Pardon, mais il y a de votre part une forte méprise… Elle détourna la tête, marmonnant sur un ton beaucoup plus bas dans l’espoir de ne pas se faire entendre. … Et frustration…

    Aussi sage qu’enflammée, jouer avec le feu pouvait amener à de graves brûlures, mais également… A une forte exaltation.
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MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyLun 10 Mai - 18:59

Sa domination ne dura pas éternellement. Comme il l’avait envisagé, Nozomi parvint à s’échapper de son audacieuse étreinte. Cela, elle le faisait constamment, sauf que cette fois-ci, la fuite fut un délice. Mais pas qu’un délice visuel, elle l’avait presque forcé à la gouter en faisant glisser son doigt sur sa lèvre inférieure, lentement mais d’une allure certaine, presque comme si elle était déjà consciente du gouffre dans lequel elle venait de se jeter, la tête la première. Il se crispa, la tentation fut extrême, comment ne pas fléchir ? Il se sentait défaillir. Sa langue passa instinctivement sur sa lèvre inférieure pour mesurer le goût du pêcher… irrésistiblement sucrée était la délicate saveur qui persistait maintenant dans sa bouche, envahissant tous son esprit, endolorissant peu à peu les vestiges de son humanité…cherchait-elle à le tenter - l’empêcher de garder son secret -? Un secret qu’il gardait depuis plus de deux siècles à présent… il ne l’avait révélé qu’une seule fois sans tuer après, mais il en avait gardé un souvenir peu enviable qu’il ne voulait absolument pas reproduire avec une autre femme. Mais…Elle s’y prenait si bien, ce qui ne l’empêcha pas de la percer à jour. Arrangeant le col de sa chemise d’un geste rapide, il s’ébouriffa les cheveux, essayant de voiler la sensation que lui procurait encore l’arôme de cette peau humaine. Un peu comme s’il cherchait à se distraire. Comme s’il cherchait à oublier le goût spiritueux de l’ichor se déversant dans sa gorge.

Un instant il regretta le moment d’égarement qu’il s’était octroyé une minute auparavant en humectant indécemment son parfum si exquis. Puis, il se ressaisit, mais ce fut de courte durée. La jeune femme déterminée, dévoila sa nuque, objet de désir certain, comme on expose un trésor de découverte dans les galeries des musées. Ses longs cheveux recouvraient son autre moitié, tout en bougeant lentement, elle les avait laissés en cascade sur son buste sculpté. La pause dura environ une minute – toute une ère d’agonie – cette minute était en effet suffisante à la folie pour faire son travail. Les éveillés yeux du vampire enfermé, apparurent pour parcourir cette forme angélique avec une hideuse satisfaction – horrible profanation. Le monstre guettait sa proie, prêt à la déchiqueter. Killian plaqua sa main contre ses yeux comme pour fermer à clé cette porte qui ballait et permettait au monstre qu’il fût - et qu’il détestait – celui qui avait fait tant de tueries, d’utiliser la situation en prétexte pour surgir et tuer cette pauvre humaine innocente. Il battit l’air des mains, à la recherche d’un appui qu’il trouva, une chaise. Cherchant un oxygène inutile, il gonfla ses poumons atrophiés sans parvenir à les remplir. Une atroce douleur lui déchira les entrailles. Son corps consumait ses ultimes réserves vitales. L’impérieux besoin d’énergie qui monta en lui retroussant ses lèvres sur des dents aigues comme des stylets. Un feulement rauque s’échappa de sa gorge desséchée. Alors pour dissimuler sa torpeur, il fit mine de tousser et se racla la gorge. Sa main vint couvrir sa bouche et ses canines prédatrices, deux dagues effilées qui s’allongeaient aidées par la radiance mystérieuse de l’astre de la nuit qui venait d’apparaître Deux poignards tranchants prêts à transpercer la chair tendre et rose des mortels, la marque de reconnaissance de son espèce, le symbole des vampires. Et certainement son pire ennemi.

Il ne se montrerait pas ainsi, et, loin d’être naïf, il avait décelé les intentions de son élève. Il n’en était pas sûr, mais elle semblait » être au courant », car elle s’y prenait délicieusement en montrant les zones les plus convoitées des sangsues à son professeur. Sachant pertinemment que tout vampire qui se respecte ne peut, à la vue d’une offrande si belle, résister à l’emprise du vieux réflexe atavique du prédateur qui cherche à étouffer sa proie. Si elle cherchait à le piéger, en se transformant soudainement en femme entreprenante, alors elle serait servie. Elle voulait lui enseigner la bienséance et la retenue ? Il en serait ravi. S’étant remis de son agitation interne, il marche vers elle d’un pas discret et léger ; être un vampire n’excusait pas son côté joueur, et des hommes joueurs, il y en avait une sacrée ribambelle, alors elle ne pourrait l’accuser, par ses actes osés, d’une quelconque nature mystique.

Il contourna le bureau et se retrouva face à elle, encore plus proche de ce cou révélé, tel un supplice. Mais il se retint, et en guise d’ultime tentation il posa sa main sur l’épaule nue de la jeune femme, ses sourcils se joignirent, et son regard parut souffrant. Il s’avança, et son autre main attrapa l’ensemble soyeux que dessinaient ses cheveux. Il le partagea en deux, et, délicatement, vint couvrir la zone dévoilée avec provocation. Sa main, ayant quitté ces mèches de soie, enchaîna sans retenue, et remonta vers le visage de Nozomi, attrapant son menton qu’il rehaussa immédiatement. Ses yeux, d’une couleur miel, plongèrent dans les iris bicolores de son élève, et il lui répondit d’un ton déstabilisant :


« La provocation vous sied si bien. » Il lâcha le menton et fit glisser son index le long de sa trachée pour s’arrêter à la fin de sa clavicule. « Enseignez moi donc la bienséance, mais ne m’en voulez pas si jamais, par mégarde, le sommeil m’emportait… » Prononça t-il en arborant un sourire narquois. « A ce moment là peut-être, deux ou trois heures de rattrapage s’avéreraient fort utiles. »

Il eut ensuite une sombre idée. Sans doute très difficile à réaliser. Et s’il mimait l’homme bouleversé au bord de la métamorphose en être sanguinaire ? Elle s’imaginerait certainement avoir décelé son secret, mais il lui suffirait ensuite d’arrêter sa comédie pour rire d’elle et la taquiner de plus belle. Ce serait ardu, sans aucun doute. Mais le jeu en valait la chandelle. De plus, en mimant, il pourrait se rapprocher, et si son dessein fonctionnait elle tenterait de le provoquer pour le pousser à se transformer. La provocation alors exercée deviendrait si exaltante, que sa comédie pourrait tourner à la tragédie ou procurer un immense plaisir. Il mourrait d’envie d’essayer, qu’avait-il à y perdre ? Si par mégarde, il craquait, elle ne serait que plus satisfaite, et, il n’aurait plus besoin de se restreindre, laissant libre court à ses véritables pulsions sanguinaires. Se sentait-il seulement prêt à réitérer son erreur passée ? Peut-être réagirait-elle mal en le voyant sous sa vraie forme – monstre - ? Peut-être ne pourrait-il plus l’approcher par la suite, devant se priver à jamais de sa fragrance si exquise ? Le dilemme était de taille, jouer ou ne pas jouer ? Risquer ou ne pas risquer ? Il aurait pu chasser de son esprit cette idée saugrenue qui était de mimer ce qu’il était comme un rôle pittoresque, mais sa curiosité, sa fichue curiosité et sa faim le poussaient à se tester, à toucher du doigt les frontières de sa raison.

Résolu, il s’avança à nouveau vers elle, dans un silence inquiétant, l’obligea à pivoter sur elle-même pour se retrouver coincée entre le tableau et lui. D’une assurance surprenante, il saisit les deux mains de la jeune femme, et les plaqua contre l’ardoise sans les lâcher, les joignant en un même point ; au dessus du crâne de celle-ci il les retint d’une main se permettant une liberté de mouvement de l’autre. Ses expressions faciales semblaient s’être changées. Tout à coup plus insondables mais délicieusement suggestives. Il sourit avidement, mais pas de façon rassurante, son regard s’illumina d’une lueur métallique. La jeune femme semblait désarçonnée, se spectacle l’emplit d’émerveillement. Sa main libre caressa la joue droite de la jeune femme pour la faire pivoter à l’opposé, dévoilant une nouvelle fois, la peau encore intacte de sa nuque. Il pencha sa tête jusqu’à se retrouver à quelques centimètres de son épiderme. Le rythme s’accéléra, comme un tourbillon de terreur, mordait-elle à l’hameçon ? Ou bien se contentait-elle de savourer les nouvelles inconvenances de son professeur de sciences ?

Bien sur, dans ses conditions, si prés du but, il avait de plus en plus de mal à se contrôler, il se sentait vaciller de temps en temps mais parvenait à ne pas succomber. Sans établir de contact charnel avec elle, il lui murmura à l’oreille.


« Une forte méprise… ? » Interrogea t-il en citant les précédentes paroles de son interlocutrice. Après un temps d’arrêt presque gênant, il ajouta : « …Et frustration ? » d’une voix plus sombre pour lui prouver que son ouïe n’avait pas laissé passer le moindre son sortit de la bouche de cette créature à présent ligotée. « Mais qui, de nous deux, s’est-il dévoilé le premier ? » Continua t-il en faisant allusion à la mise en scène de son élève.

Ses doigts se faufilèrent lentement entre la peau brûlante de la jeune femme et le ruban azur qui s’y trouvait. Avec une dextérité révoltante il détacha le nœud qui le tenait et le saisit en l’enroulant autour de sa main glacée pour l’empêcher de le récupérer. Les membres joliment pleins de sa victime frissonnèrent alors sous les caresses totalement déplacées du vampire, ce fut certainement la peur et l’intimidation qui la figèrent ainsi. Se précipitant soudainement d’une manière imprévisible, il plongea dans le creux de cette clavicule dénudée. Ses lèvres vinrent humidifier et refroidir par leur température anesthésiante cette peau désirable. Satisfait, un rire peu rassurant tonna au fond de sa gorge, il se plaisait à la martyriser et attendait avec impatience de voir de quelle façon elle réagirait.

Après être resté longtemps prés de sa peau frissonnante, il releva la tête, et un sourire insolent plaqué sur les lèvres, il dit d’un ton moqueur et en insistant de la même manière sur le dernier mot :


« Que vous imaginez vous donc, chère élève ? »
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MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyLun 10 Mai - 19:12

    Ils n’étaient plus professeur et élève, le statut scolaire n’existait entre eux que lors des heures dédiées à l’enseignement de sa matière. Elle en avait presque oublié qu’ils étaient encore dans la salle de cours et à dire vrai, c’était actuellement le cadet de ses soucis. Voilà qu’elle s’improvisait chasseresse de vampire, certes, ce n’était pas au bûcher qu’elle comptait l’amener, mais elle l’étrange impression de pénétrer l’une de ces œuvres romanesques qu’elle avait l’habitude de lire. Depuis qu’elle était dans cette école, sa vie avait pris des allures d’odyssée, elle en écrivait une nouvelle page aujourd’hui, mais ignorait si son encre allait être d’ébène ou d’écarlate. Loin d’elle l’idée de s’improviser dramaturge, mais tout comme lui, elle disposait d’une curiosité parfois malsaine, qui l’avait mise en danger plus d’une fois. Le péril, elle ne le percevait pas comme il aurait été raisonnable qu’elle le fasse, sans doute était-ce cette constante présence mortifère autour d’elle qui lui avait permis de pousser un peu plus loin la plaisanterie. Des deux, qui en rirait ? Pour le moment, c’était au tour de la demoiselle de constater les effets de son initiative d’une œillade discrète mais observatrice. Il semblait tiraillé, même pire, comme pris dans une bataille qui l’opposait à lui-même. Résister à l’appel de sa nature était une lutte perdue d’avance, de laquelle on ne ressortait pas indemne. En ses pensées, elle ne faisait pas seulement allusion à son professeur de sciences alors égaré dans les méandres d’une guerre interne dont elle était la responsable. Elle était incapable d’être une autre personne qu’elle-même, il lui était simplement impossible de se gonfler d’optimisme et de bons sentiments lorsque tout en elle lui insufflait létalité. Peut-être, qu’elle n’était plus que l’ombre de sa propre personnalité, si différente il y a encore trois années auparavant, autant créature que celles qui peuplaient cet établissement…

    Nozomi ne cessa de l’observer, ne put s’empêcher d’accroître ses doutes à son égard, mais également de discerner une certaine souffrance. Détournant la tête, elle se mit à mordiller l’ongle de son pouce avec un zeste de culpabilité. Elle n’y avait pas pensé avant, mais le pousser à se dévoiler était synonyme de torture, car elle savait que tous n’appréciaient pas leur nature vampirique, un trait qui offrait une grande dissemblance, qui opposait notamment cet autre vampire et Sybiline. Peu importe sur quelle lisière Killian se trouver, elle n’avait pas le droit de l’amener jusqu’à d’affligeantes tribulations s’il considérait porter une blessure aussi profonde. Elle se sentait… Cruelle. Cruelle pour assouvir une simple curiosité, mais peut-être, pas seulement… A pas feutrés, il s’était approché sans qu’elle ne le remarque, et apparut bientôt en face de la demoiselle qui sortit subitement de sa réflexion. Elle le regarda, détailla l’expression de ses yeux lorsqu’il saisit son épaule, dans laquelle elle crut discerner une sorte de torture. L’espace d’un instant, elle se questionna sur l’utilité de ses agissements, et songea à guillotiner cette sombre idée pour ne pas devenir bourreau de son pédagogue. Son menton se baissa à nouveau et elle se prit à nouveau d’amour pour le sol… Cependant, celui qui semblait avoir pris la place de martyr était loin d’être aussi innocent que le condamné à tord. De la répartie, il en avait et il savait en user à merveille. Une fois sa cascade capillaire remise en parfaite harmonie, il lui fit redresser le menton et retrouva son assurance non sans une provocation infuse. A ses mots, la demoiselle fronça les sourcils, se détournant alors vivement sans prononcer mot avec une mine renfrognée. Qu’elle abhorrait ses dires railleurs, particulièrement lorsqu’elle n’avait rien à y répondre, ce qui aurait été vain dans le cas contraire, elle le savait.

    Résolue à ne pas réagir, elle fut prise de cours lorsqu’il revint à la charge avec cette fois une rigoureuse manipulation, et avant qu’elle ne comprenne quoi que ce soit, sa frêle et affriolante anatomie se retrouva comprimée entre le tableau et le corps musculeux de son professeur. Elle ne put réprimer qu’un hoquet de surprise, surprise qui ne fut pas atténuée lorsque soudain il la ligota de sa poigne ferme. Ses cils papillonnèrent de stupéfaction, et ce qu’elle put lire sur ses traits physionomiques lui souleva l’estomac d’anxiété. Ce fut cette nette espièglerie et ce côté luxurieux par lequel il prouvait l’essence de ses convoitises qui l’effraya, plus qu’une probable volonté d’hydratation nucale. Elle n’opposa aucune résistance lorsqu’il lui fit dévier le visage pour s’intéresser de plus prés à sa source de vie. Le rapprochement de ses lèvres à ce point tout aussi sensible qu’exquis lui provoqua des palpitations… Etait-elle parvenue à son dessein ?Elle avait voulu y croire, cependant, il dévia vers son oreille pour y susurrer ses précédentes paroles. Pire encore, il semblait avoir prit conscience de ses intentions. Dans un presque soupir, elle lui répondit, alors qu’il la privait de son ruban.


    De quoi parlez vous…

    Il aurait pu confondre son manège avec une tentative de séduction inavouée, mais quelle étrange coïncidence qu’il se soit justement penché sur cette partie ciblée du cou en guise de provocation. L’étau se resserrait, quoi qu’il puisse en faire, elle était intimement persuadée qu’il en était un. Soudain, tel un rapace fondant sur sa proie, Killian plaqua ses lèvres glacées sur la nipponne qui inspira bruyamment face à sa promptitude. Son corps entier frissonna, autant du à sa température qu’à la sensualité de son acte certes déplacé qui lui était impossible de ne pas intérieurement apprécier. Qu’il réveille en elle un attrait pour les plaisirs charnels était d’une frustration indescriptible, pour cette chaste créature qui refoulait son épicurisme, pourtant présent car simplement humaine. Une gêne décuplée par une vérité qu’elle ne lui confierait pas, mais il était le premier à voguer sur son être de cette façon, le premier à lui faire découvrir ces sensations âprement plaisantes. Bien sûr, il était loin d’être idiot, sa pureté devait être inscrite en lettres capitales sur son front, comment ne pouvait-il pas se douter de ce détail. Son rire rauque fit sortir la jeune femme de cet état transitoire dans lequel il l’avait plongée, les joues enflammées, elle détourna vivement la tête, partagée entre honte et contrariété, répondant aussitôt sur un ton péremptoire.

    Moins de choses que vous visiblement.

    Nozomi se sentait impuissante, et ridicule, si elle l’avait pu, elle se serait sauvée en courant, sans se retourner. Il lui fallait réfléchir, rapidement, pour contre attaquer, avant qu’il ne reprenne les devants. Elle se mit à réfléchir rapidement, mais l’idée même qu’il pourrait à nouveau venir titiller son derme comme il l’avait fait suffisait à la perturber. Il lui fallait d’abord gagner du temps… Le temps, justement…Maintenant qu’elle y pensait, cette notion pouvait, pour la première fois de sa vie, jouer en sa faveur. Pour Killian, c’était une course contre la montre, plus il demeurerait prés d’elle, plus il lui serait ardu de se contrôler. La captive se mit à forcer ses chaînes dans l’espoir de se libérer, elle tenta plusieurs procédés, puis finit par remuer les épaules pour faire glisser l’une de ses mains qu’elle parvint à délier, sans doute non sans aide du quidam, l’autre restant prisonnière de son étreinte. Son poing fermé se plaça dans le creux de la clavicule qu’il avait embrassée telle une barrière, puis, tout aussi furtivement qu’il l’avait fait, elle le bâillonna de sa main comme précédemment, puis déglutit.

    Taisez-vous.

    La paume plaquée contre sa bouche, elle le fit se redresser en le poussant lentement, puis prit une profonde inspiration en redressant le menton, qu’elle relâcha entre ses lèvres, pulpeuses et tentatrices, entrouvertes. Les yeux clos, elle tenta de remettre de l’ordre dans son esprit, d’établir une nouvelle stratégie qu’il ne confondrait pas avec de la séduction. Stimuler sa nature, sans se mettre à sang d’elle-même. Pourtant, cela aurait été la solution la plus adéquate, car on le lui répétait, encore et encore, que son hémoglobine n’était pas ordinaire. Souillée par son funeste virus, sa saveur en était unique, délectable selon ceux qui l’avaient goûtée. Ce sang, Nozomi n’en voulait pas, l’offrir à ces créatures de l’ombre, était sa seule façon de se sentir plus vivante qu’elle ne l’était. Pour eux, son fluide représentait la vie, pour elle, la mort. Pourquoi les priver de ce dont elle n’avait nul besoin…Soudain, elle ouvrit les yeux. Elle n’était pas obligée de s’ouvrir les veines, mais peut-être qu’une blessure superficielle, stimulerait suffisamment son odorat. Une autre idée lui vint, elle avait déjà remarqué que leurs émotions pouvaient être sources de soif… Si elle le mettait en colère, alors, elle l’augmenterait peut-être, lié à sa précédente supposition, cela pouvait fonctionner. Et pour le mettre en colère sans s’attirer son courroux dévastateur, elle savait comment s’y prendre. Lentement, elle retira sa main, qu’elle glissa dans son propre cou, le saisissant comme si elle était sur le point de s’étrangler, mais avec douceur. Ses iris aux teintes polychromes se posèrent dans les siens avec amertume et son timbre fut telle une accalmie.

    … Pourquoi vous en prendre à moi… Des tas d’étudiantes rêveraient d’être votre centre d’intérêt, plus jolies, et plus conciliantes… Regardez moi, je suis faible, morne et ascétique. Une ombre éphémère qui ne mérite pas l’attention et qui veut seulement être ignorée…

    La flagellation psychologique était une marotte chez la douce et fragile asiate, de ce fait, ce n’était pas une totale comédie qu’elle lui offrait. Ses dires, elle les pensait, et elle savait à quel point il haïssait lorsqu’elle se dénigrait de la sorte. La demoiselle se déroba, cherchant à le fuir à nouveau, pour mieux le faire revenir. Cependant, son intention se vit contrarier, puisqu’elle se fit stopper dans son élan en constatant qu’il n’avait pas retiré l’étreinte de son poignet. Le bras tendu, elle chercha à mettre le plus de distance entre eux. De profil à lui, elle se laissa à moitié pencher dans le vide, principalement retenue par la force de Killian. Si ce dernier la lâchait, elle s’écraserait au sol par son manque d’équilibre. Tête baissée, le visage camouflé au revers de sa chevelure opaline, son autre main était restée dans son cou, et lentement, comme pour montrer son agonie, elle se griffa sans pour autant se faire saigner, partant de la jointure de ses mâchoires jusqu’au creux de sa trachée. Un quatuor de lignes blanches se forma, vite estompées, puis devinrent rougeâtres sous l’inflammation cutanée, légèrement gonflées par l’afflux sanguin. Un geste qui pouvait être justifié par un élan de désespoir… Mais dont l’innocence restait douteuse. Il n’aimait pas lorsqu’elle se dénigrait, alors, qu’en serait-il lorsqu’elle s’abîmait.
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MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyLun 10 Mai - 19:17

Lorsqu’il sentit enfin l’incoercible odeur de la résiliation émaner de sa conquête, son triomphe fut pour ainsi dire, authentique. Cette enveloppe charnelle, si satinée et exquise, perdit sa lactescence pour laisser place à de flamboyantes rougeurs aussi adorables qu’attirantes. Elles lui accordaient presque une physionomie téméraire, voire libertine, mais traître à cette chasteté qu’elle revendiquait. Ces taquines couleurs ajoutées aux frissonnements indomptables de la jeune femme faillirent provoquer chez le démon une réaction plus qu’inconvenante. Mais une nouvelle fois la restriction qu’il s’ordonnait ainsi que cet immuable contrôle de ses sens si développés lui permirent de ne pas transformer ses pensées audacieuses en une réalité incandescente. La tentation était titanesque et bien des fois sa main faillit lacérer les vêtements de la demoiselle, les démantibuler comme un être sadique qui prendrait plaisir à essoucher, pétale par pétale, la fleur la plus mirifique au monde. D’autant plus que le cœur qu’il mettrait à nu serait des plus tendres. Sa saveur serait incontestable, un nectar inaccoutumé. Pendant un fugace l’abs de temps il s’imagina que la sylphide ne parviendrait pas à se défaire de ses liens et que sa capitulation viendrait prématurément. Mais penser cela revenait à réfuter l’indomptable nature de la délicieuse créature, elle ne tarda pas en effet à s’échapper une nouvelle fois de son emprise en replaçant sa frêle main, qu’elle détacha par de jolies contorsions, sur le museau du vampire. L’obligeant à s’éloigner d’elle, elle lui ordonna presque de se taire d’une voie qui répudiait à penser le contraire, ce qui réjouit Killian. Ces petites directives et plaintes qu’elle laissait échapper de ses captivantes lèvres incitèrent l’être sanguinaire à opérer de façon antinomique, il eut l’irrépressible envie de plaquer ses lippes contre les siennes, jugeant qu’elle en ferait ce qu’elle veut mais qu’il valait mieux se risquer à déplaire qu’à tuer. Cependant, alors que le concept d’une attaque buccale commençait à sérieusement titiller le professeur de science, la jouvencelle en détresse entama la peinture de son portrait comme l’on dépeindrait la plus atroce œuvre sur terre.

D’une mine déconfite, elle entreprit de se dévaloriser, et raconta les absurdités les plus révoltantes à ce presque-homme qui abhorrait par-dessus tout qu’une splendeur féminine ne cherche à se réduire à la plus banale des choses au monde, comme si sa spécificité n’était que réfutable et qu’elle pourrait presque se fondre et disparaître dans l’ignoble masse du truisme. Était-ce la folie qui s’emparait d’elle ? Perdait-elle la raison au point d’en oublier les sentencieuses séquelles qui pouvaient échoir ? Agir comme elle le faisait témoignait soit d’un manque cruel de réflexion, soit d’une remarquable stratégie pouvant pousser le vampire à sortir de ses gongs et par conséquent à l’empêcher de laisser sa répugnante nature dans sa caverne. Enquêtait-elle encore sur son éventuelle personnalité satanique? Il devait se méfier, même le plus attrayant des minois pouvait dissimuler les pires intentions. Nonobstant, une onde noire parcourra son immense organisme, et l’éruption de celle-ci n’allait pas tarder, car en plus de se dévaluer la jeune femme fit ce que la sagesse proscrivait ; d’un mouvement communément imperceptible elle s’écorcha l’épiderme, sans le faire saigner pour autant, mais permettant à une irritation de subsister et de concentrer toute son hémoglobine à un endroit précis, comme l’on tenterait d’amadouer le prédateur en lui présentant la plus divine des pitances dans un plateau d’argent recouvert d’un laconique et futile couvercle. Bien sûr, la capiteuse odeur de l’ichor ne s’éternisa pas pour se frayer un chemin jusqu’aux narines affutées de Killian. Immédiatement, il pivota vers la jeune femme qui tenait debout miraculeusement par le fragile lien qui les unissait encore, cette main qu’il avait refusé de lâcher. Le visage chaviré, elle semblait le regarder, comme si elle connaissait déjà l’étendue de son aliénation. Non…Il ne devait pas regarder, il devait s’empêcher de fixer si intensément cette petite égratignure qui le réclamait si vigoureusement. Un simple coup d’œil le réduirait à la reddition s’il se l’octroyait. Mais il se sentait fulminer, crépiter, et tempêter intérieurement. Comment ne pas flancher ? Il n’en savait rien, ses pulsions intimes vacillaient entre l’exaspération, la retenue ou recherche de raison, et bien entendu la soif et le désir toujours grandissant. Alors ce fut la chute. D’une diligence démesurée, il utilisa la main encore connectée à celle qu’il homologua d’irréfléchie et qui l’expérimentait, pour l’attirer à lui, la plaquant contre son torse, ses formes épousant parfaitement les siennes. La tenant fermement, déjouant par conséquent toute tentative d’évasion, ses iris adoptèrent une allure farouche, ses sourcils se froncèrent comme jamais, surlignant de façon ankylosante son regard brulant, sa main droite, en plus de maintenir les hanches de Nozomi contre lui, froissa son habit sous la pression de ses doigts, et l’autre main, la gauche indubitablement, harponna le cou de la jeune donzelle sans le serrer trop intensément. Il planta ses prunelles de façon menaçante dans celles, bicolores, de l’inconsciente, et articula d’un timbre sévère :


« Sotte… » Puis ses yeux rutilants se dirigèrent vers la parcelle de peau qu’elle avait volontairement abimée, son crâne se baissa permettant à sa bouche de se loger pile au dessus de la blessure comparable à une pure gourmandise.

Un contact glacé s’établit entre la douce peau de la victime et la langue du vampire assoiffé. Toutes ses papilles gustatives relevèrent avec hâte l’arôme exquis de la pêcherie, comme un nez sentirait à plusieurs mètres la fragrance affluant d’un met consubstantiel. Le parfum se répandit instantanément dans tout son être, envahissant toutes ses fonctions cérébrales, endolorissant sa réflexion et réveillant une excitation nouvelle. Quel ravissement, quelle allégresse pour cet oublié de la satisfaction depuis des siècles ! Lui qui se cubait constamment voilà que la plus charmante des mortelles s’entaillait la peau s’offrant à lui dans un périlleux stratagème… La délectation réveilla comme une ambiance sensuelle entre les deux personnages, et la strige serra de plus belle la demoiselle emprisonnée contre lui, peut-être l’étouffait-il dans son étreinte ? Il n’eu pas le temps ni assez de raison pour se poser la question. A cet instant la seule chose qui occupait son esprit était le fait de vouloir la posséder, la dévorer autant que la sentir aussi prés de lui. Se baladant sur son derme de manière indécente, et humidifiant légèrement sur son passage les pores qui s’y trouvaient, sa langue continua de gouter à ce fruit défendu qu’elle lui offrait. Comme pour se soutenir dans sa déraison, les doigts de sa main gauche quittèrent leur poste pour ruisseler le long de la chevelure opaline de la jeune femme. Ses lèvres livrèrent quelques baisers papillonneux à la clavicule exposée, remontant le long de la trachée le souffle agité il s’ajusta au visage empourpré de la tentatrice, et lui parla à nouveau, mais cette fois-ci d’une tonalité moins stricte.


« Vous aurez bien deviné que je ne suis pas enclin à vous ignorer comme vous semblez le demander. » Sa bouche se rapprocha dangereusement de celle de Nozomi, frémissante. « N’espérez pas une seule seconde que je vous considère comme le commun des mortelles, car vous ne feriez que souhaiter l’utopie. » Les lèvres entrouvertes de la sylphide frôlaient maintenant les siennes et étaient susceptibles de les toucher au moindre mouvement inattentif. « Pourquoi m’attarder sur votre personne ?… Eh bien, j’exècre l’accessibilité, et vous êtes…disons…alléchante ? » Répondit-il en souriant de manière peu rassurante.

« Alléchante » était pour ainsi dire, un euphémisme, il avait bien entendu condensé ses pensées, comme à son bonne vieille habitude. S’il lui avait révélé son véritable jugement et ses véritables intentions, il était imminent que la jeune femme chercherait à se défaire de l’accolade qu’il contrôlait merveilleusement bien, et ce à grands renforts de manœuvres malsaines ou hardies. Sa matoiserie, il n’en doutait pas une seule seconde, il avait pu à de nombreuse reprises mesurer la perspicacité de son élève au travers de ses copies ou à chaque fois qu’il s’autorisait un petit divertissement en sa compagnie. Mais il fallait bien avouer que cette fois là, le jeu était allé beaucoup plus loin que d’habitude. Ordinairement, ils passaient un bref instant ensemble, et lui s’évertuait à tenter la proximité tandis qu’elle déjouait ses desseins et partait aussi vite qu’elle le pouvait lorsqu’elle se rendait compte qu’une échappatoire se présentait. Jamais encore, une autre chose que ses mains ne s’était baladée aussi fougueusement et avec une outrecuidance si scandaleuse, sur la peau ou les vêtements de son étudiante. Ce qu’il faisait était réellement inattendu, et risquait, avec beaucoup de certitude, de remonter Nozomi contre lui pour l’éternité.


« Que tentez-vous de faire en vous blessant ainsi ? » L’interrogea t-il, déjà au courant de la vraie réponse, évidemment. « Déclencher en moi l’envie de vous secourir et de vous soigner ? » se moqua t-il. « Oui bien…auriez-vous un dessein plus … malsain ? » ajouta t-il d’un phonème qui n’inspirait pas la confiance.

Maintenant qu’elle ne pouvait plus s’enfuir, car il était bien résolu à la garder ainsi jusqu’à ce qu’elle craque, que ce soit d’abandon ou de révolte, Killian parvint à attiser son feu et ne put détourner le regard de ses formes qui se compressaient face à l’envahisseur. La soif conduisait à une concrétisation érotique, et réciproquement, la concupiscence charnelle menait à l’assouvissement de la faim. Il s’était lui-même mis dans cette situation certes, appétissante, mais terriblement ingouvernable. Si elle osait le provoquer, ou picoter sa susceptibilité ne serait-ce que par des procédés minimes la récompense qu’elle gagnerait ne se ferait pas attendre, et, loin de la ménager, il laisserait sans la moindre hésitation, libre court à n’importe quel fantasmes lui passant par la tête. Mais cela, il le garda pour lui, à vrai dire, depuis qu’il avait pris le dessus il se délectait amplement et profusément des réactions aguichantes de Nozomi, qui avait certainement beaucoup de mal à contenir le plaisir que lui procurait les aventureuses initiatives de son professeur. Laissera t-elle enfin ses véritables émotions l’emporter ou jouera t-elle à nouveau la créature chaste et raisonnable ?
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MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyLun 10 Mai - 19:25

    Il y avait une expression qui galopait dans l’esprit de Nozomi depuis de longues minutes déjà : Qui ne tente rien n’a rien. Parfois, il fallait savoir provoquer les choses, forcer le destin dans ce bras de fer quitte à se rompre le cubitus dans ce duel d’hégémonie. Cependant, l’angelot intronisé sur son épaule venait réfuter les encouragements de son démoniaque antagoniste étendu sur le trapèze adverse. La tentation était une offense à la morale qui pouvait s’avérer être tout aussi innocente que délictueuse, ce n’était pas la notion en elle-même qui était à craindre, mais le partenaire de jeu. Etait-ce judicieux de tenter le diable ? Le démon qu’elle s’amusait à appâter était susceptible de s’enflammer à tout instant, et elle ne faisait, consciemment qui plus est, qu’attiser l’étincelle qui serait responsable de l’incendie. Nimbe ou cornes qu’elle avait en guise de coiffe, c’était à se demander sur quel côté de la frontière elle avait immigré. Elle se sentait d’ailleurs clandestine à ses mœurs d’ordinaire en osmose avec la bienséance voire le puritanisme, mais ne pouvait résister à l’engrenage de sa vile curiosité qui n’avait cessé de croître depuis qu’elle connaissait leur existence, à eux, ces augustes créatures qui n’avaient jusqu’alors place qu’en ses fabulations. Etait-ce ce privilège, aussi considérait comme malédiction par ces êtres à crocs, de ne plus être aveugle sur leur véritable nature et ainsi de repousser les limites de la réalité jusqu’à l’inconcevable… En ayant outrepasser ces dernières, elle commençait à en faire autant avec ses propres lisières, et pour quelle satisfaction ? C’était à se le demander, peut-être justement, n’était ce pas pour une satisfaction personnelle mais pour celle des autres… Cependant, Killian ne semblait pas à même de trouver sa plénitude dans l’offrande que lui tendait sa captive, et quoi de mieux que d’allier le plaisir au plaisir.

    Discrètement, l’asiate le lorgna à travers sa visière capillaire dans le but de guetter ses réactions, et comme elle l’avait imaginé, sa médiate mais néanmoins joute verbale et son automutilation avaient provoqué une bourrasque inattendue chez son professeur, qui ne devait pas s’attendre à pareilles offensives. Ces initiatives seraient-elles suffisantes pour briser l’égide qu’il s’était créée et le condamner à une dipsomanie sanguine qui, à son tour, le mènerait aux rives de la profusion à laquelle il semblait à la fois avide et réticent. C’est alors qu’il se mit à jouer avec son équilibre dont il avait l’entière maîtrise, il ravala rapidement la distance qui les séparait en l’amenant à lui, et comme toujours, désarma les dogmes de la proximité avec une impudence extrême. Sans qu’elle ne puisse réagir, la résistance aurait ici été vaine, leurs corps s’épousèrent en une embrassade des plus intrépides dont il contrôlait l’intensité d’une étreinte infrangible. Lorsqu’il lui saisit le cou, elle échappa un hoquet de surprise en saisissant à son tour son poignet, l’autre main se tenant au bras qui l’entourait. Le menton obligatoirement levé à la fois par la pression exercée que pour le voir, son eurythmie eut une recrudescence lorsqu’elle aperçut son expression physionomique loin d’être des plus amènes. Une certaine angoisse naquit, certes, mais elle ne mourrait pas de peur face à ce qu’elle forçait à faire jaillir, et ces iris incandescents étaient un emblème de la bête mais également celui des prémices victorieuses de la demoiselle. Ne rétorquant que mutisme à son simple mot, ses muscles faciaux se crispèrent lorsqu’elle sentit l’organe lingual de son pédagogue venir polir ses stries lésionnelles pour en cueillir un semblant de sapidité, d’avantage enjôlé par les délectables exhalaisons de ses meurtrissures. Cette nouvelle taquinerie thermique créa une vague de vibrations dermiques qu’elle ne put contrôler et qui se répercuta dans tous les membres de son anatomie. Ses joues étaient littéralement enflammées, autant dû à l’innommable embarras de la situation qu’à cette soudaine fièvre qui rendait sa peau ardente, accentuant le contraste de température entre les deux protagonistes.

    La jeune femme contractait son diaphragme par saccades, pour ne pas se laisser aller à une volupté vocale qui n’aurait fait que conforter son assaillant dans ses actions, lesquelles, malgré d’abondantes tentatives de camouflage, insufflaient en elle une lasciveté des plus répréhensibles. Voilà qu’elle comprenait ce que pouvait ressentir une friandise sous la gourmandise de son bourreau et était consciente que jusqu’alors, il ne faisait que se mettre en appétit, qu’en sera t-il du moment où il décidera de se mettre à table ? Que se passerait-il dans le cas de figure où, ce qui était fort probable dans celui-ci, la soif s’acoquinait avec la convoitise ? Nozomi ne s’était fait mordre que dans le dessein de nourrir, consentante ou non, mais lorsque le repas se faisait plus sensuel que jamais, il y avait peu de chance qu’il ne s’agisse là que d’une banale hydratation. Son professeur se réajusta à hauteur de son faciès, quant à elle, son regard fut une fusion entre hagard et enfiévré, comme si sa volonté avait pris son essor pour n’être plus que spectatrice de la scène, à moitié étouffée par sa camisole de muscles. Ses lèvres si proches des siennes la firent frémir d’avantage, malgré cela, elle tenta un bref mouvement de recule, rattrapée par une immortelle retenue et pudicité. Son baryton, ses œillades, tout traduisait chez cet homme un désir des plus déplacés dont il ne voulait se priver. Sa frêle élève se consumait intérieurement de ces initiatives auxquelles elle ne s’attendait pas et qui auraient dû être sources d’une haine justifiée. Pourtant, il n’en était rien, et quand bien même qu’elle viendrait à le blâmer, elle était incapable d’avoir de l’aversion pour lui, bien qu’elle le maudissait secrètement pour l’intérêt qu’il lui portait.

    Ligotée contre son pédagogue, ses propres courbures anatomiques ne se privaient pas d’aviver le vice qui désirait les unir. Cette contiguïté pour le moins oppressante se traduisait par une mise en valeur excessive des deux convexités sensuelles et féminines plaquées contre le torse du vampire, dont l’échancrure pouvait le mettre à rude épreuve face à la générosité charnelle qui s’exposait sous ses yeux. Attentif qu’il était, il ne manquerait pas de remarquer l’audace de ce linge intime, qui épousait parfaitement la cambrure de son sein, de dévoiler une timide partie de sa dentelle blanche qui venait ornementer sa peau d’albâtre en une scandaleuse invitation. Lorsque ses doigts avaient froissé sa robe, il avait accidentellement modifié la disposition de celle-ci au niveau thoracique de la demoiselle, dévoilant cette lingerie fine et subtile qui jalousait ces formes latentes, gracieuses et affriolantes. Si sa robe suffisait à lui donner une inspiration douteuse, dieu qu’elle priait pour qu’il ne flâne pas manuellement à hauteur de sa cuisse droite, là même où s’était invitée une jarretière liliale entourée d’un gracile ruban smalt. Une fantaisie vestimentaire qui n’avait d’autre cause que l’excentricité démarquée de la nippone qui aimait à se charger d’un style propre à elle-même sous une primauté d’élégance et un zeste de provocation si subtile qu’il ne passait pas tel quel, la notoriété de l’extravagance japonaise n’était plus à faire. Et avant qu’il ne découvre celles de son corps, il lui fallait réagir. Elle ferma les yeux, et constata qu’il ne s’agissait pas là de la bonne stratégie, ses autres sens étaient encore plus à l’éveil, ce qui ne l’aiderait pas dans sa recherche de maîtrise de soi. Elle les ouvrit donc, avec plus de lucidité que précédemment, voulu parler, mais seul un soupir s’échappa de ses lèvres, tel le spontané synopsis de ses pensées refoulées. Il ne fallait pas, elle ne devait pas craquer sous le poids de ses délicieuses attaques, elle gonfla donc ses viscères respiratoires comme pour prendre une bouffée de courage et parla, malgré cela, d’un timbre presque implorant.


    … Je vous serais grée de ne pas donner vie à vos métaphores… Elle fronça les sourcils. Et à dire vrai je m’attends plus à ce que l’on me secoure de vous qu’autre chose… Elle se rehaussa et prit de l’assurance. Et je vous somme de cesser vos avances ridicules, vaines et licencieuses auxquelles je suis totalement hermétique !

    Si la mauvaise foi pouvait se faire assassine, Nozomi aurait été foudroyée dans l’immédiat. Il était évident que c’était elle qu’elle essayait de convaincre de cette dite frigidité, contrariée qu’il soit ainsi capable de la convertir à l’épicurisme. Sans être totalement réfractaire à cette doctrine de jouissance, elle ne s’était pas promis virginité éternelle au point de porter une ceinture de chasteté, cependant, la laideur des hommes sous sa forme philosophique et sa souple misanthropie en faisait une âme solitaire, dure d’approche et ô combien tourmentée. Lui aussi, sans doute pensait-il que ce n’était là qu’un choix de vie, sans savoir que c’était celui de mort. Il prenait son affliction comme du pessimiste inné, la voyait bégueule et hostile, mais comme tous les autres, il ignorait. Il ignorait que tout n’était question que de protection, que tout ne tournait qu’autour d’une peur d’exister. Ces réminiscences soulevèrent le cœur palpitant de l’asiate qui se décida à réagir, elle mesura la force de son professeur en tentant de s’extirper de diverses manières. Mains contre les épaules de Killian, elle poussa mais ne parvint à décoller que son buste du sien, déviant d’autant plus la trajectoire de son décolleté sur le côté déjà dévoilé. Abandonnant cette idée, elle réitéra son essai en poussant cette fois sur ses pectoraux, puis sur sa ceinture abdominale, tenta de dégager ce bras qui la piégée, s’évertua à pivoter d’un côté, puis d’un autre, sans succès. Ne voulant pas risquer à serpenter telle une anguille contre cette musculature grecque, elle prit un instant pour réfléchir, persuadée qu’il devait s’amuser de ses tentatives de fuite. L’effet de surprise serait son meilleur acolyte, et pour cela, il lui faudrait utiliser ses jambes libres de toute contrainte. Sa tête se baissa, comme pour témoigner de sa résignation, leurre qui lui permettrait peut-être de se sortir de là. Elle resta ainsi un moment, pour qu’il la pense inapte à réagir, pour qu’il ait foi en sa domination. C’est lorsqu’il s’y attendrait le moins qu’elle agirait, en dépit de son peu de force, elle avait une imagination fertile qu’elle avait eu l’occasion de lui démontrer plus d’une fois. Question de timing, il ne fallait ni trop, ni trop peu attendre, alors, elle passa à l’attaque.

    Mains sur les trapèzes de son professeur, elle recroquevilla les épaules et donna une puissante impulsion dans ses jambes de gazelle. Jouant sur le déséquilibre causé, Nozomi alla le plaquer contre la plus proche surface, en l’occurrence son bureau. Le meuble se déplaça sur plusieurs centimètres dans un grincement désagréable, et alors qu’elle comptait sur cette imprévisibilité pour se hisser hors de son étau, elle fut prise à son propre piège. Ses paumes glissèrent sur la chemise de l’incube, puis ses avant-bras et ce, jusqu’à ce que la réception se fasse, une réception plutôt… Inopinée, puisque ce fut lèvres sur les siennes qu’elle atterrit. Le sort ne se jouait-il pas suffisamment d’elle pour en plus retourner ses moindres gestes contre elle ? Les yeux grands ouverts, ses iris bicolores ne pouvaient croire ce qui se passait, par sa faute. Ce péché aussi véniel était-il brisait d’un grand coup de massue la déjà frêle crédibilité de la jeune femme, qui, totalement effarée ne faisait qu’aggraver son cas en ne réagissant pas. Lorsqu’elle revint à elle, elle décolla promptement ses lippes, baissant la tête pour se cacher derrière sa crinière, les doigts crispés sur le bord du bureau qu’elle tenait. Elle les entendait déjà, ses goguenardises, ses accusations de séduction, il prétendra qu’il s’agissait d’un baiser intentionnel pour l’enfoncer un peu plus. Et bien sûr, puisqu’un malheur ne vient jamais seul, elle n’avait pu se défaire de lui et revenait au point de départ… Mais, était-ce réellement à considérer comme un malheur ?… Ce baiser, ce chaste baiser suffit à semer la discorde en son être. Elle fut tellement bouleversée par la succulence de ses lèvres, qu’elle eut le réflexe de cloisonner la bouche du vampire à l’aide de ses deux mains, autant pour éloigner le péché que pour l’empêcher de commenter. Ses membres tremblaient, et, le visage toujours bas pour ne pas le voir, en tentant de maîtriser les oscillations de sa voix, elle prit parole avant lui.

    ... Je ne… Veux… Rien entendre ! Articula t-elle distinctement entre ses dents. Si vous n’êtes pas capable de profiter de ce que l’on veut bien vous offrir et non pas de ce que vous vous désirez, alors lâchez-moi…

    Avec toutes ces péripéties, elle en avait oublié le sujet principal, si lui convoitait son corps, c'était l'ambroisie qui coulait en ses marbrures qu'elle lui apportait sur un plateau d'argent, qu'elle n'était plus certaine de vouloir lui céder...
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Killian Noctoban

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MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyLun 10 Mai - 19:31

Toute son orchestration semblait enfin tourner en sa faveur. Ses puissants bras ligotant la belle contre sa musculature, prohibaient tout furtif essai d’escapade. D’une manière des plus fascinantes la prisonnière tenta de se défaire de ses chaînes ; ondulant, gigotant, contorsionnant et mouvant toute son altérable anatomie elle poussa de sa déshéritée véhémence, le propriétaire des clefs de son cadenas .Mais toutes ses miséricordieuses initiatives d’évasion demeurèrent vaines. La condescendance du professeur de science était irréfutable face à de si chétifs coups de leptocéphale apeurée. Cependant, sa vigilance ne tarda pas à découvrir l’œuvre de l’alléchante danse féline qu’elle venait de lui offrir. Telle la plus imméritée des traitresses, la fine soierie qui dissimulait encore les dernières et plus exquises pétales de la rose, commençait à céder sous l’effet des pérégrinations dérisoires de l’étudiante. Un tissu filiforme et immaculé apparut peu à peu, pure tentation, et paraissait presque convier le vampire à d’hypothétiques applications tactiles. Ses prunelles capturées par ce petit détail affriolant stimulèrent le coté charnel de l’encéphale du démon – à tel point qu’il n’eut pas le temps d’envisager les propos à venir de la demoiselle. Difficile de s’improviser devin lorsque la fortune vous offrait le divertissement le plus aphrodisiaque qui puisse exister - et annihilait par conséquent n’importe qu’elle réflexion censée. Il était si attentif à toutes ses gesticulations que le fait que sa nature satanique prenne le dessus ne le tracassait même plus. Petit à petit, une volupté s’empara de lui et faillit desserrer voire même rompre le lien qu’il maintenait, un frisson de sybaritisme si puissant que sa robustesse fut la première à être touchée. Il dû faire appel à toute sa verdeur pour ne pas fléchir et permettre à la jeune femme de filer sans demander son reste. Bien sûr, son combat intérieur ne trahissait pas son impassibilité ; ses expressions demeuraient similaires et tout autant narquoises.

Ce fut seulement lorsque la détenue parla qu’il fut pour ainsi dire déconcerté. Depuis qu’elle lui résistait, elle n’avait cessé de contrer ses propos ou ses actes par de simples interjections, mais à chaque fois il s’était arrangé à croire le contraire, persuadé qu’elle mentait pour l’empêcher de la posséder une bonne fois pour toutes. Ou bien, il se disait qu’elle cherchait vainement à se convaincre elle-même qu’elle ne ressentait rien et n’appréciait rien des hasardeuses caresses qu’il lui infligeait. Mais voilà qu’à terme, après tant de réticence, il commençait à douter de sa détermination. Les mots qu’elle employa pour qualifier l’intérêt qu’elle lui portait eurent beaucoup de mal à être encaissés. Après tout, il se fourvoyait peut-être depuis le début. Peut-être même que la mitoyenneté qu’il s’octroyait avec elle ne parvenait qu’à écœurer son étudiante ? Il était tout aussi probable que la diplomatie qu’elle lui accordait ne soi que l’ultime conséquence d’une inquiétude scolaire ou d’une tenace investigation sur d’hypothétiques êtres mystiques ? Dans ce cas là, il pourrait bien s’évertuer à la conquérir ou à la dompter, aucune de ses manœuvres ne fonctionnerait. C’est pourquoi un fugace instant ses yeux se plissèrent sous l’effet du désagrément, il toisa la jeune femme d’un air anxieux et chercha à discerner dans ce somptueux visage, une subtile preuve de mauvaise foi. L’actrice était talentueuse, et son rôle lui coulait à la peau merveilleusement bien, il lui aurait suffit de l’injurier pour que sa volonté ne soit épuisée et qu’il se décramponne aussitôt, d’ailleurs, il attendit avec beaucoup d’aversion le mot susceptible de récuser à jamais sa frivolité. Mais il ne vint pas. Laissant le joueur dans l’incertitude. La question qui subsistait était de savoir si Nozomi était seulement consciente de l’état peu assuré de son envahisseur. Si jamais elle se rendait compte que ses paroles pouvaient parfois déstabiliser autant Killian, il était imminent qu’elle userait et abuserait de sa nouvelle arme pour réduire le démon à néant. Se sentir douteux et remettre en question son aplomb ne lui arrivait que très rarement, la plupart du temps, lorsqu’il se sentait défaillir cela ne prenait origine que dans une occasionnelle remise en question personnelle ; rares étaient les personnes qui réussissaient à le contrarier au point presque de le blesser ; sa carapace dépourvue de sentiments balayait d’un revers de la main les assauts affectifs. Pourtant les dires de la sylphide envoyés suffirent à atteindre le vampire et donc à transcender un tantinet le blindage qu’il s’était forgé.

Malheureusement pour elle, Nozomi ne put saisir sa chance. Le destin apparemment se plaisait à lui rendre la vie dure. Après avoir essayé de multiples fois d’abattre la forteresse qui la tenait, elle parvint à tirer de la liberté dont bénéficiaient ses jambes et de son imagination débordante une action qui aurait pu, dans la majorité des cas, lui permettre de prendre ses jambes à son cou. Mais malencontreusement, sa stratégie s’opéra contre elle. D’une impulsion qu’il ne pu prédire à cause de l’interrogatoire qu’il s’imposait, elle le culbuta vers l’arrière et lui fit perdre son équilibre ; toute son imposante structure d’incube se retrouva littéralement plaquée contre son bureau qui faillit flancher sous le poids massif qui s’écrasa sur lui. Une de ses mains avait abandonné son poste pour le réceptionner et lui éviter de se fracasser la colonne vertébrale contre la courbure accentuée de l’écritoire, l’autre conserva sa fonction avec beaucoup de difficulté, puis fut à nouveau aidée par sa semblable lorsque le rachis du professeur s’allongea adroitement contre la surface de la table lui assurant un équilibre tangible. Ce fut justement cette installation plus confortable qui provoqua l’exotique suite des évènements. S’il était resté plus penché, Nozomi aurait certainement pu se réceptionner sans aucun problème et profiter de l’incommodante position du vampire pour s’enfuir. Mais la réalité était tout autre et tellement plus plaisante. Inopportunément, la chemise à laquelle elle s’était agrippée lors de la chute, dérapa et entraîna avec elle la beauté qui embrassa, au grand plaisir du vampire, les lèvres de son professeur. Le temps de latence qui s’installa fut pour l’envahit un pur moment de jouissance intérieure mais pour la jeune femme, sans doute la fin de toute cette crédibilité qu’elle lorgnait. Killian eut lui aussi besoin d’un bref instant pour assimiler plus nettement l’étendue des circonstances, ce qui l’aida à se reprendre fut la magistrale saveur, pareille à une friandise des plus probantes, qui s’échappa des lèvres de la demoiselle – et c’était le cas de le dire – en détresse. Aussitôt après avoir recouvert ses esprits, elle le bâillonna vigoureusement, ce qu’il interpréta comme un désir de ne rien entendre de son point de vue. Sa main tremblante resta plantée ainsi jusqu’ ce qu’il se décide enfin à réagir, et comme il s’en doutait, il fut incapable de se contenir.

Si elle ne voulait rien entendre, alors elle n’entendrait rien, mais elle divaguait si elle osait croire qu’après une si audacieuse invasion, il ne puisse se restreindre à ce qu’elle voulait bien lui offrir. D’un geste dextre, il emprisonna la main qui le muselait et s’en servit pour attirer la jeune femme à lui. Lorsqu’elle fut à quelques centimètres de son visage, il laissa échapper un sourire enjôleur, puis, enchainant le buste de celle-ci il roula sur le côté, intervertissant leurs places. Une fois permutée, la belle assujettie fut victime d’un déshabillage oculaire de la part de son professeur, et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il remarqua une fantaisie si attractive en direction de la cuisse droite de la jeune femme, le bas de la robe s’étant légèrement soulevé. Toujours aussi taciturne, il se baissa vers elle et posa sa main sur la hanche qui longeait le coté habité par l’originalité que symbolisait cette jarretière assortie au fin tissu qui quelques minutes auparavant conviait le vampire à réaliser ce qu’il s’apprêtait à faire. Elle ne s’en tirerait pas indemne cette fois là. Cependant l’excitation nouvelle qui l’occupait n’était pas de celles qui nous obligent à agir de façon perverse ou libidineuse. C’est pourquoi, contre toute attente, alors que n’importe quel spectateur aurait pu prendre le pari, contre toute sa fortune, qu’il profiterait de la situation pour abuser de la jeune femme, Killian remonta sa main vers la joue de la jeune demoiselle en suivant ses courbes sinueuses, et caressa délicatement cette peau à l’origine lactescente qui, sous l’effet de la domination masculine, rougissait de plus belle. Son regard ce fit plus attentionné, comme s’il semblait prendre en compte le désarroi et la malchance de son élève. Intérieurement, il crépitait, combattait pour s’empêcher de lui faire du mal, la vue de ces traîtres sous-vêtements l’échauffait, subséquemment, il utilisa sa main gauche pour baisser la robe de Nozomi, l’aidant un tant soit peu dans sa pudicité, mais cherchant surtout à apaiser cette fournaise qui le consumait. Si jamais il se laissait aller, son corps voudrait pressement prendre possession de celui de la demoiselle et le conduirait à un abreuvage sanguin. Pourtant, il était si laborieux de ne pas toucher ce corps sculpté et offert à contrecœur.

S’abandonnant à cette concupiscence charnelle après une lutte acharnée, il vint sensuellement s’ajuster au visage de son étudiante et débuta par de périlleux baisers déposés sur les paumettes empourprées de Nozomi. Le souffle accéléré, il se rapprocha de ses lèvres si suaves qu’il mourrait d’envie de gouter à nouveau. Alors le moment décisif arriva, sans même se soucier de l’appréciation de sa proie, le démon plaqua ses lèvres contre celles de l’humaine et y déposa un premier baiser fugace, puis un deuxième plus tardif accompagné d’innombrables caresses au niveau de la crinière opaline et soyeuse de sa partenaire. Et, quand il eut terminé, il quitta cette bouche sucrée à regret pour s’assurer qu’il n’avait pas assassiné son élève avec tant d’ardeur. Contrairement à ce qu’il avait subodoré, il eut plus envie de recommencer que de planter ses crocs dans cette chaire brulante. Ce n’est pas pour autant qu’il s’autorisa un nouvel essai. De plus, l’heure n’étais ni à la plaisanterie, ni à la goguenardise, et ni aux sarcasmes, si elle ne voulait pas entendre de commentaires malsains, alors il n’en ferait pas et se contenterait du strict minimum.


« Hermétique ?» Cita t-il d’une tonalité séduisante. Dégageant une mèche de cheveux du front de Nozomi, il reprit. « Je n’en suis pas convaincu, maintenant, si vous souhaitez réellement que je cesse « mes avances ridicules », vous n’avez qu’à me le demander….poliment ? » Il se desserra un peu et envoyant d’un coup de main les mèches de cheveux qui dégoulinaient sur son front, puis il ajouta, le regard dans le vague, comme s’il réfléchissait : « Bien que je ne puisse vous promettre de me plier à votre volonté. »

Il ne comptait assurément pas lui obéir, mais il voulait voir si elle oserait lui demander distinctement et clairement de cesser à jamais ses propositions. Il ne l’expérimentait pas, il avait simplement envie de s’assurer que ce qu’il faisait n’était pas en réalité la plus grosse perte de temps de son existence – oh après tout, du temps, il en avait à revendre, alors s’il fallait patienter, pourquoi pas ? Mais qu’il soit au moins certain que son opportunisme ne soi pas si futile. Pendant ce temps, le thème principal commençait à se faire devancer pas le récent panthéisme de leur relation. La réponse s’imposait d’elle-même, quoiqu’il puisse tenter pour dissimuler son satanisme, la belle humaine qu’il convoitait, bien loin d’être niaise et nigaude, avait depuis longtemps deviné que son code génétique n’était plus du tout humain, et ressemblait à présent à un assemblage de codons malfaisants. Le fait d’être découvert l’importunait à peine, ce qui le tracassait était plutôt l’éventuelle idée ou conception qu’elle serait susceptible de se forger et qui pourrait par conséquent l’écœurer plus qu’il n’en était déjà le cas. Elle n’avait vu de son méphistophélique tempérament qu’une infime et burlesque parcelle ; il était bien plus exécrable et imbuvable en réalité ; qui pourrait saigner tout un village et abattre sa mère adoptive sans le moindre regret ? Quel être serait capable de rire de la souffrance d’un autre ? Quel individu assez dérangé s’autoriserait les pires actes en guise de divertissement ? Lui, toujours lui et encore lui. Et après avoir fait jaillir tant de sang il posait ses mains sur cette peau chaste et pure sans sourciller, il embrassait cette bouche douce et pulpeuse qui respirait la bonté, de la sienne, infestée par tant de rancœur ? Si Nozomi réfléchissait ainsi, il était tout à fait naturel et compréhensible qu’elle trouve abjecte tout ce qui le constituait. Voilà pourquoi, après qu’il eut terminé de l’embrasser et de lui parler, un sentiment d’opprobre l’envahit – comment pouvait-il se permettre de la dépraver de la sorte ? Quel monstre égoïste il était. Il se détestait et détestait son individualité, même s’il se donnait des grands airs d’homme indifférent, sa personne le désolait, et rien qu’en tant que scientifique il devait se loger à la même enseigne que ces bactéries, ces anormalités, qui se développaient un peu partout dans le monde. Lui, incapable de se contrôler, de se restreindre, ou de se raisonner, il agissait par pure animosité, seul son physique faisait de lui ce qu’il n’était plus.

« Irrécupérable » semblait s’accommoder à merveille avec ce qu’il était, et comme s’il n’en avait pas déjà assez fait, le vampire contempla une nouvelle fois ce corps emprisonné. Pourquoi fallait-il que ses rondeurs soient si attrayantes ? Pourquoi cet air contraint et apeuré était si plaisant à regarder ? La pauvre jeune femme ne pouvait même pas compter sur son propre organisme pour s’assurer une défense minimale. Bien qu’il se soit forcé à ne pas toucher cette sculpture envoutante, sa main s’aventura malgré lui, légèrement plus bas. Suivie par ses prunelles avides de nouvelles découvertes, la main glissa jusqu’à la naissance d’une courbure renflée, dessinant avec exactitude la convexité frémissante, un audacieux doigt descendit encore plus bas, décalant au passage la robe qui elle ne demandait qu’à être retirée. Prolongeant avec douceur la cambrure de ces hanches fines, la main bientôt arrivée à destination se logea entre les hanches et le bas du dos de la jeune femme pour la cambrer et la positionner plus confortablement. Sans retirer l’extrémité de son bras, il se courba vers ce buste d’albâtre et plongea son crâne dans ce cou au parfum émoustillant pour y renifler de plus prés l’odeur du nectar qui s’y agitait. Il n’était plus vraiment sur de vouloir y gouter sans l’approbation de la donneuse mais l’odeur capiteuse que dégageait le liquide était un pur péché pour ce diable assoiffé. A l’extérieur, la nuit commençait à tomber, voilant le ciel et diminuant la luminosité, plongeant aussi les deux protagonistes dans une obscurité terriblement envoutante mais inquiétante. Ils devaient certainement être les seuls à occuper encore une salle de cours dans l’enceinte du bâtiment, et bientôt, les êtres nocturnes surgiraient de leurs cachettes pour s’abreuver du sérum entêtant des innocentes victimes. Ses congénères sentiraient bientôt cette sublime fragrance qui émanait de son élève et ne se priveraient pas d’y gouter. A priori l’idée ne l’aurait pas déranger, partager son repas était habituel lorsque la nourriture abondait – sauf que – partager cette humaine là, sur n’importe quel plan lui paraissait totalement inenvisageable. Il savait qu’un incube avait déjà bu de son sang si précieux et qui qu’il soit, il avait le brulant désir de le trouver pour lui reprendre ce qu’il avait volé, de gré ou de force. Instinctivement, Killian serra son étreinte comme pour empêcher les forces de l’ombre de la kidnapper. Puis, discrètement, il fixa la porte de la salle qui se trouvait à plusieurs mètres d’eux, pour lui ordonner de se fermer à clef, ce qu’elle fit en obtempérant silencieusement. La télépathie était une faculté qu’il maitrisait parfaitement, mais c’était la première fois qu’il en usait pour protéger une humaine. En effet, il n’avait pas fermé l’ouverture pour piéger la belle, mais plutôt pour empêcher les visiteurs altérés d’y pénétrer. Ses sourcils se froncèrent lorsque l’ombre d’un passant apparut l’espace d’une seconde au coin de la porte, et la luminosité pourpre et sauvage de ses yeux s’illumina jusqu’à ce que la silhouette ait disparu. Enfin, il prit conscience de ses actes, et relâcha sa prise pour lui permettre de respirer. Quelque peu embarrassé par son fugace instant de possession, il prit la parole avant qu’elle ne le fasse.


« Vous n’avez pas peur de la pénombre délicieuse créature ? » La faible luminescence éclaira son visage lorsqu’un sourire peu amène s’y dessina. « C’est à cette heure-ci que mon imagination est la plus fertile. » Ajouta t-il en guise de provocante prévention.

L’obscurité était en effet propice à beaucoup de choses, y compris l’audace. Allait-elle fuir face à cet incube plongé dans son élément ou profiterait-elle de cette exaltation comme il se doit ?
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Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] Vide
MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyVen 14 Mai - 0:32

    Car le cartésianisme ne semblait plus aussi rationnel que l’exigeait sa doctrine, car le sud venait de permuter avec son antipode septentrional et qu’elle se retrouvait tête en bas, là où ses dogmes et idées n’étaient plus que galéjades. Que le cogito se fasse détracteur, car Nozomi n’avait en cet instant plus l’envie de penser et encore moins d’être, si l’un était lié à l’autre, alors elle se promettait de plagier le quotient intellectuel de son ombrelle pour le reste de ses jours. Tel l’accusé dans sa cellule de mutité, elle avait plongé dans la criminalité et se noyait à présent dans la culpabilité. Pouvait-elle invoquer le cinquième amendement et ainsi espérer un ténor du barreau ? Après tout, tout n’avait été que légitime défense, pouvait-elle songer à l’acquittement ? Avec son professeur de sciences en guise d’antagoniste, ses chances d’amnistie côtoyaient la vacuité, et elle craignait l’âpreté de sa sentence. Tout un scénario des plus hollywoodien s’était dores et déjà crée dans son esprit perturbé, qui n’avait aucune logique et tenait plus de l’affabulation. L’aconitine de ce larcin de baiser l’avait certes assommait de par son analgésie, mais ainsi nuancée de cette quintessence labiale si particulière, ce fut la conception d’un nectar addictif à la saveur de profanation, encore imprégné sur ses lèvres pécheresses. Elle se les pourlécha à plusieurs reprises dans le but de s’en débarrasser, d’attendre que les effets subsidiaires ne s’effacent pour ne plus être réalité, mais que délicieux songe interdit. Le regard bas, intrigué par un détail futile pour ne faire qu’illusion d’intérêt et ne pas croiser le sien, elle tentait de se persuader de son innocence, que peut-être, elle était encore assoupie et dans les tumultes de son imagination pour le moins douteuse. Cela aurait été de l’ordre du possible si les facteurs de la palpabilité n’entraient pas en compte, telle la palissade manuelle qu’elle avait improvisée sur la base physionomique de son enseignant, ou encore cette ceinture de muscle qui la privait de sa liberté de mouvement. La tangibilité de la situation ne pouvait lui laisser aucun doute, elle commençait à se demander lequel d’entre eux était le plus à blâmer, celui qui concevait et contrôlait le jeu ou celle qui contribuait à le rendre plus divertissant encore… Lorsqu’il n’y avait plus de règles, la tricherie était indécise, l’enjeux, un enjeux ? Y en avait-il encore un ? La kyrielle qui s’était fait avait égaré l’asiate dans la fièvre des conséquences, jusqu’à lui en faire omettre son dessein.

    C’est alors qu’une pression lui emporta la main pour ainsi engloutir le frêle écart qu’elle avait réussi à creuser en le muselant. Elle redressa instinctivement la tête pour ne pas être surprise par la trajectoire qu’il lui faisait emprunter, et fut tout aussi intimidée que suspicieuse. Ce sourire, elle l’avait vu de nombreuses fois au cours de ses innombrables tentatives de séduction qui lui faisaient prendre la poudre d’escampette, dont elle ne supportait l’excessive suggestivité. Mais laquelle, elle ne l’avouerait jamais, la confrontait à une rude discordance intérieure entre sa convenance et l’ivresse de ses caresses qui ne s’étaient jamais fait aussi intenses qu’en ce jour. Ce rictus aussi bien dévoyé que corrupteur n’était qu’un héraut de mauvais augure, un prélude d’intentions scabreuses dont la jeune femme avait appris à se méfier, peut-être pas assez… S’il y avait un fait qui leur était commun, c’était celui de pouvoir sans cesse surprendre l’autre par des procédés inattendus aux contrecoups tout aussi inopinés. Sans comprendre quoi que ce soit, la délicate captive rendit la place de prééminence au plus séduisant des autocrates qui s’offrit un effeuillage visuel de la plante rosacée qu’il tenait pour otage. Loin d’adhérer à la rêverie charnelle qu’il s’autorisait sur son corps, elle suivit le tracé de son regard jusqu’à ce qu’il ne décèle la subtile décoration de sa cuisse, alors renégat de sa propriétaire, qui estimait que sa robe se faisait plus transfuge que d’ordinaire sous l’échappée de ses sphéricités féminines. Gênée de son aguichante découverte, elle escomptait qu’elle ne lui inspirerait pas davantage d’idées que celles qui obscurcissaient déjà son esprit. Une fois de plus, l’expérience qu’elle avait tirée des nombreux assauts de son professeur influença sa fertilité quant à ce qu’il serait amené à faire de cette étoffe. Sa main sur sa hanche la fit tressaillir d’appréhension, et c’est avec le souffle court qu’elle l’observa dans sa gestuel. La douceur, voire presque bienveillance de ses attentions laissèrent pantois la demoiselle qui, plus rassurée, fut résignée face à l’étrangeté de ses actions et à celle de son regard.

    Killian vint déposer pléiade de baisers sur les joues ardentes de la nippone qui rehaussa ses pommettes et afficha une adorable moue boudeuse, tel un chérubin importuné. Elle reprit un semblant de sérieux lorsque l’écueil de son récent opium vint en périlleuse proximité, ses lèvres limitrophes aux siennes, ce vénéfice duquel elle ne voulait pas succomber. Cependant, en une ultime incursion, il lui fit estimer cette sapidité auparavant fortuite et fluer un ankylosant venin à travers chacune de ses veinures. Les yeux grands ouverts durant cette première houle, étourdit, elle n’eut le temps de mesurer l’hardiesse de son désir qu’il le réitéra, la prenant à nouveau au dépourvu. Incapable de réagir sous son emprise, elle se contenta de clore les yeux et, bien malgré elle, de savourer son initiative. Lorsqu’il s’écarta, elle se surprit à presque le suivre pour retarder son départ mais parvint à retenir cette ô combien curieuse pulsion qui l’emplit d’embarras et de contrariété. Abandonnée à sa manipulation, elle ne recouvrit la vue qu’à sa manifestation voisée, une fois de plus victime de la virtuosité de son enseignant à laquelle résistance rimait avec inanité. Une seule réplique la séparait de la délivrance, une adjuration synonyme d’abstention pour son bourreau qui ne pourrait alors qu’admirer la fade joliesse d’une convoitise inaccessible, et supposer le goût de son philtre sanguin. Moins ingénue qu’elle pouvait en avoir l’air et après confirmation de son interlocuteur, elle doutait que ce procédé soit suffisant à lui ôter sa volonté à moins qu’elle ne se fasse odieuse à son égard, chose qu’elle ne saurait faire, chose qu’elle ne voulait faire ?… Pourquoi, alors qu’il n’était de loin pas le premier quidam avide de sa personne, ne pouvait-elle pas simplement le dédaigner comme elle savait le faire lorsqu’elle revêtait sa carapace de préservation ? Elle alternait entre révolte et docilité, bien qu’au final, il gardait une mainmise sur sa belle assujettie. Etait-ce cette précarité qui lui plaisait tant, à n’en nul douter, mais même avec cela, il la surestimait encore trop face à l’ignorance de son secret valétudinaire. La découverte de ce dernier serait un traumatisme pour Nozomi qui s’enlisait un peu plus dans sa circonspection et restriction à chaque déclin pernicieux, et qui ne voyait en sa condition que l’abandon, comme ce fut le cas pour son premier amour.

    Forcée de constater que la badauderie manuelle de l’incube se précisait, elle remua sous ses escales et agrippa le tissu de son décolleté, qui se froissa entre ses doigts, pour dissimuler sa sensualité thoracique trop exposée. Il alla s’intéresser de plus prés à cette probable source de sustentation en humectant les danses olfactives de ce sang qui ne quémandait qu’exultation nutritive à apporter au démon. L’étudiante n’opposa aucune résistance, et se contenta d’obtempérer, alors intriguée par l’avidité de la pénombre qui gagnait la salle de cours pour les envelopper d’une once d’intimité, tels deux amants dans l’ode de leurs embrassades. Son enlacement prit alors un autre aspect, d’une volonté protectrice, comme s’il jalousait l’appartenance de son élève qui, pour la première fois, se laissa aller à l’intensité de son étreinte qu’elle jugeait différente de ses consoeurs. Une main posée sur sa musculature, elle mesurait la froideur de ce corps masculin même à travers le fin tissu de sa chemise. Quelque peu compressée contre lui, elle prit une brève inspiration lorsqu’il la libéra de sa force, puis fronça les sourcils à son intonation, qu’elle n’apprécia pas. Sa réponse fut instantanée et tout aussi péremptoire que d’ordinaire.


    Appelez-moi par mon prénom. Elle contracta sa joue gauche et afficha un rictus objurgateur du même côté. Je n’aime guère vos dénominations, alors abstenez-vous de traduire vos pensées à travers vos sobriquets... S'il vous plait.

    Nul besoin de science infuse pour savoir que les humains étaient les délices de ces démons insatiables de leur fluide substantiel. Si Killian était amené à lui avouer qu’il la dévorerait avec plaisir, ses paroles pourraient trouver une connotation désagréable à sa nature démoniaque qui transformerait la métaphore en réalité. La hiérarchie scolaire la contraignait à le désigner avec un minimum de déférence, via son patronyme, lui pouvait se permettre d’user de son prénom, ce prénom qu’elle détestait tant. Sa naissance fut le trésor d’une aspiration maternelle immodérée, et pour la plus grande ironie, ce fut l’espoir qu’elle apporta à sa génitrice, sentiment alors traduit en terme japonais par « Nozomi ». Une bien belle boutade du sort lorsqu’elle y réfléchissait, alors qu’elle nourrissait aujourd’hui une véritable aversion pour ce simple mot. Dépitée, elle échappa un long soupir, puis se rehaussa de manière à retrouver une certaine stabilité, assise sur le meuble de bois bien que toujours captive de cette puissante camisole. Lentement, ses iris aux éclats bicolores, deux antipodes des codes de couleurs, l’un glacial, l’autre flamboyant. Ces joyaux oculaires se plantèrent avec acuité dans les topazes de l’incube, ou ce que la faible luminosité lui permettait de scruter dans ce qui était le reflet de l’âme. Dans un sombre silence, elle demeura inexorable, à sombrer dans son regard sans raisons, car les paroles n’étaient que hâves retranscriptions des émotions, et qu’elles ne valaient pas la sémiotique du corps, d’un geste ou d’un battement de cils. Son pantomime abolirait toutes ses admonestations, qu’importe, elle voulait seulement le regarder, le regarder avec l’attention qu’elle ne lui avait jusqu’alors jamais portée. Comme si elle le découvrait pour la première fois, elle vogua ainsi sur son faciès, s‘attardant sur les détails qui le constituaient en tant qu’être unique. De ses mèches opalines à ses lèvres mutines, elle le dévisagea avec débonnaireté. Puis, elle authentifia la défunte texture de cette douce surface cutanée en glissant l’extrémité de ses doigts dans le creux de sa joue, et ensuite flâner le long de son cou jusqu’au col de sa blanche chemise. Mal nouée sur son larynx, une cravate, sur laquelle la jeune femme s’arrêta, non sans avoir une certaine réminiscence.

    Maintenant qu’elle remarquait cet accessoire, elle se rappelait qu’il y avait encore quelques temps, un ruban smalt ornementait aussi sa gorge avant qu’elle ne se fasse dépouiller. Celui-ci était encore lové autour de la main du maraudeur, et les probabilités qu’elle puisse le récupérer dans l’immédiat frôlaient la nullité. Le lui offrir était une éventualité à laquelle elle n’était pas réfractaire, cependant elle aimait l’équité, et elle comptait bien le lui faire savoir. Doucement, elle attrapa sa cravate, et l’obligea à se pencher en y exerçant une petite pression, de manière à réduire la distance entre leurs visages. Elle se mit alors à la délier, les yeux dans les siens, tout deux à moitié engloutis par l’obscurité de la sorgue naissante. Bientôt, deux pans naquirent, un de chaque côté, qu’elle tenait dans ses mains. Ses calots prirent congés jusqu’à sa bouche, élément hypnotique qui la déshéritait de sa lucidité, sur laquelle elle s’immobilisa non sans attrait. Etait-ce possible qu’à son tour, Killian ne se transforme en sujet de convoitise pour son étudiante ? Si l’idée était à soulever, leurs réactions s’avéreraient disparates. Certes, Nozomi comprenait ce que ressentait Tantale sous l’irréalisable envie de croquer ses fruits ou de s’hydrater à la rivière. Cependant, contrairement à lui, si elle le voulait, elle pouvait céder à cette tentation qui lui tendait les bras, prête à l’accueillir dans l’usufruit de la pêcherie. Ses propres lèvres charnues se décollèrent l’une de l’autre comme le témoignage de leur envie de recevoir leurs jumelles masculines. Soudain, ses doigts se contractèrent autour du tissu qu’ils tenaient, et elle le fit glisser sur la nuque de l’incube pour la lui retirer. Une invitation audacieuse ? Cela en avait tout l’air, cela l’aurait été si elle s’était lancée à la rencontre de sa volupté, ce qui ne fut pas le cas. Habituée à la privation, il ne lui fallut qu’une brève secousse intellectuelle pour revenir à elle, et s’extirper de leur contiguïté. Le regard dérivé sur le côté, la nippone prit un air faussement impartial, puis enroula son butin autour de son propre cou pour ainsi s’en habiller.


    Une cravate contre un ruban de soie, cela me paraît honnête. Elle finit de nouer l’accessoire, puis attrapa les poignets de son professeur. Je n’ai pas peur, ni du noir ni de vous, vous n’êtes peut-être pas le plus inoffensif de tous, mais je doute que vous me fassiez quoi que ce soit. Nozomi tenta de se dégager en reculant sur le bureau. Si vous voulez dialoguer il faut un minimum de distan--

    Alors que la demoiselle était décidée à commenter la proximité qu’il avait instaurée entre eux en illustrant ses dires, un brusque claquement retentit à l’extérieur de la salle. Si le bruit en lui-même n’avait rien d’effrayant, avec une conscience aussi préoccupée et peu tranquille, cette manifestation sonore totalement inattendue terrorisa la jeune femme qui, dans un sursaut, ravala la distance qu’elle avait tenté d’établir. Elle ne se fit cette fois pas prier pour se coller au quidam face à elle, comme un bambin allant se réfugier dans les bras d’un parent. Quelques secondes s’écoulèrent, jusqu’à ce qu’elle ne se rassure sur la bénignité de ce qui avait su la déposséder de sa tenue. Tenue qu’elle chercha à recouvrir en se reculant à nouveau, contrariée. Elle s’apprêta à reprendre la parole pour le dispenser de tout commentaire goguenard, lorsqu’un nouveau fracas se fit entendre, similaire à son prédécesseur. Une fois de plus dans l’inadvertance, Nozomi réitéra son exploit avec plus de vigueur, puisqu’elle accrocha sa taille de ses bras comme un naufragé à sa bouée de survie. Sa subite impulsion obligea Killian à reculer de quelques pas, tout deux à présent debout, et liés par la volonté de la jouvencelle de se mettre à l’abri. Claquement de porte, fenêtre ou autre, cela avait suffit à briser son eurythmie et à finalement accepter le contact de leurs anatomies. A choisir, elle préférait le danger scientifique qu’elle connaissait, qu’un qui lui serait inconnu, sous supposition que danger il y ait. Pommette logée contre son torse, fermement agrippée à lui, elle osa lorgner la porte en se demandant ce que cela pouvait être. Qu’importe, car elle venait de lui donner de quoi railler de sa personne. Vexée, elle stoppa son étreinte et se présenta de profil, bras croisés et visage tourné dans le sens opposé, mais ne prononça rien. Malgré cela, elle resta prés de lui, si la nécessité de réaction à une attaque acoustique se faisait sentir… Juste au cas où.
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Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] 695661mo
Killian Noctoban

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MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyMer 19 Mai - 18:18

  • La gaucherie de la nymphe était si apostat à sa personne qu’il se demandait si le funeste sort de celle-ci n’était pas le levier de sa fortune inespérée. Elle avait cette façon si palpitante de vous ensorceler par ses mimiques aguichantes que même le plus benêt des hommes devait se résoudre à la contempler et se demander si sa libido tiendrait la route face à tant de splendeur. Quoiqu’il en soit, ça n’était pas seulement parce que dans ses veines coulait un nectar inaccoutumé auquel il mourrait d’envie de goûter, qu’il demeurait avec elle et la tourmentait ainsi. L’audace dont il avait fait preuve en l’embrassant n’avait pas que provoquer en lui un irrésistible appel sanguinaire, il avait en réalité enflammé les désirs qu’il lui portait depuis longtemps, et comme si sa restriction permanente n’était pas suffisante, voilà qu’à présent il devait faire preuve d’une grande lucidité pour ne pas commettre l’irréparable – ou plutôt ce qui pourrait à jamais coaliser la demoiselle contre lui – tâche ardue qu’était celle de ne pas succomber à une femme. De préférence celle-ci, cela allait de soit. Le fait que son deuxième baiser ne l’est pas laissée indifférente, il ne s’était pas gêné pour le constater, même très minime, ce petit mouvement de tête qui consistait à retarder la séparation de leurs lippes, il l’avait discerné – à sa grande jubilation d’ailleurs – peut-être éprouvait-elle un désir envers lui aussi ? Si c’était le cas, cette mortification dans laquelle elle s’enchaînait, jouait très bien son rôle, car la tempérance qu’elle affichait récusait royalement et impitoyablement. En l’occurrence, elle s’évinça à nouveau lorsqu’il lui adressa la parole, garantissant avec sureté que les qualificatifs qu’il employait ne lui convenaient guère. Des « sobriquets » pour ainsi dire, car c’était le mot qu’elle lui avait lancé, à vrai dire, lorsqu’il accordait un ou plusieurs surnoms à une femme, il n’y avait dans sa tête que l’ultime envie de lui prouver ce qu’il ressentait. Elle voulait qu’il utilise son prénom ? Il ne s’était toujours pas risqué à le faire, mais si cela pouvait lui plaire, alors pourquoi se priver ? C’est en tout cas l’idée qui lui traversa l’esprit avant qu’à nouveau le destin ne se charge d’accroître la difficulté qu’était celle de lui résister.

    Le hasard, qui pour une fois, fut forcé par Nozomi, qui, au grand ébahissement de son professeur de science, prouva que de philanthropes pensées pouvaient sillonner son chaste esprit. Elle entreprit tout d’abord de promener ses envoutants iris bicolores sur sa personne. Il eut l’impression au début qu’elle cherchait à lui reprocher quelque chose, son regard était si investigateur, mais à aucun moment il ne comprit qu’en réalité, elle le contemplait pour le découvrir. Le découvrir ? Il ne s’était pas entrevu clairement depuis si longtemps qu’il était convaincu que son épiderme avait emprunté une pâleur livide et cadavérique et que ses expressions s’étaient métamorphosées en emblèmes horrifiants de sa nature démoniaque. Il espérait se fourvoyer car imposer de telles visions à une innocente jeune femme n’était pas commode. Mais cette façon là qu’elle avait de l’analyser était tout autre et assez particulière puisqu’elle ajouta une dimension tactile à son exploration. Son doigt glissa le long de son visage et dessina ses courbures qui lui étaient presque inconnues, puis il s’aventura au niveau de son cou pour s’attarder sur un détail vestimentaire - sa cravate - enfilée rapidement dés l’aube après qu’il se soit débarbouillé, assez flegmatique, il ne la nouait jamais correctement. Cependant elle ne s’y attardait apparemment pas à cause de son allure négligée, mais plutôt pour la déloger et la retirer graduellement, ce qui l’attira à elle, comme si la ridicule force qu’elle exerçait sur l’habit suffisait à ébranler tout cette masse qui l’emprisonnait. Etait-elle consciente des répercussions qu’elle était entrain d’engendrer ? Cela ressemblait trait pour trait à une demande intrépide de partage charnel. Mais cette nouvelle gaillardise ne lui allait pas, et comme il s’en doutait elle avait bel et bien comme dessein celui de se venger. D’un geste dextre elle ôta l’harnachement, son nouveau centre d’intérêt, et sans jamais abdiquer, elle se ligota elle-même ; enroulant la défroque autour de son frêle cou en guise de substitut casuel au ruban qu’il lui avait confisqué et qu’il comptait bien garder. Puis dans un rictus hautain elle déclara que l’échange était conclu, à lui son galon et elle sa lanière, tous deux satisfaits, ou presque, il pourrait dorénavant, se montrer plus entreprenant. Mais, comme si la sylphide avait, de part son intelligence et sa vivacité, deviné les nouvelles préméditations du démon, elle se contorsionna et parvint, en le poussant légèrement, à reculer de quelques centimètres. Pensait-elle réellement qu’il ne percevait pas ses futiles tentatives d’évasion ? En tout cas, si elle avait voulu rester clandestine, une fois de plus, son ébauche tombait à l’eau. Puisque, contrairement à la tradition, ce fut l’extérieur qui l’obligea à ravaler cet espacement qu’elle s’évertuait à créer entre eux.

    Plus loin, une polémique prenait naissance et faisait de deux amants les adversaires de leur temps. Ce don que lui avait offert sa deuxième naissance - ouïe surdéveloppée - lui concédait le pouvoir de suivre à distance les conversations aux décibels locustes et c’est pourquoi, lorsque la femme entraîna la porte de sa force nouvelle, trop agacée par les menteries de son amant, la détonation qui résonna à tout l’étage ne lui fit ni chaud ni froid. Forcé de constater l’inverse pour son élève. Car elle avait volontairement plaquée sa chétive anatomie contre sa virulence à toute épreuve. Sans l’ombre d’un doute bien trop effarouchée par la déflagration passée elle avait fait de leur contigüité, un exemple parfait. En réalité, ce fut principalement sa singulière réaction qui le fit sursauter que la perspective d’une porte qui claquait. Mais tel un spectateur improvisé, il continuait d’épier la querelle qui s’achevait. Dans un élan de contrariété l’homme contentieux avait lui aussi fracassé la malchanceuse porte contre son socle, pour poursuivre sa dulcinée dans l’espoir de la retrouver. La délibération lui fut inconnue, car cette deuxième explosion terrorisa Nozomi au point de lui octroyer une force inespérée et lui permettre, en se jetant à corps perdu contre la sangsue, de la déstabiliser et de l’obliger à reculer. Harponnée à sa taille il lui semblait qu’elle ne le lâcherait jamais, mais ce fut à son grand regret qu’elle le fit, avant de se figer, bien trop consciente de son audace et subséquemment, du contrecoup inéluctable du vampire. Elle se paralysa volontairement, le regard fuyant, pendant que de son coté, il la fixait, légèrement interloqué par sa susceptibilité. Il percevait la chamade de ses pulsions cardiaques, elle ne lui était pas attribuée, mais peut-être à moitié, qui sait ? Qu’importe pour qui ou pour quoi son cœur battait, l’évidence s’imposait, elle était effrayée et se méfiait encore d’une occasionnelle détonation pour demeurer si prés de lui, alors que si elle cherchait à s’éloigner d’un éventuel danger, elle se trompait de chemin.

    Sans hésiter, il envoya sa main cramponner la sienne et attira la demoiselle à lui sans la tourner. Plaquée contre son torse et dos à lui il entoura ses hanches marquées de sa main gauche et utilisa sa main droite pour bâillonner délicatement les lèvres sucrées qu’il rêvait de déguster une nouvelle fois. Il la sentit se cambrer sous l’effet de ses caresses, puis approcha sa bouche du creux de son oreille, lentement pour ne pas l’effrayer plus que ce qu’elle ne l’était déjà. Baladant ses prunelles sauvages un peu partout sur ce corps il profitait de la vue plongeante que lui offrait leur disposition, sans se priver car s’il devait lui demander elle le lui refuserait. Sa sensualité thoracique frémissait, plus il se rapprochait de son oreille plus ses pores se resserraient, comme pour contenir une traitresse volupté. Puis dans un souffle presque imperceptible il lui murmura une première fois :


    «N’ayez crainte, c’est une simple porte qui claque… Nozomi… »

    Agrippant son fragile menton, il l’obligea à incliner sa tête en arrière et à la reposer contre son plexus, sa main gauche vint remplacer la main droite pendant que cette dernière dénouait la cravate volée et l’envoyait suivie du ruban céruléen sur le bureau abandonné. Ses lèvres se posèrent sur l’oreille de la jeune femme et murmurèrent à nouveau d’une vois plus grave et se voulant terriblement envoutante :

    « Nozomi…. »

    Ce prénom qui sonnait comme une goutte de charme incandescent dans sa bouche, il ne se doutait pas qu’elle le reniait, mais qu’importe il l’obligerait à l’apprécier, de gré ou de force car en ce qui le concernait, il se plaisait à le prononcer. Après tout c’était elle qui lui avait présenté l’idée d’user de son véritable prénom et non de ses appellations suggestives. Il le murmura une troisième fois, puis une dernière, tout en intensifiant les caresses qu’il lui infligeait à chaque fois qu’il le répétait. Mais malencontreusement, cette taquinerie verbale finit par se retourner contre lui, il se sentit fléchir, et instinctivement, ses doigts agrippèrent le tissu immaculé qui la recouvrait, le décalant assez pour exposer à nouveau le début d’une convexité alléchante. L’apostropher ainsi et sans cesse ajoutait à leur corrélation un sybaritisme brulant. Alors, accroché à elle dans sa contenance, il ne put s’empêcher de plaquer ses lèvres contre le cou de la jeune femme, pour y déposer un effluve de baisers assoiffés. Chacun de ses baisers témoignaient de la restriction qu’il s’imposait, à un moment ses iris s’attardèrent sur un mouvement microscopique en provenance de son épiderme. Une veine palpait le sang innocemment, et se contractait régulièrement, en harmonie avec l’organe imbibé d’ichor qui la motorisait. Les pulsations se firent cruelles et envahirent son esprit pour le plonger dans un gouffre infernal. Bientôt, ses doigts se crispaient au même rythme que celui du cœur emballé et compressaient avec eux le tissu qui suivait, renégat de sa propriétaire, la direction qu’on lui imposait. A cet instant il ne lui aurait fallu qu’une seule chose, une poche de sang…mais le manteau qu’il avait retiré auparavant était à présent bien trop loin pour qu’il puisse y dégoter un minimum d’abreuvement. De quoi tenir quelques instants. Alors quelques peu déboussolé, il chercha de quoi divertir son esprit luciférien afin de ne pas faire de son trésor, sa gourde.

    Sa carrure se mouvant entièrement, il décolla légèrement la demoiselle de son torse, le temps pour lui de souffler et de reprendre le peu d’esprits qui lui restaient. Une fois rassemblés, ses esprits l’aidèrent à se ressaisir, il replanta ses prunelles vers Nozomi, toujours dos à lui, elle n’avait pas osé se retourner, ou plutôt n’y avait-elle pas encore songé. Quoiqu’il en soit il allait l’y aider. Il attrapa ses minces épaules et la fit pivoter d’un demi-tour pour la disposer à nouveau face à lui, leur regard s’affrontant. Il eut soudainement envie de l’imiter ; s’autoriser une petite exploration tactile en guise de vengeance dégustée tel un caviar. Alors se rapprochant d’elle, lentement, il la tint d’une main et de l’autre envisagea l’excursion érotique à laquelle il rêvait. Ses pérégrinations débutèrent à la commissure de ses lèvres entrouvertes, lèvres qu’il ne put s’empêcher de fixer avec grand insistance jusqu’à ce qu’il ne cède à nouveau et y joigne les siennes. Lorsqu’elles se rencontrèrent, la succulence des lèvres de la jeune femme parcourut à nouveau sa bouche et l’incita à continuer sans pitié. Il obtempéra, avança jusqu’à plaquer de nouveau Nozomi contre l’écritoire, sans défaire le lien qu’il venait d’établir, il la souleva sans peine et l’asseya sur le bureau qu’elle avait quitté lors de sa frayeur passée. Bousculant les deux tissus, ruban et cravate, il se pencha et tout en la tenant fermement par le rachis, l’allongea contre la surface laquée da la crédence. Se positionnant parfaitement au dessus d’elle, il tenta l’impossible. Son baiser ce fut plus soutenu, et il força la barrière de sa bouche pour l’embrasser plus profondément. La sapidité qu’elle dégageait était des plus exquises et de celles qui vous rende dépendant. Enfin, il s’arrêta, stoppa la fusion de leur deux bouches car il commençait à se rendre compte que ses mains, emportées par leur panthéisme, tentaient de dévêtir la demoiselle en soulevant le bas de sa robe pour y dévoiler sa cuisse redressée. Son but n’était pas de la forcer à faire quoique ce soit, et même si un peu d’anatomie pratique ne lui aurait pas déplu avec elle, il se retint et retira cette curieuse et aventureuse main qui la déshabillait petit à petit. Il posa sa tête contre sa main accoudée au support et la regarda intensément, se demandant si elle lui en voulait encore plus après ce qu’il venait de faire, ou bien si, par chance, elle mourrait d’envie qu’il recommence – ou continue – ce qui paraissait inimaginable étant donné sa chasteté. Puis, après un long moment de contemplation, il se décida à prendre la parole, et cette fois-ci en faisant exprès de la surnommer autrement que son prénom.



    « Je ne souhaite pas qu’une « distance » s’établisse entre vous et moi, créature divine… »
    Il arbora un sourire narquois avant de continuer dans sa lancée. « Pourquoi continuez-vous à résister de la sorte ? Il est pourtant flagrant que je ne suis pas enclin à vous laisser en paix pour le moment. » Il passa son doigt sur la lèvre inférieure de Nozomi et reprit. « Ne préféreriez vous pas recommencer ? » L’interrogea t-il en fixant ses lèvres diligemment, pour lui faire comprendre qu’il parlait de leur union buccale.

    Attendant une réponse, qu’il espérait honnête, son index abandonna la lippe entrouverte qu’il caressait pour glisser sur son cou et chatouiller sa clavicule en y dessinant les magnifiques contours. Puis, son doigt suivit une rondeur féminine et frémissante lentement avant de redescendre petit à petit vers l’épigastre de la demoiselle, de ces côtes cambrés à cet hypogastre parfait l’index chemina dans son indécence puis remonta l’abdomen pour rencontrer un deuxième renflement féminin, lui plus dévoilé que son semblable. Le tissu délacé par son étreinte laissait à l'oeil du spectateur avisé une vue prenante sur ces deux seins probants, et affriolants. Il était si impressionnant de constater à quel point ces deux sculptures pouvaient fasciner les hommes depuis la nuit des temps, mais ces deux structures là, bien plus que fascinantes, étaient aussi brûlante que le désir qui les habitait. C'est pourquoi, l’index, bientôt rejoint par le majeur, puis l'annulaire, l’auriculaire, et le pouce, déposèrent la main de Killian à la naissance de son décolleté, empiétant un tantinet sur le gonflement qui lui était tangent, il laissa sa main posée ainsi jusqu’à ce que Nozomi réponde, presque comme si cette main constituait la guillotine d’une éventuelle menteuse.
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¤ La folle à l'ombrelle ¤

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Nozomi Shimatani

Nozomi Shimatani

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Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] Vide
MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyDim 23 Mai - 12:51

    Sur l’échiquier de dame nature, quelle était donc la fonction de la douce sylphide ? Jamais elle n’aurait pu se vanter d’une couronne en guise de coiffe, son omnipotence n’atteignait pas même sa propre personne, elle pleurait de ne pas être ne serait-ce que dynaste de son destin. N’étant pas vêtue de cottes de mailles immunitaires, elle était incapable d’assurer sa défense d’un coup d’épée pourfendeur, elle n’était pas le chevalier de la partie, ni même une tour infranchissable. Peut-être le rôle du fou, animateur de gouailleries en tout genre, et le sort riait assez d’elle pour la conforter en ce sens. Puis il y avait la place de simple pion, dont on manipulait les moindres manœuvres, dépourvu de volonté et simple martyr de son joueur. Car l’unique notion qui sifflait encore et toujours à ses tympans, fut, et sera celle de jeu, concept qu’elle retrouvait une fois de plus dans ce conciliabule. Comme si sa vie n’avait d’égal que le potentiel d’une plume dans les hourvaris du cyclone, elle avait cette amère impression de n’être que poupée de chiffon à l’égoïsme et au divertissement du monde. Est-ce que son éphémérité justifiait que l’on puisse s’amuser d’elle pour ensuite la délaisser, une fois consommée ou presque ? Une phobie qui fut effective, qu’elle avait vu se répercuter en chaque soupirant, qu’elle avait peur de retrouver dans les délicieux sourires de cet envoûtant tourmenteur. Intérieurement flattée du grand intérêt qu’un homme tel que lui pouvait lui porter, elle n’en demeurait pas moins suspicieuse quant à la sincérité d’une appétence autre que charnelle de sa part. Sa rénitence, si intense à leurs prémisses, se démantibulait au fil de ses exquises lutineries, et si elle ne s’insurgeait pas rapidement, ce serait à la merci des fantaisies licencieuses de l’incube qu’elle se retrouverait.

    Les sens acoustiques aux aguets, ses récentes frayeurs furent initiatrices d’une anxiété, qu’elle cherchait à tempérer en se préparant à une éventuelle détonation similaire aux deux premières. Sa dernière incartade, lorsqu’elle s’était soudainement et corporellement liée à son professeur, la laissait coi, et elle débattait à présent de conjecture sur la réaction de ce dernier. Tout en lançant une œillade ombrageuse à travers le laboratoire, alors seulement éclairé par de pusillanimes nitescences lunaires, ses mains quittèrent ses coudes pour grimper à mi-hauteur de ses bras en une position défensive qui témoignait de son appréhension. Soudain, une poigne vint mouvoir son échine jusqu’à un édifice musculeux qu’elle commençait à connaître, puis l’enceindre pour l’immobiliser dans son étreinte protectrice. La barricade qui vint obstruer sa bouche la fit geindre de surprise et gambiller pour s’en défaire, le souffle frénétique, nonobstant sa délicatesse, lorsqu’il s’ajusta à son tympan. L’expiration de son susurre tout autant que sa sensualité phonique fit frémir Nozomi qui, figée par l’audace professorale, luttait pour s’extirper du chambardement voluptueux dans lequel il l’entraînait. L’érosion emphatique de son prénom fut comme une incantation aphrodisiaque, une griserie l’enivra jusqu’à lui en faire perdre l’équilibre et prendre prise sur le démon qui lui subtilisa son butin. Davantage enflammée par ses blandices graduelles, elle sentit l’occulte stupre la profaner et aurait prié n’importe quel exorciste de lui rendre sa chasteté, décence qui sombrait peu à peu dans la démence. Aspirées par le déclin de la situation, des lèvres vinrent désespérément quémander leur ambroisie en une pléiade de baisers tous plus avides les uns que les autres. Chacune de ses escales sur cette parcelle anatomique particulièrement sensible ne causait qu’intenses frémissements, des saisissements qui se répercutaient le long de son épine dorsale et brisaient son eurythmie. Tout comme lui, elle saisit son vêtement, la manche de ce bras qui la ceinturait, et constatait avec peine qu’elle n’avait même plus assez de volonté pour appeler à l’aide. Contre toute attente, ce fut lui qui mit fin à sa procédure et réanima une flamme de lucidité chez la jeune femme, encore étourdie par ses émotions.

    Instinctivement, sa main se plaqua contre ce cou qu’il avait dévoré pour palper l’imperceptible, sa présence sur sa peau. Les yeux de la nippone scrutèrent le sol à la recherche de stabilité, elle aurait pu, et dû profiter de cet intervalle pour se dérober, mais fut trop lente dans sa réflexion. Killian la fit pivoter pour l’obliger à lui faire face, elle ne put cependant soutenir son regard plus de quelques secondes et dévia le sien sur le côté, cherchant autant à fuir son charme que la réalité de son ressentit. Elle ignorait ce qu’il pouvait bien lui réserver encore, et pouvait se le demander lorsqu’il entreprit de nouvelles caresses qui furent aussitôt devancées par une impérieuse envie. Comme le plus fin des bourreaux, il reprit torture sur sa suppliciée en la condamnant à la saveur de son opium. Si cette fois, elle avait vu l’écueil approcher et qu’elle avait tenté, par une poussée sur son torse, d’y échapper, sa résistance ne dura pas. Rattrapée par les méandres de son propre désir, elle se laissa fondre dans l’impudence de son geste avec velléité, et suivit la cadence de sa manutention pour retrouver le meuble quitté il y avait peu. Soulevée comme si rien elle ne pesait, il lui improvisa une alcôve, sans la priver d’un partage sensuel pour le moins talentueux mais perturbant. Le tenant par les trapèzes, sa poigne n’était pas celle d’une partenaire réfractaire en dépit de ce qu’elle voulait bien lui faire croire, et tout en elle venait réfuter l’image d’insurgé qu’elle se donnait. Une fois leur contact labial rompu, c’est seulement qu’elle se rendit compte de l’intention d’une main entreprenante heureusement stoppée. Le dos de ses phalanges vint à la rencontre de sa propre pommette pour authentifier la déflagration de ses érubescences, résultat qu’elle ne pouvait contenir sous ses agissements. Elle n’osait imaginer les couleurs qu’il avait su faire monter sur ses joues et qu’il semblait contempler, pendant qu’elle tentait d’estomper sa gêne.

    Ses paroles taquines firent réfléchir l’asiate, du moins, lorsqu’elle parvenait à faire abstraction de sa délicieuse sollicitation. Sa question suffit à la déstabiliser, car elle se savait incapable d’y répondre, écartelée entre ses sentiments et sa pudeur. Céder à ses avances ne serait source d’aucune perte, et nul ne lui en voudrait d’oublier la restriction, pour une seule fois, avec lui. Cependant, lui céder ce qu’il convoitait, pouvait être synonyme d’abandon futur ? Une idée qui terrorisait Nozomi, qui se refusait à offrir sa pureté sur une lubie, pureté encore tourmentée par la badauderie manuelle et visuelle de l’incube. Cette main limitrophe à sa cambrure enjôleuse semblait attendre le moment propice pour outrepasser une nouvelle lisière et vérifier la féminité de la demoiselle en une palpation osée. Si par malheur, elle continuait à n’être que spectatrice de son manège, alors elle ne pourrait plus arrêter la force des choses et toutes ses barrières s’effondreraient pour de bon. Comment s’opposer au destin qui avait pris le vampire en favori ? Parfois, il fallait savoir le forcer, ce destin, et aller au plus prés de la lave au risque de périr dans la fusion volcanique. Inverser la tendance demanderait matoiserie et hardiesse, ce dont elle avait su faire preuve auparavant, ce dont elle allait devoir doubler l’intensité pour s’échapper. Une analyse prompte, et l’improvisation serait son acolyte pour battre Killian à son propre jeu, non sans d’énormes risques si elle venait à fauter et lui permettre de réagir. Un éclat résolu se nicha dans ses iris polychromes, et comptant sur un effet de surprise, elle renversa la situation dans tous les sens du terme. En un instant, elle fit rouler son pédagogue sur sa droite pour lui substituer sa place, grimpant à califourchon sur lui. L’une de ses bretelles rendit l’âme durant la roulade, ou du moins, glissa le long de son épaule pour la dénuder et ainsi donner place à l’affriolante dentelle lactescente de sa lingerie, qui révélait plus qu’elle ne dissimulait cette convexité résolue à se montrer avec ostentation. Sa frêle carrure se pencha en avant pour s’enchâsser parfaitement au corps masculin qui la secondait, alors que sa main alla lentement saisir la cravate en équilibre sur la bordure du bureau. Ses calots fixés dans les siens, une lueur de défi alla le provoquer, mais avant qu’il ne puisse y répondre, elle déposa l’étoffe sur ses yeux pour l’astreindre à la cécité.


    Si je ne m’évertuais pas à vous résister, seriez-vous là, en ce moment ? J’en doute fort… Répliqua t-elle avec placidité. Vous ne vous plaignez pas de cette résistance car elle aiguise vos sens de joueur, vous êtes simplement frustré d’ignorer si oui ou non, je cèderais un jour. Quant à votre question, M. Noctoban… Elle posa ses lèvres contre les siennes, et susurra chaudement à même ses lippes. … Elle ne se pose pas à une demoiselle…

    Que faisait-elle ? Elle en avait une brève idée, pour l’instant, opacifier l’esprit de Killian était son dessein, notamment pour l’empêcher d’ôter son colmatage oculaire sans lequel elle ne pourrait parvenir à ses fins. Alors, pour détourner l’attention du démon et lui insuffler un alliage de vésanie et de frustration, elle ne l’embrassa pas, mais joua de la suavité de ses lèvres sur les siennes. A travers frôlements, caresses ou invitations qu’elle lui refusait en se soustrayant au dernier instant, la jeune femme ne lui ploya aucun baiser, bien qu’il manqua de lui en voler à quelques reprises, et qu’elle eut la brûlante envie de muser sur sa bouche. Pendant ce temps, sa main tâtait discrètement la surface de l’écritoire pour récupérer le ruban, duquel elle ferait bon usage. Malheureusement, anicroche à son plan, elle bouscula la soierie qui chuta jusqu’au sol. Voilà qui était bien ardu d’agiter ses méninges à la recherche d’une solution lorsqu’il fallait en parallèle obvier les ardeurs d’un mâle que l’on enfiévrait. Une situation encore plus délicate que la précédente et dans laquelle elle s’était délibérément mise. Bien qu’elle ne doutait pas de la patience du scientifique, celle-ci avait, comme toutes, ses limites, et ses fomentations finiraient par se retourner contre elle en un éréthisme érotique durant lequel il se plairait à lui enseigner sa matière de la manière la plus tangible possible. Alors, pour palier à la concupiscence croissante et s’accorder un répit pour ourdir un épilogue, elle décolla son buste du sien pour se redresser, cherchant hâtivement un quelconque objet susceptible de lui servir dans la kyrielle de ses intentions, mais elle n’avait rien à portée. Les iris bicolores de la jouvencelle se stabilisèrent sur la masse qu’elle avait prise en guise de monture, et puisqu’il était incapable de la discerner, elle fut séduite à lorgner cette vigoureuse anatomie. Les ébauches thoraciques que laissait entrevoir l’échancrure de sa chemise entrouverte permettaient la déduction d’une plastique virile et attractive, mais cela n’était en rien étonnant, il était le genre d’homme à ne laisser aucune nymphe indifférente, celui qui intimide, et que l’on désire à la cavité de la sorgue. Comme pour confirmer la véracité de ses pensées, elle s’octroya une innocente tactilité, en posant simplement ses paumes sur son abdomen pour sentir ses courbures abdominales. Puis, ses yeux s’immobilisèrent sur un détail de sa tenue vestimentaire qui fit germer une idée audacieuse… Très audacieuse… Trop audacieuse.

    Face à une telle témérité, voire indécence ! Aurait-elle le temps d’atteindre son but ? Comme pour les calomnies, plus les initiatives étaient ahurissantes, mieux elles fonctionnaient, et puisque Killian semblait enclin à la docilité, sans doute dû à l’imprévisibilité des actions de son étudiante, il ne faisait que commencer à constater son aplomb caché. Avant qu’il ne décide de reprendre les rênes, elle ne perdit pas plus de temps à l’incertitude, et commit l’inconcevable. Ses doigts descendirent, jusqu’à heurter la ceinture de l’incube et en faire doucement sauter la boucle métallique. Elle vint en défaire l’attache, et tirer pour la lui soustraire entièrement. La raison même l’avait-elle définitivement quittée pour ainsi se permettre telle éloquente suggestivité, inopinée, et sans doute au-delà de toutes les fabulations que le scientifique avait pu se faire ? Le jeu de Nozomi se serait-il retourné contre elle, au point de finalement s’abandonner corps et âme à son amant ? Malgré la lucidité de cette dernière, ses joues s’empourprèrent à un tel point que l’on aurait pu croire que la totalité de son fluide vermeil avait trouvé refuge sur son visage, qu’il ne pouvait heureusement admirer. Usurpation du péché originel, Eve intensifia la tentation fruitée pour mieux prendre possession de la volonté d’Adam et le pousser à la faute. Elle lui saisit, subtilement, les poignets pour prendre le contrôle de sa palpation. Elle conduisit ses mains sur les rondeurs de son corps sculpté, sur ses hanches gracieuses et dessinées, puis la naissance de son abdomen, remontant le long jusqu’à ce qu’il ne sente ses premières côtes, et si elle continuait son cheminement, son anatomie n’aurait bientôt plus de secret pour lui. Elle le relâcha pour lui rendre la liberté de ses mains, pour qu’à sa guise, il puisse la découvrir. C’est l’illusion qu’elle voulut lui donner, pour qu’aucuns soupçons ne naissent, pas à présent qu’elle avait transgressé ses maximes les plus ascétiques. Sans quitter son visage du regard, elle prépara son offensive avec la plus grande circonspection envisageable, et lorsqu’elle jugea le moment propice…

    Une longue friction résonna, et alors que tout portait à croire que le dénouement de cet ébat serait indéniable, la fourberie féminine se dévoila sous son jour le plus vil. Une seconde plus tard, et Killian fut mains liées. Son élève, qui n’avait aucunes limites d’imagination, s’était ainsi arrangée pour que ses poignets soient adjacents l’un à l’autre, et avec fermeté, l’avait emprisonné dans sa ceinture. Certes, la ligature ne tiendrait pas, puisqu’elle n’avait fait que serrer la sangle, sans l’attacher et ce, dans le seul objectif de pouvoir s’extirper de son étreinte, ce qu’elle fit aussitôt d’un majestueux bond latéral. Si Nozomi avait pu se saisir du ruban, l’orchestration aurait été différente, mais le résultat était là : elle avait recouvert sa liberté de mouvement. Résolue à lui fausser compagnie, plus par nécessité que par réelle envie, elle n’hésita pas à faire preuve de vivacité à l’instar d’une gazelle à la fuite de la menace féline, en dépit du peu de luminosité dont elle disposait. Son bras se tendit instinctivement pour quérir de la lanière de son sac posé sur son pupitre, mais délaissa avec peine son étole et surtout, son ombrelle, qu’elle pourrait récupérer à un autre moment. Sans demander son reste, la demoiselle se précipita vers la porte dont elle empoigna la clenche, persuadée d’être à l’aboutissement de son savoureux mais néanmoins calvaire. Une façade de bois la séparait de son libre arbitre, qu’elle voulut franchir. Oui… Une volonté bien présente, et pourtant, l’inertie de l’huis. Impossible… Elle réitéra son essai, une fois, deux fois, trois fois… En vain. Close à clé. Comment cela se pouvait-il ? A aucun moment, elle ne l’avait vu la verrouiller, à moins qu’il ne l’ait fait avant même de la tirer de son sommeil ? Figée était-elle, face à cette unique échappatoire clôturée, qui la contraignait à subir le courroux de son professeur, à assumer ses incartades. Paniquée tel un cobaye en cage, elle toucha la porte comme si celle-ci pouvait se désintégrer par miséricorde. Son front frappa faiblement la surface et l’on put discerner de succincts murmures japonais se dissiper de son gosier, jurons qu’elle se gardait de traduire dans la langue de Molière. Alors, comme si elle savait que durant les prochaines minutes, le gibier serait à la merci du fauve famélique, elle déglutit, et entreprit de faire un lent volte-face, pour lorgner craintivement le quidam.


    Ce... Ce n'est... Balbutia t-elle, alors qu'elle relâcha lentement son sac qui s'allongea sur le sol. Il... Faut que je rentre à l'internat... Son dos se plaqua de lui-même contre la porte, elle fixait cette galbe qui, elle le savait, pouvait faire preuve d'autant de fertilité qu'elle ne l'avait fait, et plus s'il omettait ce qu'il lui restait de retenue.
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Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] 695661mo
Killian Noctoban

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MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyLun 24 Mai - 16:18

  • De tous temps le cycle de la vie su prouver de-ci delà que son agencement suivait des préceptes innés qu’aucun quidam ne pourrait désavouer. Voilà qu’à l’aube des temps s’inscrivit en toute lettre sur le parchemin des oracles que les occultismes feraient des vulnérables et précaires êtres, le gibier des herculéens. Suivraient ensuite dans cette interminable course pour la survie, le dominé et son dominant, complémentaires et voués pour l’éternité, à respecter tels des polichinelles articulées la boucle inéluctable de la vie. Bagnards de leurs conditions, ce ne seraient que de vaines tentatives d’évasion qui octroieraient à certains, un nombre imprécis, mais éphémères, de sursis. Cet atermoiement, source inévitable de chasse infructueuse mais alléchante, conditionnait les subsidiaires dans un sortilège de ravissement plus probant encore qu’une rencontre drastique. Finalement ça n’était pas la satiété une fois atteinte qui contentait au maximum le repus, mais plutôt l’enfièvrement caustique que provoquait la traque. Qu’était alors chez l’animal poursuit son principal sentiment ? De l’anxiété, ou pire, de l’angoisse. Mais qu’en était-il de cette femme traquée par cet être béotien et sanguinaire ? Demeurait-il, comme l’agneau chassé par son loup, ce sentiment d’infériorité croissant et d’effroi constant ou bien y avait-il derrière cette transe les genèses d’un désir ardent ?

    L’énigme d’aspect chimérique semblait clamer sa réalisabilité lorsque l’autrefois soumise fit de sa promiscuité un prototype une fois de plus plaisant. La frêle beauté se hissa sur son adjoint bestial et avant même qu’il n’ait pu se risquer à décoder sa charade elle plongea sa lucidité dans une amblyopie crispante – car dissimulatrice et cauteleuse à sa flânerie visuelle habituelle – délicieux paradoxe à la limite de la dépravation. Sa tirade, en guise d’amuse-bouche délectable servie d’un phonème impassible, fut l’introduction d’une cruauté démesurée, car ce fut aveuglé qu’il du apprécier les effleurements buccaux et les cajoleries corporelles de la nymphe récemment entreprenante. Sapidité hors normes et cambrures paradisiaques. Un sourire enjôlé se dessina sur les traits du vampire pour disparaître aussitôt remplacé par un faciès torturé. Mais quelle folie s’emparait d’elle pour la conduire à de telles intrépides démarches ? Peut-être et sans doute une aliénation feinte et agencée car elle ne s’accordait en rien, avec son ascétisme, ses mains véhiculées avec intempérance sur le corps masculin étaient les attestations de ce jeu qu’elle semblait renforcer, et ce fut ses mêmes indécentes baladeuses qui convertirent sa témérité en l’esclave de cette déesse inexorable. Il n’avait plus qu’à souhaiter que sa religion se fasse indulgente avant que la profanation ne l’éprenne et qu’il fasse de cette gracieuse divinité un miséricordieux ustensile d’allégresse. Sa cordelière dérobée, l’habit n’avait plus qu’à s’assurer une certaine autonomie quelque soient les futures impulsions, et sa virilité ne pouvait que compter sur son reste de sagesse pour ne pas faire de la demoiselle le cobaye parfait d’une instruction élaborée. La muse attrapa dans son élan d’ivresse sensuelle les mains de la sangsue toujours aveugle pour faire de ses deux joueuses les témoins intimes de sa lasciveté corporelle, puis – d’une déloyauté révoltante – la perfide enchaîna le vampire pourtant encore en pleine amaurose, usant ainsi de la ceinture retirée pour ligoter son professeur elle profita de son instant de liberté et de délivrance pour s’extirper de l’étreinte devenue trop difficile à canaliser, pour elle, créature enrôlée dans sa propre austérité. Son impérieuse envie l’empressa et elle se saisit promptement de son sac pour fuir à grandes enjambées – oubliant ou laissant par la même, ruban et ombrelle, à la merci de Killian – vers l’issue, dernier obstacle de son impunité, mais aussi fatalité impromptue, car ce fut porte close qu’elle rencontra dans son enthousiaste fuite. Cette déconcertante imprécation annihila en un instant son ingénieux stratagème, et fit de la sylphide en pleine arborescente réflexion, une pauvre créature désespérée et prête à quémander son tortionnaire alors en parfaite disposition dans sa prépondérance.

    Ayant tactilement et par conséquent plus superficiellement suivit le cours des événements, Killian parvint sans mal à se défaire de ses liens mal noués pour rendre toute son utilité à ses prunelles avides et sauvages. Ses sens le guidèrent inexorablement vers l’huis bloquée par son esprit il y avait de cela quelques minutes, et lorsqu’il vit la demoiselle mendier son répit et la fin de son calvaire, il sentit en lui comme une irritation soudaine suivit d’une déception désobligeante – qu’il ne s’expliquait pas lui-même mais qui semblait l’atteindre assez pour récuser la concupiscence qui grandissait en lui avant que la supercherie ne soit dévoilée au grand jour – avait-elle jouer uniquement pour se dérober ? Cela le harcelait. Mais pourquoi donc ? Après tout, ne jouait-il pas lui aussi ? Irrémédiablement non, sa frivolité avait laissé la place à une ouverture affectueuse – sans qu’il ne s’en rende compte – accentuant l’amère constatation qu’était celle qu’elle ne souhaitait que mettre un terme à leur échange. Il se sentit ridicule, burlesque ou pire, absurde, et s’empressa de clore à jamais cette évasion sentimentale qu’il s’était autorisée. Fronçant ses sourcils dans son avilissant agacement il fixa la jeune femme sévèrement, et lorsqu’il discerna dans ses traits, une sincérité qui ne demandait qu’une chose : « La laisser en paix »… Il se sentit si antipathique et cruel avec cette pauvre humaine que sa conscience débloqua la serrure, qu’il avait clôturée uniquement dans le but de la protéger et non de l’emprisonner, le tintement du loquet se fit entendre comme une délivrance inespérée pour l’humaine apeurée. Il leva les yeux vers elle, dissimulant ce tourment qui le prenait intérieurement, et dans un regard féroce obligea la porte à s’ouvrir doucement, poussant Nozomi qui finit par laisser l’issue s’ouvrir entièrement, stupéfaite. Peut-être s’attendait-elle à ce qu’il ne profite impitoyablement de la cage qui la détenait pour donner vie aux pensées qui l’avait traversé pendant qu’elle le charmait ? Il n’en eut plus réellement envie…non… c’était l’inverse… il en mourrait d’envie, à tel point que cette désillusion avait métamorphosé sa volupté en un reste délabré de résiliation piteuse.

    Légèrement désarçonné, mais cachant son ressentit de façon remarquable, il se redressa et se releva, quittant le reposoir diligemment, se dirigea vers le manteau qu’il avait abandonné sur cette chaise lorsque les chaleurs extérieures et intérieures s’étaient mêlées en lui, saisit la pèlerine obscure et l’enfila sans même accorder un seul regard à celle qui n’osait apparemment pas assimiler complètement la permission qu’on lui accordait à regrets, certes, car elle n’avait toujours pas bougé. L’houppelande ajustée, sa main vint se faufiler dans une des poches intérieures de celle-ci pour s’assurer qu’il y restait de quoi se rassasier une fois qu’ils se seraient séparés. C’est ce qu’il croyait. Il se retourna, les yeux rivés sur l’ombrelle et le ruban délaissés et s’en saisit délicatement pour les ranger dans son gigantesque caban. Il croisa un instant le regard quelque peu interrogateur de Nozomi mais ne chercha pas réellement à établir une fois de plus un contact dont l’issue pourrait s’avérer déplaisante. Puis, il avança vers la porte, où se trouvait la donzelle qu’il pensait avoir dégouté pour l’éternité. Il s’arrêta au seuil de la porte et se retourna, impassible, les yeux d’une sauvagerie animale réveillée, ce respect qu’elle lui inspirait l’empêchait, malgré sa contrariété, de lui faire un quelconque mal ou de s’autoriser un abreuvement sanguin tant de fois imaginé voire fantasmé. Ses iris rejoignant ceux, splendides, de la jeune femme, cherchèrent un instant une syntaxe parfaite pour des adieux éphémères. Mais lorsqu’ils s’attardèrent sur les pommettes encore empourprées de la jeune femme, il se remémora une chose, elle n’avait pas réfuté quoique ce soit lorsqu’il lui avait demandé si elle souhaitait « recommencer », mais avait seulement prétendu, que ces demandes là n’étaient pas de celles que l’on soustrait à une demoiselle. Alors il posa à terre la mallette qui lui permettait de transporter ses polycopiés, et s’approcha d’elle lentement d’un pas quelque peu hésitant. Stoppant son avancement à quelques pas d’elle autant pour s’empêcher de sombrer à nouveau dans un érotisme brulant, que pour lui montrer qu’il ne chercherait pas à l’obliger à rester. Son regard, toujours placide, la fixait sans retenue, et, tout en attrapant une mèche de sa chevelure opaline qui cascadait le long de son buste d’albâtre, il fit glisser son index jusqu’à l’extrémité de celle-ci, et lui répondit, d’une voix monotone mais toujours accompagnée d’une résonance caverneuse.


    « La porte est ouverte. Libre à vous de rester chère élève. »

    Il savait bien qu’elle choisirait inévitablement l’échappatoire à sa compagnie, et, d’un autre côté, il ne pouvait pas se permettre de demeurer trop longtemps à ses côtés, car la soif continuait sans cesse de déchirer ses entrailles desséchées. Alors même si ce qu’il désirait réellement était de la retenir, il se fit violence et l’incita presque à partir. Il refreina sa cupidité et retira cette main qui persistait dans cette lancée bourrée de convoitises, puis, il balaya des yeux ce corps qu’il avait enfin pu mieux découvrir mais qui subsistait un objet de tentation dictatoriale. Cette odeur incoercible qui émanait d’elle, il la renifla discrètement comme un souvenir ancré à jamais, puis, mourant d’envie de toucher une dernière fois cette rose invétérée mais ne se l’autorisant pas, pensant qu’il était allé beaucoup trop loin cette fois là, il s’approcha encore un peu, sans la toucher pour autant, plaqua sa main gauche contre la porte collée au mur et laissa Nozomi y déposer son dos lorsqu’elle recula. Sa main droite se leva lentement vers les lèvres de la demoiselle, et, commença un nouveau et fascinant périple. Elle se positionna au dessus de ses lippes, les effleurant seulement, puis descendit, sans jamais toucher l’œuvre, le long de son cou dessinant dans les airs cette clavicule attirante, la main descendit encore et suivit les contours de ces courbures alléchantes …toujours sans les frôler, comme s’il dessinait et gravait dans l’atmosphère cette délicieuse et divine silhouette qui le faisait rêver. Achevant son cheminement, il replanta ses prunelles dans celles de son élève et rapprocha son visage du sien graduellement…l’idée le titillait, un baiser… se le permettrait-il encore ? Il l’aurait fait si elle n’avait pas réussi à le persuader que ces avances ne lui importait guère, l’espace d’un instant il s’était même surprit à songer à une éventualité ; celle qu’il l’aurait forcée à badiner avec lui alors qu’un autre homme l’attendait, alors complice et organisateur de la tromperie, l’opprobre l’envahit et il se sentit encore plus pernicieux qu’usuellement. Il était si frustré de constater la risibilité de ses actes qu’il voulut partir et claquer la porte comme l’avait fait les deux protagonistes en pleine altercation. Elle avait décidemment réussi, avec beaucoup de succès, à atteindre le peu d’humanité et de sensibilité qu’il lui restait, ce qu’il abhorrait, se soumettre à de futiles et grotesques sentiments, cela lui était déjà arrivé et il l’avait regretté. C’est pourquoi, résolu, il reprit son assurance et harponna les deux mains de la demoiselle qu’il plaqua contre la porte au dessus de son crâne, sa frustration se transforma en une bestialité alarmante, il ne supportait plus cette contenance et cet intolérable tourment qui le rendait esclave de son humanité, alors tout en la tenant fermement il adopta un ton sévère et dénué de compassion.

    « Entre séduire et parodier, il y a un large fossé, Mlle Shimatani. Alors si la seule chose qui vous importe est celle de vous enfuir et qu’aucune promiscuité ne peut venir à bout de cette…mortification dans laquelle vous vous enfoncez encore…et toujours… je pense que la seule issue que nous ayons, serait de mettre un terme à ce jeu vain que…j’ai lancé » Il s’arrêta, cherchant à se clamer, et à apaiser cette animalité qui l’envahissait, et répéta dans un murmure, seul preuve de l’algie qu’il cachait. « Un jeu … ? »

    Son regard sembla interroger sa partenaire et ses doigts se crispèrent autour des poignets de sa captive. Puis il fronça à nouveaux les sourcils lorsqu’un souvenir désagréable s’imposa à lui. Celui que lui avait procuré l’abandon à une de ses créatures uniques et qui n’apparaissent qu’à chaque millénaire, mortelle si ensorcelante mais tout autant vulnérable, friable, éphémère. Il savait qu’elle lui cachait quelque chose en rapport avec son humanité, n’en connaissait pas les mesures, les conséquences, mais cela semblait assez austère pour la contraindre à ne rien avouer et jouer la femme inapprochable, Elle soutenait son regard, et devait certainement être effrayée par cette attitude infernale, démoniaque qu’il avait si soudainement à son égard. Mais si elle savait…non, si lui, il savait… Il desserra son emprise un instant et avoua une parcelle de ses pensées :

    « Il est vrai que la résistance peut-être exquise si elle dissimule un intérêt profond, mais si elle n’est que la conséquence d’un dégout permanent, je ne vois qu’en votre sédition, une preuve d’indifférence. "

    Le lien qu’il maintenait se brisa lorsqu’il lâcha les poignets de Nozomi, il se recula et plongea sa main dans son manteau pour y déloger l‘ombrelle ramassée et le ruban volé. Regardant les deux objets avec insistance, semblant choisir lequel garder, il rangea le ruban dans sa poche et garda l’ombrelle à la main. Ce parapluie qu’elle trainait partout avec elle et qui parfois servait d’arme improvisée, il ne pouvait pas le garder, elle en avait besoin, sait-on jamais, peut-être qu’une fois leurs routes séparées elle rencontrerait par malchance un de ses congénères, et que ce dernier n’aurait pas assez d’ancienneté pour manier restriction et contrôle de façon suffisante pour lui laisser la vie sauve. Peut-être qu’un autre benêt se laisserait charmer comme lui et tenterait de franchir sa barrière de chasteté sans se soucier de son approbation. Des centaines de choses lui traversèrent l’esprit lorsqu’il choisissait quel trophée emporter, un ruban ne lui assurerait aucune protection et une ombrelle pourrait accorder ce sursis éphémère dont disposaient les proies. Alors il tendit le bras vers elle pour lui rendre son ombrelle, le posa contre la porte où elle s’était adossée et lui dit plus calmement qu’auparavant en se reculant lentement :

    « Je garde le ruban, quelque soit votre avis. »
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Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] Vide
MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyMar 25 Mai - 17:48

    Deux acteurs, au fond, qui avaient laissé leurs rôles se maculer d’une sensibilité autre que scénique, dont chaque pantomime venait tout à la fois conforter et assaillir leur grandiloquence, celle même qu’ils se renvoyaient inlassablement pris dans leur joute, sous les bourrades de leurs armes de bataille. Dramaturges, ainsi donc, que leur plume commune calligraphiait leur épopée sur les blanches pages de leur ouvrage, prudhommesque complainte en péroraison, niais amalgame de mélopées disparates. Œuvre victime d’une prose lutine et insoumise qui laissait en sa déplorable lecture une exégèse des plus amphigouriques, confuses transpositions de masques phéniciens en guise de physionomie altérable et insidieuse. Un bal masqué dans lequel ils s’étaient accordés une valse imméritée qui n’avait comme faute que celle d’être dansée, celle d’être partagée et dont même la halte musicale ne pourrait cautionner l’inhibition. Alors, au centre de l’estrade, était-ce leur comédie qui opprimait leur réalité, ou leur vérité qui oppressait leur vaudeville ? L’artiste devenait cabotin, même la tangibilité se liquéfiait en une notion fluide, pour n’être plus qu’insaisissable et s’évanouir dans l’évanescence. Que Shakespeare se dolente de n’être l’auteur de cette saynète subreptice aux yeux du monde, alors non signée de cet esprit tragique, peut-être verrait-elle ses alexandrins s’enticher du lyrisme plutôt que du mélodrame. Peu importe le style littéraire qui s’imposerait à vrai dire, l’essence du démon alliée à celle de son antinomique archange promettait en leur gémination une apothéose tout autant ésotérique qu’invraisemblable. Là était la puissance de leur art, art que le binôme d’aliénés maîtrisaient à la perfection, peut-être jusqu’au pléthore, qui les entraînait dans la ruine de leurs âmes. Si à la décadence leur mimesis les menait, alors sur leur catafalque pourrait être gravé en lettres d’or, l’échec de leur essor.

    Dans la précipitation de sa débâcle, jamais celle qui venait de se transformer en une harpie sentimentale n’eut pensé être cinglante au point d’interloquer celui qui fut le martyr de sa fourberie. Son instinct de « survie » en avait fait un parfait automate, la rabaissant au stade de pur animal sans acuité affective ni mansuétude aucune. Elle avait agit avec une spontanéité émancipatrice qui s’était aventurée beaucoup trop loin dans la transgression de ses préceptes et dont, encore affolée par sa probable sentence qui corrodait la conjecture, elle ne s’était pas aperçue. Il fallait l’avouer, les récents agissements de son professeur ne le classait pas à l’apogée de son tétraèdre de confiance, mais plutôt dans les tréfonds de son scepticisme. En arriver à une telle orchestration était pitoyable, la frénésie de ce qu’elle s’évertuait à qualifier de jeu semblait l’avoir atteinte plus que ce qu’elle n’avait imaginé. Ses prunelles scrutaient les moindres mouvements de l’incube dont elle pouvait à peine discerner le faciès dû à un intriguant effet de contre-jour, puisque les nitescences lunaires s’écrasaient en l’échine de ce dernier pour souligner sa vigoureuse galbe. Nonobstant ce corollaire de lumière, elle n’avait nulle utilité de l’éclairer pour deviner la disposition des traits de son visage, sans doute tirés vers… La stupéfaction ? Parsemée de déception et au zeste de contrariété ? Une recette dont elle tirerait une pâtisserie à l’arsenic, bien différente des merveilles culinaires qu’elle pouvait réaliser avec la complicité de son professeur de langues vivantes, Leiban Esthon. Elle ignorait tout des intempéries qui soufflaient, qui glapissaient dans le for intérieur de Killian, et avant même qu’elle ne puisse en soupçonner l’existence, voilà qu’un cliquetis métallique totalement inopiné parvint à son ouïe, celui d’une porte qui se libère de son verrouillage. Interpellée par cette conséquence qui n’avait aucune cause visible, elle fut d’autant plus apostrophée lorsque l’huis la bouscula doucement pour ôter sa frêle carrure de son chemin, et ainsi lui affranchir le sien ! Dans un élan de pragmatisme certain, Nozomi se mit à lorgner le seuil de l’entrée, ou de la sortie relativement au point de vu, pour chercher quelconque quidam pouvant être responsable de son ouverture, mais ne trouva personne aux alentours.

    Plus qu’intriguée par ce fait inexpliqué, elle papillonna des cils d’incrédulité, jusqu’à ce qu’elle ne l’entende se déplacer nonchalamment dans la pièce pour quérir de son manteau. L’espace d’un instant, elle crut qu’il venait pour elle, cependant pas même une œillade ne lui fut adressée. Demeurant interdite, l’asiate le lorgna avec un désarroi éloquent, sans comprendre pourquoi, comme l’avait estimé la logique, il ne cherchait pas à se faire justice. Il semblait… Résigné. Son expression impavide ne lui laissait certes rien deviner quant à son ressentit, mais son comportement lui, était à l’antipode de ce qu’elle lui connaissait. Alors que sa priorité n’avait été que de franchir cette palissade maintenant accessible, voilà que son inertie réfutait cette thèse si ardemment défendue. Elle ne le quitta pas de son regard inquisiteur, jusqu’à ce qu’il ne se joigne à elle, investissant cette fois dans une distance surprenante comme s’il voulait autant la préserver de lui, que lui d’elle. Elle crut qu’il s’en irait sans une tirade de plus, mais se délaissa de son attaché-case au dernier moment non sans la sonder de ses topazes rutilantes. Il revint plus prés, s’enchevêtra dans l’une de ses mèches et lui laissa libre choix de disposer si elle le souhaitait. Préférant l’expectative à la précipitation, l’étudiante se contenta de réinstaller la bretelle de sa robe convenablement, et ainsi d’effacer la présence de sa lingerie mutine. Une certaine contenance retrouvée, il ne fallut pas plus de temps pour qu’elle retrouve une rêverie voluptueuse dans l’éclat de ses iris félins, bien que celle-ci fut d’une saveur nouvelle et incompréhensible. Sa réaction se fit instinctive, et son dos se logea au contact de la porte lorsqu’il approcha davantage. Elle suivit attentivement le cheminement de cette main qui n’établit aucun contact charnel, réprimée par une soudaine retenue. Puis, son visage l’aborda, et elle ne put s’empêcher de fixer ces lèvres qui avaient délaissé une exquise sapidité sur les siennes, mais alors qu’elle glissait dans la réminiscence de ses baisers, une poigne prompte saisit ses poignets pour les lier au-dessus de son minois apeuré par celui lui faisant face. Son discours, autant que son timbre, harponna la gorge de la demoiselle en un sentiment de vergogne et de contrition qu’elle eût grand mal à dissimuler. La raideur de ses doigts la fit grimacer, et malgré la turpitude qui la faisait agoniser, elle se contraint à ne pas baisser les yeux, pour quêter dans les siens et ce, jusqu’à ce qu’il ne décide de la lâcher.

    Ses dernières répliques avalées, Nozomi se frictionna les poignets pour soigner la faible douleur qu’il y avait laissée, le regard bas, pendant qu’il se décidait de quel bien il se séparerait. Si toutes les hypothèses avaient traversé l’esprit de la jeune femme concernant sa réaction, il semblait qu’elle en ait omis une, qui ne trouvait aucune justification plausible. Se serait-elle méprise sur ses intentions depuis le début ? Inconcevable, il avait été suffisamment explicite, même par leurs entrevues passées, pour qu’elle n’ait fait que fabuler. Avec du recule, elle prenait conscience de la rudesse de ses agissements, et eut la désagréable sensation de n’avoir tout à l’heure pas seulement interverti leurs places physiques, mais celles impalpables du joueur et de son supplicié. Constater un tel déboire chez cet homme pourtant invulnérable, car elle était certaine de sa mutilation, à moins que son intuition ne confonde blessure et simple lassitude ? Elle n’en savait rien, elle ne savait plus. Lorsqu’il opta pour sa soierie comme butin et lui rendit sa précieuse ombrelle, elle l’empoigna par la dentelle tout comme le fit son autre main pour la lanière de la besace à ses pieds. Elle l’observa d’une mine étonnamment ulcérée, trouvant recours dans l’acrimonie pour dissimuler la faille béante qu’il venait de creuser dans sa surabondance de sensibilité.


    Je n’ai aucun avis sur le sujet !

    Immédiatement après cette âpreté verbale, l’étudiante tourna les talons et sortit enfin de cette salle, unique témoin de leur aparté. Son ombre se profila sur les murs du corridor, heureuse de retrouver la clarté tamisée des nombreuses chandelles qui parsemaient le chemin pour les âmes en perdition, s’alliant à merveille avec l’ancienneté de la demeure. Sa foulée, preste, la conduisit jusqu’à l’embranchement le plus proche après lequel elle disparut, à la fois soulagée et tourmentée. Elle emprunta l’escalier, mais après un quatuor de marches passé, son corps s’écroula volontairement. Sa croupe se posa sur le marbre froid du sol, l’épaule alors appuyée contre les hampes qui constituaient les fondements de la balustrade. Recroquevillée sur elle-même, front contre ses rotules, la nippone y glissa son menton pour perdre son regard dans la beauté architecturale qui l’entourait. Totalement désemparée, elle ne connaissait même pas la cause de ses affres, ou alors, ne voulait pas l’admettre… Ses propos l’avaient écorchée, mais pourquoi y prêter t-elle pareille attention ? En repensant à ce début de soirée, à tous leurs échanges, ce qui ceux-ci avaient crée en elle… Une débandade émotionnelle qui la ramena à sa condition, celle d’une misérable dans l’attente de son jugement dernier. Ce bonheur qu’elle se refusait pour préserver celui des autres, aujourd’hui l’assaillit, et comme toujours elle se conforta, faussement, dans l’idée que son choix de vie n’était pas vain. Si elle n’avait montré aucune faiblesse à l’égard de son pédagogue, si elle avait su se faire aussi austère que d’ordinaire, rien de tout cela ne serait arrivé, elle ne l’aurait jamais froissé, persuadée de l’avoir fait. Lorsqu’elle se permettait un semblant d’amativité, cela n’était que souffrance partagée. Sous l’influence de cette réalité, ses yeux devinrent aqueux et une moue d’affliction transcenda son faciès en un parfait synopsis laconique, celui d’un être en désespoir.

    De quel droit pourfendait-il ainsi son cœur ? Qui était-il donc pour se permettre telle cruauté ? Personne, un simple enseignant de sciences diverses, et elle, une élève qui ne ferait jamais rien de son savoir. Il était éternel, car vampire bien qu’elle n’en ait pas eu la preuve irréfutable, et elle, disparaîtrait à l’aube de sa vie. Nozomi était venue dans cette académie par décision personnelle, pour prouver à sa famille, et à elle-même, qu’elle pouvait être indépendante, encore un peu. A présent, elle en doutait, peut-être finalement, s’était-elle surestimée, emportée par son individualisme. Jamais plus elle ne serait capable de se présenter devant Killian, fait indubitable, et problématique lorsque l’on se souvenait de leurs statuts scolaires. Pour rien au monde elle ne voudrait contempler ce désappointement en ses calots comme ce fut le cas… La jeune femme sentit une nouvelle vague lacrymale l’assiéger, qu’elle retint de toute sa précaire volonté en prenant une grande inspiration. Elle avait été dure envers lui… Bien qu’il ne l’ait pas épargnée non plus. Ainsi donc s’achevait leur récit, dans l’acerbité ?… Non. Son axiome l’empêcherait de trouver le sommeil pour le reste de la semaine si elle n’expiait pas sa faute. Si elle pouvait parfois paraître altière, l’intensité des circonstances faisait ressurgir sa bienséance naturelle, aussi, des excuses s’imposaient. Dans l’ignorance la plus complète sur sa manière de procéder à sa repentance, elle reprit pourtant ses esprits en frictionnant ses joues, et après avoir inséré l’ombrelle dans son sac qu’elle installa sur son épaule, elle se mit debout pour retourner sur ses pas. Allait-elle seulement le retrouver ? Voilà quelques instants déjà qu’elle avait fuit, peut-être s’en était-il allé aussitôt son départ précipité ? A pas feutrés, elle ravala la distance jusqu’à l’embranchement encore proche, et se pencha sur ce couloir pour constater avec… Joie ? Et anxiété, que l’incube était encore devant la salle, sans doute en pleine spéléologie pour dénicher les clés qui lui permettraient de clore la pièce.

    La sylphide entreprit donc sa marche pour le rejoindre, hésitante, honteuse, navrée, et toute autre chose capable de se discerner sur sa frimousse en accalmie. Une fois à sa hauteur, elle n’osa le regarder immédiatement, affairée à trouver ses prochaines élocutions. Enfin, elle planta ses iris polychromes dans les siens, bien que timorée, elle s’apprêta à prendre la parole, jusqu’à ce que la résonance de pas dans un couloir perpendiculaire au leur ne titille ses tympans. Ils n’étaient pas seuls, ce qui n’était pas surprenant au vu du nombre de personnes vivant en ces murs, mais la compagnie d’une tiers personne n’était pas du goût de la jouvencelle qui, tout en saisissant l’avant-bras de son pédagogue, pénétra dans le laboratoire. Elle referma l’huis une fois qu’il fut entré sous sa sollicitation, se séquestrant cette fois intentionnellement avec lui. Versatile nymphe au corps de carrare, dont le scintillement neurasthénique donnait plus que jamais vie à l’atonie de sa sculpture. Celle-ci resta torpide, de profil au démon, fixant le vague comme si un scélérat lui avait empalé le cœur sur son chemin. Elle aussi possédait le talent des mimiques et des minauderies, l’art de convaincre par l’habileté du rôle qu’elle se donnait, mais contrairement à lui, son masque s’ébranlait indéniablement lorsque venait la démesure. Lentement, elle porta sa fragile attention sur lui, aphone durant de longues secondes, son muscle cardiaque martelant un peu plus sauvagement sa poitrine à chaque palpitation.


    M. Noctoban… Prit-elle enfin avec douceur mais douleur. Daignez accepter mes plus plates excuses, mon comportement a été indigne, je n’aurais jamais dû agir de la sorte, je n’ai pas réfléchi aux conséquences, que ce soit pour vous ou pour moi… Elle ferma les yeux, puis appuya son épaule et sa tempe contre l’huis dont elle tenait encore la clenche. Je ne sais comment me justifier, j’ai simplement… Eu peur… Avouez tout de même que votre brusquerie ne fut pas pour me mettre à l’aise, mais qu’importe, c’est de ma faute, je vous ai provoqué, dans la malsaine curiosité d’enquêter sur votre natu--… Nozomi l’observa, effrayée par un probable quiproquo. … Sur… Elle fut dubitative.

    L’asiate préféra ne pas donner suite et fin à sa phrase, car même si la probabilité qu’il soit un vampire était élevée, elle ne l’avait encore vu dans son habit de sorgue, et restait donc prudente sur son jugement. Elle contourna le quidam pour se rendre jusqu’à l’une des imposantes croisées d’où elle put louanger l’astre sélénien. Celui-ci vint accentuer le teint blême de la japonaise et lui porter un fétiche réconfort, mais également beaucoup d’interrogations. Ce satellite faisait parti de ces allégories qui n’étaient pas sans rappeler les vampires, et depuis qu’elle connaissait leur existence, elle était fragmentée entre une idolâtrie et une certaine crainte quant à ces êtres qui n’avaient, il y a quelques temps encore, leur place que dans les livres. Que Killian en soit un ou non ne changeait rien à ses yeux, il restait l’homme qu’elle connaissait, ou qu’elle pensait connaître. Alors, elle se tourna vers lui et revint à ses côtés, se positionnant en face, à seulement quelques centimètres. Une étrange lubie naquit dans son esprit, inespérée, mais dont l’éloquence surpasserait la faiblesse des mots. Doucement, son altérable anatomie se blottit contre celle robuste de son interlocuteur, une main sur son torse, l’autre posée sur une hanche, dans une étreinte séraphique. La tempe contre son pectoral, elle s’était engouffrée dans sa longue veste, et pour la première fois… Se sentit réellement bien en son contact. Lénifiée par le simple fait d’avoir pu lui présenter ses excuses, qu’il les accepte ou non, et de lui avoir prouvé qu’elle ne l’incriminait pas contrairement à ce que son comportement aurait pu lui inspirer.

    Sachez… Que cela n’a rien avoir avec de l’indifférence… C’est juste… De la préservation. Ce n’est pas vous le problème… Elle sembla soudainement affectée, mais parvint à se ressaisir. … Vous ne comprendriez pas.

    Nozomi se détacha, à regrets, de son professeur, et partit quérir de sa besace abandonnée au pas de la porte. Elle farfouilla dans son contenu hétéroclite, puis en sortit une étole de soie diaprée, qu’elle enroula autour de ses épaules, signe d’un probable départ, mais surtout celle d’une séparation… Provisoire ?
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Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] 695661mo
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MessageSujet: Re: Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ]   Narcotique scientifique [ Killian Noctoban ] EmptyJeu 27 Mai - 23:21

  • La surestimation conduit bien trop généralement à une désillusion ample tant de fois redoutée. Penser pouvoir de son libre arbitre gouverner les répercussions extérieures est une aspiration si vaudevillesque et sycophante que s’y perdent dans ses méandres les plus sceptiques. Mais il y a pire encore que de s’évertuer à becqueter les contrecoups apodictiques des protagonistes présents – plus téméraire encore – on peut se croire assez clairvoyant pour tenter la psychologie inversée, et donc s’assurer que la duperie remportera les pleins succès. Mais seuls les plus sagaces savent manier la mystification avec tant d’aisance et subséquemment administrer chaque éventuelle conséquence selon leurs bons vouloirs. Il y a des supercheries qui savent dominer leurs victimes avec une désinvolture révoltante, mais il existe aussi celles qui, manquant de prestesse, s’écroulent lamentablement à peine lancées. En particulier lorsque la cible sait parfaitement se défaire de l’emprise corruptrice et retrouver une acuité diligente et lénifiante. L’analgésie procurée est alors si prospère lorsque l’heure de la délivrance sonne et que l’artifice touche à sa fin – en particulier si l’on a su se jouer de lui et retourner sa fourberie contre lui – alors le triomphe accompagne la délivrance et l’apothéose surgit enfin. Quelle déception alors, survient implacablement lorsque le stratagème manigancé croule et déchoit pitoyablement après une orchestration si agencée et une lutte aussi acharnée – presque comme si le destin forçait l’infortune pour envoyer toute sa fatalité sur les épaules de l’investigateur désemparé ayant échoué dans son habileté. Autant laisser le cours des évènements suivre sa destinée au lieu de le provoquer, si c’est un retour violent que l’on reçoit en boutade de la part des marionnettistes sadiques de cette automate désarticulé, qu’est le destin.

    Mais malencontreusement ce ne fut pas la chance qui fut la complice du vampire en proie à une sensiblerie drolatique et désopilante depuis peu. Comme le lui avait chuchoté plusieurs fois sa conscience – afin de l’avertir et de le prévenir qu’il n’était pas de ces sagaces qui manient les kyrielles avec assurance – la sylphide ne tarda pas un instant pour profiter de l’inopinée permission de liberté qu’il lui accordait. Attrapant dans sa promptitude ses affaires, elle prit ses jambes à son cou sans demander son reste, et déniant toute responsabilité ou courtoisie, elle s’évada à grande enjambées laissant derrière elle une vague impression d’acrimonie profonde et la certitude de ne plus jamais vouloir entendre parler de cette espèce de strige bien trop gaillarde à son goût. Il pu percevoir ses pas s’éloigner promptement, et constata avec une certaine inappétence que ses avilissantes suppositions se confirmaient irrémédiablement. Délaissé sans le moindre apitoiement par cette mystérieuse créature qu’il croyait un jour pouvoir posséder, il sentit grandir en lui un sentiment de répugnance infâme envers ces femmes, finalement plus indomptables les unes que les autres. Légèrement agacé, il toisa l’issue qui fut celle du secours avec amertume et attrapa l’attaché-case qui l’avait abandonné avant de se perdre dans les tréfonds de la magnificence humaine qu’il tenait si prés de lui. Posant la mallette adroitement sur une des paillasses du laboratoire il plongea sa main à l’intérieur pour y extirper une ridicule escarcelle de réserve sanguine, puis, cherchant pardessus tout, à se changer les idées, ingurgita la totalité de l’aumônière, laissant le liquide trop longtemps conservé, et certainement plus qu’infecte et pestilentiel face à celui qu’il rêvait de gouter, se déverser lentement dans sa goitre asséchée pour venir hydrater ses entrailles dépéries par tant de restriction.

    Enfin désaltéré, l’incube happa sa petite mâle, et y rangea la poche vide, prête à accueillir un nouveau casse croûte une fois rechargée. Toujours désappointé par ces adieux dédaigneux et cet état transitoire dans lequel il s’était lui-même encastré, il ne put s’empêcher de dégager son désenchantement en punissant sévèrement l’innocent mur qui lui faisait face, lui infligeant un télescopage aussi démesuré que la force dont il disposait. La vicissitude laissa quelques marques sur l’édifice rocheux qui, lui, jugeait son châtiment particulièrement immérité. Mais cela ne semblait pas le moindre du monde préoccupé le démon trop enragé et dérangé par les réminiscences qui l’envahissaient…cette peau si lactescente et exquise qui laissait place, par des moments d’égarements, à de flamboyantes rougeurs aussi taquines qu’attirantes ; ces frémissements fortuits qui la prenaient accidentellement et semblaient pourtant annoncer le début de sa résiliation ; ce corps trop intrépidement dissimulé dans une soierie immaculée qui paraissait convier son partenaire à l’essoucher impitoyablement jusqu’à ce que son cœur, mirifique, ne soit enfin dévoilé ; ces deux topazes bichromatiques aussi coruscantes qu’ensorcelantes qui dans leurs hardiesse fixaient le moindre danger avec un soupçon d’intrépidité. Un complexe aphrodisiaque dont toute la splendeur dégagée engourdissait les sens les plus affutés de ce vampire déshérité par tant de satisfaction depuis si longtemps. Mais voilà que la sculpture, la vénusté, s’était volatilisée ne laissant qu’en guise de souvenir son piédestal délaissé… Paraissant maudire à jamais leur grandiloquence naissante. « Tant mieux qu’elle parte ! » chercha t-il à se convaincre pour atténuer l’effet que lui procurait, sa contrariété. Il en arriva presque à croire qu’il avait souhaité son départ, qu’il voulait qu’elle s’en aille et qu’elle ne revienne jamais pour qu’il puisse oublier cette fissure qu’elle s’était autorisée à former dans cette carapace d’impassibilité qu’il avait forgé. Egoïste et hypocrite pardessus le marché le voilà entrain de se disculper de ses propres fautes en tendant aux juges les preuves les plus erronées que l’on ait pu créer. Infidèle à sa propre volonté, il plissa ses prunelles enflammées et entreprit un demi tour parfait pour se hisser hors de cette salle trop témoin de leurs intimités et qui lui rappelait inexorablement cette humaine unique qu’il désirait.

    « Au moins elle aurait la vie sauve, une bonne chose de faite », conclu t-il en claquant la porte du laboratoire qui lui était attribué. Puis il farfouilla dans sa poche droite, celle qui habituellement servait d’emplacement pour les clefs - clefs du laboratoire, de l’armoire du laboratoire, de son casier, puis celle de sa demeure lointaine qu’il n’avait pas revue depuis bien des temps, ou bien encore, celle de sa chambre…nouvelle chambre d’ailleurs qu’il n’avait pas encore eu la chance de visiter. Mais cela ne tarderait pas puisqu’il allait immédiatement s’y rendre – enfin une fois que la clef voudra bien se montrer. C’est ce qu’il croyait. Car, évidemment, il était loin de se douter qu’une ultime fois de plus le destin lui accorderait un moment de grasse et de volupté en compagnie de cette déesse qui revenait, à sa grande surprise, sur ses pas. Elle se pressa vers lui, et s’empressa de rouvrir la porte qu’il venait de fermer pour le forcer à pénétrer une nouvelle fois dans cette salle qu’il maudissait. Bien plus que du désarroi, il y avait dans ses cernes récemment auréolées, la preuve d’une meurtrissure profonde, avait-elle pleuré ? Les ecchymoses laissées par le frottement certain de ses mains ou d’un tissu en guise de sèche larme semblaient parfaitement prôner la thèse d’une émotion assez intense capable de conduire la jeune demoiselle à déverser quelques larmes. Imaginer qu’il ait pu déclencher d’éventuelles hypersécrétions chez elle fut, tout d’abord, particulièrement incongru. Persuadé de n’avoir pour elle aucun intérêt. Mais il fut bien qu’tonné lorsqu’il vit ce minois aussi désemparé – comment avait-il pu oser la conduire à des pleurnicheries ? De quel droit se permettait-il d’arracher cette gaieté encore un tantinet infantile et de la remplacer par des larmoiements de jeune femme profondément blessée ? Puis lorsqu’elle prit enfin la parole – après avoir laisser un silence plus que pesant régner – il cru en premier lieu qu’elle plaisantait. Quelle idée saugrenue de venir lui présenter des excuses qu’il ne méritait pas le moindre du monde ! Après tout s’était lui qui la harcelait et c’était elle qui subissait….enfin, en était-il réellement convaincu ? Ses mots, les plus sincères qu’elle ait prononcé jusqu’à présent, et qui paraissaient refléter ses véritables sentiments, occupèrent une place importante dans l’esprit du traqueur, et lorsqu’elle voulu lui avouer qu’elle ne l’avait approché que dans le but d’enquêter sur sa nature satanique il fut assez dépité, de constater que ce qu’il pressentait n’était autre que la réalité. Alors il avait vu juste, toute cette instrumentation pour une simple et trop curieuse investigation ?

    Le concept lui octroya un certain gout amère, mais qui ne perdura pas – le rêve prit soudain une tournure tangible – La délicieuse Nozomi approcha sa frêle anatomie de son plein gré, entoura le professeur de science de ses fragiles bras, et lui assura qu’elle ne lui était pas indifférente, une faible locution ulcérée prit naissance l’espace d’un instant, reflet de sa détresse cachée. Puis, après avoir coupé le souffle d’étonnement à son pédagogue par cette étreinte inattendue, elle se décolla et enfila un châle élégant, prête à filer, une nouvelle fois. Adossé, encore assez ébranlé par ce retournement de situation inopiné, il la dévisagea d’un air interrogateur – curieux – mais qu’avait-elle en tête ? Il passa une main dans ses cheveux, les ébouriffant dans sa quête de lucidité. Décidément les femmes resteraient un mystère pérenne, en particulier elle. Elle n’était pas sempiternelle, elle ne buvait pas du sang d’autrui pour se nourrir, mais même éphémère, elle demeurait si énigmatique que son immortalité résidait dans sa complexité. Il eut un long moment d’hésitation avant de se lancer, agir ou ne pas agir ? La retenir ou la laisser partir ? La croire ou la craindre ? Un interrogatoire sans fin…insupportable incertitude. Il se devait de la laisser aller, elle avait certainement bien d’autres choses à faire et il avait assez usé de son temps sans le lui demander. Le fait qu’elle soit revenue le rassurait ; elle ne l’exécrait pas, pas encore… C’est pourquoi son devoir était de maintenir cette entente avant que leur emphase ne se métamorphose en antipathie. Autant reporter à leurs prochaines retrouvailles, s’il y en avait, leur règlement de compte. Alors résigné, mais beaucoup plus décontracté, il se rehaussa et avança vers son élève incertaine. Sa main gauche dénoua la cravate qu’il avait pressement enfilé après leurs ébats, tenant le tissu fermement, il harponna le bras de Nozomi et ouvrit sa main pour enfouir dans sa paume la cravate arrachée. Fermant ses doigts sur la défroque, il aligna celui-ci le long de ce corps attirant. Puis il tendit le cou jusqu’à son oreille et y susurra :


    « Contre le ruban. » Puis il laissa échapper un soupir presque imperceptible. « Vous pourrez toujours l’examiner dans l’espoir d’y dénicher une preuve non négligeable et peut-être assez intéressante pour l’investigation que vous mener…à mon sujet. » Il retint un rire moqueur. « Mais laissez moi vous dire une chose… Nozomi...»

    Il attrapa ses joues et la fixa sans retenue, laissant ses iris adopter une lueur flamboyante. « Les portes ne s’ouvrent pas toutes seules.»

    Alors comme une conception délirante et sortie tout droit des tréfonds infernaux, il voulu lui donner de quoi épancher sa soif de vérité. Serrant ses mains contre ses joues un peu plus il l’attira à lui, l’obligeant à monter sur la pointe de ses pieds. C’est alors que ses lèvres vinrent rejoindre celles de Nozomi dans un élan d’intensité nouveau. Pensant qu’il n’aurait plus jamais l’occasion ni la permission de gouter à ces deux lippes parfumées, il s’autorisa une fougue plus osée ; Obligeant sa bouche à s’ouvrir de façon plus accueillante, il l’embrassa plus profondément…sentit la sapidité consubstantielle l’ankyloser et réveiller sa faim pourtant auparavant rassasiée. Une fugace seconde il cru percevoir une réponse à ce baiser enflammé, ce qui l’encouragea dans sa promiscuité. Ses mains libérèrent les paumettes de la demoiselle et fourragèrent bestialement sa chevelure opaline…Et…Brutalement, il s’arrêta, exténué…assoiffé, il venait encore une fois de se condamner à une privation indubitable et intolérable. Il recula, titubant dans sa monstruosité, s’accouda au mur pour se calmer. Sa nature commençait sérieusement à l’éreinter, voué à une insatisfaction perpétuelle, l’ignoble être qu’il était ne pourrait jamais bénéficier d’une présence aussi pure que celle de son adorable élève plus longtemps. Comment gérer l’appétence et la dégénérescence en même temps ? Impossible. Bien qu’elle soit plus que consciente de sa constitution luciférienne, il ne pouvait pas lui exhiber son habit de sorgue aussi grossièrement –la vision pourrait l’effrayer et l’éloigner à jamais…il fallait qu’elle le lui demande, ou bien que la révélation soit forcée. Seulement il était un peu tard pour de telles confidences, s’ils s retrouvaient, alors la divulgation aurait lieu.

    Avec beaucoup de regrets il décida de la quitter.

    L’heure tardive, l’atmosphère qui régnait, la gène plus que flagrante et la déstabilisation du vampire étaient remarquables, et puis, il semblait oublier que les humains nécessitaient d’une nuit de sommeil, courte ou longue qu’importe, du moment qu’elle était respectée. Le repos lui était, depuis deux décennies, totalement étranger. Une papardelle de sentiments et de besoins primaires disparaissent lorsque l’âme est vendue sans vergogne au diable. Ressentir le sommeil, la nourriture humaine, le soleil – tant de fois fuit -, deviennent des facultés impraticable. En revanche, la perception des cinq sens s’aiguisant, tout ce qui touche à la souffrance, les sensations, la vision, l’ouïe, sont lors des domaines de prédilection assurés. Mais s‘il ya bien une chose que l’on regrette, c’est la liberté de mouvement et de réaction. L’animosité occulte l’accalmie. Le sang devient une dépendance, une drogue, un vice…entièrement dirigé par des forces obscures enfouis dans leurs masques d’inauthentique vénusté, les vampires ne sont que les esclaves de la noirceur, de la nébulosité…le déclin mis en mouvement. Des êtres chimériques pour les humains. C’est pourquoi, l’amant du crépuscule agrippa son cartable, réajusta son caban et passa devant sa partenaire doucement. Attrapant sa main avec délicatesse, il la traîna hors de la salle, ferma pour la deuxième fois la porte et trouva par miracle la clef du premier coup. Verrouillant son laboratoire, il lâcha la main frémissante de son étudiante. L’obligeant une dernière fois à le laisser franchir sa barrière de chasteté et de continence, il déposa un baiser dans le coin de ses lèvres closes et lui dit ses derniers mots :


    « Promettez-moi simplement de ne pas sécher mes cours à présent. »

    Se redressant, il balaya une dernière fois sa silhouette parfaite de son regard inquisiteur , puis lui tourna le dos pour s’enfoncer dans l’incertitude de l’obscurité.
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